Italie : carnet de route en Toscane
Florence : Cathédrale de St marie (duomo) – 3 monuments, la cathédrale. Le baptistère, la coupole
Jour 3
Florence est une ville restreinte au niveau circulation. De fait, les voitures n’ont quasiment pas le droit de circuler. Au centre ville, les quartiers sont pour la plupart piétons. Seuls les deux roues ont ici droit de cité. Les emplacements deux-roues sont légions et blindés entre scooters – largement majoritaires – vélos et motos. Il n’est pas rare de voir 100 mètres de deux roues alignés sur toute une rue, en toute légalité : un panneau leur est dédié : interdit de stationner sauf vélos et deux-roues. Et pour finaliser ces dires, la première arrivée à l’hôtel nécessite de donner l’immatriculation de son véhicule. Les voitures autorisées ont quand à elles un boîtier qui leur permet d’entrer et se garer légalement, par RFID (Radio Frequency Identification, Identification par Radio Fréquence en français).
C’est donc à pied que Florence se découvre, sous le soleil. Il existe en plus quelques bus - y compris électriques - qui sillonnent la ville de part en part. A de rares emplacements, on note également des bornes de recharges électriques… pour les scooters ! Florence est électrique ! et en avance sur de nombreuses villes européennes, voire capitales, puisque Firenze est la capitale de la Toscane.
Classée au niveau du patrimoine de l’Unesco, Florence est l’une des plus belles villes du monde, de par son patrimoine, historique. Le spectacle est ici dans la rue, entre bâtiments, églises, cathédrales, jardins, paysages, ponts, statues, angles de rues décorées de niches abritant vierges ou tableaux…
Et si vous entrez dans un bâtiment, vous admirez presque systématiquement des plafonds décorés, des murs peints, des tableaux remontant à la renaissance. A ceci s’ajoute des musées, beaucoup de musées, tous payants. Quand on sait que chaque entrée tourne autour de 6 euros, la culture a ici un prix, qui peut devenir exorbitant, d’autant plus qu’il n’existe aucun pass permettant de visiter un ensemble de musées. Les plus économes passeront donc leur premier jour à parcourir la ville de long en large et à entrer dans toutes les églises dont l’entrée est gratuite (certaines sont payantes car abritant une exposition). Les ruelles sont nombreuses et font également la part belle aux magasins, aux restaurants et encore plus aux marchands de glace. Et même si le cornet se paye quelquefois 4,50 euros, vous comprenez que vous êtes aussi au pays de la glace !
S’il n’y a qu’une entrée à payer, ce doit être le Campanile di Glotto, qui vous permet au bout de 414 marches de surplomber toute la ville. Seulement 414 marches me direz-vous ? un jeu d’enfant ? que nenni ! Les marches sont hautes, les corridors étroits et vous vous surprendrez à vous arrêter pour reprendre votre souffle sur les étages intermédiaires. Vous contemplez alors rapidement la ville, d’abord à la hauteur des toits, puis largement au-dessus. Vous admirez enfin les montagnes au fond et le paysage qui constitue l’image même que l’on se fait de la Toscane : des ifs, des demeures et des grands parcs. La ville en bas ressemble à un décor de chemin de fer en miniature. Et à vos pieds, vous foulez, même à une centaine de mètres au-dessus du sol, le marbre. En bas, la foule est dense. Les groupes de touristes suivent le guide, équipé d’un haut-parleur portatif. Anglais, chinois, japonais, polonais… Florence signale ainsi sa définition de destination touristique italienne, méritée.
Les heures se passent ainsi, de ruelles en ruelles, d’églises en églises, de ponts en ponts. Vous pouvez aussi faire le tour de la vielle ville en longeant les remparts, qui vous dévoileront des demeures magnifiques, bordées d’ifs et d’herbe fraîchement coupée.
La fin de journée arrive rapidement, sans avoir encore passé une minute au sein d’un musée digne de ce nom. Et pourtant, vous avez encore les yeux remplis d’images d’histoire, de tableaux, de statues, de vieilles portes, de sculptures, de détails sur des murs allant des interphones en laiton aux plaques de numéros de maisons émaillées.
Et si l’envie vous prend de dîner enfin, les « ristorante » se bousculent partout, pour proposer pizza, pâtes, insalada (salades) ou encore viandes, car la Toscane est connue pour son cuir et ses viandes. Les T-Bones ou côtes de Bœuf sont tout simplement monstrueuses, et comparativement deux fois moins chères qu’en France (chez le boucher), surtout au vu de leur taille.
Les pizzas tournent en moyenne à 7 ou 8 euros et les pâtes « maison » à 9 euros. Seules les salades sont assez peu servies et du coup onéreuses. Attention, le prix du couvert est toujours en sus, entre 1,5 et 2 euros par personne en moyenne (voire plus). La carafe d’eau n’existe pas, mais la bouteille de San Pellegrino 75 cl est en général à 2 euros. Les restaurants sont ouverts jusqu’à 23h en moyenne, mais les rues sont calmes dès 21 heures, prouvant s’il en est la vocation touristiques du centre de Florence. Les rares carabinieri surveillent surtout les voitures en stationnement et l’ambiance générale est rassurante. Il faut peut-être attendre la haute saison pour devoir faire plus attention.
Florence
J4
La météo avait prévu de la pluie et le planning était donc aux visites de musées. En fait, les gouttes de la veille seront la seule pluie et le soleil est aujourd’hui au beau, le ciel au bleu… de quoi mériter une visite à pied de la ville…
Le cœur historique de Florence tient dans un kilomètre carré… mais quadriller la ville et chaque rue prend du temps, surtout si l’on s’attache à ne pas se contenter d’aller d’église en église et de place en place. Ici, il ne faut pas hésiter à entrer dans les maisons, découvrir les entrées, lever le nez pour admirer les fresques murales, chercher les passages pour découvrir statues, peintures et figures insolites. Chaque espace est une nouvelle découverte et une occasion propice pour voir ce qui n’est pas dans les guides.
L’église Santissima Announziata abrite ainsi un magnifique tabernacle et une peinture qui aurait été terminée par un ange, sans compter des lanternes rappelant l’église orthodoxe.
Il est temps de passer par le marché couvert pour découvrir légumes, fruits séchés, poissons… mais surtout la viande et la charcuterie.
Les côtes de Bœuf sont tout simplement ENORMES et les tripes à la mode de Florence. Le seul étal de charcuterie et de spécialités vaut son détour avec un sandwich qui n’épargne ni les tranches de jambon de pays ni le parmesan dans un pays TRES salé ! Unique, gourmant et donnant tout aussi soif… ce qui se termine volontiers par un expresso local, serré, très serré… qui se boit en deux petites gorgées.
Plus loin, la basilique Santa Maria Novella découvre des peintures en 3D et des effets d’optique, prouvant également l’intérêt des artistes pour les sciences et les mathématiques.
Mais il faut remonter au nord vers les Giardino di Boboli du Palazzo Pitti à la rencontre de Neptune, des Capricornes, des Satyres, des orangers et des citronniers, avec de longues allées d’ifs. Çà monte, çà serpente, çà passe de l’ombre au soleil, jusqu’aux rosiers embaumant l’espace. Il ne faut pas hésiter à en sortir ensuite pour passer au jardin Bardini, un peu plus loin dans une rue descendante.
Le billet ouvrant le droit au premier jardin permet d’accéder au second, sans repayer les dix euros obligatoires.
Quand le soir descend, il faut absolument éviter le restaurant pour privilégier un bar lounge proposant buffet froid ET cocktail alcoolisé pour seulement 8 euros… une solution « happy hour » qui évite d’être saoul dans une ambiance tendance… Un concept à ramener en France !
Une fois la nuit tombée, les berges s’éclairent et les rues s’animent de musiciens, du pont Veccio - fermé à la circulation - jusqu’aux devantures fermées des magasins. La pop alterne avec le jazz, oscillant entre le saxo, la guitare folk et l’accordéon. Quelques vendeurs à la sauvette proposent encore à la dérobée sacs Vuitton, Dolce Gabana et lunettes de « marques » et s’évanouissent tout aussi vite dans la nature au coup de sifflet annonçant un passage des Carabiniéri.
Florence – Castellina in Chianti
J5
Il devait faire soleil ; le ciel est couvert. Les prévisions météo semblent décidément particulièrement fantaisistes dans la région, y compris du jour pour le lendemain… alors à 10 jours...
Il est temps de reprendre la route, non sans avoir fait un dernier tour de Florence en moto… grâce à cette tolérance concernant les deux-roues, scooters et motos, qui ont presque le droit de cité ici. Mal réveillé, je me fais surprendre à bien occuper le centre de ma voie, comme en France. « Forcément », je suis doublé par la droite, à de multiples reprises… par la gauche aussi, entre ma position et la bande blanche centrale continue, naturellement. Quand on ajoute les priorités à droite non respectées, les vélos sur les passages piétons et les piétons farceurs, la conduite devient assez drôle au final… en tout cas, demande une attention de toutes les minutes.
Mais il faut ressortir du centre historique pour remonter la colline et se diriger vers la place Michel Ange qui domine Florence. Outre les statues et la vue magnifique, l’église San Miniato al Monte vaut le détour. Située en surplomb, il s’agit simplement de la plus belle des églises romanes de Toscane ! Sur cette route tout en virages, il faut surtout faire attention au radar des villes. Car si les radars sont souvent signalés par un panneau, le panneau est souvent à seulement 100 mètres en amont et bien moins grand qu’en France… souvent un peu juste pour réagir, surtout quand la vitesse est limitée entre 30 et 50 km/h. Ce qui fait plaisir, ce sont les tags dont ces radars sont affublés, preuve que les italiens les apprécient autant que nous et savent les transformer en œuvres picturales si besoin… Nous sommes au pays des artistes…
La route qui mène ensuite vers Sienne doit obligatoirement emprunter la 222, en évitant ainsi soigneusement l‘autoroute. Encore une fois, ces routes s’apparentent à nos petites départementales, étroites et courrant de vallon en vallon, serpentant à travers la campagne avec des virages à n’en plus finir. Et si la route est étroite, l’asphalte est billard. La chaussée s’apparente plus à un slalom géant qu’à une départementale habituelle : droite, gauche, droite, long gauche, long droit, virage qui se referme… la moto bascule de virage en virage sans rester plus de quelques secondes en position droite. Certains virages sont même relevés dans le bon sens, permettant de passer encore plus vite ! On hésite alors entre ralentir l’allure pour admirer le paysage - qui en vaut vraiment la peine - et tourner la poignée d’un nouveau quart de tour pour ouvrir encore plus et accélérer le rythme.
Heureusement - avantage du mois de mai - les routes sont encore relativement dépeuplées et le plaisir est donc tout le temps possible. Car si une voiture bouchonne – et elles bouchonnent tout le temps - la fréquence des virages additionnée à l’absence de visibilité rend souvent les dépassements hasardeux, donnant une nouvelle réalité à la roulette russe. On se résigne alors à quelques minutes de pause pour admirer à nouveau le paysage, jusqu’à une ligne droite de cinquante mètres… et hop, on ouvre grand, on double et on enquille sur le virage suivant.
A mi-chemin entre Florence et Sienne, le petit village de Castellina est au cœur de la vallée du Chianti, point central de toutes les petites routes et des villes alentours. A partir de là, il est possible de rayonner… Cerise sur le gâteau, les prix y sont beaucoup plus légers qu’en ville. Vous pouvez donc profiter d’une classe au-dessus pour le même prix. En d’autres mots, vous pouvez vous arrêter dans un palais toscan avec tout le charme d’antan, un accueil chaleureux et un SPA pour le prix d’une chambre d’hôte en France ! Ce n’est pas le luxe ; c’est le repos mérité du motard après l’effort !
De fait, l’idéal est de poser les affaires, alléger le poids des valises et du baluchon pour partir aussitôt vers Sienne. Ce n’est pas très loin mais la route reprend ses virolos à gogo ! On pourrait passer sa journée à la faire et la refaire dans tous les sens, avec le même plaisir.
Il faut presque se forcer pour faire une pause dans la ville, qui mérite une nouvelle fois le détour. C’est aussi l’occasion de profiter du statut de motard, car les motos sont autorisées en centre ville historique, contrairement aux autos ; et les parkings deux-roues spacieux et bondés. Tout favorise ici le deux-roues : places gratuites, accès privilégiés… une solution simple à la circulation !
Le centre-ville se parcoure en deux bonnes heures, jusqu’à la soirée. Les quelques visites indispensables seront remises au lendemain, histoire de se donner une excuse de refaire la route plusieurs fois. Outre l’aspect historique et les ouvrages magnifiques, on découvre également de nombreux vieux métiers et échoppes – tapissiers, travail du cuir – mais aussi des épiciers et charcutiers élevant au niveau de traiteur de luxe la cochonnaille : les jambons fumés tapissent les plafonds, les saucissons gros comme un bébé pendent aux crochets… et cette odeur… qui vous envoûte et vous emplit… vous aimeriez la mettre en bouteille, car elle n’existe qu’ici : à la fois forte et douce, prenante et enivrante. Les glaciers qui montent en montagnes leurs glaces mêlées de fruits semblent presque vulgaires à coté. Les glaces italiennes n’ont rien à voir avec les glaces dites italiennes que l’on trouve en France : texture, goûts, saveurs… tout est à des années lumières gustatives. Le plaisir des palais existe ici au-dehors et en dedans.
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