La technologie des KTM : le Twin LC8
A vos marques : la rubrique technique et mécanique
Synonyme de tout-terrain jusque dans les années 90, malgré un premier titre de champion d’Autriche sur piste dès 1959, KTM a lourdement investi à l’aune des années 2000 pour se forger une gamme et une image routière… très sportive.
Le Twin LC8 : Longtemps spécialisé dans le tout terrain KTM est passé au bi… et à la vitesse supérieure…
Particulièrement pointu en enduro et en motocross, KTM avait développé un énorme savoir faire en matière de motorisation 2 temps. Une expérience que la firme a mise à profit par un engagement en GP 125 et 250 sur piste pour se forger une image auprès de ce nouveau public fan de machines de vitesse. Une excellente approche qui permettait de combler en partie le manque d’expérience de la firme en compétition sur route. Très concerné par les problèmes environnementaux qui poussent le 2 temps vers la sortie, KTM a travaillé sur des systèmes d’injection pour moteurs deux temps et en particulier sur les dispositifs d’injection directe. L’injection ne se fait qu’une fois la lumière d’échappement fermée, pour éviter tout dégagement d’hydrocarbures imbrûlés avant la phase de combustion. Pénalisé en terme de régime maxi et de température du moteur, ce procédé imposait un refroidissement des carters moteurs. S’il n’a pas été appliqué en GP, la firme y a tout de même expérimenté un pilotage de la carburation par un injecteur en complément du carburateur.
Pour démontrer son savoir faire sur piste KTM a directement attaqué les GP 125 avec succès. Le constructeur y a même testé une injection.
Spécialiste du mono performant…
Pour remplacer les 2 temps KTM a conçu de minuscules 4 temps très légers comme ce 250 qui pèse moins de 30 kg.
Pour ne pas pénaliser le poids des motos en TT, KTM a intégré le calculateur d’injection au boîtier papillon.
C’est dans les années 80 que KTM propose son premier 4 temps de tout terrain équipé d’un moteur Rotax. Rapidement le constructeur va développer son propre moteur le LC4 qui marquera le début d’une longue histoire dédiée à ce type de motorisation. KTM va y acquérir une forte légitimité grâce à ses nombreuses participations au Paris Dakar. Les conditions de fonctionnement y sont très difficiles : chaleur, poussière et fortes charges pour le moteur contraint de faire évoluer une moto lourdement chargée d’essence, d’eau et d’accessoires de navigation dans un terrain meuble (sable) ou cassant (pierres). Sur cet impitoyable terrain d’essai, KTM va perfectionner ses monocylindres les menant plusieurs fois à la victoire.
Une expérience qui se retrouvera sur les motos commercialisées, KTM fabriquant à la fois des monocylindres très légers (250, 350, 450) ou très puissants (690), permettant à la firme de proposer un roadster monocylindre (Duke 690 R) capable de rivaliser avec des multicylindres et d’atteindre près de 200 km/h ! Une vraie prouesse qui démontre une maestria incontestable en la matière. Cependant KTM qui a racheté la marque suédoise Husaberg n’oublie pas d’innover pour autant. Témoin cet incroyable moteur au cylindre horizontal et au vilebrequin positionné au centre de la moto juste au dessus de la boîte de vitesses. Une disposition qui permet un meilleur centrage des masses, avec entre autre la boîte à air accolée à la colonne de direction et l’essence derrière, juste au milieu de la moto sous le pilote. De fait, quand le réservoir se vide, la répartition des masses ne change pas ou peu. C’est mieux pour les réglages des suspensions sur une course par exemple.
Sous la marque Husaberg, KTM commercialise un intéressant monocylindre horizontal
Le même en écorché. Remarquez la très faible longueur de la jupe du piston !
Et spécialiste du bicylindre aussi !
RC8 : 170 cv et seulement 62 kg sur la bascule, le gros twin KTM tient son rang, mais peine encore face aux Ducati desmo !
Mais c’est avec des V twin que KTM va conquérir les motards « bitumeux ». D’abord avec des trails, puis des supermotards, des roadsters et enfin de pures sportives capables de briller en bataille des twins ou en SBK national. Profitant de son expérience sur les moteurs de fortes cylindrées unitaires acquise avec les monos, KTM a conçu des twins à la fois très légers et performants. Pour plus de compacité, l’angle d’ouverture du V est limité à 75°, un angle qui permet de encore de se passer de balancier d’équilibrage. Là où l’on sent l’expérience du monocylindre c’est en regardant l’alésage du moteur qui atteint 105 mm ! De sacrées grosses gamelles qui développent 170 cv à 10250 tr/mn. Des valeurs qui confirment que le nouveau venu a très vite appris comment faire des moteurs à la fois puissants et fiables.
Des partie-cycles « à l’italienne ».
Profitant là encore de sa maîtrise des châssis acier très utilisés en TT, KTM a privilégié les cadres treillis sur toute sa gamme routière. Une structure qui offre un excellent rapport poids/rigidité puisque le cadre de la RC8R ne pèse que 7,5 kg ! ! ! On remarque aussi le très joli bras oscillant caissonné et le système de suspension type « full floater ». Ce principe initialement développé par Suzuki en TT offre l’avantage de comprimer l’amortisseur par les deux extrémités, ce qui lui confère une course importante permettant un bon contrôle des mouvements de roues. En effet, l’amortissement est une loi effort vitesse, donc plus l’amortisseur a de course, plus il va vite et mieux il amortit. De plus cette suspension permet de supprimer la partie basse du cadre, en dessous de l’axe de bras oscillant ce qui réduit le poids.
Le centrage des masses est une religion chez KTM qui place souvent le silencieux sous le moteur, comme ici sur la Duke 690.
L’avenir
30 cv pour 90 kg, les premières KTM électriques annoncent une heure d’autonomie en usage raisonnable. Elles seront commercialisées en 2011.
Dans l’absolu, le point fort des KTM est plutôt leur homogénéité et la remarquable faculté d’apprendre de l’entreprise qui progresse à pas de géants, tant en performances techniques que commerciale. L’aventure avortée en MotoGP avec un intéressant V4 aurait sans doute pu donner un nouvel élan à la firme mais au prix d’un effort financier trop important pour le « petit » constructeur (93 000 motos en 2008 !) qui a préféré renoncer. De même KTM travaille sur son bicylindre qui fait de belles prestations en championnats nationaux plutôt que de tenter le mondial superbike. La marche est encore trop haute, mais nul doute que KTM va nous surprendre bientôt. L’autre voie de développement pour KTM c’est la moto électrique qui résout tout les problèmes de bruits et de pollution en tout terrain. On attend 2 nouveautés pour 2011, mais le plus excitant est sans doute ce petit artisan anglais (Mavizen) qui commercialise déjà une RC8 électrique avec des performances intéressantes. On imagine que KTM couve cela d’un bon œil !
170 kg, 200 km/h et 110 km d’autonomie pour cette KTM RC8 électrique conçue par Mavizen.
A découvrir sur http://www.mavizen.com/Home.html
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