Lapin-Lap1, ma nouvelle moto

Apprendre à vivre avec une autre incarnation de la Grande Moto

J'ai donc été élu Pape et j'ai une nouvelle bécane. C'est toujours une expérience singulière dans la vie d'un motard : apprendre à vivre avec une autre incarnation de la Grande Moto.

En plus d'avoir été élu Pape (fumée blanche & hystérie journalistique) je suis allé chercher la semaine dernière ma nouvelle moto. Je suis surpris que 18 mois de pignolage sur les sites de petites annonces ne débouchent pas sur une crise d'impatience digne d'un gamin de 4 ans -je dois vieillir. En fait, j'ai été agacé par les démarches administratives ; j'étais impatient d'avoir la machine avant l'arrivée de la trouille.

Je rentre dans l'intéressante phase de découverte, où tout sur la moto est étrange. Il faut apprendre à sentir son poids, quelle force appliquer au guidon pour faire ce que je veux, trouver la béquille et la deuxième prise pour la mettre sur la centrale. Je dois repenser tout le travail du corps autour de la moto à l'arrêt ; prendre mes repères pour trouver les serrures, apprendre où se trouve le contacteur pour l'actionner de nuit, arrêter de me battre avec l'ouverture du top-case.

J'ai démonté le pare-brise : j'ai la sensation d'étouffer sous le casque avec la visière baissée. Il est très haut et a la réputation de brouiller la vue sous la pluie et la nuit avec les phares d'en face. Je veux quand même tester la véracité de cette affirmation -et appliquer dessus mon efficace traitement anti-pluie à base de cire pour carrosserie de voiture. S’il se révèle gênant, je ferai comme les autres : le retailler sur quinze centimètres. De plus, je trouve qu'il me gêne dans les manœuvres à l'arrêt puisqu'il m'empêche de porter le poids du buste au-dessus du guidon pour avoir plus de force. Ce n'est pas que Lapin-Lap1 est très lourd, mais ça aide.

En route, tout est très différent du Bourgeman : bien plus haut de selle, Lapin-Lap1 m'oblige à bien m'avancer pour poser un pied à plat à l'arrêt. Je suis assis plus haut, ce qui me donne un angle de vue différent sur la route. Il est aussi mieux équilibré : plus facile en interfile. Le moteur vibre et cogne carrément moins que le 400 et les suspensions sont incomparablement plus confortables. Je retrouve les sensations des grandes roues, ce mélange d'inertie et de finesse qui rend la prise de virage plus rassurante.

Un peu dubitatif

J'ai hésité avant de m'acheter Lapin-Lap1. Pourtant, il remplit mon cahier des charges : missile des villes à l'aise à la campagne ; une 125 avec un gros moteur, donc. J'ai souvent été déçu par mes précédentes motos, achetées pour de mauvaises raisons suivant de mauvais critères. Si j'avais su, à l'époque, je n'aurais pris ni la GPZ, ni la SV, ni la GS. J'aurais acquis une DTR 200, une DR 250 SHC, un DNA 180.

Je m'attendais à une forme de révélation, d'évidence lors des premiers tours de roue avec Lapin-Lap1. Il n'en est rien : c'est juste une bécane dont le principal mérite est de ne pas me déplaire. Peut-être que j'aurais dû accorder la préférence à cette KDX dans un état surprenant -elle avait sa bavette, ses clignotants et son pot d'origine. Je suis loin du coup de foudre avec Tondeuze, ma moto magique, ou de la tendresse que j'avais pour Petit Powaah, démonstration roulante qu'un twin 250 peut tout faire et bien.

Dix-huit mois de réflexion, donc, pour déboucher sur une forme de 'mouais' ; j'en suis presque à me dire que les compromis sont à réserver à la voiture et que j'aurais pu y aller à fond et me dégotter un truc tout énervé : 410 TE ou WRE, 300 KLX-R, Katoche 390. Je suis surpris de m'apercevoir que la demi-mesure et le rationnel me font faire la moue malgré les qualités de Lapin-Lap1.

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