Génération Yamaha BW's et MBK Booster
ou Zuma, ou MBK Booster
La star des scooters abordables des 90's produite à plus d'un million d'exemplaires
Lorsque l'on parle des séries iconiques de deux-roues motorisés, on s'attarde souvent sur les grosses cylindrées hautes performances qui ont su marquer durablement les esprits et perdurer au fil des ans. Mais avant de chevaucher de véritables bêtes de courses ou bijoux technologiques, tous les motards ont bien commencé quelque part, sur des engins nettement plus abordables, dans tous les sens du terme.
Il y a par exemple eu le Solex, la Motobécane Bleue dans les années 1960, puis la vague des Peugeot 103 (et du fameux 103 SP). Mais les "mobs" ont ensuite succombé à l'arrivée d'une nouvelle génération de scooters à la fin des 80's menée par MBK et Yamaha.
Genèse du Yamaha BW's
En 1985, le siège de Yamaha charge une équipe de jeunes ingénieurs d'imaginer et de créer une nouvelle génération de scooters. En pleine période des buggys et voyageant dans tout le Japon, ces derniers font le choix de concevoir un scooter plus fun qui permettrait d'aller rouler sur la plage. Le projet est retenu par la direction qui l'inscrit au planning et charge le bureau de style d'adapter le concept compact à grosses roues pour la série.
C'est finalement à l'occasion du Tokyo Motor Show 1988 que Yamaha dévoile le BW's 50 (BW pour Big Wheels, prononcez Bi-Wiz) qui se destine alors uniquement aux marchés nippons et nord-américains, où il est rebaptisé Zuma. Problème, les États-Unis voient la mode des trois-roues off-road chuter brutalement et le public japonais ne perçoit le scooter que comme un utilitaire.
Énorme succès en Europe
Mais en France, Jean-Claude Olivier, président de la marque dans l'Hexagone, a une fois de plus le nez creux et est convaincu que le BW's peut cartonner en Europe. Il parvient à convaincre le siège japonais qui décide de lancer le modèle en Europe. La production est quant à elle transférée dans l'usine MBK de Saint-Quentin. La production démarre en 1990 et le modèle sera exploité par les deux marques sous les noms Yamaha BW's et MBK Booster.
Les résultats ne se font pas attendre, le succès est immédiat auprès des jeunes avec 5.582 unités immatriculées la première année en France et 4.138 en Italie. Il faut dire aussi que le Booster se débride de façon ultra simple, avec deux manipulations à faire simplement au niveau du variateur et de l'échappement. En 1992, les ventes dépassent les 20.000 exemplaires en France, plus les 26.000 exemplaires en 1993. Cette année-là, la bascule s'opère et il se vend désormais plus de scooters que de mobs sur le segment des cyclomoteurs.
Un second modèle BW's R / Booster Road, doté d'une fourche à amortissement hydraulique, d'un frein avant à disque, de jantes aluminium à 6 branches chaussées de pneus routiers, d'un anneau d'antivol soudé au cadre et d'une transmission améliorée voit le jour.
Les ventes poursuivent leur progression pour atteindre un record de 126.645 BW's et Booster vendus à travers l'Europe en 1996, dont 44.005 en France. En Italie, on atteint même les 54.542 exemplaires vendus en 1998. L'année suivante, l'usine de Saint-Quentin célèbre la production de son millionième scooter, moins d'une décennie après le début de la production.
La technique du BW's / Booster
Le tout premier Booster/BW's est propulsé par un monocylindre deux-temps Minarelli de 49 cm3 permettant d'atteindre les 45 km/h maximum de la catégorie. Simple dans son design, le modèle va à l'essentiel dans sa conception avec une fourche télescopique et un amortisseur arrière hydraulique, deux freins à tambour de 110 mm à l'avant comme à l'arrière, ainsi que des jantes en tôle de 10 pouces.
Il se montre également très compact avec seulement 1.170 mm d'empattement, 70 kg à sec et une selle à 735 mm. Enfin, en plus de sa simplicité technique et de son gabarit accessible, le scooter nippon bénéficie également d'un tarif très abordable, les versions d'accès du modèle restant toujours sous la barre des 1.500 euros (pour l'époque).
Les changements de pièces sont également simples à faire et peu onéreux. Le Booster/BW's n'échappe ainsi pas aux modifications, au débridage puis à la mode du tuning.
Évolution, déclin et renaissance
Durant ce temps, la gamme se renouvelle régulièrement avec les Booster Spirit / BW's Original et Booster Track / BW's Bump pour répondre aux produits de la concurrence. À partir de 1999, Yamaha décide également de proposer de nouvelles versions du scooter avec des cylindrées plus grosses. On voit ainsi apparaitre un modèle à moteur 2-temps de 100 cm3 de 8ch en 1999 puis un 125 4-temps de 9 ch en 2010. Mais ce dernier rate sa cible en raison d'un prix trop élevé, alors à environ 3.000 euros.
Le modèle évolue jusqu'en 2016 avant de quitter la gamme du constructeur, la faute à un effondrement du marché du cyclomoteur due à l'évolution des normes antipollutions qui nécessitent de trop lourds investissements pour le faire évoluer. Fin 2020, le BW's renait à Taïwan sous la forme d'un scooter "Adventure" qui se retrouve commercialisé aux États-Unis un an plus tard sous le nom Zuma avec le monocylindre du XMax.
Passage à l'électrique
En France, Yamaha décide de redonner vie au nom Booster en 2023, mais en l'utilisant sur son deux-roeus à assistance électrique, comme pour amorcer une nouvelle génération de mobilité auprès des jeunes. Le nouveau Booster est décliné dans deux versions, avec une version pedelec limitée à 25 km/h et une autre limitée à 45 km/h (essai à voir en vidéo sur le site).
Commentaires
Euh ça, c’est tout sauf un booster…!
14-06-2023 11:19Sympathique dossier, faisant blanchir quelques cheveux!
14-06-2023 11:38Ce sont vraiment ces scooters, aidés ensuite par les Peugeot Buxy et Speefight, et les Piaggio Typhoon, qui ont tué à une vitesse fulgurante les mobs type SPX, RCX, etc…
Toute une époque…
Il a failli pas faire carrière ...
16-06-2023 16:43Quel dommage on aurait pas été emmerdés par toutes ces épaves trafiquées.
On a quand même eu droit aux épaves de 103 trafiqués, et même de Solex, pas besoin de scooter pour ça ! 😁
16-06-2023 18:27Quand je vois la version blanche et bleue, je comprends d'ou vient l'expression "baignoire en plastique".
17-06-2023 22:18@Olivier: heuu… ça n’aurait rien changé, au contraire même car franchement, pour avoir eu un scooter (pas un BW’s) à grosses roues, les qualités de tenue de route et freinage étaient tout de même sécurisantes.
19-06-2023 11:54Bien plus que une SPX avec tout l’arsenal Bidalot, pot Ninja «carte noire» (tiens, déjà des lignes censées n’être vendues qu’en compétition) et pédale de lanceur qui arrivait tout juste à me suivre (full stock, débridé, donc matériellement pas dépassé par les bidouillages) Ou des fusées à base de 103 RCX kittées mais dont le système de freinage était le parent pauvre des investissements.
Ce que je veux dire, c’est que les kits et bricolages parfois franchement ésotériques n’ont pas attendu l’avènement de ces scooters pour exister, bien au contraire
Ah, et ensuite, on a eu les 50 à boite, avec quelques délires encore et toujours italiens, du style les toute premières Aprilia RS50 qui prenaient plus de 110km/h compteur full stock débridé… imagine quand des apprentis sorciers commençaient à taper ces tasses (bon, cela dit, cela ne durait pas longtemps… avant le serrage )