Essai pneu Pirelli Diablo Rosso Corsa II
A-t-il vraiment le diable au corps ?
Du sang neuf
Mais que diable se passe-t-il de l'autre côté des Alpes ? Le spécialiste du pneu sport se serait-il endormi sur ses lauriers ? Huit ans, ce n'est plus un âge pour un pneu sport aujourd'hui ! Pensez donc, quand le Diablo Rosso Corsa est sorti, on ne parlait guère d'électronique et la barrière des 200 chevaux était encore loin. Presque la préhistoire...
Mais laissons Piero Misani, le directeur du R&D nous expliquer la raison de cette longévité exceptionnelle.
En fait c'est le marché qui a dicté cette situation. La demande pour le Diablo Rosso Corsa était toujours très forte. Aussi nous aurions eu tort de la remplacer alors qu'il surfait toujours au sommet de la vague. Les clients étaient satisfaits, aussi, au lieu d'une durée de vie normale de 5 ou 6 ans dans ce segment, nous avons prolongé le Diablo Rosso Corsa jusqu'à 8 années sans le remplacer. Pour autant, il reste disponible en seconde ligne, mais au sommet du segment, le Diablo Rosso Corsa II le remplace.
De fait, il devient un peu difficile de s'y retrouver dans la gamme, puisque le Diablo Rosso III est moins sportif que lui, alors que les plus pistards s'orienteront vers le Super Corsa SP, voire SC. Pour mieux situer le nouveau venu, mettons-le face à ses concurrents. Chez Dunlop, le Diablo Rosso Corsa II affronte le Sportsmart TT, sans doute un peu plus sportif que lui. Michelin, lui oppose son Power RS, alors Bridgestone propose le RS 10. Continental compte sur le Raceattack comp end pour donner la réplique, alors que le frère Metzeler est un peu à cheval entre Sportec M7 RR et le Racetec K3 . Voilà, le décor est planté. Résumons la situation en disant que le nouveau-né est un hypersport route, capable de faire des journées de piste.
Des dessous chics
Pour mettre son bébé à niveau, Pirelli n'a pas lésiné. C'est un bi-gomme avant, tri-gomme arrière, un choix qui rappelle le BT16 de Bridgestone, à ceci près que l'évolution technologique permet aujourd'hui de mieux gérer les zones de transitions entre les gommes, ce qui n'était pas forcément le cas jadis.
Pour offrir le meilleur compromis, Pirelli a opté pour une étroite bande centrale arrière avec un mélange dur dopé à 70 % de silice, pour plus de longévité. Couvrant seulement 15°, elle est entourée de deux bandes 100 % silice de part et d’autre, qui passent la main au-delà de 35°, à une zone quasi slick, boostée au noir de carbone pour une adhérence optimale. A l'avant on retrouve un schéma plus classique, avec trois zones au lieu de 5. La transition se fait ici aussi à 35°, comme à l’arrière, pour que le pilote ait des sensations identiques. Le secret de ces transitions bien gérées réside dans le chevauchement des sculptures, qui autorisent ainsi plus ou moins de déformations et donc d'échauffement de la gomme.
A ces évolutions profondes, Pirelli associe de nouveaux profils, plus pointus au sommet et plus arrondis sur les épaules. Ainsi on améliore la vivacité de la moto et son grip sur l'angle grâce à une surface de contact accrue. Résultat de tous ces efforts, dans des conditions identiques, le Rosso Corsa II peut atteindre 52° d'inclinaison, contre 48° "seulement" pour son prédécesseur. Bon assez parlé technique, si on allait l'essayer ce pneu?
L'épreuve de l'eau avant l'épreuve du feu
Je mets ma combinaison pluie ou pas ? Sur les photos ce n'est pas très sexy, mais au vu de ce qu'il tombe c'est plus raisonnable si je ne veux pas attraper une pneumonie et surcharger mes bagages avec un cuir plein d'eau. Bien m'en a pris, car après quelques kilomètres, c'est un déluge qui nous tombe dessus. La route, parsemée d'énormes nids de poules, est parfois aussi traversée par des coulées de boue. Pas vraiment le terrain de jeu idéal pour un pneu hypersport qui préfère se dorer la pilule sur une piste bien chaude.
Mais le Diablo Rosso Corsa II est un pneu route et à ce titre, il doit pouvoir assumer votre quotidien. Disons-le tout de suite, dans ces conditions difficiles, il s'en sort avec les honneurs ! Grâce à un excellent retour d'information, le pilote sait exactement où il met ses roues et où il en est de l'adhérence disponible. La confiance est là. Le profil, pointu, mais pas trop, assure une bonne maniabilité, sans que la moto ne soit tombante. Une sensation agréable, quand on roule sur des œufs. La température extérieure de 15° et la pluie ne semblent donc pas nuire aux qualités du Diablo Rosso Corsa II. Finalement, ces mauvaises conditions ont du bon. C'est dans l'adversité que l'on juge le mieux ses amis et visiblement on peut compter sur ce bel italien.
Kyalami !
Le lendemain matin, la pluie a cessé et nous découvrons avec émotion, le magnifique tracé et les reliefs de la célèbre piste sud-africaine chargée d’histoire. Pensé, il a exactement mon âge ! Virages serrés ou rapides, freinages sur l'angle, grosses accélérations, il y a là tout ce qu'il faut pour juger un pneu. Nous disposons de trois sessions de 20 minutes précédées d'un quart d'heure de découverte, pour en découdre avec la piste et le Rosso Corsa II. C'est au guidon d'une valeur sûre, la GSX-R 1000, que je commence les hostilités. Trop court pour se faire une idée. J'attendrai le tour suivant pour juger.
C'est une KTM 1290 Super Duke R qui va me permettre de prendre la première mesure de notre challenger. Il ne faut que quelques tours pour comprendre qu'entre elle et le Pirelli, c’est un mariage heureux ! La moto est facile, elle rejoint la corde à la demande, presque juste d'un regard. Avec son grand guidon, ses freins mordants juste ce qu'il faut et ses suspensions de qualité, l'Autrichienne est un vrai régal. La confiance est énorme. Il n'y a guère qu'à haute vitesse qu'elle est un peu remuante, mais force est de reconnaître que dans la portion sinueuse, le duo KTM/Pirelli est d'une efficacité redoutable. Ça vous transforme un motard confirmé en pilote amateur !
La troisième session arrive déjà et j'opte pour une Panigale V4. Je ne vais pas le regretter! Bon ça serait bien le diable qu'une Ducati ne marche pas avec des Pirelli ! Mais ici, en l'occurrence, c'est l'accord parfait. La belle Italienne est d'une facilité déconcertante. Cette fois à haute vitesse, la stabilité est impériale, tout comme sur les freinages appuyés. Balancer la moto, ouvrir en grand, tout se passe comme dans un rêve. Je n'imaginais pas la Panigale à pareille fête ! J'en profite pour constater que le profil des pneus est aussi agréable sur le sec que sous la pluie. Ni trop vif, ni trop rond. Tip top !
L'heure du dernier run arrive déjà. Charmé par le V4, de la Ducati et par le comportement du roadster KTM, je tente de réunir le meilleur des deux en enfourchant une Aprilia 1100 Tuono RR. Ici encore le plaisir est au rendez-vous. Moins remuante que la KTM à haute vitesse, la Tuono l'est plus à l'accélération. Sans doute l'effet conjugué d'une suspension offrant moins de débattement que sur l'Autrichienne et d'un pneu qui commence à rendre gorge au fil des séances. Chaud comme la braise, j'enregistre enfin quelques dérobades de l'arrière, qui prévient gentiment, alors que l'avant reste impérial. On est déjà à bonne cadence, sur une moto puissante. Il y a vraiment tout ce qu'il faut pour se faire plaisir et surtout, entre l'entrée et la sortie de piste, le Rosso Corsa II ne mollit pas sous l'effet de l'échauffement. Enfin, si la fatigue se fait sentir au fil des sessions, l'usure constatée est belle et uniforme, ce qui permettra de faire durer son pneu sur la route.
Aspects pratiques
Déjà disponible chez les revendeurs, le Rosso Corsa II est avant tout destiné aux moyennes et grosses cylindrées. La gamme commence à 160, les petites 300 et 400 sont donc exclues, pour finir à 200/60 X 17, de quoi équiper la nouvelle Panigale V4 comme vous avez pu le constater en lisant ces lignes. Le tarif devrait se situer autour de 290 € TTC pour un train en 120/180 hors montage.
Conclusion
Le niveau ne cesse de monter dans la catégorie hyper sport. Après 8 années de bons et loyaux services, le Rosso Corsa était un peu distancé par la concurrence. Le nouveau Corsa II arrive pour relever le gant de belle manière. Il devance son prédécesseur de 3 secondes sur un tour au Mugello. Ce n'est pas rien. Dans le même temps, les autres manufacturiers ne sont pas restés les bras croisés et c'est justement cette saine émulation qui nous permet de disposer de produits plus sûrs et plus compétitifs. Même si les places sont chères, le Rosso Corsa II est assurément à classer dans le haut du panier, car effectivement, il a le diable au corps !
Points forts
- La polyvalence
- La maniabilité
- La tenue sur sol mouillé
- Le potentiel sur piste
Points faibles
- adhérence limitée dans les coulées de boues....
- Tenue à l'usure non vérifiée.
Conditions d’essais
- Itinéraire : petites routes variées sous une forte pluie en BMW S 1000 R et circuit sur piste sèche en KTM 1290, Ducati V4, Tuono V4 et Suzuki GSXR.
Les dimensions des Pirelli Diablo Rosso Corsa II
Avant :
- 120/70 ZR 17 M/C (58W) TL
Arrière :
- 160/60 ZR 17 M/C (69W) TL
- 180/55 ZR 17 M/C (73W) TL
- 180/60 ZR 17 M/C (75W) TL
- 190/50 ZR 17 M/C (73W) TL
- 190/55 ZR 17 M/C (75W) TL
- 200/55 ZR 17 M/C (78W) TL
Commentaires
Des dizaines de journalistes européens envoyés en Afrique du Sud gratis pour essayer un boudin italien ?
17-04-2018 17:30Je rêve.
Et le conflit d'intérêt?
Aucun défaut ce pneu en conclusion .
Ridicules.
Arrêtez de nous prendre pour des buses .
Pas des dizaines. Une poignée.
Envoyés en un endroit où un manufacturier est sur de trouver du beau temps, et, la preuve, ce n'est pas garantit, pour présenter un nouveau produit qui coute des fortunes en R&D et garant d'emplois...
On y fait pas du tourisme. Là, c'est 12 h d'avion, un essai journée, ou deux jours au mieux, et retour au lance-pierre. Et article écrit sur place et dans l'avion. Si, écologiquement, c'est discutable, professionnellement, c'est tout à fait respectable.
La période des essais sur une semaine est finie depuis très, très longtemps.
Et les essais motos sont encore plus courts.
Jef est un excellent technicien. Si le produit est bon, il le dit. S'il a un soucis, pareil.
C'est notre façon de travailler à TOUS sur TOUS les produits que nous testons (moto, pneus, équipements...)
Libre à toi d'en douter.
Motos et pneus ont de moins en moins de gros défauts. Donc, on ne va pas crier harro pour faire plaisir à quelques suspicieux chroniques.
Va donc essayer un train de Pirelli... tu nous feras un compte rendu que nous serons heureux de lire et d'analyser. 17-04-2018 18:10
Facile ta réponse surtout quand la majeure partie de la prose de ta balade ce sont les documents marketing que Pirelli ta refilé.
17-04-2018 19:55Trop forts ces ritals, ils t'ont complètement anesthésié a tel point que tu en as oublié la déontologie du journalisme,j'ai nommé l'esprit critique, surtout tu me fais exploser de rire quand tu dis que le seul point négatif c'est (pour un pneu Sport racing) qu'il n'est pas très bon sur les coulées de boue...oui copains crossmen vous avez bien lu😆 les coulées de boue.
Bon sans rancune mais ne te trompe pas de camp tes Clients c'est nous les lecteurs et pas Pirelli.
Bonnes nouvelles balades.
Fastboni
Ce n'est pas MA balade, si tu avais lu ma réponse, tu l'aurai compris. C'est un collègue qui a fait l'essai. Et il sait de quoi il parle.
17-04-2018 22:17Je le laisse répondre, s'il le juge utile.
Pour en avoir essayer quelques dizaines depuis plus de 15 ans, penser que les cinq manufacturiers de pointe ( Bridgestone, Continental, Dunlop, Pirelli/Metzeler Michelin) font de mauvais pneus me laisse pantois. Il y a des points, forts, des nuances, mais rarement de gros points faibles désormais. Je confirme donc que ce nouveau Pirelli est excellent. Mais soit, on peut chercher des critiques imaginaires. Ma critique sur les coulées de boue n'était qu'une pointe d'humour pour mettre en relief le paradoxe qui consiste à faire tant de KM pour trouver la pluie et surtout la boue. Désolé si c'était mauvais à votre goût. Mais ne nous regardons pas la nombril. Le choix de cette destination exotique visait aussi à satisfaire tout le monde. Car il y avait là bas des américains, des japonais, des australiens, des indonésiens, etc... qui auraient trouvé tout aussi idiot de venir en Europe et de faire des milliers de kilomètres pour tester un pneu. Fallait-il que Pirelli organise deux présentations distinctes par hémisphère? Louer des motos, une piste, bloquer les équipes de R&D, Les ouvreurs, les photographes, les cameramen... Tout ça deux fois? Écologiquement, et économiquement parlant c'était mieux? Non certes, mais nous n'aurions pas eu l'image de journalistes pourris à vos yeux. Sachez que nous avons passé plus de temps dans les transports ( Avions, transferts en bus, re-avion, re bus, etc) que sur place. votre critique n'aurait de pertinence, que si elle disait que nous n'avions aucun élément de comparaison pour juger des progrès accomplis. ça c'est vrai. D'où l'intérêt d'avoir un essayeur unique "qui se balade" et essaye tous les pneus pour se faire son expérience, comme on le fait au repaire. Nous ne pouvons nous fier qu'à nos sensations (prise d'angle, déclenchement de l'ABS, maniabilité/stabilité de motos que nous connaissons déjà avec d'autres montes...Etc). Saluons justement le fair-play de Dunlop qui procède à des présentations avec essais systématiques sur piste sèche ou arrosé et nous passe des pneus concurrents, parfois, un poil meilleurs sur tel ou tel point, pour que l'on puisse comparer. C'est vraiment sérieux. Et en plus c'est fait en France! Mais que pensent les lecteurs Australiens, Japonais, et américains de ces journalistes qui viennent se gaver de bons vins, de notre gastronomie, en France, première destination touristique mondiale???
26-04-2018 10:28bonjour
09-12-2019 09:25forcé de constater qu'il existe encore des irréductibles de la bêtise, des personnes avides de critiques :et qui, n'ont elles même jamais essayé le produit testé ,voir qui ne le connaisse que par des dires. moi je roule diablo corsa 2 et je roulerai tant qu'il y en aura parce que c'est un très bon produit ............ PS message pour les ânes made in France !!!
cordialement .
Merci pour l'essai, ça sert toujours même 2 ans après puisque c'est la monte par défaut sur les panigale v2 et que j'étais curieux de voir ce qu'il était dit de ce pneu :). Il semble être au top, par contre le positionnement du rosso IV nouvellement venu me semble curieux du coup.
01-11-2021 16:50Tiens, c'est curieux que ce sujet remonte.
01-11-2021 17:25C'est effectivement la monte d'origine de la Panigale V2. Je les ai "testés" hier dans des conditions diverses.
Le matin, route mouillée (mais pas de pluie) et 9-10°C au thermomètre, j'ai eu beaucoup de mal à prendre confiance dans les pneus - était-ce moi qui avait besoin d'un temps de "chauffe" ou bien les conditions n'étaient-elles pas optimums pour ce genre de pneu ? Toujours est-il que j'ai roulé un moment sur des oeufs, jusqu'à ce que la température remonte et que la route sèche.
Là, évidemment rien à dire, les limites des pneus modernes sont bien trop éloignées pour que je les atteignent dans ces conditions. Avec une température qui était remontée vers les 19-20°C, même les parties routières encore humides se prenaient sans arrière-pensée.
Le soir, (très) grosse pluie imposant de fait une conduite un peu plus circonspecte. Si je n'ai jamais eu de souci pour passer la puissance au sol (puissance modérée quand même), et ce sans avoir jamais enclenché le mode "rain", j'ai trouvé en revanche que les sorties de rond-point par exemple étaient un peu délicate, avec une moto qui avait tendance à "flotter" un peu.
Exactement l'inverse des Pilot Road 5 que j'avais eus sur une autre moto, qui m'avaient valu quelques dérobades de l'arrière en accélérant à toc, mais dont le comportement sur l'angle était impérial même sous grosse averse.
Je ne sais pas si c’est spécifique à ce pneu, mais j’ai trouvé les précos de gonflage fournis par Aprilia assez élevées: 2.5bar à l’avant, 2.8 à l’arrière.
22-11-2021 17:08Je m’attendais à moins!
Pareil pour la Panigale V2.
22-11-2021 20:54De mémoire, les Pilot Power sur les SSie étaient gonflés à 2,5/2,9.
Les Road 5 et les Rossi Corsa 1 sur la Thruxton, 2,5/2,5.
Rien de surprenant de mon point de vue.
Sinon je confirme que le Rosso Corsa 2 n’aime pas le combo humidité/températures « fraîches ». J’ai roulé pas mal en Bretagne le week-end du 11/11, et j’ai décroché l’avant dans un virage qui était resté humide, avec 10-11 degrés au thermomètre. Aucune conséquence pour moi, ça a raccroché aussitôt. Mais j’y allais pourtant mollo, le pneu était bien chaud (plusieurs dizaines de km de virages à bon rythme) et cava decroché à la mise que l’angle, sans que je n’aies freiné.
Après, c’est peut-être le cas de toutes les gommes « sport ». J’avoue que j’hésite à repasser sur du Road 5, puisque les Rosso Corsa 2 vont être à changer d’ici 2-3 000 km vraisemblablement.
Il y a aussi la géométrie de la moto qui doit jouer: plus l'angle de chasse est fermée, plus le décrochement de l'avant peut être sec, en tout cas pour ce que j'en ai vu
23-11-2021 23:01