Rhys Lawrey, le plus jeune motard à faire le tour du monde
443 jours sur la route, 92758 kilomètres, 71 pays, 6 continents en Triumph Tiger 800
2 records du monde battus et la furieuse envie d'y retourner...
Parents, faites attention ! Car si vous faites découvrir à vos enfants les joies des voyages à moto au long cours, il y a de fortes chances qu'ils attrapent le virus ! C'est le cas du jeune Rhys Lawrey, dont le père n'est autre que Kevin Sanders. Kevin Sanders, titulaire de deux records du monde : le tour le plus rapide de l'hémisphère nord (31 319 kilomètres en 19 jours, en 2002, à 1600 km de moyenne par jour !) suivi, en 2003, par la descente de l'Amérique la plus rapide, de l'Alaska (Prudhoe Bay) à l'Argentine (Ushuaia), soit 27.000 km en 35 jours.
Dans ses jeunes années, le jeune Rhys a ainsi roulé avec son père à moto en Nouvelle-Zélande (où il a passé une partie de sa jeunesse), en Amérique Latine et même à Garmish-Partenkirchen, haut lieu festif d'une marque concurrente. De quoi susciter des vocations même s'il n'est pas facile d'être l'enfant d'un voyageur au long cours. Rhys a gardé le nom de sa mère, Brenda Lawrey.
Petite note à l'intention des plus cultivés de nos lecteurs : Kevin Sanders n'a pas de lien de parenté avec Nick Sanders, un autre allumé des voyages au long cours, qui a parcouru 4 fois le tour du monde avec sa Yamaha R1 (traversée du Sahara incluse !). Nick Sanders est, entre autre choses, détenteur du Alaska-Ushuaia-Alaska le plus rapide (49 jours), a tenu un instant le record du tour de l'hémisphère nord (31 jours, en 1997) battu depuis par Kevin. Il reste actuellement le détenteur du tour du monde le plus rapide, en 120 jours, record qu'est en train d'essayer de battre actuellement Grizzly avec sa Victory. Voilà, c'est la fin de notre rubrique "infos du monde actualités".
2 records, sinon rien
Les liens de parenté ont certainement joué un rôle dans la vision que Rhys a de la moto. Pour lui, pas question d'un tour anonyme en Vallée de Chevreuse et zou, retour à la maison. La clarté de sa vision n'a d'égale que la profondeur de ses ambitions : comme son géniteur, Rhys veut laisser une marque dans l'Histoire et son empreinte autour du Monde. Il fera d'une pierre deux coups : avec le même voyage, en devenant le plus jeune motard à faire le tour du monde (parti à 22 ans 9 mois et 27 jours, il rentrera à 24 ans et 12 jours) et en ayant également battu le record du plus grande nombre de capitales traversées. Sur ce point, les règles du Livre Guiness des Records sont très strictes, puisque elles impliquent d'aller directement d'une capitale à une autre sans autres arrêts que les ravitaillements en carburant et le passage des frontières ; les seuls repos prolongés doivent avoir lieu dans une capitale, dont la preuve du passage doit être matérialisée par une visite à la mairie, au siège du gouvernement où à la gare centrale.
A ce petit jeu, Rhys a établi un nouveau record en ayant visité 51 capitales successives, sur trois continent. Certes, l'Afrique du Sud, qui comporte 3 capitales (Pretoria, Bloemfontein et Cape Town), a joué son rôle, mais la performance est remarquable, d'autant que le précédent record ne comportait que seulement 5 capitales. En enchainant Amérique Latine, Afrique Australe et Europe lors de la dernière partie de son voyage, Rhys rend la tâche assez difficile pour le prochain concurrent. De cet exercice, Rhys retient malgré tout l'ennui à faire de la liaison sur autoroute...
Pour moi, plus question d'aller rouler dans des endroits reculés et de découvrir des itinéraires hors des sentiers battus, de passer dans des petites villes au milieu de nulle part. Je me suis mis à rouler d'une station service à l'autre, directement d'une grande ville à une autre grande ville. Pas de stops, pas de repos!.
La fin du voyage était pour la bonne cause : récolter des fonds (plus de 3000 livres - équivalent de plus de 3800 €) pour une association de charité.
Et comme le début du voyage était nettement plus sympathique, l'un des objectifs de Rhys a également été atteint : le plaisir de rouler et de découvrir le monde, à travers l'Asie Centrale, la Chine, l'Asie du Sud-Est et la Thaïlande, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, l'Amérique de l'Alaska à la Terre de Feu...
Une Triumph Tiger 800 XC à rude épreuve
Alors que son père a fait un grand nombre de ses voyages en BMW GS, Rhys Lawrey a opté pour une Triumph Tiger 800 XC.
L'atavisme ne fait pas tout. Et ce n'est pas faire injure que de dire que le jeune Rhys, parmi les talents qu'il a accumulé, dispose sans aucun doute de facultés en marketing. Ainsi, la Tiger 800 a été mise à disposition par Triumph, afin de démontrer ses capacités d'endurance en conditions réelles. Le pneumaticien Continental est lui aussi entré dans le jeu, en fournissant des paires de pneumatiques (des Trail Attack 2 et des TKC 80 pour les conditions les plus difficiles). Les Continental Trail Attack ont tenu jusque un maximum de 19 000 kilomètres par train, tandis que les TKC 80 n'ont pas dépassé 8100 km à l'arrière, ce qui est déjà une belle performance pour un pneumatique de ce type (mais l'avant pouvait tenir quelques milliers de kilomètres supplémentaires).
3 jeux de chaîne secondaire ont également été nécessaires. La moto était en configuration d'origine, juste optimisée par un silencieux Arrow (permettant le gain de 4 kilogrammes) et l'équipement d'accessoires d'origine Triumph, que ce soit pour la protection, le confort (poignées chauffantes, bulle haute) et la bagagerie. Toute équipée et chargée, la moto pesait 286 kilos.
La moto n'a pas posé de problèmes et a même survécu à un petit accident mineur avec une voiture en Chine. Enfin, comptez quand même 6 vidanges, 33 litres d'huile, 4 filtres à air, 3 jeux de plaquette de frein avant et 5 à l'arrière. Des roulements de direction attaqués par l'état des routes chinoises ont dû attendre 4000 kilomètres de plus avant d'être changés en Thaïlande. Avec une consommation moyenne de 5,9 l/100 et les plus de 300 kilomètres d'autonomie accordés par les 19 litres du réservoir, Rhys est tombé seulement deux fois en panne sèche.
Quant au pilote, une intoxication alimentaire au Kazakhstan n'a pas réussi à l'affaiblir durablement.
Mais même avec du soutien, ce genre d'opération n'a rien de facile. Entre les formalités administratives, l'obtention d'un permis de conduire temporaire en Chine, les passages de frontière, la météo capricieuse, les bancs de sable au Turkmenistan, les pistes glissantes et boueuses en Chine, la neige sur la route en Nouvelle-Zélande, une éruption volcanique au Chili, les routes défoncées en Amérique Latine, il faut un peu de persévérance pour réussir le tout.
Et il faut suivre aussi quelques règles : Rhys voyage léger. Des sous-vêtements pour 5 jours suffisent, après il faut faire des lessives ! Rhys a également vérifié tous les écrous et boulons de sa moto, afin de n'emporter que l'outillage nécessaire ; parmi lequel une pompe électrique pour regonfler en cas de crevaison (mais ce n'est pas arrivé une seule fois sur ce voyage !).
"Ne pas oublier non plus de prendre suffisamment d'eau et de papier toilette", précise Rhys.
Enfin, parmi les astuces : une carte du monde fixée sur l'une des valises, avec l'itinéraire, aide à se faire comprendre par la police et les douanes en cas de barrière linguistique et aident à faire lever bien des ambiguïtés sur les raisons de sa présence.
Le tour du monde à moto. Beaucoup en rêvent, bien peu le font. Rhys a abandonné ses boulots dans les bars, a monté un projet, s'est endetté sur près de 40 000 €, mais a vécu un truc unique et a laissé son nom dans l'histoire.
De retour en Grande-Bretagne, Rhys Lawrey doit désormais retrouver un travail sédentaire et payer ses dettes, mais ses talents de communicants accéléreront probablement le processus. Triumph en a déjà fait l'un de ses représentants et l'a convié à la présentation de la Triumph Tiger Explorer XCa 2016, où nous avions pu échanger avec le jeune aventurier.
Rhys fera partie des accompagnateurs Triumph au Tridays, un des événements phare de la marque anglaise, qui se tient en Autriche chaque année en juin. Quelque part, le voyage continue.
Les 51 capitales successivement visitées par Rhys Lawrey
- 1. Montevideo (Uruguay)
- 2. Buenos Aires (Argentine)
- 3. Cape Town (Afrique du Sud)
- 4. Bloemfontein (Afrique du Sud)
- 5. Maseru (Lesotho)
- 6. Mbabane (Swaziland)
- 7. Maputo (Mozambique)
- 8. Pretoria (Afrique du Sud)
- 9. Gaborone (Botswana)
- 10. Madrid (Espagne)
- 11. Lisbonne (Portugal)
- 12. Andorre (Andorre)
- 13. Monaco (Monaco)
- 14. Berne (Suisse)
- 15. Vaduz (Liechenstein)
- 16. Rome (Italie)
- 17. San Marin (San Marin)
- 18. Lubjlana (Slovénie)
- 19. Zagreb (Croatie)
- 20. Sarajevo (Bosnie)
- 21. Podgorica (Montenegro)
- 22. Tirana (Albanie)
- 23. Skopje (Macédoine)
- 24. Athènes (Grèce)
- 25. Sofia (Bulgarie)
- 26. Bucharest (Roumanie)
- 27. Belgrade (Serbie)
- 28. Budapest (Hongrie)
- 29. Bratislava (Slovaquie)
- 30. Vienne (Autriche)
- 31. Prague (République Tchèque)
- 32. Berlin (Allemagne)
- 33. Varsovie (Pologne)
- 34. Kiev (Ukraine)
- 35. Minsk (Bielorussie)
- 36. Vilnius (Lituanie)
- 37. Riga (Lettonie)
- 38. Tallin (Estonie)
- 39. Helsinki (Finlande)
- 40. Stockholm (Suède)
- 41. Olso (Norvège)
- 42. Copenhague (Danemark)
- 43. Amsterdam (Pays-Bas)
- 44. Bruxelles (Belgique)
- 45. Luxembourg (Luxembourg)
- 46. Paris (France)
- 47. Cardiff (Pays de Galles)
- 48. Dublin (Irlande)
- 49. Belfast (Irlande du Nord)
- 50. Edimbourg (Ecosse)
- 51. Londres (Grande-Bretagne)
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