Salon moto international EICMA : les incontournables et les improbables 2022
LE salon de Milan, en Italie. Edition 2021 des nouveautés motos 2022...
Les nouveautés motos que vous avez déjà vues et les autres
L’Eicma est LE salon motocycliste. Incontournable, il est traditionnellement le rendez-vous des plus grandes marques mais aussi de pléthores d’exposants plus ou moins connus. C’est le lieux où l’on pose ses nouveaux fleurons, ses nouvelles idées, toutes les nouveautés de l'année à venir. C’est l’écrin qui sublime mais aussi informe sur les tendances, l’avenir du marché 2022.
Evidemment, tout cela c’était avant. Avant la guerre à Manu. Avant la vague à multiples crêtes, une nouvelle tous les 6 mois qui, comme les rasoirs, coupent et surcoupent de mieux en mieux, jusqu’à l’excès, toute velléité de dynamique et de reprise. La peur est un défaut forcément coupable.
2021 sonne tout de même le retour du géant italien. Mais amoindri, un peu retaillé. Et l’absence de certains grands noms se charge d’en vider un peu le sens. (BMW, KTM, Husqvarna, Harley-Davidson, Indian, Peugeot et même… Ducati ! Paradoxalement, Eicma préfigurerait-il lui même sa propre fin à moyen terme ? Ou est-ce une autre issue pour le carrefour transalpin des nouveautés ? Faut voir…
Vent d’Est
Avec deux halls en moins, le visiteur et, qui plus est, le professionnel, respire d’avantage dans son marathon de la découverte. Pour autant, y’a de quoi faire, avec de belles nouveautés sur cette édition.
Je commence tout bonnement avec le premier espace dont je pousse la porte et le premier constructeur à me faire face. Ça tombe bien, c’est une légende italienne, un phénix toujours en cours de se refaire une vie : Moto Morini. Je rêvais d’une GranPasso mais c’est désormais le trail X-Cape 649 qui claironne la santé de la marque. Bien dessinée et sans surprise avec un twin parallèle. Une motorisation qui équipe un nombre croissant de véhicules sur un large segment. Simple et pas cher à produire… Il est bien sur décliné au sein de roadster stylé (Milano) et des deux nouvelles Seiemmezzo STR et SCR. L’ensemble est très charmeur.
Non loin de là, c’est le groupe Piaggio qui assure le show. Moto Guzzi en tête avec sa nouvelle V100 Mandello ! Un machine un peu hybride entre routière légère et roadster voyageur. Hâte de voir en dynamique si l’aigle est casanier ou plus téméraire. A l’instar de la V85, déclinée en moult versions sur 2 étages, dont une Guardia d'Onore avec peinture spécifique, assez classe. En face, Aprilia égrenne ses Tuono et RSV4 aux côtés des proto de GP. La Tuareg 660 est à l’honneur, menant la firme de Noale vers des pistes plus sableuses qu’à l’accoutumée. Un peu de dolce vitta avec les éternelles Vespa, largement modernisées et un modèle by Christian Dior très séduisant. Et so vintage !
On continue le transalpin tour avec un autre monument : MV Agusta. Sans conteste le plus élégant des constructeurs, la firme produit des bolides hautes coutures. Dailleurs, c’est bien la Superveloce qui remporte le titre convoitée de moto du salon…! Dans sa version Ago, la belle teinte sa robe divine d’histoire et de légende. Désirable ! Non loin, la famille top modèle propose ses nouvelles Brutale 1000 RS et Nurburgring. Un peu moins subtiles, elles sont sculptées par la compétition, la performance. A trois ou quatre cylindres, ces machines sont des déesses à deux roues. La fabrique à rêve crée, elle aussi, l’inédit en motorisant les Lucky Explorer Project 5.5 et 9.5. A nouveau la marque tutoie l’histoire au format Dakar. Même le stand crée l’innovation en mimant des dunes et exposant les modèles d’anthologie. A voir absolument.
Benelli.. ça vous dit ? On y va. Ok, on sait que ça sent un peu le soja, depuis plus d’une décennie. Mais la marque existe à ce prix et se renouvelle plutôt bien. Deux grandes nouveautés : Leoncino 125 et TRK 800. La première reprend l’allure racée des modèles 800 dont l’optique ovoïde très originale. Se mettre en selle pour la première fois avec une telle allure… on aurait bien aimé, à l’époque ! Mais ici, c’est surtout la TRK 800 qui fait le buzz. Moteur ? Ben un twin parallèle bien sur… Bon point, son esthétique est assez fidèle aux principe de la marque, évoquant même dans ses profils un peu de l’ex-Trek et du roadster mythique TNT. Et tout le reste déboîte méchamment avec un dessin soigné, complexe et de jolis détails. Même ce coloris beige clair/orange assure le caractère du modèle. Notez bien l’optique, on va la retrouver souvent… ailleurs.
On passe au stand d’à côté et… c’est la Chine. Point de portail temporel mais une globalisation dirigée à la baguette. Vous l’aurez compris, l’Asie s’invite grave tant au travers de marques réputées et rachetées que de nouvelles enseignes. C’est le cas de QJMotor. Comme moi, vous connaissez sa gamme sur le bout des doigts. Non ? Ah ouais… Bon, ben, on s’y met. En roadster, on notera les QJ350-13 Street Sport et QJ600GS-3A Naked Street Bike. Cette dernière mime un peu une Z1000. Car l’inspiration esthétique des modèles emblématiques restent encore une constante marquée pour la production chinoise. Cette midsize se décline en sportive 3B Racing Replica. Tout un programme… Mais on trouve aussi un superbe néo-rétro fleurant bon les fifties : la QJ500-8A, Classic Rétro. Sorte de BSA-Enfield emmené par un mono-cylindre air/huile, 25 ch à 5 500, roues rayonnées, pot long gun, réservoir relevé. Stylé ! Un peu moins classique, la QJ300-12R ressemble à une Harley Sportster. Encore un cran de modernité et l’on vise une Diavel avec la QJ500-11A Street Cruiser. Pas de production valable sans trail. Voici donc la QJ500GS-5F Adventure, twin parallèle et bec de canard. L’ensemble est très convaincant et se double d’une QJ750-7 Adventure, plus agressive, entre Kawa Versys et BMW XR1000. Son phare est très sympa; normal, c’est celui de la Benelli TRK.
Et Il évoque aussi celui du trail CF-Moto 800 MT… On embraye donc sur cette marque et ce modèle très séduisant sur base moteur KTM 790. Un voyageuse qui m’avait fait forte impression et dont l’essai me tarde. Nous vous avions également présenté l’assez réussie CL-X Heritage il y a déjà quelques temps. Le constructeur décline son roadster en un Cafe Racer ultra équipé : guidon bracelet, deux étriers Brembo Stylema et disques de 300 mm, coque arrière profilée… Ça va chauffer ! Et encore plus avec la sublissime SR Vision Concept. J’en veux une ! Enfin, quand elle sortira un jour. Ce proto hyper-sport est un des plus beau de l’Eicma avec son dessin tout en courbes tendues. Affolante…
Vous le voyez, la Chine dynamise le marché et sonne à la porte des « grands ». Et nous aussi. Direction des noms plus connus, mais toujours en Asie, à commencer par Honda. Le plus grand stand du salon où l’on retiendra bien sur la nouvelle NT 1100 (essayée) mais aussi l’ADV 350. Décliné du 650, ce nouvel hybride scoot-moto possède une élégance plus adaptée aux déplacements urbains.
On glisse chez Yamaha pour étudier la Ténéré 700 Raid Prototype. Version ultra off-road, la nouveauté est parée pour la compétition tout-terrain. Entre deux hommages à Mister Rossi, on mate les MT-10 et SP 2022 et le nouveau TMax.
Puis l’on passe sur l’élégant stand Kawasaki. Des versions optimisées des Ninja H2 SX, Z900 et Versys 650 côtoient la Z650 RS (déjà essayée). J’apprécie les machines de Superbike exposées, dont celle de Jonathan Rea, symbole du combat face à l’adversité…
Un pas de côté pour admirer les hôtesses Suzuki et leur motos bien sûr. Si, si. D’ailleurs la robe de la Katana 2022 arbore elle aussi de nouveaux coloris très réussis. Bien sur, la GSX-S1000GT est une des stars de la marque d’Hamamatsu et un bon souvenir d’essai en mode aquatique.
Back to Europe chez nos brexiteurs d’anglais. La marque d’Hinkley a le vent en poupe et met en point d’orgue son nouveau maxi trail. Cette Tiger 1200 est effectivement une révolution, comme vous l’avez désormais découvert dans ses versions officielles. A venir aussi sur nos route, la Tiger 660. Mais il y a aussi cette Speed triple RR, version sportive, Cafe Racer technologique du roadster star (ça en fait de l’anglicisme…). Fucking awesome style, man ! Et un plaisir de fou à faire tourner sur le tracé d’Ascari. Une diva musclée et ensorcelante. Les britanniques déclinent également les Bonneville en version spéciales.
Puisqu’on est dans le rétro, allons chez Royal Enfield, spécialiste du genre. Mais avec une conception désormais moderne. Remarquables, les indiennes Interceptor et Continental GT ont un voire des faire-parts de naissance pas loin sur les même bases. Si la version Himalayan 650 es plus que dans les tuyaux, le custom SG650 Concept ne devrait pas non plus tarder à pousser son premier vroap. Superbement finie, comptant de nombreuse pièces en alu taillées dans la masse, le proto préfigure un bel avenir à la firme de Chennai.
On le voit, face aux tirs tous azimuts des chinois, les références traditionnelles précisent d’avantage leur cible. Un choix de maturité mais aussi de viabilité là ou l’Empire du Milieu peut se satisfaire de son seul périmètre géo-démographique.
Mais un phénomène prend doucement forme et tente de brancher les foules. Désormais, on part mettre les doigts dans la prise.
Electricité non statique
Adepte des électrons, flux de particules chargé, évolutions à poussées électro-magnétiques et fan de méga batteries, voici les news de l’avant garde mobile à piles. On commence par mon coup de jus du salon : Ovaobike (du groupe Ottobike). La marque taïwanaise propose trois superbe roadsters au look ébouriffant et à la finition remarquable : les MCR-H, MCR-M et surtout la mono-place MCR-S. Probablement pas les plus performantes du segment, ces machines présentent toutefois des choix de châssis innovants et une ligne mêlant avec succès tant l’origine de leur énergie que leur appartenance au segment choisi. La déclinaison Café Racer de la MCR-S est ainsi très convaincante. C’est surtout le scooter CT-X qui en impose. Quelle style là aussi ! Sportif, puissant mais élégant, le modèle maîtrise les codes du genre. Enfin, une petite moto typée off-road complète la gamme rafraîchissante du constructeur.
Autre marque émoustillante, Verge motorcycle. Un bon coup d’hormones sur le segment avec la TS et sa roue arrière orbitale. Le style global est puissant, élégant, conférant à la machine une présence forte mais très juste. Ça manque de sensualité mais c’est pour mieux poser le caractère. J’adore ! Et ce sera ma machine électrique de l’Eicma. Son aspect plus rationnel que celui des Ovaobike et plus épuré m’électrise. Verge, un jouet à sensation qui fait vibrer… c’est forcément de la pulsion.
Acteur incontournable du segment, Zéro livre une version GT de sa SRS. Une bulle haute et des valoches pour parcourir l’immensité des 200 km d’autonomie. A ses côtés trône une version sport-classique réalisée par Deus. C’est agréablement dessiné et très efficace en style. On croirait une moto d’époque modernisée. Une belle idée.
Plus loin, VMoto propose sa Stash. Equivalent 125, cette jolie machine en jette et se révèle astucieuse avec son coffre intégré. A suivre…
Discret, le Français Nawa met en scène son unique modèle, audacieux, très couture et très frenchie. Encore en développement, la moto mérite un avenir autre que celui de sculpture de salon.
Enfin, j’évoquerai forcément une italienne : le Piaggio 1 (One), scooter électrique sympathique mais sans grande révolution. Dommage, on attendait plus de saveur.
Vivement demain
Rationalisation, mondialisation, mutations et circonspection. Tels me semblent les mots d’ordre de cette édition 2022. A l’heure ou le « changement » est martelé comme norme, la société et les constructeurs semblent dubitatifs sur l’avenir imposé. A raison. La longue marche d’un renouveau énergétique annoncée est floue, pavée d’intérêts discutables et confrontée à des réalités bien plus objectives…
Bref, on avance tranquillement et un peu à tâtons dans ce monde devenu plus mouvant que mobile.
Demain… Aaaah, demain… il se doit d’être mieux. Et il se prépare aujourd’hui. La superbe affiche de l’Ecima 2022 est ainsi à double lecture. Elle évoque le style d’un dynamisme, d’une euphorie et d’un optimisme devenus hélas désuet, presque anachronique. Ou, au contraire, elle se veut symbole d’un nouveau départ, hommage au passé si vivant pour en tirer un avenir tout aussi vif et entraînant via des solutions encore largement balbutiantes. D’ailleurs, le grand absent est finalement le véhicule à hydrogène.
A Milan, il y a bien sur la flopée d’équipementiers, d’accessoiristes, les manufacturiers de pneus, de suspensions, de casques et les fourbisseurs de produits d’entretien, de lubrifiants. Un monde parallèle mais indispensable à l’économie, forcément circulaire, du monde du deux roues.
Pis à l’Eicma, y’a les hôtesses. Moins qu’avant certes. Là aussi, l’évolution fait du bon et du moins bon, parfois même sans demander l’avis des principales intéressées… comme avec le futur de nos véhicules en fait.
Au final, la question centrale de tout ce tourbillon est peut être bien celle de l’humain mobile, de ses attentes sans démago et au-delà, de celle de ses rêves d’horizons : vers où et comment ?
En attendant, il ne vous reste plus qu'à découvrir tous les modèles dans notre section spéciale nouveautés 2022, avec des classements par marque et par catégorie de motos.
Commentaires
En tout cas, BMW, KTM, Ducati et Harley étaient présents au Salon de Brimingham NEC 2021.
17-12-2021 15:30Je pense qu'ils ont dû réaliser que face à l'offensive chinoise qui se donne les moyens d'afficher ses prétentions , le meilleur moyen de les contrer était de (re)venir eux aussi sur les salons , ce qui d'ailleurs paraît fort logique ...
17-12-2021 18:08Entre un modèle présenté virtuellement - aussi beau ou tentant fût-il - et un autre , de plus en plus qualitatif et sur lequel on peut poser ses fesses et mieux se projeter dans le futur (sans parler des tarifs agressifs), mon choix perso est vite fait : je vais d'abord aller toucher et me rendre compte par moi-même plutôt que de me contenter d'un enième teaser virtuel.....
Merci pour la visite guidée de cette édition de transition.
17-12-2021 23:40Même si je trouve ce concept de foire en intérieur artificiel et figé, c'est moins pire que les présentations YouTube des constructeurs... que je regarde pourtant.