Essai moto Ducati Panigale V2
Mini-V4, maxi-plaisir ? Saveur d'origine contrôlée
V-twin Superquadro de 955 cm3, Euro5, 155 ch et 104 Nm, 176 kg à sec, 18.290 euros
Culture familiale oblige, depuis près de 30 ans, les sportives Ducati se déclinent en fratrie stylée et caractérielle. Accompagnée d'une inévitable inflation de cylindrée, de performances et... de tarifs. Ainsi, la légendaire 916 s'accompagne d'une version 748 à la fin des années 90 et les paires italiennes se multiplient la décennie suivante. Aux 999 et 749 se substituent les 1098 et 848, évoluant rapidement en 1198 et 898. Elles-mêmes cèdent la place aux Panigale 1199 et 899, celles-ci mutant en Panigale 1299 et 959.
Puis arrive la V4 ! Surpuissante, superlative en tout, le fleuron de Bologne se devait une "petite" soeur à sa hauteur. Evolution de la 959, la nouveauté se nomme Panigale V2. Compacte, racée, élégante, séduisante la nouvelle venue revêt les lignes de la première V4 pour mettre en valeur les atouts de son bicylindre sportif d'excellence. Electronique, échappement et monobras oscillant sont les trois points remarquables de cet opus 2020.
C'est sur le circuit de Jerez de la Frontera (Espagne) que nous faisons danser l'unique hyper-sport à deux cylindres du marché.
Découverte
L'italien a le don du dessin. Le Français aussi, il s'appelle Julien Clément (lire interview). Tel Léonard de Vinci émigré dans l'hexagone, Juju a fait le chemin inverse, posant ses valises à Bologne. Et ce n'est pas pour y dessiner des pâtes. Non, son truc à lui, c'est les meules. Et créer une Ducat' reste toujours un sacré pari. La V4 était réussie (oui, c'est lui aussi) et ça tombe bien, la V2 en reprend l'esprit de la première mouture.
On se souvient d'une 959 aux lignes acérées, tranchantes. La version Panigale V2 modifie profondément le style de la sportive bicylindre. Elle se rapproche donc bien sûr de l'esthétique orgiaque de son aînée V4; mais son dessin se veut moins ostentatoire. Un peu moins. Car c'est celui de la première version du fleuron sportif Ducati. Extrêmement compacts, carénages et face avant évoquent un engin furtif. Mais sa présence visuelle reste forte.
Ainsi, deux ouvertures béantes logent feux à leds et prise d'air frontale surmontée d'un ruban lumineux composant un allumage diurne. Une bulle galbée, plutôt étroite, coiffe l'ensemble. Plus fluide, les volumes s'étirent ensuite vers les flancs, d'où semble jaillir un élément latéral secondaire profilé formant extracteur. Aplatis à son sommet, les volumes complexes et fluides du réservoir de 17 litres reposent sur une boucle arrière galbée. Hyper étroite à sa jonction au bidon, sa taille de guêpe s'évase ensuite. Ses volumes supérieurs évidés miment des tunnels à effets venturi conclus d'un nouveau feu formant une arche lumineuse de diodes. Superbe ! Le tout supporte d'esthétiques platines de repose-pieds passager, aux extrémités usinées offrant une meilleure adhérence aux semelles des bottes.
L'ensemble est bien plus élégant, homogène, avouant ainsi la filiation avec la sublissime 848... Plus racée, tu meurs. C'est d'ailleurs le cas, oh joie, de feu les tuyaux de poêle latéraux. Le nouvel échappement est à nouveau intégré en position basse. Sa configuration interne conduit à une réduction importante de son volume. Il abrite également deux convertisseurs catalytiques permettant de se conformer aux normes antipollution Euro 5. C'est la planète qui va être contente... Et nous aussi, au moins autant !
Remarquablement finis et ajustés, les composants de la 959 Panigale ne souffrent d'aucun reproche. Les traitements de surfaces des parties métalliques est des meilleures, le massif monobras oscillant très valorisant. Egalement, les clignotants à leds s'arrêtent automatiquement. On regrette néanmoins l'omniprésence de caches plastiques, a priori peu utiles.
Seule l'accessibilité à la béquille est réellement délicate. Finement intégrée à l'habillage, elle oblige à contorsionner le pied jusqu'à déployer le court support latéral aluminium. Mais c'est beau.
Pour les férus de technique, on continue l'état des lieux. Pour les autres, rendez-vous directement sur la partie En Piste pour l'essai dynamique.
Technique
Sous cette robe subtilement ajourée se dévoile à peine la structure légère de la Panigale V2, dont elle reprend l'essentiel de sa devancière. Epurée, le cadre conjugue deux éléments monocoques en aluminium, intégrant le moteur en éléments porteurs, la structure fait également office de boîte à air, mais pas seulement; il contient donc le filtre à air, mais également les corps de papillon ovalisé de 62 mm, le circuit de carburant, ainsi que les injecteurs et est scellé par le fond du réservoir d'essence (17 litres) en acier. Un solide treillis tubulaire compose la boucle arrière et s'associe à l'ensemble.
Le tout est fixé sur les culasses du moteur, renforcées, partie intégrante du châssis. Quasiment inchangé, le bloc moteur reste un summum de raffinement. L'aluminium est massivement employé sur le bloc, des carters d'embrayage à ceux de la pompe à huile. Les couvre-culasses s'habillent, eux, de magnésium... Intégrant le joint d'embase, les surfaces du bloc renferment des cylindres à chemises humides, traitées au nickasil. Egalement, étanchéité et dissipation thermique sont améliorées par une moindre épaisseur du cylindre. On note enfin une lubrification modifiée de l'embiellage et des axes de pistons traités en DLC (Diamond Like Coating).
Le twin desmodromique Superquadro de la Panigale V2 n'évolue guère. Refroidi par liquide et basculé de 21° en arrière, le twin en L aux cotes hyper-carrées cube 955 cm3 (100x60,8 mm). Son taux de compression reste à 12.5:1. Ses quatre soupapes par cylindre (échappement : 34 mm ; admission : 41.8 mm), sont actionnées par des basculeurs traités DLC. Le bloc italien reçoit deux injecteurs par cylindre. L'un au-dessus du papillon (actif à partir de 8.800 tours), l'autre en dessous et chacun piloté indépendamment par le système Ride By Wire. Un filtre à air à large flux gave le twin en air frais et les deux conduits d'entrée modifiés procurent une meilleure pression que leurs prédécesseurs, augmentant l'efficacité d'admission. Ainsi préparé, le twin italien délivre désormais 155 ch à 10.750 tr.min et un couple de 104 Nm à 9.000 révolutions. C'est (un peu) mieux que le millésime 959 d'avant mais (un peu) moins bien que le modèle d'origine. Bref, même sous régulation écolo, force reste à la mécanique. Enfin, le bloc Superquadro dispose toujours d'un système anti-dribble à servomoteur. Cette électromécanique vient réduire la pression sur les disques d'embrayage lors de rétrogradages virils et assouplit nettement la commande au levier.
Bien sûr la ménagerie du grand cirque "Electronico-ce-soir-dans-ta-ville" accompagne la mécanique. La cavalerie est assistée de nombreuses puces savantes afin d'en tirer le meilleur profit sur route ou circuit. Via l'accélérateur Ride by Wire, trois modes de conduite (Race, Sport, Street) influent sur l'arrivée de la puissance et sur les assistances électroniques. Celles-ci sont composées d'un réglage de frein moteur EBC (Engine Brake Control) réglable sur 3 niveaux, d'un contrôle de traction (DTC) ajustable sur 8 valeurs, de l'ABS course à trois variables et du wheelie control (DWC). Le freinage est ainsi supervisé par une centrale ABS Bosch 9MP. Tous ces paramètres, indiqués au nouveau tableau de bord TFT couleur 4.3", sont donc modulés par le choix de cartographie moteur. Mais tous sont personnalisables.
Nouveauté 2020, la Ducati Panigale V2 intègre désormais une centrale inertielle à 6 axes (IMU) qui détecte instantanément les angles de roulis, de lacet et de tangage. Cette nouveauté électronique renforce le contrôle dynamique en optimisant toutes les aides déjà disponibles. Ainsi, le freinage dispose de la régulation ABS en virage, le shifter up & down (DQS) optimise la stabilité et le contrôle de la traction prend en compte l'inclinaison de la moto. Même chose pour le frein moteur ajustable qui surveille la position du papillon des gaz, le rapport sélectionné et la décélération du vilebrequin lors d'un freinage intensif. Il ajuste alors l'ouverture du papillon des gaz pour équilibrer les forces de couple appliquées au pneu.
La géométrie de la Panigale V2 est à peine changée. Elle conserve un angle de colonne de 24°, mais la chasse perd 2 unités (94 mm). C'est également le grand retour d'un monobras oscillant aluminium moulé sous pression. L'empattement passe de 1.431 à 1.436 mm afin d'optimiser traction et stabilité. Des principes également travaillés par l'amortisseur Sachs entièrement réglable, toujours en position horizontale latérale gauche. Un vérin de direction Showa jugule la vivacité train avant. Ce dernier se compose d'une fourche inversée de même origine de 43 mm à système BPF (Big Piston Fork). Améliorée en rendement et qualité d'amortissement, elle est ajustable en tout sens (pré-charge, compression,détente) par molettes sur le haut de chacun des tubes. Les débattements sont de 120 avant et 130 arrière. L'installation du nouveau monobras oscillant relève la machine qui plonge davantage vers l'avant. A voir en dynamique les bénéfices de cette intervention normalement sensible.
Les jantes en alliage d'aluminium à 5 bâtons dédoublés et valves coudées arborent un nouveau dessin. Elles sont chaussées de Pirelli Diablo Rosso Corsa II en 120 à l'avant et un pneu arrière trigomme en 180. L'équipement des ralentisseurs ne change pas avec un équipement Brembo haut de gamme. Des étriers monobloc Brembo M4.32 à fixation radiale et 4 pistons attaquent les disques semi-flottants de 320 mm du train avant. L'arrière est équipé d'un disque de 245 mm et d'un étrier à deux pistons. Maitres cylindres radiaux et durites tressées complètent cette dotation, assistée par l'ABS Bosch course et l'IMU 6 axes installé de série. Si les valeurs 2 et 3 évitent le soulèvement de la roue arrière, le niveau 1 lui laisse toute liberté.
En option, la Panigale V2 peut être équipée du DDA+ (Ducati Data Analyser Plus) couplé à un GPS, qui permet de suivre, tour par tour, ses performances sur circuit via une télémétrie complexe, qui peut même indiquer le niveau de patinage de la roue arrière en sortie de courbe.
La Panigale V2 avoue seulement 200 kg prête à courir, répartis 52% à l'avant et 48% à l'arrière. Les intervalles de révisions ne changent pas, avec une intervention annuelle ou tous les 12000 kilomètres et réglage du jeu aux soupapes prévu tous les 24.000 bornes.
En selle
Une nouvelle assise vous accueille à bord. Plus épaisse de 5 mm et additionnée à une géométrie relevée, elle vous soulève à 840 mm du sol. Mais, toujours très étroite, la Panigale V2 reste facilement accessible et l'on apprécie ce surcroît de confort. "Magie" du bicylindre, la compacité et la finesse de la machine sont appréciables.
Jouet sulfureux, son ergonomie pour les plus grands se fait moins étriquée. Instrument dévolu au sport, la Ducati ne s'embarrasse pas d'inutiles espaces perdus. Hauts et reculés, ses repose-pieds basculent le corps vers l'avant, les poignets en appuis sur des bracelets sont écartés. Cette ergonomie typée, est là pour la maîtrise et l'efficacité de pilotage. Le recul disponible enfin est très correct, l'assise gagnant 20 mm de long.
Les yeux posés sur le té supérieur aluminium ajouré, taillé dans la masse, on apprécie les bouchons de tubes de fourche dotés de molettes de réglage de l'hydraulique. Au-dessus, le nouveau et large écran TFT couleur 4.3" délivre sans mal les nombreuses informations disponibles.
En piste
La météo est incertaine, mais nous attaquons l'essai sur l'asphalte encore sec du tracé ibérique de 4.428 km. Ses 13 virages (8 à droite, 5 à gauche) composent un semble technique, avec courbes rapides et plus lentes et de de forts freinages. Un vrai test de personnalité sur mesure pour jauger des talents de la Panigale V2. D'autant que celle-ci part à l'exercice avec des Pirelli Diablo Supercorsa SC II.
Le démarreur ne mesure pas sa peine pour entraîner l'équipage mobile et la compression des gamelles de 100 mm...! Puis la mélopée grave, profonde du twin fait trembler, l'air. Moins nettement que l'on ne souhaiterait, Euro 5 oblige. Etonnamment, les coups de gaz rendent pourtant bien présente la mécanique. Si vous voulez mieux, il faudra sortir le chéquier. Et pas qu'un peu : 4.200 ¤ pour la ligne Akrapovic. 5 ch de mieux, un poil de couple et surtout 7 kilos de moins et un comportement moteur plus exubérant. Ca fait tout de même cher l'upgrade.
En mode Sport (EBC au plus fort soit 1, ABS sur l'angle 2, DTC 4, EWC 3) il est temps de s'engager en piste pour un warm-up. Je me souvenais d'une 959 plutôt rétive et peu intuitive. Le Vatican a dû intercéder pour la V2. Transfigurée n'est pas de trop pour suggérer tout le plaisir que nous avons eu à rouler cette Ducati V-twin. Bon, de prime abord la mécanique semble un peu timorée, de par une surveillance électronique un peu sévère et une norme qui l'est tout autant. Mais le châssis fait sensation. Parfaitement neutre, sa géométrie subtilement modifiée fait de la Panigale V2 une machine agile et obéissante à l'oeil. Oui, je vous parle bien d'une Ducati là. Facile, intuitive et démontrant une excellente réparation des masses. Son échappement placé sous la machine n'y est pas non plus étranger. Cet équilibre s'associe à des suspensions bien ajustées en hydraulique.
La première session va nous éclairer bien davantage. J'engage le mode Race qui réduit contrôle de traction et anti-wheeling à 2 (sur 8 valeurs). La Panigale V2 se fait tout de suite plus démonstrative, renouant avec la réputation habituelle des machines de Bologne. Les relances sur l'angle se font immédiatement plus dynamiques et mettent en valeur cette mécanique soignée. La machine se fait plus vivante, délestant l'avant sur chaque rotation du poignet droit. Dans un profond bruit de boite à air, le twin en L flatte les tympans de son pilote. Cette musicalité suit parfaitement les évolutions tout en élégance de la ballerine V2. Sur un tempo entre Allegro et Presto, la Transalpine confirme son agilité sans vivacité excessive.
Le premier point notable est la facilité de prise en main. Il est vrai que les valeurs de puissance et couple de la V2 sont plus mesurées que celles des missiles récents. C'est un autre avantage qui destine cette machine à un large panel de pistards. Quel que soit votre niveau, la machine est accessible et facile à emmener. Mais également très efficace et envoûtante.
On le constate dès la «Curva Michelin» qui précède le virage numéro 3. Cet enchaînement met en lumière la précision du châssis et sa neutralité. Poussée par la charge de son twin, la machine dérive ensuite tout en contrôle dans la grande courbe en dévers qui suit. La régulation électronique est remarquable de transparence. Filant en 4 vers la Curva Sito Pons, on rentre la 3 et la machine s'incline naturellement dans ce long virage à droite aveugle. Votre canne est alors le châssis remarquablement neutre de votre V2, rendant la machine contrôlable à tout moment. Un peu large, un peu trop à l'intérieur ? Aucun souci. Votre regard est la clef, corrigeant avec autant d'efficacité la trajectoire que les légères pressions sur ses commandes que demande la Panigale V-twin. Bluffant !
La relance est consistante, la mécanique évoluant à 9.000 tours sur sa crête de couple et l'ascendance forte de sa puissance. Pour autant, la machine ne se tasse pas, l'amortisseur encaissant avec zèle la charge du moteur. On passe vite fait la 4 puis la 5 dans la plus longue ligne droite du circuit, en regrettant un peu le relatif manque d'allonge du bicylindre. Efficace dès 7.000 révolutions/minutes, la mécanique donne son meilleur sur piste après 8.000. Son régime maxi de 11.000 tours avant rupteur laisse une plage exploitable parfois un peu trop courte. Toutefois, on ne passera pas la 6 sur le tracé espagnol. On regrette au passage la faible protection offerte par la bulle de la machine. Si le recul sur la selle est important, la déflexion de l'étroite ogive Plexiglas est vraiment trop juste.
La Curva Dry Sac arrive vite et le freinage doit être des meilleurs pour accéder à la partie la plus technique du développé de Jerez. L'attaque des étriers, franche et pleine, assure une décélération des plus efficaces et, là encore, parfaitement modulable. Les rapports s'empilent sans état d'âme, anti-dribble et down shifter assurant un travail impeccable et d'une grande douceur. La Panigale V2 oscille à peine sur le plus fort freinage, mettant à l'oeuvre sa centrale inertielle pour garder le cap. Avec son ABS piloté, on peut également garder plus sereinement les freins sur l'angle et aucun mouvement parasite n'apparait au relâchement du levier. Parfaitement ajustée, l'hydraulique modifiée de la fourche Showa régule finement l'enfoncement de ses tubes.
Autre point fort de la machine, son train avant donne un maximum d'informations et engage la machine en virage avec une évidence rare. L'impression de légèreté est étonnante et l'on emmène avec évidence la Ducati vers la sortie du virage. De quoi aborder sereinement les forts appuis de la Curva Aspar, grande courbe rapide qui met à contribution le grip sans reproche des Pirelli. On y note également un excellent contrôle des gaz sur l'angle. Finement guidée par une poignée des gaz précise, la mécanique est sans à-coups.
On attaque ensuite deux courbes plus lentes, « Curva Angle Nieto » et « Curva Peluqui » où la Panigale V2 permet de choisir et moduler sa trajectoire sur l'angle à vitesse plus réduite. Avec toujours ce train avant sans filtre assurant au pilote un grand contrôle de ses évolutions. Mérite en revient également à la position sensiblement basculée sur l'avant et aux bracelets écartés. De quoi maîtriser sa monture en toute occasion. Le terme le plus juste est fluidité dans les enchaînements.
Faut pas mollir. Les deux cassures rapides qui suivent, « Alex Criville » et « Ferrari » permettent de passer la puissance plein angle, l'échappement rasant le sol. Dans le vrombissement du twin, on apprécie la grande rigidité du châssis qui assure la meilleure trajectoire vers l'ultime virage,« Lorenzo », épingle commandant la ligne droite des stands.
Evidente, facile et prédictible, la Panigale V2 confirme ses qualités sous la pluie. Chaussée de Diablo Rain spécifiques, la Ducati rassure dans ces conditions toujours un peu plus hasardeuse. Son twin de presque 1.000 cm3 sous contrôle de l'électronique haut de gamme, l'efficacité d'une partie cycle de même type et l'équilibre de son châssis permet de rouler très fort sur l'asphalte détrempé. Un régal ! Certes, les carcasses plus souples des enveloppes pluies engendrent plus de mouvements. Mais c'est pour donner encore plus de vie aux évolutions de l'Italienne. Je suis sous le charme. Mariage pluvieux, mariage heureux...
L'essai en vidéo de la Ducati V2
Conclusion
Unique hypersport bicylindre du marché, la Ducati Panigale V2 m'a touché au coeur. Sa plastique élégante, sa partie cycle haut de gamme et son efficacité se conjuguent à une prise en main évidente et une mécanique démonstrative, mais sans excès. Le tout en fait une machine de choix pour évoluer sur piste, ou route, avec un maximum de plaisir. Ses 155 chevaux et 104 Nm de couple lui assurent performance et facilité au guidon. Enfin, sa géométrie modifiée associée à une ergonomie spécifique (bracelet ouvert et repose-pied hauts et reculés) en font un excellent instrument de pilotage.
Les 18.290 ¤ qu'elle réclame peuvent paraître couteux. Mais la Panigale V2 en fait assurément valoir chaque unité, tant dans sa construction, ses finitions, ses performances et son efficacité de partie-cycle. La hausse de 1.700 ¤ est certes un peu excessive, mais comporte l'adjonction d'un monobras et d'une centrale inertielle dopant les assistances et les performances.
C'est également une des plus abordables hyper sport de grosse cylindrée. Mais une Aprilia RSV4 RR est toutefois moins coûteuse : 16.999 ¤. Et bien plus performante en moteur. Les autres missiles suivent en salves rapprochées. La Yamaha YZF-R1 n'est pas loin avec 19.281 ¤, la BMW S1000RR s'affiche à 19.200 ¤. Chez Suzuki, la performante GSX-R 1000 est disponible contre 16 599 ¤ seulement.
Entrée de gamme sportive Ducati, loin de la Panigale V4 à 23.290 ¤, la Panigale V2 est la machine des puristes du twin sportif. Sa personnalité mécanique et son efficacité globale en font la monture des connaisseurs, de ceux qui savent que, sans maîtrise la puissance n'est rien. A son guidon, tout est plaisir et sensations. Véritable outil-école haut de gamme de pilotage, la Panigale V2 est une moto à part. Comme vous ?
Points forts
- Esthétique racée
- Electronique efficace
- Personnalité mécanique
- Précision et neutralité de la partie-cycle
- Facilité de prise en main
- Contrôle du train avant
- Freinage
- Confort de suspension et assise
- Finitions
Points faibles
- Tarif un peu trop élevé
- Protection bulle
- Manque d'allonge (1.000 à 1.500 tours de plus)
- Choix des modes moteurs
La fiche technique de la Ducati Panigale V2
Equipements essayeur
- Casque Scorpion Exo R1-Air
- Combinaison Dainese Laguna Seca
- Gants Vanucci Speed Profi IV
- Bottes Dainese Torque D1
Commentaires
Je vous l'assure, un essai s'impose.
15-11-2019 13:55Cette Ducati panigale V2 est une très bonne et belle surprise.
Une Ducati 898.. mwais où peut on se la procurer en urgence ?
15-11-2019 16:03Et dans 2 ans Ducati va en faire une plus petite à partir du moteur 821.
15-11-2019 18:22Comme avec les BAR, chaque génération grandit et on se retrouve avec le segment supérieur sans s'en apercevoir et surtout sans en avoir besoin.
ça c'est bien vrai ! C'était tellement plus simple l'époque où on avait des 500, 750,1000 et 1100 ! Les 500 sont devenues des 600 voire 650. Les 750, des 800 puis des 900. Rattrapant alors les 1000/1100 qui sont devenues des ... 1200, 1400 ... etc
17-11-2019 19:07C'est le syndrome de la reine rouge qui veut ça.
17-11-2019 23:05C'est vrai qu'elle est très belle.moi
28-11-2019 10:34Qui n'ai plus roule sur une Ducati depuis ma pantah 500 achetée neuve en 1981
et revendue 2ans plus tard avec 80000km!
J'ai bien envie de m'y remettre...
Eh bien voilà, Waboo, c'est de ta faute.
Je t'ai écouté, et je suis allé essayer cette V2.
C'est malin, hein, depuis j'en rêve la nuit.
D'abord, elle est jolie.
Certes, ce n'est pas le coup de foudre façon 916 ou l'audace stylistique façon Terblanche, mais elle a sans doute une des plus belles lignes des motos actuelles (rhaaaa, cette figure de poupe !).
Ensuite, j'y suis allé avec un a priori négatif. Parce que c'est une Ducati moderne, que le vendeur m'avait prévenu que je ne retrouverais pas le côté on-off de la V4, que tous les forums spécialisés m'avaient assuré que "c'était mieux avant", que "le caractère moteur était totalement lissé", etc.
Ouais bah tout ça c'est même pas vrai d'abord.
Ca commence quand on s'installe à bord : mieux vaut avoir le fessier rembourré, l'amortisseur n'est pas là pour chérir votre fondement. Idem pour la fourche quand je bascule le corps sur l'avant pour choper les bracelets. S'enfonce pas d'un pouce. Côté, hum, "confort", on risque donc de ne pas être très éloigné de mes ex-SSie. Ca tombe bien, j'en ai marre des motos confortables.
Ai-je besoin de rajouter que poser les bottes sur les repose-pieds ne fait qu'accentuer le basculement du corps sur l'avant ? Non, je crois que tout le monde aura compris.
Contact, démarrage, bbbrrrroooooarrrrrrrr, brrpppp, brrrrppppp, brededbreppp. Bon, au moins, on ne peut pas dire que le son soit aseptisé, ça fourmille de bruits mécaniques divers et variés, c'est aussi régulier qu'un coucou italien (c'est comme un coucou suisse, mais mal calé), bref, ça me plait tout en restant dans des limites tout à fait acceptables par le quidam moyen. Même si c'est peut-être un poil trop métallique à mon goût.
J'accroche le levier d'embrayage, passe la première, et hésite un instant avant d'y aller vraiment : mon essai de la V4 m'avait laissé le souvenir d'un moteur hyper brutal, dont le dosage au démarrage était fort délicat. Là, on est quand même en pleine ville, sur des pavés ... et surprise, la belle se laisse emmener facilement. Oui, oui, facilement, vous avez bien lu. Enfin, facilement, façon de parler : le moteur laisse clairement entendre qu'il faut lui parler gentiment, mais là où la V4 ou un bon vieux D2 m' aurait planté là en calant sur un bon coup de piston, la V2 accepte quand même d'y aller sans me secouer comme un prunier.
Première, seconde, troisième, je sens déjà que le moteur ne demande qu'à s'exprimer, qu'il grogne, qu'il râle, qu'il vibre, mais qu'il s'acquitte de l'exercice urbain finalement sans problème. La finesse et le poids réduit de la machine font merveille, et l'appui sur les bracelets n'est finalement pas vraiment fatigant, du moins pour moi qui ait l'habitude de ce genre de position.
Je passe un dernier feu,, accroche une bretelle d'insertion, ouvre un peu en me positionnant sur l'angle. La moto est à la fois hyper rigide en virant d'un bloc, se positionne extrêmement facilement tout en laissant l'impression de pouvoir corriger la trajectoire à tout moment. Bluffant.
J'en profite pour continuer à ouvrir sur l'angle, passer une vitesse grâce au shifter (extra ce joujou !), la moto est toujours impressionnante de stabilité et de vivacité. Faut que je me calme, sinon je risque de m'amuser à jouer entre les chicanes mobiles. Me v'là à conduire comme un abruti avec une sensation de totale facilité.
(suite à venir) 07-06-2021 20:05
Oui, bon, me revlà, pas la peine, ô foule en liesse, de hurler ton désespoir.
08-06-2021 13:19Tiens, je m'aperçois que j'ai oublié de parler du freinage. Parce que bon, même si c'est pour les lâches, de temps en temps il faut bien dérouiller un peu les doigts de la main droite.
On en dit quoi du freinage ? Bah ça freine. Si, si. Vachement bien même. Le genre de truc qu'avec deux doigts tu te catapultes par-dessus la roue avant si par un malheureux hasard tu as oublié sur quel type de bécane tu te trouves. A éviter sur du pavé mouillé, hein. Oui, c'est vrai, y a l'ABS. Mais on est sur une Ducati, donc avant d'aller tester l'ABS en live, faudrait être sûr qu'il va bien se déclencher.
C'est marrant, hein, parce que sur ma néorétrobobo je suis sensé avoir le même équipement italien. Et vous savez quoi ? Ca ne fait pas du tout le même effet. Mais alors pas du tout.
On en était où déjà ? Ah oui, au slalom entre les bagnoles. Incroyable comme la baby Panigale se manie bien. On a presque l'impression que ça lui plaît. Bon, à moi, moyen quand même. Allez hop, demi-tour. Enfin, disons que je prends la première sortie pour reprendre l'autoroute dans l'autre sens.
Y a moins de monde, une petite voie d'accélération, donc j'accélère. Oh, pas longtemps hein, juste le temps de passer la troisième. Rhaaaaaaaa, ça pousse ! Ca monte dans les tours en rugissant de plaisir (pas moi - quoique - la moto).
Oui mais .... 155 qu'il me dit le compteur. Hein, quoi ? Il est buggé ce compteur, pas possible, je n'ai même pas eu le temps de passer la quatre ! Ah tiens, non. Ou alors c'est que tous les autres se trainent.
J'ai lu sur un essai qu'il fallait 12000 points de permis pour aller avec cette bécane. Pas faux. Même si c'est sans doute sous-estimé.
C'est du bonheur en barre cette bécane, le moteur reste bien vivant et démonstratif, la partie-cycle est démoniaque, la protection m'a même paru tout à fait correcte et le confort largement acceptable après 1h de ville et autoroutes urbaines.
Il me la fauuutuuut !
Je te l'avais dit Waboo, c'est de ta faute.
Bon eh bien, valà, c'est fait : V2 dans le parking depuis samedi dernier.
27-07-2021 11:21Juste un petit tour en Chevreuse dimanche pour la prendre un peu en main avant le week-end prochain où je vais l'utiliser plus intensément et sur des terrains plus variés.