Roadtrip Dijon-Camargue 3 : le Jura mouillé du haut en bas
Dimanche : nous partons. Bien sûr, il pleut
Le feuilleton de l'été Dijon-Camargue - Episode 3
Dimanche : nous partons. Bien sûr, il pleut. J'enfile ma peau de plastique en soupirant. Le Jura sous la flotte ? Un vrai gâchis !
On crevait de chaud dans l'atelier encore hier. Ce matin, ça flotte, puisque c'est le jour du départ : logique. J'avais qu'à pas laver mon ER-5 de rallye-raid de compétition.
On a décidé de se débarrasser rapidou de la plaine de la Saône en passant par… l'autoroute. J'y constate plusieurs choses : mon saute-vent "manouche" ne protège pas si mal, la purge a fait un bien fou à la fourche, le top-case fait louvoyer au-dessus d'à peine plus de 130-135 km/h (à tout casser, m'sieur l'agent), je regrette les pare-mains de Lapin-Lap1 sous la flotte et enfin l'ER-5 est un sacré couteau suisse sur bitume.
C'est sur la route de Mouthe, au sud de Pontarlier, que je commence à me sentir en vacances. 4.500 tours, un poil au-dessus de 90 compteur, mon petit twin a apprécié le bout d'A39 à fond de cinq (à tout péter, m'sieur l'agent). J'envie quand même Gérald et ses 70 Nm de couple.
La route est toujours mouillée et je serre les fesses : j'ai peur sous la pluie, c'est pas nouveau. Cette foutue météo est en train de salement gâcher la première journée de roulage.
Je n'aime pas rouler à deux
Gérald m'attend et ça me gonfle. Lui n'a pas peur sur le mouillé. Pourtant, nous avons tous les deux la même monte de pneus : de bons vieux BT 45. Je me force à avancer plus vite, à ouvrir en grand une fois en ligne.
J'essaye de me raisonner, de me dire que le moteur sort à peine 25 chevaux à 4.500 tours, pas de quoi affoler le pneu arrière, que je prends les freins comme s'il y avait risque de gel, que mon pneu avant est raide neuf, que Gérald passe tranquillement, mais rien n'y fait.
Ça me gonfle d'être le boulet de service, celui que l'on attend en guettant dans les rétros. Celui qui est obligé de se laisser doubler par les voitures, à la longue. Heureusement que devant, les nuages ont l'air de vouloir se morceler et que la circulation est limitée depuis que nous avons attaqué le massif.
C'est aussi pour cela que je préfère rouler seul : au moins, je ne fais ch… personne quand je me traîne.
Première étape à Saint-Laurent-de-Grandvaux pour faire le plein. Dommage que je n'ai pas une ER-5 2001 dont le réservoir embarque deux litres de plus que la mienne. Gérald consomme plus, forcément, mais son réservoir fait 20 litres. Nous avons de quoi tenir jusqu'à notre étape pour la nuit, du côté de Chambéry.
Allez ! Passe devant !
Gérald m'informe que c'est à moi de passer devant. Zut de flûte. Quand je roule devant, j'ai toujours la trouille de faire une erreur de navigation. Faire "chef" me pèse lourdement. C'est une impression dont je n'ai jamais réussi à me départir malgré mes années d'expérience. Avec la flotte, tout cela rend bien pénible ce début de vacances.
Pourtant, la trace est simple : c'est tout droit jusqu'à Saint-Lupicin. La route est facile : elle serpente tranquillement entre quelques collines basses.
C'est donc avec soulagement que je cède la pôle à Gérald après les faubourgs de Saint-Claude.
Première pelle
Aucun voyage ne serait complet sans une gamelle. Une pelle débile, de surcroît. Ça fait partie des figures imposées. On avait décidé de s'arrêter pour avaler les sandouiches préparés ce matin, charge à Gérald de trouver un coin peinard. Juste à la sortie d'un petit pont, il met son clicos et allume son feu stop par intermittence pour me prévenir.
Mais il a freiné sec et me surprend. Je suis à sa droite et il me ferme la porte. Je me déporte vers l'accotement et finis dans le gravier de l'accotement. Je relâche un peu les freins, mais je suis braqué et penché à droite et la roue avant bloque. Tu devines la suite.
Je tente en vain de retenir la moto et couche l'ER-5 presque à l'arrêt. Les compteurs passent à quelques centimètres seulement de la bavette de la Gixèfe. Ouf ! Je ne suis pas rentré dans sa moto. Je me râpe le tibia contre la pédale de frein, mais je me débrouille pour ne pas finir avec la jambe gauche coincée sous la bécane.
Gérald n'a rien vu. Je pense avoir le temps de relever la moto et de prendre un air innocent, mais las, il se retourne. Il me regarde, surpris :
- Bé alors ?
J'écarte les bras à hauteur des hanches, l'air de dire "je ne sais pas ce qui a bien pu arriver".
- C'est ta fête, aujourd'hui, ou quoi ?
Je ne réponds pas. Je coupe le contact et relève la bécane, surpris de la facilité à la redresser sans aide. Vive les motos de moins de 200 kilos. Je suis très vexé : je me suis fait avoir comme un débutant.
Cette première journée ressemble furieusement à celle avec ma CR-F il y a deux ans, la boue en moins. Il ne manquerait plus qu'il recommence à flotter pour les cent derniers kilomètres.
J'ôte mon casque et inspecte le ciel d'un air méfiant. Il y a un gros machin gris ardoise qui barre l'horizon. Il reste cent bornes jusqu'à Saint Genix.
Pleuvra ? Pleuvra pas ?
***
Plus d'infos sur la saga de l'été
Si vous avez manqué les précédents épisodes :
Commentaires
Sous la pluie, ya ceux qui ont déjà vécu l'aquaplannage à moto... Et ya les autres.
28-07-2020 09:02J'approuve le mode ultra prudent✌️
ça me rappelle des souvenirs ton récit
28-07-2020 09:31j'ai traversé le Jura un paquet de fois à moto, et pour tout mes trajets de liaison, quelque soit la saison, j'ai toujours fait la route Morbier-Gex sous la flotte.
avec ce souvenir ému du retour en 400 bandit, sous la flotte, avec la moto qui passait sur 2 cylindres si je descendais sous les 6000 trs. ambiance
tom4
C'est pourtant si beau le Jura, au soleil...
28-07-2020 09:55Toi, t'aimes l'eau en fait, mais t'es un grand timide.
Quand tes BT45 seront usés ou, plus surement, trop vieux, passe à des PR4 ou 5 ou Metz Z8 ou 01. Ca te changera...
ouaip, par contre, au soleil, j'ai fais un paquet de balades sympa (j'ai habité 4 mois à Divonnes les bain, j'ai fais + de km en 4 mois que les 2 ans qui ont suivis
28-07-2020 12:13tom4
le jura sous la pluie c'est beaucoup mieux que le périf' par beau temps
29-07-2020 07:21Plus un XM, il n'y a pas que le Jura sous la pluie qui est mieux que le périph sous le soleil!!!
30-07-2020 11:39En tout cas j'y étais le week end dernier, (j'ai un pied à terre là bas), j'y retourne dans 2 semaines, que du bonheur...et comme je dis une sortie moto sans sortir les combine ce n'est pas une sortie motos...
Le Jura sous la pluie... Je viendrais bien, moi.
04-08-2020 12:03