Italie : carnet de route en Toscane
Castellina in Chianti
J6
Le soleil est de bonne humeur… et invite à prendre la route pour en apprécier les détours. Ce qu’il y a de bien au départ de Castellina, c’est le nombre de routes magnifiques qui en partent ! C’est donc un roadbook de près de 300 km qui est au programme, incluant les arrêts et les visites comme la célèbre abbaye de Monte Olivetto Maggiore.
Cette fois-ci, on prend plein est, en direction de Radda in Chianti, Badia puis on redescend vers Gaiole, Regolo, Castelnuevo, bifurcation sur la droite par des routes non numérotées avant de s’arrêter à la Taverne d’Arbia et une toute petite église. A l’ombre des arbres fruitiers, quelques troncs et un banc procurent une halte déjeuner, pour peu que vous ayez prévu le pique-nique. Et c’est même plus que conseillé, fortement recommandé. Car les produits du terroir sont goûteux à souhait et dévoilent des saveurs d’Italie que l’on trouve difficilement en France ou à des prix exorbitants. Jambon de pays, fromage, salade, mozarella, ricota font le bonheur de la dégustation improvisée. Il n‘y a personne et l’on a soudain l’impression d’être seuls au monde.
Au fond, la vue s’étend au loin avec un paysage de vert vêtu, des douces collines légèrement boisées et de ci de là, une bâtisse au toit de tuile, typiquement toscan. Quand en France, on passe facilement d’un paysage plat à un paysage de montagne avec forte dénivellation, la Toscane est ici entre les deux… et surtout tout en vert, alternant champs verts et bois. Et de temps en temps, une allée d’ifs mène à une maison, placée en chapeau d’une colline.
C’est là que s’ouvre « Le Crete » : une route qui serpente désormais de haut en bas et de gauche à droite, longeant les flancs de collines. Les champs de blé vert alternent avec le colza jaune, laissant deviner par moment quelques villas bordées d’ifs. En ce mois de mai, vous êtes pratiquement seul au monde, profitant égoïstement d’une route quasi vierge, déflorant les paysages, traçant votre route. Vous ralentissez alors le rythme pour profiter pleinement de la vue tandis que la moto ondule d’un virage à l’autre. Vous n’hésitez plus à vous arrêter, en haut d’un point, en surplomb d’un virage pour prendre un étang, un village au loin, une immense étendue de vert.
Au détour d’un virage apparaît l’abbaye di Monte Olivetto Maggiore, perchée en haut d’une colline et entourée d’ifs. Pour une fois, le chemin de pierres qui y mène est interdit aux motos. La monture est donc laissée en bas de la Torre. Le motard n’a plus qu’à descendre l’allée de pierres rouges bordée d’arbres centenaires. L’entrée est gratuite, mais il est demandé silence et respect pour les moines qui officient. Les fresques du 15e siècle éclairent les murs, mélangeant vie sainte et détails historiques de ce lieu de repos.
A partir de ce point, il est possible de rouler vers le sud pour découvrir le Mont Amiata, un volcan éteint situé à 1600m d’altitude. La route se fait ici plus menue et enroule tandis que la forêt se fait plus présente. Les villages perchés se succèdent : Montalcino, Segganio, Arcidosso…. Vous pouvez choisir de monter au sommet ou tout simplement d’en faire le tour. Est-ce la couleur du soir ou le paysage ? Les couleurs et les reliefs de la Crete reviennent davantage en mémoire. Mais la route est toujours aussi tortueuse et toujours aussi impeccable, ressemblant à un véritable billard. Du coup, on se concentre sur les virolos et on accélère le rythme pour transformer le plaisir des yeux vécu jusqu’à présent par encore plus de plaisir basiquement motard, « routard ».
La nuit commence déjà à tomber et il reste encore 80 kilomètres via Sienne pour terminer la boucle. Les tournicotis sont délaissés pour emprunter une « grosse » départementale, c’est à dire une route avec de longues droites (la R2) entre les nombreux virages. Au fond de la vallée, la route est encore magnifique et vaut la peine d’être empruntée. C’est bien encore une départementale et non pas une nationale.
Le manteau de noir s’empare rapidement du paysage pour ne plus laisser apparaître que les balises rouges (à droite) et blanches (à gauche). Les phares de la TDM percent la nuit et la conduite s’opère désormais aux instruments. Le GPS permet pendant le court instant des lignes droites d’anticiper la courbe et le sens du prochain virage. Le rythme reste donc élevé.
Les villages traversés sont déjà quasiment endormis. Quelques pizzerias et trattorias parsèment encore la nuit, pour une halte bienvenue. Et puis le retour s’effectue à Castellina, la moto garée sur le parking autorisé ; la vieille ville étant interdite. Don Patillo dirait que ce ne sont que quelques 300 kilomètres parcourus pendant cette journée, mais quels kilomètres !!! du virolo, du virage, des courbes, quelques rares épingles et surtout des paysages splendides sur des routes de billard. Cerise sur le gâteau, le temps est idéal : un fond de fraîcheur permettant de supporter le blouson et les gants sans souffrir… Fatigué, éreinté, exténué… voilà le motard après cette journée mais alors heureux… d’ailleurs à peine allongé, le sourire est encore sur le visage du motard endormi.
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