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Italie : carnet de route en Toscane

Nice-Lucca

Jour 1

Le voyage commence à Nice, point d’arrivée de la moto par auto-train et point de départ le plus oriental pour l’Italie.

Moto par moto-train

En provenance de Paris, il faut juste attendre le matin à 10h15 avant de pouvoir prendre livraison de la moto, sagement garée dans la gare. Elle est bien là, derrière une barrière gardée et un local extérieur fermé à clef. On était les seuls à avoir la clef de la moto, mais il est rassurant de la savoir bien protégée. Sortie rapidement, elle est aussi belle qu’à l’aller, juste très sale après le voyage ! Les affaires sont rangées dans les valises. Mais comment passer par Nice, sans rouler sur le boulevard des anglais ? ou entrer dans le Negresco ? Le soleil tape déjà fort et les blousons s’entrouvrent. Les gants d’hiver de Paris sont échangés par les gants été. La plaque 95 attire les regards d’un couple sur un ancien Bandit 12 et la conversation s’engage dans les embouteillages. Il y a foule, sur les trottoirs ; sur la route, çà n’avance pas ou çà déboîte n’importe quand, n’importe comment. Qui a dit que seuls les parigots conduisaient comme des dingos ? Le sang est chaud ici, comme le temps. Les baigneurs confirment cette journée de printemps.

Il est possible de prendre l’autoroute à partir de Nice pour foncer sur l’Italie, mais ce serait gâchis face à la beauté de la cote et la route de la basse corniche, serpentant le long de l’eau translucide, pointant des eaux turquoises sous un soleil devenu de plomb.

L'Italie par la cote

Nice… Monaco. En entrant dans Monaco, on découvre un magasin Maseratti, puis Porsche, puis Suzuki… un signe sans doute. Les Ferrari croisent les Bentley, le logo du LCL est OR sur fond argent, les façades affichent les marques de rêve. Et l’on sort presque aussi rapidement que l’on y est rentré pour revenir en France et continuer sur Menton… La route est belle mais déjà trop encombrée. Les feux multiples, les passages piétons, viennent encore ralentir un rythme qui se résume à une moyenne de 40 km/h ! Las, l’autoroute nous tend ses bras et c’est donc parti pour la route de Genes, Genova… à ne pas confondre avec Genève… pas le même pays !

L’autoroute s’ouvre sur une 4 voies… Préparés à subir le pire, avec de longues lignes droites, c’est en fait tout le contraire.

Autoroute vers italie

L’autoroute se teinte de vert et serpente à travers la montagne, alternant passages en tunnels et longs ponts, le tout en longs et larges virages… y compris sous les tunnels. L’alternance de plein soleil et de noir de façon répétée et souvent rapides, les intermédiaires n’étant quelquefois que de quelques centaines de mètres obligent à se concentrer particulièrement. A chaque sortie de tunnel, on se retrouve entre ciel et terre, à plusieurs centaines de mètres de la mer en dessous du pont, et sous les sommets des montagnes. Les murs verts encadrent une mer bleue d’azur en fond, à peine parsemée de maisons aux toits de tuiles rouges. Un seul regret alors : ne pas pouvoir s’arrêter réellement pour pouvoir prendre ne serait-ce quelques photos.

La conduite devient rapidement italienne… Il ne faut pas rester trop longtemps sur la file de gauche à 130 km/h sans avoir un 4x4 collant, à moins de deux mètres de la moto, faisant le forcing pour passer. On a à peine le temps de se rabattre que l’engin rase la moto en trombe et s’enfuit déjà au loin. Un peu plus loin, alors que l’on arrive vite, ce sera une voiture qui déboîtera de la file de droite sans clignotant pour s’installer sur la 2e voie, obligeant pratiquement à un freinage d’urgence pour ne pas l’emboutir. Elle se rabattra aussi vite devant celle qu’elle doublait avec une jolie queue de poisson, sans marge, ni remord. On a finit par s’habituer en France aux tortues multiples et variées. Ici, ils ne conduisent pas mieux, mais bien plus vite. Le pire, c’est la quasi absence de distance de sécurité. On est très vite collé. L’attention est de rigueur. Par contre, l’autoroute serpente au milieu de la vie, arbres, maisons, immeubles… Quelque part, c’est un peu comme l’une de nos nationales, mais il n’y a pas un seul feu. Le paysage est beau, jamais monotone, et l’on s’y plait. Le rythme se fait rapide, voire très rapide, malgré le vent. Car çà souffle, voire çà souffle fort, avec un effet encore augmenté par les valises et le carénage. Du coup, chaque sortie de tunnel, chaque dépassement de camion, chaque grande courbe sur un pont demande une vigilance un peu accrue, même si le rythme de croisière reste à 130 km/h, déjà trop vite ici officiellement puisque l’autoroute est officiellement limitée à 110 km/h voire 80 km/h sur certaines portions courtes. Cela n’a pas l’air d’influencer grandement les 4 roues en tout cas !

Mais on approche déjà de Lucca et il est temps de sortir de l’autoroute. Pas de différence auto/moto ici, et on paye la catégorie A soit près de 30 euros pour le trajet effectué ! C’est rapide, mais cher ! De toute manière, il était temps car la bulle haute de la TDM 900 GT génère tellement de remous dans le casque, que la tête résonne comme une calebasse. Revenir à un rythme de route départementale est du coup un vrai plaisir.

La soirée se termine à Lucca, 3e vieille ville de charme d’Italie après Florence et Sienne selon les guides: à ne pas manquer. La moto est garée à l’intérieur des remparts sur les emplacements gratuits réservés aux deux roues motorisés. Pas un seul antivol ici, quelques très rares bloque-disques : conscience ou inconscience ? En tout cas, c’est gratuit.

Parking à Lucca

Les rues sont animées, oscillant entre magasins de vêtements et pizzeria. Les pizze ne sont ici qu’à 3,99 euros et les grandes pizzas entre 6 et 8 euros ! Oui, on est bien au pays de la pizza. Pâte fine, huile d’olive, fromage fondant… même la Marguarita a une autre saveur ! Délices…

Lucca – Florence

Jour 2

La Villa Alessandra (B&B) est agréable, humide et particulièrement fraîche mais agréable.

Villa Alessandra à Lucca

On s’imagine volontiers en profiter l’été ; contraste saisissant avec l’extérieur surchauffé. Le soleil perce à travers les persiennes. Le petit-déjeuner est riche, copieux, gargantuesque… œufs brouillés qui se révèlent être un régal, yaourts, fruits, thé, croissanterie, muffins, confiture maison… et notre hôte est intarissable… d’autant plus qu’il alterne entre italien, français, anglais, espagnol et un peu d’allemand entre les différents convives.

Le soleil découvre la Toscane dans toute sa splendeur avec des montagnes au fond et de la verdure à perte de vue. Les oliviers apparaissent avoir conquis l’espace, comme les ifs.

Campagne en Toscane

Mais il faut revoir Lucca, au grand jour, avec ses églises, ses tours et ses magasins, ouverts pour certains malgré le dimanche. La moto retrouve donc l’espace réservé gratuit, pour se coller à deux Vespa en provenance d’Angleterre qui retrouvent enfin le soleil. Les rues se révèlent toujours aussi grouillantes de monde. Les tables sont sorties sur la place. Çà discute et çà cause. Pour les églises par contre, c’est la messe… et l’entrée en est donc interdite… mais aux touristes uniquement.L’appareil photo en bandoulière est réellement à éviter pour cette raison.

Qu’importe, la tour permet d’admirer la ville d’en haut, après près de 400 marches. D’abord en pierre, l’escalier devient métal et longe enfin l’intérieur des murs, laissant un espace béant au centre… sensations de vide garantie ! Deux oliviers surplombent la terrasse, ancien poste de guet. Les photos se succèdent pour mémoriser les toits de tuiles rouges mais aussi les nombreuses églises… où l’on peut enfin entrer.

Les toits de Lucca

Certaines remontent au 5e siècle. Toutes laissent apercevoir des travaux de rénovation en cours. La richesse des plafonds et des peintures laisse sans voix. Quelques bougies tremblent. Recueillement…

Le déjeuner permet de s’arrêter à l’ombre d’un charcutier pour une salade au vinaigre balsamique, fromage frais et fraises. Mais c’est aussi l’occasion de goûter les gnochetti bolognaises… à mi-chemin gustatif entre les pâtes et les quenelles… bourratif. C’est la puce qui aidera à terminer.

déjeuner italien

Florence est à moins de 100 kilomètres, mais il existe de ces chemins d’écoliers qu’un motard ne peut éviter. Au départ de Lucca, il faut prendre la direction de Castelnuvo puis le Col de Radici pour redescendre vers Abetone, puis St Marcello et enfin Pistoia… deux cents kilomètres de pur bonheur en prévision. D’après la carte, la plus longue ligne droite ne doit pas excéder 50 mètres ! Et surtout, entre montées, descentes, flancs de montagne, les paysages passent au cœur des Alpes Apuanes.

Au début la route est surtout encombrée par des italiens au ralenti. Autant ils sont rapides sur autoroute, autant ils sont très lents sur petites routes. Et les routes étant peu larges, les dépassements sont un peu tendus. Heureusement, nombreux sont ceux qui se poussent pour laisser passer. Les premiers kilomètres oscillent à nouveau entre tunnels et ponts, longeant la rivière. Ce sont de longues courbes… rapides… s’il n’y a personne. Puis à partir de Castelnuevo, la nationale se transforme en départementale, pleine de lacets et d’épingles.

routes en lacets et épingles

Les prairies initiales font place aux bois et forêts. Régulièrement, des villages surplombent la route en contrebas. Les rivières se passent et se repassent. Les motos apparaissent enfin. Non plus les deux-roues et scooters des villes, mais les vrais gros cubes, en solo ou en duo, mais surtout en solo. Le rythme est beaucoup plus rapide. Le bitume se révèle être un billard. Extase…

route enneigée

Au fur et à mesure que la route se tortille en montée, la neige apparaît de plus en plus. La verdure se transforme en forêt de bois sec et un sol mi terre/mi neige. L’air froid se fait sentir mais les virages réchauffent : gauche, droite en petite courbe… cela n’en finit pas. Arrive – hélas – le sommet à 1529 mètres.

Passo delle Radici 1529

Après une pause, la route de Florence redescend vers la vallée pour récupérer la nationale. Les cinquante kilomètres de petites routes qui suivent finissent par se jetter dans l’autoroute… pour 40 kilomètres. Florence apparaît alors dans toute sa banlieue. Il est 19h et cela grouille à nouveau de partout. Les directions et les carrefours ou intersections ne sont pas construites sur le même principe que la France. Il faut ici regarder de tous les côtés. Un conseil : emmenez un GPS avec vous. Comme dans tous les pays, celui ci n’est pas indispensable en campagne (quoi que) mais il l’est décidément en ville, notamment avec la multitude de sens interdits et rues piétonnes qui transforment les rues en dédale pour les deux-roues étrangers. L’hôtel dans le centre de Florence, une histoire de 15 minutes une fois le navigateur déclenché.

Passo delle Radici 1529

Cette nuit la moto dormira dehors à côté de tous les scooters.

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