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Histoire constructeur : NCR

Poids mini et matériaux rares pour des Ducati très spéciales qui dépassent les 120 000 €

De la piste à la route avec une seule ambition : le meilleur poids / puissance et le mariage de la performance, du raffinement et de l'exclusivité

1978 : Mike Hailwood s'engage au Tourist Trophy de l'Ile de Man (malgré son grave accident en Allemagne en 1974, qui l'avait décidé à raccrocher le cuir) sur une 900 SS préparée par Ducati mais finalisée et mise au point par un atelier alors peu connu, NCR. Et devant une armada de machines japonaises bien préparées et notamment la Honda d'usine de Phil Read, le grand Mike the Bike emporte la victoire et construit un peu plus sa légende. Les projecteurs se braquent ainsi sur NCR, d'autant qu'Hailwood remporte une seconde victoire la semaine suivante, cette fois-ci à Mallory Park (Grande-Bretagne). NCR, kesako ?

Mike Hailwood remporte le TT de 1978 sur une Ducati NCR
Mike Hailwood remporte le TT de 1978 sur une Ducati NCR

NCR, ce sont Nepotti, Caracchi et Rizzi : trois associés unis dans le but de préparer des Ducati pour la course. Nous sommes alors en 1967, période où l'usine Ducati manque de ressources pour développer son propre programme de compétition. L'officine NCR a donc du travail pour faire briller le drapeau italien, travaille d'abord sur le bicylindre 250 puis s'illustre avec le 750, notamment dans les courses d'endurance, avec de nombreuses victoires dans les années de 1971 à 1975, dans des épreuves prestigieuses telles que les 24 Heures de Montjuich (sur les hauteurs de Barcelone) en 1973 et 1975, ou encore les 1000 km de Misano en 1975. De 1980 à 1986, NCR remportera encore 5 autres victoires lors des 24 Heures de Montjuich ; il est loin, le temps où des italiennes gagnaient des épreuves de 24 heures !

1991 : Champion du Monde Superbike !

En 1988, Ducati ouvre un nouveau chapitre de son histoire : celui des superbikes modernes. La 851, avec son refroidissement liquide, donne rapidement suite à la 888. Toutes deux seront préparées pour la compétition par NCR et pas dans un championnat au rabais : le nouveau Championnat du Monde de Superbike, qui se créé dans la continuité du TTF1. En 1991, le Texan Doug Polen permet à NCR de décrocher son premier titre de champion du monde et pas sans manières : avec 17 victoires (dont 7 consécutives) et une moyenne de 33,4 points (sur 40) décrochés par épreuve !

Doug Polen Champion WSBK 1991 sur Ducati NCR
Doug Polen Champion WSBK 1991 sur Ducati NCR

Dans la décennie qui suit, NCR reste en WSBK, mais comme team privé, managé par Stefano Caracchi (fils de Rino, l'un des 3 fondateurs). Souvent aux avant-postes, NCR a fait rouler certains des meilleurs pilotes de la discipline, tels que Ruben Xaus, Ben Bostrom, Pierfrancesco Chili ou encore Régis Laconi.

2001 : le rachat par Poggipolini

En novembre 2001, NCR est racheté par Poggipolini. Si vous ne savez pas qui c'est, cette entreprise familiale est spécialisée dans les pièces hautes performances en matériaux rares. Poggipolini, par exemple, est un fournisseur attitré de Ferrari en Formule 1 et alimente également des constructeurs auto tels que Bugatti, Porsche et Ferrari. Poggipolini fabrique aussi des pièces pour le MotoGP et l'aérospatiale. Poggipolini produit plus de 11 tonnes de pièces en titane par an, un matériau 35 % plus léger et 40 % plus solide que l'aluminium.

On se doute qu'ils ont trouvé facilement des points d'achoppement avec NCR, qui a été parmi les premiers à produire des pièces en titane ou en aluminium ultra légères pour les motos dans les années 70.

De fait, les ambitions de NCR doivent grimper d'un cran et la fabrication de motos de série est envisagée. Elles seront bien entendu exclusives, basées sur des mécaniques Ducati et ultra légères. Car ce qui définit NCR, c'est le poids. Ou plutôt son élimination !

Cette moto sera présentée en 2002 : la NCR 100ONE. Il ne s'agit, pour l'instant, que d'une machine destinée à la piste, mais au potentiel certain. Le moteur était poussé pour développer 105 chevaux, une cavalerie suffisante sur cette machine de 130 kilos.

NCR 100One
NCR 100One

NCR continue de se faire connaître du grand public en présentant au Salon Eicma de Milan, en 2003, la Macchia Nera. Ce roadster, construit sur la base d'une 998, présente des chiffres tout juste affolants : 185 chevaux pour 135 kilos !

 NCR Macchia Nera
NCR Macchia Nera

En 2005, NCR développe le bicylindre de course le plus léger du monde. La Millona ne fait que 120 kilos pour 1000 cm3 ! NCR poursuit donc son engagement en compétition et remporte la victoire à Daytona en 2007, ainsi que le championnat européen de Supertwins cette même année.

 NCR Millona
NCR Millona

2007 : vers une production de chefs d'œuvre en toute petite série

Sur la base d'une Ducati Hypermotard, NCR développe la Leggera. Pourtant, peu de testeurs avaient comparé la sylphide bolognaise à une grosse dinde ampoulée, mais NCR réussit à faire descendre le poids à 157 kilos, sur un modèle "standard" affiché alors à 76 000 $. Mais en option, il était possible de se préparer une Leggera kitée en 1200 (132 ch) et dont le poids descendait même à 150 kilos, grâce à l'emploi de titane grade 9. Le prix s'envolait alors : 140 000 $ !

NCR Leggera
NCR Leggera

Ensuite, les travaux de NCR vont de la nostalgie à la modernité avec un égal bonheur.

Côté "vintage", NCR a présenté en 2007 la New Blue, un projet mené en collaboration avec l'importateur Ducati USA, dont l'objectif était de commémorer la victoire de Cook Nelson en 1977 à Daytona. C'était alors la première victoire d'une moto italienne lors d'une épreuve américaine et cela a beaucoup contribué à établir la notoriété de Ducati aux États-Unis. Sur la base d'une Sport 1000 S qui pèse 188 kilos à sec, NCR se débarrasse de 25 % du poids avec cette New Blue qui n'en fait que 145 (mais l'échappement entièrement en titane ne pèse que 4 kilos et les roues sont en carbone !). En même temps, le moteur gagne 40 % de puissance, avec 116 chevaux. C'est une moto exclusive pour les gentlemen riders fans de journées piste.

NCR New Blue
NCR New Blue

Avec la MH TT, NCR va encore plus loin ! Cette évocation de la moto victorieuse du TT de 1978, toujours sur la base d'un moteur à air, affole tant par la qualité de sa finition (faite à la main, la peinture nécessite 6 couches) que par sa fiche technique : les repose-pieds sont en titane, tout comme le cadre (qui passe ainsi de 16 à 5,2 kilos), tout comme les bielles rallongées qui portent la cylindrée à 1120 cm3. La MH TT développe ainsi 130 chevaux et 13,5 m/kg de couple, pour un poids à sec de 136 kilos. La fourche Öhlins FGR 900 vient directement des machines de MotoGP et elle vaut déjà la bagatelle de 30 000 €. Normal, donc, que la MH TT soit vendue 100 000 €, avec une production limitée à 12 exemplaires.

 NCR MH TT
NCR MH TT

La Millona 16, comme une MotoGP !

La Ducati Desmosedici RR "civile" peut-être légitimement considérée comme un must pour les amateurs de machines ultra exclusives.

Avec la Millona 16 NCR a cependant décidé de faire mieux ! NCR a développé son propre cadre et bras oscillant en carbone avec une nouvelle admission d'air pour le moteur à travers l'avant et la colonne de direction ; les roues, le réservoir, l'habillage, le carénage sont également en carbone. Et là où l'échappement d'origine Ducati pèse 10 kilos, NCR en a refait un entièrement en titane, qui en pèse 3 ! Côté équipements, on retrouve la fourche Öhlins FGR 900 couplée à un amortisseur arrière TTX GP avec réglage d'assiette, ainsi que des freins Brembo sur disques en carbone.

NCR Millona 16 sur base Desmosedici
NCR Millona 16 sur base Desmosedici

Le tout ne pèse ainsi que 160 kilos, soit ce que fait une MotoGP ! La préparation coûte 160 000 $. C'est moins cher qu'une MotoGP. Mais n'oubliez pas d'apporter une Desmo d'origine. Elle n'est pas incluse dans le tarif.

Conclusion

NCR maîtrise son art, c'est une évidence. Le palmarès en compétition est là pour en attester et l'écart de performances qu'ils parviennent à créer par rapport à des Ducati d'origine en est une nouvelle preuve. Les NCR sont faites sur mesure, les spécifications sont finalisées en fonction des demandes du client. Ceux qui veulent une petite touche de ce savoir-faire exceptionnel peuvent aller puiser dans le catalogue : de nombreuses pièces spéciales sont disponibles, pour des Streetfighter ou des Diavel, comme des pistons ou des radiateurs d'huile haute performance, mais on y trouve également des pièces plus "esthétiques" telles que des couvercles de réservoir d'essence en titane.

Plus d'infos sur NCR

Commentaires

Ptit Loup1300

Aucune de ces machines d'exception ne supporterait un usage routier : trop de risques de briser jantes ou cadre. Piste seulement, et encore probablement de manière extrêmement rare. A des tarifs pareils, ce serait dommage de péter quelque chose même sans chuter !
Donc la probabilité d'en voir, que ce soit ici ou ailleurs, est plus que faible....

30-05-2016 19:31 
cajo

Où comment la chasse au poids devient une obsession ...
Sur le papier c'est impressionnant !
Gold obligatoire ...

dingue... m'enfin y'a pô de quoi mettre 2 sacoches latérales, comment veux-tu que j'ramène le pain dimanche ?

30-05-2016 19:51 
commando

et le 250 bicylindre ducat est fragile comme du verre, z'ont jamais réussi à l'assembler

30-05-2016 20:03 
 

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