Définition : chopper
Un look radical, un confort spartiate, mais l'incarnation de la liberté
Une mode née dans les années 60, en pleine période Woodstock
C'est assez étonnant, le pouvoir évocateur de ces motos auprès du grand public qui, pour la plupart, déclare les trouver "confortables !". Est-ce parce que, d'un point de vue ergonomique, elles donnent l'impression d'être conduites avec la même position que celle que l'on a dans son canapé : dos en arrière, bassin calé, jambes en avant.
Jusqu'ici, tout va bien, mais que faire des bras ? Les lever très haut, afin d'atteindre le guidon. C'est là que ça se gâte.
Car le chopper ("to chop" signifie "découper", découper une machine d'origine pour lui retirer des éléments et les remplacer par d'autres), joue sur l'extravagance. Ses ingrédients sont simples : une fourche longue et un angle de chasse démesuré, un guidon soit très court et très plat (drag bar, histoire de se casser le dos) soit très haut ("ape hanger"), mais en aucun cas d'origine, un sissy bar, des pneus de taille différente que celles montées sur le châssis d'origine. Pour être abouti, un vrai chopper vient avec un cadre arrière rigide, sans suspension !
L'esprit des sixties
Le chopper incarne l'esprit de liberté des années 60. Dans le 50s, les soldats revenus de la guerre modifient bien évidemment autos et motos aux USA, mais dans la perspective de faire des courses illégales, de les rendre plus performantes. Le chopper incarne autre chose : c'est un pied de nez à la société de consommation dont on devine, déjà, les subterfuges. L'Américain qui réussit accède à des autos puissantes, à des motos confortables, à un électroménager qui doit libérer sa femme de l'aliénation de la vie de couple. Mais est-ce que cela rend les gens plus heureux ? Le cinéma américain est riche de chefs d'œuvres sur ce thème et depuis Woodstock, on se pose encore la question.
Le chopper veut casser ça. Il est minimaliste, il est inconfortable, il n'est (surtout !) pas d'origine. Et pourtant, il incarne la liberté. Et le sexe, la drogue, le rock'n roll, aussi. Le chopper Captain America dans le monument Easy Rider incarne à la perfection ce phénomène.
C'est donc dans les années 60 que la mode prend. Seul constructeur encore actif à l'époque, Harley-Davidson fait office de donneur d'organe, les moteurs V2 sont alors placés dans des cadres que des artisans vendent à la pelle aux USA, pays merveilleux dans sa capacité à homologuer pour la route à peu près tout et n'importe quoi. L'idée étant de casser les conventions, les Américains utilisent la déferlante japonaise à bon escient en fabriquant des cadres pour des quatre cylindres en ligne.
Ah, la joie de rider, domptant les 80 chevaux d'une 900Z, sans suspension arrière, avec une roue de 21 pouces loin devant, sans freins !
Le mild chopper, de série !
Bien entendu, les constructeurs flairent le filon et se mettent à proposer des machines qui ressemblent à ces choppers, mais sans le côté extravagant : cela commence par des braves routières auxquelles on colle un guidon corne de vaches et des roues à rayons. A l'instar de cette pauvre Suzuki GS 850 qui n'avait rien demandé, l'exercice est timide et l'engin s'adresse de toute évidence aux introvertis. Néanmoins, quelques fabricants arrivent à bien singer le concept : toujours chez Suzuki, on pense à la 1400 Intruder, par exemple.
D'autres tentatives ont été moins réussies : mais tant que ça vend du rêve !
Et la télévision s'en mêle
Le chopper est caricatural et ça tombe bien, la caricature est spectaculaire. De fait, le monde du chopper envahit la petite lucarne avec moult émissions, la plus célèbre étant American Chopper, une officine menée de main de maître par la fantasque famille Teutul. Une famille engagée dans la surenchère en tous genres : chromes, angles de chasse, culculterie en tous genre et bien entendu, insultes, distribuées copieusement. Le concept tourne en rond, mais cela a occupé la scène pendant quelques saisons.
Et en même temps que la famille Teutul commençait à ne se parler que par avocats interposés, le concept est mort naturellement. En même temps, cela devenait grotesque puisque ne produisant absolument rien de créatif depuis longtemps. Des marques surfent sur le phénomène, comme Headbanger et bien d'autres qui propose un semblant de gamme hautement personnalisable tandis que des officines comme S&S Cycles tournent à plein régime pour fournir nombre de moteurs à monter dans tous ces cadres.
Aujourd'hui, les fans du chopper sont passés sur le bagger personnalisé : arrière surbaissé grâce à une suspension pneumatique, roue avant démesurée... C'est un concept...
La fin d'une époque, l'arrivée des bobbers
Pour les amateurs de motos de caractère, le chopper est mort et une autre tendance a émergé : celle du bobber. Le minimalisme reprend ses droits puisque les garde-boue sont réduits à leur plus simple expression et que tout ce qui n'est pas foncièrement utile est retiré de la moto. Harley-Davidson a ouvert la voie avec le Sportster 48, Triumph a suivi avec cette belle Bobber. Et comme à chaque fois, on trouve des gens qui ne suivent pas les sentiers battus : à côté des bobber d'origine, on trouve des créations artisanales comme les Zero Engineering, de toute beauté !
Commentaires
Article très sympa, qui m'a replongé dans mon adolescence.
06-09-2017 10:13Il y a eu aussi quelques films de bandes de bikers sauvages américains... The Wild Angels...
07-09-2017 17:48
07-09-2017 17:48
07-09-2017 17:49
Pas mieux: L'Iguane a tout résumé comme il faut.
07-09-2017 18:16Ca rejoint un peu le sujet sur les motos qui font peur,du genre tourner le guidon 500 mètres avant le virage
07-09-2017 20:59Le chopper, c'était un truc de baba cool et c'est devenu un truc de Biker pur et dur, mais "l'objet" n'est qu'une matérialisation de l'état d'esprit de son pilote.
08-09-2017 09:56Le biker, le baba cool, le chopper ce sont des éléments de l'anticonformisme refusant les codes de notre société.
En un mot les pilotes "chient" sur notre société d'ailleurs beaucoup de bikers ne répondent pas au salut motard.
Et une vision un peu positive de la vie, jamais? 08-09-2017 10:21
Vision quoi de la vie ? Heu... Sur quelle planète ?
08-09-2017 12:42On peut chier sur la société et vivre de façon positive.
08-09-2017 14:15Notre modèle de vie n'est pas forcément un modele idéal.
Surconsommer, s'endetter, bosser comme des cons, bouffer des infos pipées ou de la téléréalité, se faire entuber par des baratineurs en politique...
Les bikers privilégient une vie plus simple, avec des valeurs de confrérie plus solides, le respect des freres, rouler ensemble, accueillir et etre acueillis par une famille qu'on a choisi......une vraie fraternité. C'est pas loin des principes hippies.
Je ne suis pas biker, on peut débattre de cet état d'esprit pendant des heures, c'est souvent borderline, mais moi ça me parle;
Je l'ai vu fonctionner, ce n'est pas mon modele de vie idéal, mais je respecte!
Kiki c'est ??
08-09-2017 20:56
Hi,
08-09-2017 21:03je ne peux pas envisager ma vie sans respect des autres. C'est impossible pour moi.
Car sinon, qu'est ce qu'il y a après ? on se met sur la gueule ?
Trop facile de jouer le méchant qui chie sur la société.
En tout cas pas constructif..
On peut être rebelle, et élégant, ou soft comme vous voulez.
Tous les rebelles en chopper ne chient pas sur la société...
09-09-2017 00:01
Ca c'est un discours de mec civilisé et intégré, mais moi je te parle des vrais bikers pour qui, par exemple, le mot "respect" n'a pas la même signification que toi et moi. Il ne s'agit pas de respect des autres dans le sens large, il s'agit de notion de "territoire" de violence si on interfere dans son "espace vital", de "reconnaissance" de ceux qui partagent les mêmes idées et qui deviennent des "frères".
Le terme "chier sur la société" semble en choquer certains, mais c'était trés courant dans les années 80 avec les hippies, les punks et autres individus babas cool. Les vrais bikers sont dans la même mouvance.
"rebelle et élégant ou soft", ça me parait incompatible. Celui qui peut allier les trois n'est forcément pas sincère dans sa démarche rebelle....
....aprés, je n'ai jamais dit que c'était bien et que c'était constructif, et que c'est la voie à suivre, je décris juste ce que j'ai constaté dans le monde des vrais bikers. A chacun de juger....
09-09-2017 00:34
...et puis les choppers c'est fait aussi pour "choper"......
09-09-2017 16:46