Pneu Conti trail attack II

Le pneumatique pour les gros trails type KTM Adventure et BMW 1200 GS

Sur un marché national particulièrement actif en matière de trail, le manufacturier de pneus allemand Continental a développé un nouveau pneu pour équiper la surpuissante KTM 1200 Adventure ainsi que la nouvelle 1200 GS, avec pour objectif de se hisser au niveau d’une concurrence très rude. Découverte sur les routes austro-allemandes...

Chaque manufacturier a sa propre philosophie. Chez Continental, on aime à penser que l’utilisateur de gros trail est un épicurien qui ouvre ses volets le dimanche matin et saute sur sa moto pour une longue virée, à condition qu’il fasse beau. En cas de mauvais temps, il retourne sous sa couette, regarde un match de foot, ou le GP à la télé, mais dans tous les cas, la moto reste au garage. De cette vision comportementale du motard découle des compromis techniques dans la conception du pneu. Ainsi, l’agrément de conduite est il particulièrement travaillé, puisque, dans cette catégorie du moins, la moto est d’abord envisagée comme un plaisir. Maniabilité et grip sur revêtement sec, sont au cœur des préoccupations des ingénieurs, même si c’est au détriment du comportement sur route mouillé, puisque l’hypothèse de départ est que la moto reste sur la béquille. Bref, en vertu de ces grands principes, la firme avait accumulé un certain retard technologique sur route mouillée. Cependant, face à la pression conjointe de la concurrence, des constructeurs et des clients, Continental a décidé de faire un effort dans ce domaine, sans renier l’ADN de base de ses production.

La technologie au service des performances

Une gomme unique mais des zones de dureté différentes

Pour suivre l’incroyable évolution des gros trails modernes, il a fallu adapter la configuration des pneus aux performances et au poids des motos. Il est bien loin le temps des 500 XT de 32 chevaux qui allaient en escapade dans les chemins creux. Aujourd’hui, KTM a monté le moteur de sa RC8 dans l’Adventure, créant un monstre de 150 chevaux que pilote et pneumatiques auront la lourde charge de dompter. Dans ce contexte, il faut avoir du cran et du sang froid. Pour concilier l’inconciliable, Continental n'a pas adopté la technologie bi-gomme, mais travaillé la cuisson du pneu dans un nouveau moule offrant différents gradients de température selon les zones. La vulcanisation du caoutchouc et ses propriétés sont ainsi modifiées. De fait, avec une gomme unique, on obtient tout de même différentes duretés, selon la zone considérée du pneu. Une technologie baptisée Continuous Compound, qui donne un effet « multigomme », parfaitement progressif et sans zone de transition. Par ailleurs, le nouveau mélange revendique un meilleur grip, sur le sec comme sur le mouillé, avec un temps de montée en température très court.

Autre particularité, la ceinture arrière à 0° qui permet de concilier la maniabilité, un point fort traditionnel chez Conti et la stabilité à haute vitesse. Le Trail Attack II est homologué jusqu'à 250 km/h !

Petit plus, grâce à un revêtement intérieur du moule spécial, baptisé « Traction Skin », Continental renonce à l'utilisation d'agent de démoulage qui rend le pneu très glissant sur les premiers kilomètres, provoquant de sérieux risques de chute lors du rodage du pneu. Le Trail attack II est donc plus vite rodé et moins dangereux au début.

Comme dans la vraie vie !

Après nous avoir très brièvement présenté leur nouveau bébé, les membres de l’équipe Continental nous ont invité à le tester dans les conditions réelles d’utilisation, sous la forme d’une longue virée entre Münich et les Alpes autrichiennes. Deux journées de roulage, sous un soleil éclatant et sur un bitume presque toujours impeccable, comme on sait faire là-bas. Le tout dans des paysages alpins d’une beauté à couper le souffle.
Nos machines d’essais étaient des BMW 1200 GS « liquide » et Triumph Tiger 1200 Explorer. De grosses bestioles, gavées de testostérone et de couple. Des trails modernes, équipés d’assistances électroniques avec lesquels les manufacturiers doivent désormais composer : ABS, contrôle de traction, suspensions pilotées, etc. Dans ce domaine, Continental n’est pas en reste, puisque la firme développe justement ce type d’équipements pour les constructeurs de motos. L’entreprise compte d’ailleurs se développer avec pour argument une offre « complète » permettant une réduction du nombre des fournisseurs, très appréciées des grandes entreprises…. Mais revenons à nos motos !

Dés les premiers mètres, on apprécie la maniabilité de ces mastodontes! ça balance, ça swingue, ça rentre en courbe sur les freins sans se redresser. Un mélange de qualités propres aux machines et aux pneus qui convient à merveille à ce type d’engins. A haute vitesse, la stabilité reste impériale, que ce soit à 180 km/h dans les grandes courbes, ou à 200 en ligne droite (nous n’avons pas eu l’opportunité de tester au delà…).

Prévue en première monte, conjointement avec le Michelin Anakee III, le Trail Attack II va comme un gant à la 1200 GS liquide. C’est aussi le cas avec la Triumph, fort réussie, mais intrinsèquement plus pataude que la munichoise… qui jouait à domicile pour une fois. Cependant que ce soit l’une où l’autre, ce que l’on retiendra, c’est l’incroyable aisance des pneus et le sentiment de sécurités qu’ils confèrent à leur pilote. Il est proprement hallucinant de voir les vitesses d’entrée et de passage en courbe permises par ces motos. Il ne faisait pas bon passer avec une sportive au milieu de notre meute de journalistes enragés ! Les motards que nous avons croisés, très souvent sur des trails n’utilisaient pas leurs pneus de cette façon. Il y a donc a parier que pour le pilote moyen, la marge de sécurité soit énorme.

A l’épreuve du temps … et de la piste !

Au terme de cette virée de 700 kilomètres, souvent à couteaux tirés, le Conti ne présentait aucune trace d’usure, ni d’échauffement. Un signe de bon augure pour sa longévité. Il semble d’ailleurs que chez BMW, la durée de vie du pneu fasse partie du cahier de charges imposées, car le constructeur estime à juste titre avoir à faire à de gros rouleurs qui ne doivent pas changer de pneus tous les 4 matins. Il nous restait à tester le comportement des pneus sur sol mouillé, ce que nous n'avions pas pu faire vu le soleil de plomb (on ne va pas se plaindre!).

Faire des ronds dans l'eau

Nous avons donc profité d'une petite piste arrosée et parfaitement circulaire pour faire quelques tours et mettre de l'angle sur le mouillé en cherchant la limite de décrochage. Surprise agréable, elle semble large et très éloignée, c'est à dire que l'on peut copieusement pencher la moto avant que ça ne décroche. Le ténor de la catégorie que sont le Metzeler Tourance Next et le Dunlop Trailmax 91 sous la pluie semblent encore un cran au dessus, mais, le résultat est convaincant et pour tout dire, d'un niveau bien suffisant par rapport aux sensations d'un pilote moyen. Les distances de freinage semblent courtes et la capacité d'accélération correcte.Ce bref galop d'essai n'a pas valeur de test officiel, mais les sensations étaient là et elles étaient plutôt bonnes. A aucun moment nous n'avons eu l'impression de rouler en « savonnette sur le bord d'un bidet ».

D'ailleurs à ce propos, nous avons conclu notre roulage par quelques tours sur un petit circuit éducatif automobile...

Et la piste

Educatif, car il comportait volontairement des zones glissantes. Surpris sur l'une d'elle alors que je pensais disposer de plus de grip, j'ai d'abord perdu l'arrière et de beaucoup, puis l'avant, de beaucoup aussi. ! Alors que je me croyais perdu, en glisse des deux roues, direction les 3 rails de sécurité superposés (« merde merde merde »).... Les Conti ont fort gentiment repris du grip pour me remettre sur les rails, plutôt que dans les rails, tout en douceur et sans « high-side », malgré un joli contre braquage. Ouf, j'ai eu très chaud !

Je roulais bien sur un bidet, mais pas avec des savonnettes et ça m'a sauvé la mise. Je ne ferais pas ça tous les jours, mais ici j'ai bien apprécié la progressivité du décrochage comme du raccrochage. Du bel ouvrage comme on dit. Vous pouvez avoir confiance !

Points forts