Définition : routière
Qu'est-ce qui définit une vraie bonne routière ? Allonge, confort, protection ?
Généalogie du genre avant même l'apparition du carénage intégral...
Bien entendu, vous trouverez toujours un hurluberlu pour faire le tour du monde en MF 650, aller au pôle Sud en mobylette ou traverser l'Afrique avec un chopper à cadre rigide (ou du moins, aller à Dakar avec une 125 chinoise). Néanmoins, si l'on considère qu'un bon ouvrier se définit d'abord par le fait qu'il est en possession des bons outils pour remplir sa mission, du coup, dès lors qu'il s'agit d'aller tailler la route, comment définir ce qui fait une bonne moto ? Le confort ? La protection ? La tenue de route ? La puissance ? Un subtil mélange de tout cela ? Il y a un peu de tout ça, oui...
Allonge et fiabilité avant tout
Un propriétaire de BMW R 1200 RT d'aujourd'hui serait probablement horrifié devant l'agrément de transmission, le freinage et même aussi la puissance d'une Brough Superior des années 20. Et pourtant : à l'époque, la qualité de construction, la fiabilité et le souffle du bicylindre en V en faisaient de redoutables routières. En 1925, une SS 100 tapait le 160 km/h et par rapport aux petits monocylindres qui composaient l'essentiel du marché et on ne parle pas des automobiles d'époque aux performances anémiques, elle faisait carrément figure de Hayabusa du moment. Elle n'est pas la seule non plus : on peut penser qu'une Henderson américaine des années 1910, avec son quatre cylindres en ligne, jouait le même rôle. Et un peu après Brough Superior, dont la production a cessé en 1940, c'est Vincent qui a repris le flambeau avec les mêmes arguments : allonge et fiabilité. Sauf que dans tout cela, la Vincent amène en plus une innovation.
Le plastique c'est fantastique !
En cherchant un peu, on trouve dès les années 1910 des kits pour apporter un peu de protection au vent sur les motos, mais tout ceci reste vraiment artisanal. Et s’il est communément admis que c'est la BMW R 100 RS qui fut la première machine à offrir un carénage intégral de série en 1976 (mais on parle là d'une moto produite en relative grande quantité), il faut aussi se souvenir de la Vincent Black Prince de 1954, à la carrière courte (la marque Vincent a coulé en 1955), mais tout de même quasiment entièrement carénée (pare brise, pare jambes, protections latérales). De fait et si c'était elle la première grande routière patentée de l'histoire de la moto ?
Le concept ne prend pas vraiment...
Et quelle trace a laissé cette Black Prince dans l'Histoire ? En fait, pas grand-chose, car les autres constructeurs ne lui emboîtent pas le pas. Certes, les amateurs de routières peuvent coller un grand pare-brise optionnel sur une Harley-Davidson Duo Glide, qui fait son apparition en 1958, mais le concept apparaît moins abouti que chez Vincent. En 1970, Moto Guzzi fait un peu bande à part avec la V7 Special, qui donnera naissance à la lignée des California : de bien bonnes routières que ces machines !
Et les accessoiristes prennent le relais...
Il y a une profession qui a quasiment disparu dans l'écosystème de la moto : fabricant de carénage ! Des marques comme Bottelin-Dumoulin en France, ou Vetter aux USA ont connu leur âge d'or quand les motards souhaitant un peu de confort et de protection faisaient appel à ces fabricants de systèmes adaptables.
Puis, enfin, les constructeurs ont réagi : au tournant des années 80, en provenance du Japon, des gammes de routières commencent à faire leur apparition à l'instar de cette Honda CBX 1000 F2.
Vers la spécialisation
Les années 80 marquent ainsi le début de gammes routières, qui deviennent de plus en plus complètes au fil des ans. C'est ainsi que BMW, avec les flat-twin puis la série K, s'en est fait une spécialité, suivi par Honda qui décline le concept des Gold Wing (qui récupèrent enfin un carénage dès la déclinaison 1100 (en 1980, soit six ans après la GL 1000 "naked") en "moyenne" cylindrée, avec les CX 500 et CS 650 Silver Wing, un créneau dont on peut considérer qu'il a été repris ensuite par les maxi-scooters ! Honda, par ailleurs, est ainsi copié quand Yamaha sort la 1200 Venture tandis qu'à la fin des années 80, une catégorie de routières "à l'européenne" apparaît dans le sillage des BMW : Kawasaki GTR 1000 (1986), Honda ST 1100 Pan European (1989).
La revanche de l'Allemagne
Puis, les japonais ont progressivement lâché l'affaire : Suzuki n'est jamais venu sur ce créneau, Kawasaki n'a pas fait homologuer sa GTR 1400 à la norme Euro 4 et on ne peut pas dire que Honda ait vraiment soutenu la carrière de la Pan European, qui s'est contenté d'évolutions parcimonieuses. Seul Yamaha joue encore le jeu avec sa FJR 1300, qui s'est dotée de suspensions pilotées ou encore d'un embrayage semi-robotisé.
De fait, c'est BMW qui règne en maître sur le segment : de la F 800 GT à la gamme des K1600 en passant par l'incontournable R 1200 RT, la firme munichoise est sans réelle concurrence, tandis que le haut du panier est composé des routières "à l'américaine" : Harley Limited, Indian Roadmaster et une belle Honda Gold Wing qui fait un peu le grand écart.
Et la revanche des trails !
A moins que cette disparition dans les gammes ne s'explique par le fait que les trails sont de plus en plus polyvalents et pour certains, carrément routiers : confort, protection, performances, capacités d'emport et au duo, ils montrent que l'espèce a muté, en fait...
Commentaires
KPOK nous enseigne la Philo, David s'occupe de la Géographie et Philippe de l'Histoire.
19-09-2018 07:36c'est quand les partiels du repaire, histoire qu'on révise un peu en amont?
sérieux, j'admire votre ambition de ne pas lâcher l'affaire et continuer à stimuler ce qui tient lieu de cerveau à Motardus Simplex.
merci pour tous ces beaux dossiers, en tout cas!
Quelques années avant la spécial,il y eu la V7 qui était une 700cc et en 74, la 90S était la première machine de grande série équipée d'un tête de fourche et d'une montre au tableau de bord !!!
19-09-2018 09:48Chez les anglais Avon faisait toutes sortes de carénage et Craven des sacoches polyester (bien avant Shoei)
[www.google.fr]
Une routière c'est une moto qui se comporte mieux sur le ruban asphalté que dans le fossé...
19-09-2018 11:27Bref, ma meule ...
... quand je me la joue pas "optimiste"
"p'tit 600 KANAY"
une routière: elle tient la route, roule sur asphalte en priorité, elle peux être chargée, rouler a 2, peut être 3, son esthétique importe peu, sa puissance doit être suffisante pour assurer une bonne moyenne, et son autonomie lui permets de parcourir de bonnes distances.
19-09-2018 18:40ce qui représente plus de 80 % des motos qui roulent actuellement ( voir parc spectateurs bol d'or de cette année !)
Une routière c'est ça :
20-09-2018 07:44
Sympa le top-case :)
24-09-2018 18:12