Essai Honda CB 1000 R
On attendait une Hornet 1000 depuis deux ans, c’est la CB 1000 R que présente Honda en 2008… modèle 2009 !
Véritable nouveauté, remplaçante officielle de feu la Hornet 900, Honda proroge le principe du gros roadster : une base de sportive – la CBR 1000 RR 2007 – un moteur remanié pour plus de couple à bas régime, la reprise de certains éléments esthétiques et techniques de la famille roadster et notamment de la Hornet 600 (cadre mono backbone) et c’est parti. La CB 1000 R est le résultat de cette alchimie, particulièrement réussi esthétiquement.
Le ramage est-il à la hauteur du plumage et à même de réellement lancer un modèle après le succès limité de la Hornet 900 ?
Découverte
Compacte, taillé à la serpe, avec un arrière court et profilé, on remarque immédiatement le monobras arrière avec sa jante à quatre branches, le pot sous le moteur légèrement relevé et une optique spécifique à deux phares superposés. Si le moteur est issu de la Fireblade 2007, il a été ramené à 127 chevaux par rapport aux 175 chevaux de la sportive.
La place passager, sans poignées apparentes, est plus proche du strapontin que d’une vraie place. La CB 1000 R affiche d'office ses valeurs d’égoïste. Ceci dit, en y regardant de plus près, deux encoches sous la selle se révèlent deux poignées invisibles, bien placées et faciles de prise en main. D’autres marquent devraient s’en inspirer.
Honda a fait le choix du tout digital pour le compteur, avec un compte-tours central et une zone rouge à 10.500 tr/min. Tout y est : compteur de vitesse relégué à gauche, totalisateur, double trip partiel, horloge, jauge à essence. C’est très beau à défaut d’être parfaitement lisible.
Le guidon tombe bien sous les mains. La position se révèle légèrement penchée, buste vers l’avant, bras écartés de façon naturelle. Les pieds sont bien placés et touchent en partie terre pour le pilote d’1,70 m, grâce à une selle fine malgré sa hauteur (827 mm).
Le réservoir bombé mais pas trop large, permet de bien enserrer la moto.
Les rétroviseurs sont esthétiques, mais avec des supports courts, mettent surtout en valeur les bras.
Contact
Un son grave marque le réveil de la bête. Première, la CB 1000 R part doucement sur le ralenti à 20km/h. En fait, la moto accepte même de rouler sur un filet de gaz en 6e, sur le ralenti à 30 km/h. Et çà ne hoquette même pas à l’accélération qui suit ! En fait, il n’y a aucun à coup, ni à l’accélération, ni à la décélération pour une douceur de conduite impressionnante et quelle que soit la vitesse. Impressionnant et rare de souplesse et d'onctuosité.
En ville
La CB 1000 R excelle en ville et semble à l’aise à tous les régimes : de la première capable de monter jusqu’à 105 km/h (pas en ville bien sûr) à la sixième où elle enroule sans effort à 2.000 tr/min à 50 km/h.
Son faible gabarit et son poids plume (217 kilos tous pleins faits) lui permettent de se faufiler partout facilement et sans effort. Le bon rayon de braquage (2,30 m) complète un tableau positif. On s’attend à un monstre inadapté ou difficile mais le CB s’adapte ici particulièrement bien avec une conduite enroulée et naturelle, capable de passer dans le moindre trou de souris. Au jour le jour, sa maniabilité est plus proche d'une 600 que d'une 1000 cm3.
Autoroute
La CB 1000 R s’engage fort sur l’autoroute. A seulement 120 km/h à 5.000 tr/mn, elle prend 25 km/h tous les 1.000 tr/min et semble ne jamais vouloir s’arrêter. De fait, ce sont les cervicales qui lâchent les premières. Car l’absence totale de protection malgré un compteur profilé en forme de saute-vent ne protège en rien du vent. Et cela devient dur dès 145 km/h alors que l’on est qu’à 6.000 tr/mn et très loin de la zone rouge. D'ailleurs, il suffit d'ouvrir pour que les bras s'allongent, même sur le dernier rapport.
Sa tenue de route reste exemplaire quelle que soit la vitesse et peu sensible au vent y compris latéral. Du coup, on peut vraiment envoyer très gros gaz. Mais encore une fois, ce sont vraiment les cervicales qui ramènent à la raison et incitent à relâcher la poignée droite, y compris pour souhaiter revenir rapidement sur route normale.
Départementales
De fait, la CB 1000 R retrouve avec plaisir les départementales. Si le moteur est souple à tous les régimes, il donne une première impulsion dès 4.000 tr/min, puis devient réellement rageur dès 7.000 tr/min. Et quand la première se pousse sans forcer jusqu’à 105 km/h et la seconde jusqu’à 140 km/h, autant dire que les premiers rapports peuvent être presque violents. Toujours aussi facile, la moto envoie fort et chaque virage arrive très vite.
Elle se révèle alors particulièrement neutre en virage et va simplement où va le regard, sans effort particulier. Digne héritière de la facilité de conduite de la Hornet 600 mais le couple en plus, la CB 1000 R offre la même facilité, voire docilité, avec un plein de sensations supplémentaires… sans avoir le côté caractériel de certains roadsters.
Le train avant se révèle ici particulièrement précis. Même les légères corrections de trajectoires en pleine courbe s'effectuent volontiers et sans forcer.
Freinage
Le frein arrière est tout simplement impossible à bloquer sur route sèche, et peut donc s’écraser autant que l’on souhaite.
Le frein avant offre un excellent feeling et une bonne puissance pour un ressenti instinctif et facile. Le tout est dosable très facilement, et les étriers radiaux enserrant deux disques de 310 mm de diamètre répondent instantanément présents.
Confort
Les suspensions sont bien accordées et gomment plutôt bien les chaussées déformées. La selle est par contre ferme, voire très ferme pour le pilote.
Côté passager, cela se gâte : la selle est juste un élément de décoration où le plastique cache une véritable planche. Et même si les poignées (cachées sous la coque) et les cale-pieds sont bien placées, la CB 1000 R n’est pas faite pour transporter quiconque, à moins d’entretenir des rapports sado-maso.
Consommation
Le compteur à 5 bâtons se révèle assez précis. Le premier bâton disparaissent dès 65km, chaque bâton suivant disparait au bout de 30 km, permettant d’arriver sur la réserver au bout de 200 km. Il reste encore 50 km d’autonomie alors, dans la moyenne.
Pratique
Il y a un léger espace sous la selle qui permet de placer un pantalon de pluie et un bloc-disque, mais pas plus.
Conclusion
La CB 1000 R est une vraie réussite sur le plan esthétique avec un ramage qui égale au final son plumage. Facile de prise en main, mais avec tout d’une « mille », c’est un vrai et bon gros roadster qui ravira les motards venant d’une 600 et qui veulent conserver une certaine facilité de conduite. Elle a perdu le côté caractériel de l’ex. Hornet 900 pour s’adoucir sans avoir la lourdeur d’un roadster plus gros (1200/1300 cm3). Son petit prix à 10.300 euros finit de parfaire un tableau pour une moto récente, facile et pêchue.
Points forts
- Facilité de prise en main / agilité
- Douceur du moteur
- Freinage
Points faibles
- Confort et duo
- Rétroviseurs
Concurrentes : Aprilia Tuono, BMW K1300R, BMW R1200R, Ducati 1100 Monster, Honda CB 1300, Kawasaki Z 1000, Moto Guzzi 1200 Sport V8, Suzuki Bandit 1200, Suzuki GSX 1400, Yamaha Fazer 1000, Yamaha XJR 1300
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