La technologie des Voxan : twin en V ouvert à 72°
A vos marques : la rubrique technique et mécanique
Disparue au terme d’une vie mouvementée les Voxan recelaient pourtant des trésors d’ingéniosité fruit de l’imagination d’Alain Chevallier, ancien concepteur de motos de GP. Retour technique sur une belle page d’histoire de la moto française désormais tournée.
Ceux qui ont connus les GP dans les années 70/80 ne peuvent ignorer le nom ni le palmarès des « Chevallier » qui écumaient les podiums. Devenu ensuite consultant pour Yamaha, « Cheval » a été sollicité par Jacques Gardette pour concevoir une moto 100% française au milieu des années 90. Profitant de son expérience notre homme a conçu une moto originale et innovante qui n’empruntait rien aux machines étrangères.
Elle avait une identité propre, tant par le design (particulièrement celui de Stéphane Valdant qui signa le Café Racer ici photographié et industrialisa le Scrambler)…
… que par le moteur ou la partie-cycle. Une originalité qui faisait d’elle une moto française à part entière, reconnaissable et différentiable immédiatement des autres produits présents sur le marché.
Moteur en V
Sa première particularité était donc son moteur en V ouvert à 72°. Totalement original, il avait été imaginé par la SODEMO (Société de Développement Moteur) spécialiste de la compétition automobile. L’astuce de la Sodemo avait été de refermer suffisamment l’angle pour gagner en compacité, mais sans trop s’écarter de la valeur de 90° qui garantie un équilibrage naturel.
De fait, grâce à cette valeur, les Voxan pouvaient tout de même se passer de balancier d’équilibrage, ce qui réduit le poids (65 kg) et le coût de fabrication. Initialement conçu dans un objectif de très haute performance, le moteur reçoit une distribution par linguets et une injection. Afin d’accélérer la mise au point et de réduire les coûts, la distribution par linguets ne sera pas gardée en série, d’autant que compte tenu de la législation Française, l’objectif est plutôt de faire un moteur 100 chevaux bien rempli plutôt que très puissant, ce que permet largement une distribution par attaque directe.
Châssis original et suspension arrière sous le moteur
Concepteur émérite de châssis, « Cheval » concilie avec brio, originalité, intelligence et aspects industriels dans le cadre des Voxan. En effet, là encore, il ne ressemblant guère à ce qui a été vu par ailleurs, hormis peut-être sur les MZ à moteur Yamaha.
Cependant , le Voxan y ajoute du jus de cervelle puisque le cadre assure simultanément de nombreuses fonctions. Composé de deux tubes de forts diamètres qui relient la colonne de direction à l’axe de bras oscillant, il fait office de reniflard pour les vapeurs d’huile. La pièce qui reçoit la colonne de direction assure quant à elle le rôle de boîte à air puisque qu’elle loge l’élément filtrant. Plus besoin de boîte à air donc, même si le volume est un peu faible pour faire respirer un 1000 cm3. A l’autre extrémité, le support d’axe de bras oscillant se voit confier la fonction de nourrice d’huile pour la lubrification par carter sec. Autant de fonctions qui réduisent le poids, le coût de fabrication et libèrent de l’espace, permettent ainsi de concevoir une moto très fine pour sa cylindrée.
Toujours dans le but de gagner de la place et de centrer les masses, l’amortisseur arrière émigre sous le moteur, de telle sorte que l’essence retrouve de la place sous le pilote, sans lui imposer une trop grande largeur au niveau des genoux malgré une capacité de 19 litres.
Diversité et modularité
Moteur et partie-cycle ont permis à la marque de proposer une gamme de modèles diversifiés allant du Café Racer au Scrambler …
… en passant par le roadster, sans oublier la Charade qui jouait à la fois la course et le luxe à la française avec ses freins tout Beringer.
… ni la superbe VB1 conçue en collaboration avec Glynn Kerr et Boxer bike.
Des concepts originaux qui se démarquaient totalement de la production internationale. Las, rapidement engluée dans des problèmes de production et des difficultés financières, Voxan a plus souvent fait les gros titres pour ses ennuis que pour ses produits et la clientèle a fini par bouder la production nationale.
Après 15 années d’un parcours chaotique, Voxan a disparu début 2010. Racheté par Gildo Pastor, déjà propriétaire de Venturi, le nom devrait être apposé sur des motos électriques dans le futur, mais plus jamais sur des motos « thermiques ».
Mon dernier sera donc la Charade et mon tout... une belle aventure mécanique et humaine. Bravo messieurs !
Commentaires
Quel dommage que cette belle aventure industrielle n'ait pas trouvé son rythme de croisière à cause de bête considérations financières.
05-12-2021 02:33