Histoire du Vietnam

1000 ans de domination chinoise

Un pays aujourd'hui communiste

L'histoire du Vietnam se confond avec celle de ses voisins, que ce soit la Chine à qui le territoire a appartenu pendant 1000 ans, au royaume de Champa ou aux Khmers.

La domination chinoise

Les origines du Vietnam n'étant documentées que par des légendes et écrits chinois, il est difficile d'être certain d'où le peuple Viêt est originaire. Selon la légende, ils descendraient de l'union entre la Reine fée Âu Cơ, issue du Feu et du Seigneur dragon Lạc Long Quân, issu de l'Eau. L'un de leurs enfants créera plus tard la dynastie Hồng Bàng, qui perdurera sur 18 générations. L'histoire prend le pas sur la légende à partir du 3ème siècle av. JC, quand la Chine tourne son regard vers la région. Malgré les résistances des Viêts et la création d'un royaume appelé le Nam Việt, la dynastie Han s'empare de la région. Commence alors 1000 ans de domination.

Les premières révoltes ne tardent pas, mais la Chine écrase la rébellion. La sinisation de la société est mise en place : le chinois devient la langue officielle, l'administration est confiée à des Chinois et des colons-soldats sont installés dans le pays. Malgré cela, la région alterne entre stabilité et conflits, principalement instillés par la noblesse Viêt. De plus, le peuple cham du royaume de Champa, tente d'élargir son territoire au détriment des Khmers et des Viêts, causant une instabilité aux frontières.

L'influence de la Chine se retrouve dans l'évolution de la langue vietnamienne, qui en emprunte le vocabulaire ainsi que l'alphabet. La Chine fait aussi part de ses connaissances technologiques pour améliorer les méthodes de culture. Malgré l'implication directe des Chinois dans l'administration, l'éducation des classes supérieures et la sinisation forcée de la société, le sentiment national Viêt se développe fortement. A la suite de la chute du pouvoir central durant le 10ème siècle, les Vietnamiens s'émancipent du pays et l'indépendance est inaugurée avec la prise de pouvoir de la dynastie Ngô.

Les débuts de l'indépendance

Après des débuts tumultueux, la stabilité du nouvel Etat apparaît sous le règne de Đinh Bộ Lĩnh. L'indépendance est maintenue grâce au paiement d'un tribut annuel à la Chine, dont s'inspirent d'ailleurs les monarques pour structurer leur royaume. Le bouddhisme est proclamé religion d'Etat, le royaume est divisé en 24 régions confiées à des gouverneurs, le premier code pénal est instauré. Au sud, après des années de conflit, le royaume de Champa est battu par ce qui a été renommé le Đại Việt. Le territoire continue de s'étendre vers le sud, au détriment des Chams, mais aussi des Khmers.

Pendant plusieurs siècles, les conflits avec la Chine alternent, jusqu'à l'arrivée au pouvoir de Lê Lợi, de la dynastie Lê, qui prend le pouvoir et force ainsi le respect de la Chine. A cette époque, l'administration centralisée et la bureaucratie confucéenne permet au pays d’obtenir une administration efficace. Mais la dynastie finit par s'essouffler et des guerres civiles éclatent. Malgré le soutien d'une partie de la population, les familles Trihn et Nguyen prennent le pouvoir, le divisant entre le sud et le nord. C'est depuis cette époque que l'on peut observer de réelles différences culturelles entre les deux parties du pays.

Les premiers comptoirs européens apparaissent peu à peu, important avec eux le christianisme. C'est d'ailleurs avec l'arrivée du jésuite Alexandre de Rhodes, missionnaire catholique, que va apparaître le nouvel alphabet vietnamien, romanisé et toujours utilisé aujourd'hui.

Guerres civiles et colonisation française

Le 18ème siècle est marqué par la révolte des peuples contre les dynasties au pouvoir. Famines, pauvreté et instabilités ravagent le pays, au nord comme au sud, poussant la famille Tây Sơn à tenter de s'emparer du pouvoir. Après de nombreuses batailles, les Tây Sơn remportent la victoire et règnent sur le Đại Việt, tandis que les Nguyen se partagent les territoires à la frontière chinoise ainsi que les anciennes terres leur appartenant. Ces derniers demandent finalement l'aide des Français dans la reconquête de leur pays, aide qui est acceptée de la part de Louis XVI en échange de la propriété des îles de Touron (Hoi nan) et Poulo Condor ainsi que d'un droit de commerce et d'établissement. Grâce à cette aide, Nguyễn Anh devient le premier empereur à régner sur un territoire correspondant au Vietnam actuel. C'est d'ailleurs en 1804 que le nom Vietnam devient officiel.

Le successeur de Nguyễn Anh, inquiet de l'influence des catholiques dans le pays, met en place en 1833 un arrêté persécutant ces derniers. Les prêtres étrangers sont interdits d'entrée sur le territoire, les églises sont fermées. Le Vatican fait alors pression sur la France pour intervenir, ce qui résulte en une demande expresse du roi pour une autorisation de libre-échange ainsi qu'une liberté religieuse. Cependant, suite à un incident, l'empereur ordonne la mise à mort de tout Européen se trouvant au Vietnam.

Sous Napoléon III, la France débute la conquête de la Cochinchine (sud du pays). En 1862, elle annexe ses trois premières provinces. En 1866, trois nouvelles provinces sont annexées. L'administration est maintenue, mais certains fonctionnaires sont remplacés par des Vietnamiens catholiques, soutenant la colonisation suite aux exactions commises contre eux par le gouvernement vietnamien. En 1874, le Vietnam reconnait la souveraineté de la France sur les régions annexées et un protectorat est mis en place sur celles-ci, avant qu'il ne soit étendu à l'entièreté du pays en 1883.

Du protectorat français à la guerre d'Indochine

Divisée en trois parties, le pays est maintenant passé sous protectorat français. Le nom Vietnam est banni et le pays est intégré à l'Indochine française. La présence coloniale n'est maintenant motivée que par des raisons économiques et l'aspiration à créer un empire français en Extrême-Orient. On trouve donc très peu de colons s'étant installés durablement sur place. Parallèlement, la lutte indépendantiste se met en place à l'étranger, notamment au Japon avec Phan Bội Châu. Les nombreuses attaques perpétrées contre le gouvernement français tout au long du début du 20ème siècle sont cependant inefficaces.

Autour de 1920, des organisations politico-religieuses nationalistes se mettent en place. En 1930, le Parti communiste vietnamien est créé. Ses partisans sont fortement réprimés jusqu'à l'arrivée au pouvoir du Front populaire en France. La Seconde Guerre Mondiale arrivant, la situation de la France sur place va se dégrader. Une fois la guerre lancée, le Japon s'installe sur le territoire, dont il se sert pour circuler librement jusqu'à la Chine contre laquelle il est en guerre. Les Japonais en profitent pour encourager les mouvements nationalistes. Sous leur impulsion, deux régions sont réunies pour reformer le Vietnam, le sud du pays restant isolé jusqu'à la fin de la guerre. C'est à ce moment qu'Hô Chi Minh prend la tête du Comité de libération nationale pour repousser les Français.

S'en suivent des années d'instabilités pour tenter de trouver un compromis sur l'avenir du pays, qui se solde par les accords de Genève rendant son indépendance au Vietnam, alors divisé en deux : au nord, la République démocratique du Vietnam (régime communiste sous l'influence de l'URSS) et au sud la République du Vietnam (régime anticommuniste sous l'influence des États-Unis).

Guerre du Vietnam

Dans le Vietnam anticommuniste, une dictature se met rapidement en place. La répression pousse à l’apparition du Front national de libération (FNL). Le Nord reprend donc ses attaques contre le Sud pour pouvoir l'intégrer à son territoire, mais les Etats-Unis ne tardent pas à participer à l'effort de guerre. En effet, le Nord étant communiste, il est hors de question de laisser la région sous leur contrôle. Mais le Nord possède de nombreux alliés à ses frontières et la population du Sud est de plus en plus mécontente de la politique menée.

Les Américains débarquent sur les côtes en 1965. Commence alors une guerre sanglante, où l'utilisation de napalm, d'agent orange et autres produits chimiques font des ravages sur les populations comme sur les plantations leur permettant de survivre. En 1966, 120 000 tonnes de bombes sont déversées sur le pays, pour un coût de plus d'un milliard de dollars. L'opinion publique mondiale s’effrite peu à peu, alors que l'URSS et la Chine apportent massivement leur soutien au Nord. A partir de 1969, des négociations sont entamées pour mettre fin au conflit, mais aucun des deux camps n'arrive à s'accorder sur les termes.

En 1975, après des années de conflits, le Sud comme le Nord sont épuisés. Mais le Nord reste tout de même en supériorité, notamment militaire et entame son attaque finale pour s'emparer du reste du pays. C'est la fin de la guerre, qui a fait entre 2 et 4 millions de morts et bien plus de blessés.

La réunification

Les premières années de la réunification sont plus que compliquées : le Parti communiste impose une politique radicale, évinçant les cadres sudistes, l'économie est ruinée, les populations fuient en masse le pays. Il faut attendre 1979 pour que la politique contre le Sud ne s'adoucisse et que les premières entreprises privées réapparaissent. Un nouveau conflit apparaît cependant, contre les Khmers rouges cambodgiens. Si la Chine participe quelques semaines au conflit, elle se retire rapidement, laissant le Cambodge seul face à un Vietnam qui s'affaiblit encore plus économiquement.

Sanctionné économiquement, ravagé par les guerres, le Vietnam est l'un des pays les plus pauvres au monde dans les années 80. Ce n'est qu'en 1987 qu'un nouveau gouvernement, toujours communiste mais plus libéral, accepte de libéraliser l'économie. Le pays se retire du Cambodge, accepte les investissements étrangers et développe des liens économiques avec le Japon, Singapour et Hong Kong. Aujourd'hui, le Parti unique a été maintenu, mais le Vietnam vit dans une société plus libérale, attentive aux changements sociétaux de la région. Le tourisme s'y développe fortement, apportant une nouvelle source de revenus à la population.