Essai Suzuki GSX 1400
Le roadster Canon
Les rumeurs se rapprochaient depuis plusieurs mois, annonçant de gros roadsters chez l'ensemble des constructeurs. Suzuki ouvre le feu avec un roadster entièrement nouveau et en version 1400 cm3, rompant complètement avec la tradition Bandit.
La GSX 1400, c'est tout d'abord un roadster qui impressionne. Posez le dans une rue et les badauds ne tarderont pas à s'attrouper autour pour admirer le bestiau : réservoir monstrueux (22 litres), double ligne d'échappements, un poids tout aussi peu négligeable (228 kilos à sec), une selle spacieuse, un guidon large, un empattement impressionnant, une béquille centrale et latérale... Le gabarit impose les marques. Bref, la moto donne envie d'être essayée.
Contact ! Ne cherchez pas le starter, il n'y en a pas. Suzuki introduit ici l'injection sur roadster. La clef de contact tournée, on entend un sifflement caractéristique et les compteurs traditionnels/digitals se réinitialiser : double totalisateur partiel à gauche, jauge à essence électronique à droite et horloge. Pratique ! On peut voir la jauge, le totalisateur et la montre en même temps. Les échappements émettent un vrombissement grave et majestueux : la force tranquille. Dernier détail par rapport à un tableau traditionnel : un nouveau témoin "FI", signalant un problème au niveau de l'injection.
La position de conduite est droite, légèrement plus vers l'avant que sur une Bandit 1200S. On pourrait penser qu'il est difficile d'enserrer l'imposant réservoir. En fait, ce dernier est très échancré et permet de serrer la moto de façon encore plus efficace que sur une 600. Le poids, quant à lui, se fait oublier dès les premiers tours de roues. En fait, on oublie presque que l'on est sur une 1400 cm3. On pourrait imaginer un roadster méchant exclusif... Il n'en est rien. La GSX 1400 se prend en main toute seule et vous emmène sur le couple sans brutalité. Les vitesses se passent en douceur (à part cette seconde qui a toujours cette tendance à claquer chez Suzuki) et on enroule "tranquillement"... En fait, il vaut mieux surveiller le compteur, car on a vite fait d'être à plus de 100 km/h en ville, en seconde et sans s'en rendre compte. On s'en rend d'ailleurs d'autant moins compte que les échappements s'oublient complètement. Adeptes de pots non homologués, passez votre chemin. Ceux-ci font à peine plus de bruit qu'une voiture et vous en apprécierez tout l'avantage après plusieurs heures de routes : plus besoin d'avoir recours aux bouchons d'oreille !
Au bout de quelques kilomètres, vous comprenez une chose : la GSX 1400 est confortable, très confortable. La selle est moelleuse, à la fois pour le conducteur et surtout pour le passager. Bref, c'est sans aucun doute la meilleure selle d'origine jamais réalisés (hors Goldwin). La moto a tellement de couple qu'en utilisation normale, on reste entre la 2e et la 3e... et on risque déjà de perdre son permis sur autoroute. Le confort se trouve aussi là : moins de passage de vitesse et un gros couple; les vitesses se passent toutes seules et sans à coup. Et si jamais, vous vous retrouvez par hasard (et par erreur) à 1500 tr/mn en 6e sur une départementale (et déjà en excès de vitesse), vous pouvez ouvrir en grand : le 4 cylindres reprend sans broncher et votre casque vous rentre dans le visage à l'accélération ! Bref, vous allez devoir vous accrocher.
Vous vous engagez sur l'autoroute sur les chapeaux de roues et le roadster semble ne jamais vouloir s'arrêter. En fait, sans le saute-vent, ce sont vos cervicales qui crient grâce alors que le monstre semble toujours au ralenti. Les grandes courbes rapides s'enchaînent avec facilité, et la moto semble se conduire seule : un régal. Et si la chaussée de dégrade, les amortisseurs associés à la selle absorbent tout sans broncher et sans surprendre. Et si les réglages d'origine ne vous suffisent pas, vous aurez toute liberté de les rerégler comme vous le voulez: réglage en précharge du ressort, compression et détente. Suzuki vient d'inventer le roadster Pullman.
De retour sur nationale et surtout départementale, le roadster se met sur l'angle sans effort. En fait, ni survireur, ni souvireur comme une Bandit 1200S, la GSX 1400 semble vous aider dès la prise d'angle. Bref, il suffit d'un signe, d'un léger appui du poignet et la moto se place toute seule, quelle que soit la vitesse et sans jamais être surprise par un mauvais revêtement. Du coup, on peut maintenir un rythme soutenu sur petites départementales à une vitesse raisonnable sur autoroute sans aucune fatigue, ni risque inconsidéré. Et au passage dans les petits villages, on reste sur la même vitesse pour simplement réouvrir largement à la sortie. Le moteur ne rechigne jamais.
Le freinage est à la hauteur du monstre. Hérité du freinage de la GSX-R 1000 - le modèle hypersport de la marque - les étriers six pistons sont efficaces, sans jamais surprendre. Cà freine fort, mais en rapport avec la manière dont vous serrez la main droite. Il n'y a pas besoin de doser : çà freine sans jamais risquer le blocage. Bref, c'est efficace et sécurisant et on n'hésite pas à prendre le levier, serrer fort pour tester. Rien à faire, il n'y a aucun risque d'être surpris en cas d'urgence !
Les impressions accumulées au cours de la première centaine de kilomètres ne feront que se confirmer au fur et à mesure des centaines de kilomètres avalés. La GSX 1400 est un régal. Ce n'est pas le/la passager(e) qui vous contredira et vous constatez avec plaisir que les étapes peuvent être importantes, très importantes même. L'injection ne calme pas trop les ardeurs de consommation de la belle, mais le réservoir de 22 litres compense et vous pouvez enchaîner sans problème 300 km sans vous en apercevoir.. hormis le symbole de la pompe à essence clignotant au niveau du compteur digital depuis plus de 70 kilomètres. Attention ! le bouton de passage sur réserve a disparu depuis la Bandit 1200.
Après avoir admiré le monstre, et apprécié sa conduite, vous prendrez votre temps pour en admirer les détails : la finition globale, la déco en relief, la serrure de la selle discrète et en biais, l'espace important sous la selle permettant de loger deux combinaisons de pluie, deux antivols, un livre et la boisson (Coca) pour la route...
Si l'on devait faire un comparatif, la GSX 1400 se situe entre une Bandit 1200N et une Bandit 1200S. Moins joueuse que la Bandit 1200N, mais plus facile et confortable que la Bandit 1200S (hormis la protection), c'est une moto qui s'adopte avec une telle facilité que l'on a vraiment du mal à en rendre les clefs. En fait, l'essayer c'est l'adopter. Remonter sur sa moto personnelle tient alors d'un supplice et plus rien ne sera tout à fait après comme avant.
Au vu de tous ces atours, cette moto devrait faire un véritable carton au niveau des ventes. Seul le prix de 61.900 francs fait encore réfléchir, sans oublier le fait qu'il s'agisse d'un prix de lancement qui devrait monter à 63.990 francs prochainement. On se situe au même niveau que la XJR 1300 (quoique cette dernière ait été bradée par Yamaha à 58.900 francs dernièrement). Suzuki confirme ainsi sa volonté de se situer au même niveau que ses concurrents japonais, tant au niveau qualité de sa production que des prix annoncés. Et au vu des premiers résultats de ces premiers mois, il semblerait que le marché suive...
La GSX 1400 est disponible en livrée bleu ou grise dans sa version normale et en livrée bleu et blanche (réservoir et jantes).
Consommation pendant l'essai : mini : 7L/100km - maxi : 8,5L/100km
La fiche technique | Encore plus de photos
Concurrentes : Aprilia Tuono, BMW R1200R, Ducati 1100 Monster, Honda CB 1000 R, Honda CB 1300, Kawasaki Z 1000, Moto Guzzi 1200 Sport V8, Suzuki Bandit 1200, Yamaha Fazer 1000, Yamaha XJR 1300
Commentaires
Encore une fois je ne suis pas d'accord sur la consommation mini, pour ma part je n'ai jamais atteint ce chiffre de 7L !
13-03-2014 22:18Ma conso se situe en dessous des 5,5 l depuis 2 ans que je suis l'heureux propriétaire de cette machine !
A 3500 trs on est déjà à 120 km/h et la zone rouge est à 9000 trs/mn....Pas besoin d'essorer la poignée pour apprécier ce gros roadster !!!
--Bonsoir.
18-03-2014 19:28--(Ma conso se situe en dessous des 5,5 l )
-Tu n'ais pas le seul, certains font (ou faisaient) encore moins, tout dépend de l'utilisation du bestiau, de la route, du chargement, etc, etc !!!
-A-priori t'es ravi du 1400, je partage cet enthousiasme !!! j'en ai eu un pendant 8 ans, mais lui me les a brisés grave au point de m'en débarrasser, Ptain poutant dans ses bons jours c'etait top !!!
--S'il marche bien prends en soins !! .........au plaisir ...Le Gibe.
Et un déterrage, un !
5,5 l ? Moi je faisais moins de 3 litres !
et un autre troll en approche, un !
25-03-2014 09:24
Bonjour,
11-07-2014 12:13Côté conso, je ravitaille entre 280 et 310 kms en usage routier exclusivement. Le confort est bluffant, ayant eu un 1300 FJR munie d'une selle "confort", ma femme et moi même préférons Suzi, plus confortable, se qui est un comble...
Côté protection, j'ai installé un tête de fourche qui nous permet de croiser à 140 sans remous ni pression d'air. Toutefois, sur ce plan, se n'est pas un FJR.
Bref, que du bonheur...
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Avec son confort et son moulin cela va être très dur de changer la mienne que j'ai depuis 2008 ! J'ai essayé des BM 1150 et guzzi 1100 pas convaincu.
08-05-2017 19:52Après 30 ans de sportives et roadsters énervés, et ayant survécu, j'ai décidé de conjuguer mes vieilles années avec passion et raison.
28-05-2024 14:20mon choix s'est par hasard porté sur ce 1400 Gsx que j'ai restauré avec amour et plaisir.
et quel bonheur, ce moteur hyper souple, coupleur et puissant sans brutalité. ce confort royal si on accepte de s'en prendre plein la quiche, et encore, certaines motos carénées vous orientent le flux directement dans les narines, j'ai opté pour le saut de vent sport de ermax et j'en suis très content.
quelques menus réglages plus tard, un échappement qui chante et remplace les deux sèche cheveux d'origine et on trouve là une machine au dessus de tout soupçon pour avaler les km et procurer un plaisir insondable. la partie cycle est saine, sûre, le freinage est directement issu du passé c'est à dire efficace pour peu que l'on se saisisse de deux doigts minimum et n'ait pas peur de tirer dessus comme lors de vos meilleurs souvenirs de levrettes.
c'est alors une machine qui, à mon grand âge, redéfinit mon amour de la moto pour le sublimer, la folie en moins, mais la passion des gros moulins air huile en plus. je n'ai aucun reproche à lui faire si ce n'est qu'elle fait partie de ces motos comme on n'en verra plus, qui se conduisent avec humilité, douceur, souplesse, demandent qu'on s'en occupe un peu et anticipe à minima, comme avec une femme que l'on bichonne soigneusement après des années de mariage et sur laquelle on pourra compter jusqu'au froid éternel.
le 1400 Gsx n'a pas fini de susciter mes envolées lyriques, et ce n'est pas son autonomie de près de 400km en conduite souple sur le couple avec ses 6L/100 qui aura raison de mon plaisir, ni de sa voracité à plus de 9L lorsqu'on la sollicite avec un peu plus de brutalité.
bonne route à vous amis motards