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Essai pneu Dunlop RoadSmart III

Dunlop passe la vitesse supérieure en catégorie Sport GT

1,2,3, le Roadsmart nouveau est arrivé. Descendant du Roadsmart né en 2007 et du Roadsmart II lancé en 2012, le nouveau pneumatique revendique une meilleure tenue sur le mouillé, une longévité accrue et surtout une extraordinaire maniabilité. Est-ce possible? Pour le savoir, nous avons testé le pneu sous toutes les coutures...

Essai du pneu Dunlop RoadSmart III sous toutes les coutures
Essai du pneu Dunlop RoadSmart III sous toutes les coutures

Le segment du pneu Sport GT

Le segment sport GT représente la plus grosse part du marché. Non pas qu'il se vende tant de Honda 800 VFR que ça, mais plus tôt parce que ces pneus sont universels. On les retrouve sur les roadsters, sur les grosses GT, sur les "cross over" (BMW S 1000 XR, Kawa Versys...). Un panel d'utilisations et d'utilisateurs très variés, qui impose un spectre de performances très large, tant en terme de dimensions, que de charges, de températures et de styles de conduites. Comment et par quels moyens réussit-on le grand écart chez Dunlop ? Nous allons le voir.

Essai du pneu Dunlop RoadSmart III
Essai du pneu Dunlop RoadSmart III

Cuisine interne

Pour une bonne longévité, on nous conseille régulièrement le régime crétois à basse d'huile d'olive, mais pour les pneus, la recette tiendrait plutôt dans les nanoparticules, ces nouvelles molécules si petites et si prometteuses. Vous l'avez sans doute remarqué, on en trouve dans tous les pneus désormais et si les performances ont fait un bond spectaculaire ces dernières années, c'est en partie grâce à elles. Elles sont petites et costaudes. Cependant, ça ne suffit pas pour faire un bon pneu, il faut toujours une bonne carcasse, des nappes et un dessin "intelligent" (smart en anglais....) pour évacuer l'eau, sans s'user vite ou en escalier...

Le nouveau Dunlop fait appel des nanoparticules
Le nouveau Dunlop fait appel des nanoparticules

Dunlop revoit sa copie

Après 4 années de bons et loyaux services, le Roadsmart II affichait des carences face à une concurrence qui ne l'a pas attendu pour évoluer. Le statut de pneu va bientôt être assimilé à celui d'ordinateur, où l'on est bien vite dépassé, à peine mis sur le marché. Le Roadsmart II n'était pas un mauvais élève, mais il n'avait plus l'excellence des premiers de la classe qui poussaient derrière, en termes de maniabilité, ou de comportement sur le mouillé. Encore que comme à l'école, les meilleurs en maths ne sont pas forcément les meilleurs en sport, ou en français et qu'à de rares exceptions près, les bons en tout sont peu nombreux.

Le Roadsmart II était d’ailleurs plutôt bon en sport et en endurance, mais il perdait des points à l’épreuve de maniabilité.

Endurance et performances, font d’ordinaire mauvais ménage, comme pluie et tenue à froid cohabitent mal, avec une bonne tenue à chaud. Mais progrès aidant, ces idées reçues n'auront bientôt plus cours. Pour refaire son retard et rattraper les ténors de la catégorie, Dunlop a imaginé une nouvelle carcasse en aramide, une fibre issue du pétrole, plus légère que l'acier à résistance égale et qui ne craint pas la chaleur. Elle contient l'expansion des nappes en rayonne, une autre fibre, à base de cellulose cette fois.

A noter que contrairement à la concurrence, qui utilise deux nappes et en rajoute une troisième sur les motos très lourdes, Dunlop a mis trois nappes sur tous ses pneus et développé une spécification SP (sport) pour des motos plus légères, genre Roadsters. L'idée était justement d'avoir une carcasse plus rigide pour limiter les déformations qui génèrent de l'usure. L'autre avantage d'une carcasse plus rigide c'est le gain de maniabilité puisque la réaction à un effort au guidon ne se fait pas attendre. Et Dunlop va nous en faire la démonstration au centre d'essais de Mireval, près de Montpellier.

Le RoadSmart III est réalisé autour d'une nouvelle carcasse en aramide
Le RoadSmart III est réalisé autour d'une nouvelle carcasse en aramide

La preuve par neuf

Nous avions à notre disposition deux FJR 1300, l'une chaussée en Roadsmart II (RSII) et l'autre en Roadsmart III (RS III), pour faire un circuit de maniabilité et d'évitement. Ces machines étaient équipées d'une acquisition de données qui mesurait, entre autres, les efforts au guidon et la vitesse.

Après avoir fait deux fois le même parcours, nous étions invités à voir la réalité des chiffres. Ils confirment largement les sensations. Avec le RSII, il faut sans cesse maintenir un effort au guidon pour amener la moto où l'on veut.

Avec le RSIII, elle suit le regard et se place toute seule, sans forcer. Ainsi, dans la manœuvre d'évitement, le couple appliqué au guidon par le pilote tombe de 52 Nm avec le RSII à 9 Nm avec le RSIII ! Sur le grand cercle que nous parcourons à 70 km/h, le couple passe de 18 à 1 Nm, c'est à dire plus rien... La moto conserve sa trajectoire sans forcer. Elle obéit au doigt, mais surtout à l'œil.

Le Roadsmart III se montre très maniable
Le Roadsmart III se montre très maniable

Super-maniable, c'est top, mais à haute vitesse, c'est tout de même stable? Pour le savoir, nous avons testé le pneu sur route et aussi un peu sur le circuit de Mireval, merveille du sud. Moto légère (Yamaha MT-07), moto lourde BMW 1200 RT et K 1600 GT, c'est toujours le même enchantement, ça se manie comme un vélo, mais ça ne bronche pas à haute vitesse. 190 km/h et la MT 07 garde le cap sans bouger. Sur circuit nous avons pu faire quelques tours avec des BMW R 1200 R, R 1200 GS et S 1000 XR.

Le pneumatique est également stable à haute vitesse sur circuit
Le pneumatique est également stable à haute vitesse sur circuit

L'expérience confirme la tenue de cap à haute vitesse et l'incroyable facilité du pneu avant. La moto se place où l'on regarde, aucun problème pour tenir les trajectoires dans l'enchaînement difficile en bas du circuit qui remonte vers les stands. La confiance est totale et l'on se prend vite au jeu. Mais gare, le Roadsmart III, n'est pas un pistard. A force d’en mettre et d’en remettre, l’arrière finit par décrocher, pas brutalement, alors que l’avant reste soudé à la piste, confirmant tout le bien que l’on pense de lui et la confiance qu’on lui accorde. Précisons que ce décrochage s’est produit dans une situation qu’on ne retrouve pas en usage normal. Moi qui n’ai jamais fait frotter une R 1200 GS sur route, là j’y allais de bon cœur, genoux par terre avec ma combinaison de cuir et gaz en grand. Le pneu arrière a prévenu et pardonné mes excès. C’est passé, c’était beau !

Sur circuit, le pneu arrière fini par décrocher
Sur circuit, le pneu arrière finit par décrocher

M… il fait beau !

C’est sans doute ce que vous vous direz en ouvrant vos volets le matin, après avoir essayé le Roadsmart III sur le mouillé. Là les équipes Dunlop ont fait un super boulot et encore une fois, elles le prouvent, en mettant à notre disposition trois GSR 750, équipées de Michelin Pilot Road IV et de Pirelli Angel GT, deux références sur le mouillé. L’épreuve se déroule sur une piste recouverte d’une épaisseur d’eau correspondante à une pluie d’orage. Le genre de situation qui ferait arrêter les motards sous les ponts.

Le Roadsmart III a également été mis à l'épreuve sur une piste mouillée
Le Roadsmart III a également été mis à l'épreuve sur une piste mouillée

L’exercice a toujours quelque chose d’un peu stressant. Mais là, très vite, on est en confiance. Une confiance incroyable, car ces trois compères touchent à l’excellence en ce domaine, même si le Pilot Road IV accuse le poids des ans. L’Angel GT et le Roadsmart III sont encore un cran au-dessus, sans que je n’aie pu les départager en l’espace de 2 fois cinq tours.

Quoi qu’il en soit, quand le drapeau à damiers est tombé (pas nous !), le sentiment de frustration était énorme et l’on aurait volontiers poussé le bouchon plus loin. Quel bonheur, on descend vraiment de la moto avec la banane ! Visiblement les nouveaux dessins « interconnectés », sont diablement efficaces. Leur section dégressive, assure une meilleure évacuation de l’eau par effet venturi, qui accélère le flux et l’interconnexion des sculptures offre plus de passage à l’eau pour être évacuée rapidement. Clairement, ça fonctionne.

Les nouveaux dessins favorisent une meilleure évacuation de l'eau
Les nouveaux dessins favorisent une meilleure évacuation de l'eau

Très réussi le mélange de gomme aussi, qui répond très bien à froid, dans l’eau donc et offre une excellente mise en vitesse du pneu dès les premiers kilomètres. Contrairement au Roadsmart II qui devait atteindre 50° pour trouver sa température de fonctionnement, le Roadsmart III est efficace dès 15 à 20°.

Notez que ceci n’est pas la température extérieure, mais bien celle du pneu qui s’échauffe en roulant, même par temps froid et même si la montée en température dépend de celle de l’air ambiant et du bitume. Avec le Roadsmart III, on est immédiatement en confiance, dès le premier kilomètre. D’ailleurs pour notre essai sur route, il ne faisait pas 5° le matin…

Le RSIII met en confiance dès le premier kilomètre
Le RSIII met en confiance dès le premier kilomètre

Conclusion

Incroyablement maniable et facile, le nouveau Roadsmart III met immédiatement en confiance, avec une mise en température très rapide. Testé sur route à froid avec des motos très variées (de la MT 07 en version SP, ou en BMW RT en version normale), sur piste arrosée, ou hors de son spectre d’utilisation, sur piste sèche sous le soleil, il donne toujours satisfaction, prouvant ce qu’il revendique. Proposé au prix du Roadsmart II, il affiche un rapport qualité/prix en hausse. Du coup le Roadsmart II passe en « seconde ligne » et voit donc son tarif baisser. Reste son endurance, impossible à démontrer en une journée de roulage. Dunlop a confié ce travail au laboratoire indépendant Motorrad test Center. Les résultats de cette étude semblent montrer une longévité du pneu avant particulièrement importante, surtout sur les motos lourdes (FJR 1300, très vorace en pneu avant) et un arrière bien au-dessus de la moyenne de ses concurrents. Bref, objectivement, on va avoir du mal à remplir la case « points faibles » !

Le Dunlop RSIII se présente comme un modèle véritablement polyvalent
Le Dunlop RSIII se présente comme un modèle véritablement polyvalent

Points forts

  • Maniabilité
  • Tenue sur le mouillé
  • Stabilité
  • Confiance
  • Montée en température rapide

Points faibles

  • Grip de l’arrière à pleine puissance sur circuit

Commentaires

suby

J'ai monté ce train il y a 500km sur un Z800, j'en suis ravi

23-03-2016 10:24 
renard du languedoc

si ça continue ils vont finir par nous faire un T30...

11-04-2016 07:48 
kick47

Je roule en RS2 et maintenant R3 sur ma CBR600F. Une de ses qualités c'est qu'il prévient les petits excès d'optimisme.Je me méfie souvent des essais sur mouillé car le grip dépendra de plusieurs facteurs. Température de la route, dégré d'usure du pneu, qualité d'adhérence du bitume, pression ajustée aux conditions. Une gomme neuve gonflée à 2,1 à l'avant au lieu de 2,5 comparé à un boudin en fin de vie qui affiche 2,5 de pression, c'est le jour et la nuit.

21-10-2020 13:31 
 

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