Essai vélo et cyclo à assistance électrique Yamaha Booster

Speedbike / cyclomoteur à assistance électrique et VAE

Assistance au pédalage jusqu'à 25 ou 45 km/h et jusqu'à 110 km d'autonomie

Le Booster ! S’il y a des icônes dans notre mémoire, le Booster en fait partie. Car après les bleues et les 103, le Booster est le symbole de toute une génération du deux roues jeune par excellence, à tel point qu’il a été vendu à plus d’un million d’unités en quelques années (1.147 million de 1999 à 2017) avant de disparaître puis de renaître aujourd’hui en gardant une forme de caractère originel. Car le Booster (MBK) ou BW (Yamaha) a bien été lancé en pleine période de buggy pour offrir un deux roues à grosses roues ou Big Wheels et cela explique son succès, en tout cas en France (car ce fut un peu le contraire au Japon). Il faut dire qu’il a été largement débridé en France (via échappement et variateur). Il aurait pu été relancé sous forme d’un scooter électrique mais Yamaha a préféré le relancer sous la forme d’un vélo à assistance électrique….

Et on insiste sur le terme d’assistance. Car contrairement à de nombreux modèles munis de pédales mais ne nécessitant pas obligatoirement de pédaler (plus cyclos), le nouveau Booster demande bien de pédaler, quel que soit le modèle et son homologation. Car le Booster existe désormais en deux versions, avec une version pedelec limitée à 25 km/h sous le diminutif de Easy et une autre version dite Speed Pedelec / S-pedelec limitée à 45 km/h, avec une toute petite différence de prix entre les deux. Alors quel choix faire et le Booster est-il le modèle à assistance électrique à choisir actuellement ? Essai, vidéo incluse….

Découverte

Le Booster a indéniablement sa personnalité, unique, grâce à son cadre en aluminium moulé à la 'Eiffel', avec cette structure apparente du plus bel effet (caches disponibles en option). C’est indéniablement un vélo mais un gros vélo, dont l’apparence est encore renforcée par son énorme cadre poutre, expliquant aussi son poids de 35 kilos qui le place dans la catégorie poids lourd. Les gros pneus de 20 pouces x 4" ajoutent encore à l’aspect global massif mais valorisant, qui se confirme de plus près avec une excellente qualité de finition. La peinture est de qualité avec un vrai choix esthétique au niveau look avec le coloris Aqua (bleu vert; existe aussi en gris). Frein à disque avant et arrière de 180 mm Promax, batterie verrouillée par clef complètent le "vélo". L’équipement et la finition sont complétés par des protections de fourche, un couvre plaque, un couvre chaîne, des capots moteurs et un garde boue avant. Et il y a enfin les bonnes idées qui permettent de placer facilement un panier à l’avant et des sacoches à l’arrière dont le long porte paquet intégré qui peut supporter 25 kg. Il y a même un support prévu pour un antivol intégré qui permettra d’accrocher le vélo à un point fixe avec le cadre.

Comment différencier les deux modèles, hormis par l’inscription Easy qui signale le VAE ? Le S-Pedelec a des phares différents, un rétroviseur à gauche, un compteur différent (écran TFT de 2,8 pouces vs l’écran LCD de 1,7 pouces) et surtout une plaque d’immatriculation ! Et il nécessite à ce titre une assurance.

Car les deux modèles partagent tout sinon, sauf le moteur PW séries S2 dans le pédalier, de 250 W pour le VAE et de 500 W pour le S-Pedelec, dans un poids plume de 2,85 kg. Même les valeurs de couple sont identiques pour les deux modèles avec 75 Nm.

Les batteries Yamaha WVTA de 630 Wh et 36 V et 17,5 Ah sont également identiques et toutes deux verrouillables par clef. Et quand on parle de bloc moto propulseur, Yamaha est bien placé puisque c’est le premier fabricant à lancer un e-bike et ce dès 1993, pour proposer ensuite ses moteurs en OEM à de nombreux constructeurs. Il faudra attendre des années et l’avènement de la mobilité urbaine électrique pour que Yamaha propose des e-bikes sous sa marque et encore dernièrement avec les Moro 07, Wabash RT et Crosscore RC et enfin de vrais gros modèles électriques.

Les deux moteurs différents ont un impact sur l’autonomie, de 60-120 km pour le ebike et de 50-110 km pour le « cyclo » (L1e, permis AM). Il faut dire que le rapport de couple offert par le moteur va de 50% en mode Eco+ et jusqu’à 280% en mode High pour le ebike alors qu’il va de 60% à 400% pour le S-pedelec « cyclo ».

Et si le moteur est fabriqué par Yamaha au Japon, le Booster est assemblé et fabriqué par Fantic à Bologne, en Italie… pour des raisons historiques, vu le nombre d’années où l’usine de Minarelli désormais Fantic a été sous le giron de Yamaha (qui fournit également le moteur de la MT07 pour la Caballero 700). Et d'ailleurs ce modèle a d'abord été dévoilé par Fantic sous le nom de Issimo 45. Par contre, le Issimo intégrait un moteur chinois et c'est bien un moteur Yamaha qui est utilisé dans ces deux modèles. En attendant, le moteur sera bientôt fabriqué en France dans l’usine Yamaha/MBK de Saint Quentin. Spécificité ? Pas tant que cela puisque 80% des ebikes vendus en Europe sont fabriqués en Europe.

Il faut dire que l’Europe pousse à la diminution des émissions de CO2 en visant 90% de réduction des émissions de CO2 d’ici 2050, ce qui se fera par l’augmentation des zones Zéro Émission (qui vont passer de 208 à 507 d’ici 2025 le tout aidé par 2 milliards d’investissements pour les pistes cyclables. Et quand on voit l’efficacité du réseau de pistes cyclables à Amsterdam, lieu de notre essai, on comprend que le vélo soit ici une religion, aidée par la législation (les vélos sont prioritaires).

En selle

Le cadre bas permet de monter facilement sur le Booster et c'est un vrai plus par rapport à bon nombre de speedbike qui demandent à lever la jambe pour monter dessus.

La position est naturelle. Les poignées sont ergonomiques avec des commodos à gauche et le passage des vitesses à droite.

Les compteurs des deux modèles sont élégants et complets, permettant d’afficher les 4 modes de conduite (ou le mode automatique), chacun de ces modes influant sur le niveau d’assistance avec un impact direct sur l’autonomie… une autonomie restante en kilomètres affichée à l’écran en même temps que le niveau de batterie en pourcentage (avec bâtons de niveau), un trip partiel et un totalisateur ou encore le nombre de tours ou rpm et naturellement la vitesse; sans oublier l’heure.

À noter que le compteur du speedbike permet de connecter une application d’entraînement physique sur son smartphone via Bluetooth. L’écran LCD du ebike se révèle un peu plus lisible sous fort soleil que l’écran TFT du S-pedelec.

On regrettera juste le fait qu’aucun des deux n’affiche le « rapport de vitesse » engagé.

En route

Un appui sur le commodo, le compteur s’active et le moteur est allumé. On relève la béquille latérale et il suffit d’un léger appui sur la pédale pour sentir l’assistance intervenir instantanément. La prise en main est instantanée, comme tout vélo, avec une direction toute légère. Et on pédale, sans le moindre bruit. Le Booster se caractérise vraiment par ce silence complet, ce qui n'est pas le cas de tous les vélos électriques, qui pour certains font entendre un léger sifflement.

En mode automatique, l’assistance varie en fonction de la poussée sur les pédales mais aussi de la pente, faisant passer les modes automatiquement de eco+ à eco ou standard. Il faut par contre passer en manuel pour gagner le mode High qui fournit alors le maximum d’assistance… et diminue d’autant l’autonomie. Le système s’adapte réellement à l’environnement sans y penser, permettent d’avaler les légères cotes sans forcer davantage que si l’on était sur le plat. Et avec la poignée droite, on change de vitesse, permettant d’aller plus vite, comme si on passait d’un grand plateau à un petit plateau arrière. Pas de clic au changement de vitesse, ni d'indication au compteur du plateau et de la vitesse, ce qui demande un peu de temps d’adaptation pour s’habituer au mode. Car démarrer sur le petit plateau, demande un vrai effort voire est impossible en côte au démarrage. Heureusement, le changement de vitesse peut s’effectuer à l’arrêt, ce que l’on fera systématiquement.

Les modes Eco sont vraiment très légers et compensent surtout les 35 kilos du Booster. En fait, on utilisera plutôt le mode standard en permanence, voire le mode High qui apporte un vrai plus, dynamique, surtout en cas de multiples dénivelés.

Les deux disques offrent un excellent feeling et de la puissance, capable même de bloquer l’arrière pour les adeptes du dérapage.

La suspension avant souple avec son débattement de 80 mm absorbe bien les irrégularités mais n’est pas secondée par une suspension arrière. Et les gros pneus ne suffisent pas à absorber les défauts de la chaussée. La selle est en effet typique d’une selle de vélo standard et après la trentaine de kilomètres effectués dessus, on est content d’en descendre. Mais il paraît que l’on s’y habitue quand on en fait régulièrement.

Qu’est ce qui différencie finalement les deux modèles au quotidien ? Et bien la vitesse maximale et l'assistance que cela apporte. Car le Easy est vraiment limité à 25 km/h et ne permet pas de dépasser cette vitesse même en pédalant de toute ses forces. Dès que l’on passe la barre des 25 km/h, on sent une résistance énorme, qui empêche vraiment d’aller plus vite, alors que c’est possible sur un vélo sans assistance.

Le Booster permet à contrario d’aller jusqu’à 45 km/h, théoriquement. Certes, on a réussi à un moment à presque atteindre cette vitesse, mais la vraie vitesse moyenne atteignable facilement en pédalant normalement est plutôt de 30-35 km/h, voire 40 km/h bien lancé. Et il faut vraiment des conditions exceptionnelles pour arriver à atteindre les 44,7 km/h indiqués sur notre modèle comme la vitesse maximale atteinte à un moment.

Mais grâce à cette puissance supplémentaire, on s’extrait plus rapidement du flux de la circulation en ville et on se sent moins bridé. Et la vitesse reste raisonnable à vélo en ville, surtout avec la qualité du freinage. Enfin, cela permet d’envisager des distances boulot-dodo plus grandes. Aux Pays-Bas, il est en effet relativement fréquent de faire 20 km le matin et autant le soir pour le commuting, à vélo, même normal. Alors avec assistance, cela étend la possibilité de le faire au plus grand nombre. Et même en dehors du boulot-dodo, cela permet simplement de faire des virées hors de la ville plus importantes, sans se soucier des cotes ou du kilométrage, tout en pédalant. Car avec respectivement 60-120 km et 50-110-km d’autonomie en fonction du mode (de Eco à High), cela laisse largement de quoi se faire de bonnes journées de roulage. Et si on n'a pas fait 120 km pour cet essai, la jauge de batterie a semblé fiable en diminuant à peine de moitié sur 30 km alors que l'on a surtout été en mode High.

Forcément, on a préféré le speedbike avec ses plus de 40 km/h possibles au VAE limité à ses 25 km/h, surtout vis à vis de la petite différence de prix. Par contre, le speedbike n'a plus le droit aux pistes vélos et demande plaque et assurance spécifique, ce qui est un autre frein à son utilisation au quotidien.

Freinage

Le freinage est à la hauteur des performances du speedbike (et a fortiori du VAE) avec un bon feeling à l'avant fourni par le disque Promax de 180 mm. Avec ce même disque à l'arrière, on peut relativement facilement bloquer l’arrière par contre, ce qui aurait mérité un peu moins de mordant.

Recharge

Les batteries Yamaha WVTA de 630 Wh et 17,5 Ah, se recharge avec un chargeur externe de 4 A en un peu plus de 4 heures pour une recharge complète, sachant qu’on ne laisse jamais descendre une batterie à 0%. Le tout se fait sur une prise standard, avec un chargeur externe, avec la batterie amovible.

Pratique

Le porte paquet est vraiment important et peut servir de support pour des valises latérales ainsi qu'un panier spécifique, d'autant plus qu'il intègre des trous pour fixer des sangles.

L’antivol spécifique avec ses points d’ancrage sur le côté est prévu pour 2024.

On regrette l'absence de fonction de géolocalisation, de trajet ou d'alarme.

L'essai en vidéo du Booster

Conclusion

Yamaha signe avec les Booster deux excellents modèles, garantis deux ans, au look incroyable, bien finis et avec de vraies performances et une assistance efficace et intelligente au quotidien pour avaler facilement les côtes et rouler loin et longtemps à son rythme. Et ceux qui veulent l’utiliser en tous chemins voire sur la plage pourront changer les pneus par des pneus à crampons (dans d’autres marques que Yamaha). Les deux prix respectifs, à 3.290 et 3.690 euros les placent sur le segment premium et pas à la portée de toutes les bourses. Car on trouve des VAE grandes roues moins chers et moins lourds (35 kilos pour le Booster), mais pas obligatoirement avec cette qualité globale, y compris au niveau des batteries. Et il y a aussi de nombreux speedbikes bien plus chers avec des batteries de plus grande capacité (plus de 1000 W) et dépassant largement les 5.000 euros, voire 7.500 euros pour le haut de gamme. Yamaha assure en tout cas avoir abaissé le prix au maximum possible, pour faciliter sa démocratisation, aidé par son réseau de 800 concessionnaires en Europe (100 en France l'auront en magasin) et surtout la possibilité de le commander en ligne pour le faire livrer chez soi en une dizaine de jours. Mais il y a toujours la possibilité de le faire livrer chez un concessionnaire, à partir du mois de juillet.

La fiche technique des Yamaha Booster et Booster Easy

Conditions d’essais

• Itinéraire: ville et petites routes
• Kilométrage : 30 km