La technologie des Ducati
A vos marques : la rubrique technique et mécanique
La marque de fabrique mécanique de Ducati : le rappel desmodromique des soupapes
Malgré tout le prestige de MV Agusta, Ducati est sans contestation possible la plus renommée des marques italiennes et peut-être même européenne. Une image forte construite sur un contenu technologique indissociable d’un niveau de performance très élevé.
L’histoire de Ducati est jalonnée de machines emblématiques. Parmi elles, la sublime 900 SS qui débuta sa carrière en 750 cm3 obtenant de nombreux succès en compétition.
Avant toute chose une Ducati est par définition une moto sportive, à tel point que la firme de Bologne peine à investir de nouveaux créneaux, comme le grand tourisme, car elle y manque de légitimité. Les Ducati sont des « racer racés » dont le prestige s’est forgé en compétition. C’est à l’ingénieur Fabio Taglioni que la marque doit une partie de son identité puisque c’est lui qui a imposé le « Desmo » dans les années 60.
Procédé associé à Ducati, le rappel desmodromique des soupapes a été inventé par un anglais au début du siècle pour compenser la fragilité chronique et le manque de performances des ressorts alors utilisés pour le rappel des soupapes. L’idée consiste à utiliser deux culbuteurs ou deux linguets par soupape, l’un assurant l’ouverture classique comme sur tout moteur, l’autre prenant en charge la fermeture en lieu et place du ressort de rappel. Le but est d’éliminer le risque d’affolement de la soupape, phase durant laquelle le ressort entré en résonance ne parvient plus à maintenir le contact entre le basculeur et la came. Il s’en suit un mouvement désordonné de la soupape qui risque à tout moment de heurter le piston, provoquant le bris du moteur. Avec le rappel mécanique de la soupape, on écarte ce risque, ce qui permet l’utilisation de lois de cames plus sévères, synonymes de performances moteurs accrues. Développé sur des moteurs deux soupapes, par Fabio Taglioni, le Desmo a été ensuite adapté aux moteurs quatre soupapes par l’ingénieur Massimo Bordi dans la seconde moitié des années 80 pour apparaître en série pour la première fois sur l’emblématique 851 « quatrovalvole » en 1988. Grâce à cet atout encore en vigueur aujourd’hui, Ducati a toujours proposé des machines aux performances élevées que se soit en course ou sur route. On se rappellera d’ailleurs des vitesses hallucinantes de la Desmosedici en Moto GP qui a passé la barrière des 350 km/h! C’est d’ailleurs pour mettre un terme à cette suprématie que les marques japonaises ont adoptées le rappel pneumatique des soupapes sur leur 800 moto GP en 2007.
Desmo 16
Complexe mais très efficace, la distribution desmodromique évite l’affolement des soupapes ce qui permet l’obtention de très fortes puissances spécifiques. Elle a été adoptée avec succès sur le moteur V4 800 de MotoGP qui prend 20.000 tr/mn !
Des moteurs en « L »
Si l’expression ne plaît pas à tout le monde, elle résume pourtant assez bien la disposition des moteurs en vé implantés transversalement dans le cadre des belles italiennes. Pour mémoire, on parle de moteur transversal en référence à l’axe du vilebrequin. Ceux des Ducati sont immuablement ouverts à 90° car cet angle permet une élimination des vibrations du premier degré par un simple balourd sur le vilebrequin, comme on équilibre une roue. Un angle qui permet de s’affranchir d’un balancier d’équilibrage, si l’on accepte les vibrations du second ordre de fréquence double et d’amplitude environ quatre fois moindre. Par ailleurs, la disposition horizontale du cylindre avant assure un meilleur refroidissement du cylindre arrière dans le cas d’un refroidissement par air. Une architecture emblématique qui prévaut encore aujourd’hui sur les modèles refroidis par eau, malgré le léger surcroît d’empattement qu’elle impose, au bénéfice d’un centre de gravité relativement bas et avancé.
Des cadres tubulaires
L’autre singularité des Ducati est l’utilisation de cadres aciers en treillis tubulaires malgré la marée des cadres doubles longerons japonais. Une école de construction que l’on peut qualifier « d’italienne » tant elle est assimilable à d’autres constructeurs transalpins : Benelli, Bimota, Moto Morini, etc…
Conçus de telle sorte que les tubes qui les constituent ne travaillent qu’en traction ou en compression, ils offrent un excellent rapport poids/rigidité. Une vérité démontrée par les excellents résultats en compétition des machines de la marque, que ce soit en Superbike ou en motoGP. Ces cadres confèrent d’ailleurs un comportement très « entier » au machines de la marque. La compacité des cadres treillis conjuguée à l’étroitesse des moteurs transversaux permet la réalisation de machines très aérodynamiques et donc très rapides en ligne droite.
La 916 a fortement marquée l’histoire Ducati de son empreinte. Elle associe une évolution technologique de la 851 à un design signé Massimo Tamburini, un autre tournant dans l’histoire de Ducati.
L’avenir
Engagé en MotoGP pour renforcer son image, Ducati a dû développer une nouvelle architecture moteur compatible avec les puissances spécifiques atteintes dans la catégorie. Il a donc fallut concevoir un moteur 4 cylindres en Vé, seul capable de fournir plus de 250 cv pour 990 cm3 ou environ 230 pour 800 cc depuis 2007.
Toujours à la pointe, Ducati a aussi adopté un cadre carbone en 2010, procédé rare, tant il est difficile de maîtriser la « réponse » qu’il donne à son pilote dans des conditions extrêmes.
image extraite du brevet déposé le 17 décembre 2009 par Ducati. Il concerne le cadre carbone en deux parties et le bras oscillant en carbone lui aussi utilisé sur la machine de motoGP en 2010.
Enfin, pour la route, Ducati a mis à profit tout le développement électronique effectué en compétition pour en équiper ses modèles haut de gamme et en particulier la Multistrada. Trail sport GT, cette nouvelle déclinaison chez Ducati revendique un niveau de performances élevé obtenu en partie grâce à un antipatinage et d’autres perfectionnement, tels l’accélérateur électronique ou un ABS piloté. Un nouveau produit phare et fort qui démon(s)tre que la firme de Bologne n’a pas finie de nous surprendre.
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