Italie : carnet de route en Toscane
San Gimignano
J7
Il serait presque possible de rayonner en restant le soir au même point, épargnant du coup les rangements sur la moto. Mais bouger même d’une centaine de kilomètres permet de découvrir de nouvelles routes et de passer plus de temps dans de nouveaux lieux, ne serait-ce que pour le dîner. San Gimignano constitue la nouvelle étape de la journée, à seulement plus d’une centaine de kilomètres. Mais c’est aussi un nouveau point pour découvrir San Verona. D’un côté une ville inscrite au patrimoine de l’Unesco, de l’autre une ville médiévale au charme certain.
La première partie de la route est presque routine désormais : des lacets sur une route de billard, bien délimitée par une bande blanche et sans graviers, même sur les bords. Les routes de Toscane semblent avoir été refaites à neuf récemment. C’est donc un véritable plaisir, pour le plaisir de conduite, pour le plaisir de rouler sur du velours et pour la mise en confiance du pilote qui ne craint pas de trouver au détour d’un virage un bitume explosé (ndlr : confère une certaine Tortue et des routes du sud de la France).
Les paysages sont toujours aussi beaux et on commencerait presque à s’y habituer. Les images valent dix mille mots dit-on mais mêmes les photos ont du mal à faire passer le ressenti et la vision globale des yeux sur ces vallées et collines bordées de vignes, d’oliviers, de bois, d’ifs et de pins. C’est à la fois une question de lumière, de vitesse et de choc global face à la beauté. La photo ne prend qu’une petite partie, un zoom, quand on voudrait avoir une photo sous forme de vision réellement panoramique. Les routes elles-mêmes, serpentant au milieu des arbres, ne se prennent pas vue du dessus. L’esprit rouleur enregistre tout le chemin parcouru, quand la photo ne voit au mieux qu’un voire deux virages. Car la visibilité est absente. Rien ne dit à aucun moment comment sera le prochain virage : large, serré, épingle ? Ce n’est qu’au dernier moment que l’on aperçoit la sortie ou qu’au contraire, çà tourne et continue à tourner, donnant l’impression de faire un tour complet sur 360° avec un virage presque sans fin. Il y a bien quelques panneaux et flèches, plus ou moins importants… avec des limitations à 50 km/h, voire 30 km/h pouvant donner l’impression d’un virage qui se referme fort. Si l’on respecte au début ces vitesses, on commence rapidement à tout prendre 10, puis 20, puis 30, voire 40 km/h, partout… jusqu’à ce virage qui décidément méritait d’être respecté… mais c’est passé et c’était beau !
Il faut juste bien respecter les vitesses au sein des rares villages traversés. Rares, car les routes semblent toujours prendre un malin plaisir à ne traverser que la campagne et les collines, sans jamais rencontrer âme qui vive. Mais de temps en temps, c’est bien un village… accompagné en son sein d’un radar… presque toujours signalé une centaine de mètres avant par une petite pancarte. De fait, le radar ressemble souvent à une grande poubelle... d’ailleurs en y réfléchissant bien… Mais qui pourra se plaindre de faire respecter la vitesse au sein d’un village, avec tous les enfants jouant ?!
Par contre, en dehors des villages, il n’y a rien. Rien que des routes magnifiques, des paysages splendides, du billard et du plaisir en gros pour le motard. Et j’insiste pour le motard, car les voitures ont du mal ici, se traînant littéralement d’un virage à l’autre et bouchonnant totalement d’autant plus qu’il y a très peu de lignes droites et donc pas assez de dégagement ni de visibilité pour doubler facilement. Il faut alors attendre le bon créneau pour envoyer la cavalerie... fort la cavalerie… et laisser la batmobile disparaître au virage suivant. Quand je vous dis que les boitearoues se traînent sur les petites routes ici.
San Giminiano - Pise
J8
La journée recommence avec la visite de San Giminiano. Mais me direz-vous, la visite a déjà été faite le soir ? Oui, en partie. Mais la différence se situe entre une visite un vendredi soir et un samedi matin. La première différence commence sur la route. Les motos sont de sortie… et les motards passent dans tous les sens, vite pour la plupart, mais équipés aussi : combinaison de cuir, dorsale, bottes… Oui, la route se transforme en circuit… mais ils roulent « propre ». On comprend mieux le nombre d’italiens sur les podiums de GP… L’Italie est aussi le pays de la moto pour cette raison.
Aux abords de San Giminiano, les parkings sont bondés, y compris les emplacements réservés aux motos. Les places sont chères désormais et des emplacements se créent là où rien n’est prévu pour se garer ! La police est sortie pour organiser le flot de circulation. Et San Giminiano est un petit village de « province » !
A l’intérieur des remparts, la foule se presse, visite, mange, entre, sort. Le contraste est saisissant entre la veille au soir, calme, tranquille, presque ville fantôme et aujourd’hui où chaque ruelle grouille de monde. Le soleil tape sur la place de l’église et le t-shirt est presque de trop. Les touristes portent déjà les stigmates des coups de soleil des jours passés… en ce début de mai. Mai est définitivement la meilleure saison pour visiter car les températures ne s’arrêtent plus de monter jusqu’en juin et pendant tout l’été où la Toscane se transforme en fournaise. C’est alors qu’on note le génie des bâtisseurs du moyen-âge… car à travers les ruelles, il fait presque frais, grâce à l’ombre, grâce aux rues étroites et aux toits débordant largement sur la rue et faisant ombrage. La climatisation naturelle est décidément bien ancienne.
Mais il est déjà temps de partir pour Pise, dernière halte incontournable avant le retour vers Nice, bien moins indispensable. Le GPS indique 80 kilomètres… mais les chemins les plus directs ne sont pas les favoris du vrai motard ; nous en ferons le double au final…
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