Vous ne m'aviez pas manqué
Les colleurs au q, les bagnoles partout, les diesels, les trouducs au téléphone : tous ceux-là ne m'ont pas manqué
Les colleurs au q, les bagnoles partout, les diesels, les trouducs au téléphone : tous ceux-là ne m'ont pas manqué. Carrément pas du tout. Je vais drôlement regretter le confinement.
Dimanche soir, tard, j'ai sorti la bécane en loucedé pour faire un dernier tour dans la ville vide. J'aurais voulu avoir un moteur très silencieux et rouler sans casque pour profiter encore un peu du silence. Avant le retour de la guerre, des bagnoles partout, des camions qui blindent, des cyclistes et des caisseux qui téléphonent, des pénibles à pots Akraprout, des garés n'importe comment, des péteux à gros pare-chocs, des diesels VAG qui puent encore plus que les autres.
Je me dis que c'est la dernière fois que je peux prendre mon temps, compter jusqu'à cinq quand le feu passe au vert sans risquer de finir en fait divers -ou pire : dans une vidéo "road rage" sur le Tube dans le rôle de l'odieux connard agoni d'injures par la e-multitude. La dernière fois que je peux me caler à un petit 70 compter sur la cinq et sentir le mono qui fait poum-poum sans hâte. Que je n'ai pas besoin de garder tout le temps un œil dans le rétro pour parer au pénible pressé, au resquilleur minable à 87 km/h au GPS qui fulmine parce que je ne suis qu'à 85.
Je crève d'envie de sortir de la ville pour tâter à ces routes qui, avec un peu de malchance, ne seront plus jamais vides avant la prochaine grande catastrophe, la prochaine épidémie de zombies ou de gens qui font "atchoum". C'est un de mes vieux rêves : les routes pour moi tout seul, sans personne. Je suis le dernier humain sur Terre et ça me convient -oh, si parfaitement !
Je vais regretter de ne plus pouvoir passer à côté d'un pavillon et remarquer, rien qu'à l'odeur, qu'il y a des lilas, des rosiers ou un acacia derrière la grille. Dans trois jours, on aura les fosses nasales à nouveau tapissées d'hydrocarbures et de particules qui font du noir sale sur les vitres. Alors qu'hier à peine, pour me retrouver presque à la campagne je n'avais qu'à ouvrir en grand la fenêtre de ma chambre et fermer les yeux pour profiter de jour en jour des arbres et des fleurs du voisin qui montaient jusqu'au deuxième étage.
Je vais rejoindre le petit contingent de ceux qui pensent qu'on va drôlement y perdre à renoncer au silence, au calme, aux mômes qui font des dessins à la craie sur le trottoir et jouent au badminton au milieu de la rue -on leur aurait laissé quelques semaines de plus, ils relançaient les courses de caisses à savon.
Sur Radio-Gouvernement, ils me bassinent avec le "monde d'après qui ne sera plus comme avant". Mon œil. Ça va repartir comme avant, les mêmes gros lourds, les mêmes demeurés, les mêmes brutes qui ont besoin de faire peur aux autres pour avoir moins peur.
Funérailles ! Je vais foutrement regretter le confinement.
Commentaires
Funny... tu railles-là?
12-05-2020 08:01Oueps! tout comme toi, surtout seul sur les routes et plus jamais emmerdé par quoi(qui?)que ce soit!
Remarque, je ressemble tour à tour un peu à tous ceux que tu as pu décrire... mais justement, parce que je n'y suis pas seul!
Si je l'étais... je serais exemplaire!
Enfin, ce ne sera définitivement plus comme avant... quand bien même cela lui ressemblera tout de même fortement... Davantage d'emmerdes en plus!
C'est là la joie d'être en société! Là!♪ Là!♫ Là!♪ Là!La!♪♫ Là-Là-Là-Là-Là-Làààà!♫♪♫...
'tain, mais où-ce qu'elle est la sortie? Faut qu'j'y vais, là!
aujourd'hui tu fais sans doute partie d'une minorité, espérons qu'il ne faudra pas trop d'autres épidémies de zombies ou de gens qui font atchoum pour que cette minorité deviennent une majorité (et si ça peut être avant avril 2022 ça sera encore mieux).
12-05-2020 08:25Hey franchement, reste chez toi ou change de pays. Faut faire avec mon p'tit père. Comme si les gens avaient choisi tout ce bazar. La tranquillité a un prix et ça va casquer fort, très fort. Crois moi, beaucoup préférait les bouchons et les trouducs.
12-05-2020 11:24Mais alors... l'enfer c'est les autres ?
12-05-2020 11:26L'enfer, c'est les autres, surtout dans la Sarthe mon cher Jean-Paul.
12-05-2020 11:35"On ne peut tout avoir". Maxime qui devrait être affichée dans la salle d'accouchement en message de bienvenue...
12-05-2020 12:49Mais si on ne peut avoir tout, on apprécie comme jamais d'avoir un peu, et différemment, et pas en même temps forcément que les autres.
J'ai aimé les deux-trois premiers jours où sur la route menant au job le vtwin mettait en musique une scène de science-fiction: rues et routes désertes.
Très vite cependant la tristesse de ne pouvoir partager ce spectacle grandiose avec d'autres frères motorisés sur deux roues a terni le scenario et rappelé l’oppressante réalité.
Hier immense joie: le V plus prononcé que d'habitude, célébrant entre nous la liberté retrouvée.
Toute ? Ben non. Il y a les bagnoles, les portières qui s'ouvrent, etc...
La vie quoi :)
tiens, y'en a qui ont perdu leur second degré pendant le confinement.
Kpok, j'ai ressenti comme toi, mes trajets vélotaf pendant le confinement étaient tellement plus calme et zen.
ou presque. c'était calme, mais les pénibles étaient quand même de sortie (j'ai réussi à me faire klaxonner dans une rue déserte avec la place pour doubler, personne en face, parce que je n'étais pas sur la bande cyclable de merde sur le trottoir:) ).
je reprends cet am "dans la vraie vie", ça risque d'être moins plaisant
tom4 12-05-2020 12:54
@Fift: "L'enfer, c'est les autres, surtout dans la Sarthe..." J'ai donc bien fait d'en partir il y a un peu plus de vingt ans. Mais en réalité, je ne suis pas sûr qu'il y en ait moins ici. Non, pas sûr du tout.
12-05-2020 13:54Il ferait beau voir qu'il n'y ait qu'en Sarthe .
12-05-2020 14:41Il n'y a plus d'après,
12-05-2020 16:51A St-Germain-des-Prés...
C'est vrai que par certains côtés on pourra regretter le confinement. Mais des belles routes peu fréquentées, il y en a toujours un paquet, faut juste aller un peu plus loin (pour certains) pour les trouver ... et patienter car à moins de 100 kil, suivant où on habite, c'est pas forcément la panacée. Quant au changement de société : "les gens veulent que ça change, mais ne veulent pas changer".
12-05-2020 17:32Heu, dans "l'enfer c'est les autres" ce n'est pas une guerre de tous contre tous que dépeint Sartre, mais un drame intérieur à la conscience, qui se découvre exposée au regard d'autrui.
12-05-2020 18:50Je partage la chronique de Kronik !
je ressens toujours cet énorme décalage… ça se passe bien, courtoisie et respect mutuel… le plus gros danger comme d'hab ce sont les débris sur la route… plus jamais je ne déménagerai ;)
12-05-2020 19:08L enfer c pas l autre ..mais les autres quand ils sont trop nombreux au mêtre carré , et sans possibilité d échanges et corrélations !
12-05-2020 19:45Ici ça va ... donc venez pas c'est tout pourri la Lozère
12-05-2020 20:07Comme toi, KPOK, ce que je vais regretter, c est le doux parfum qui flotte, d herbe, de feuilles, des fleurs, meme en pleine ville.
13-05-2020 03:26Et puis ce calme apaisant, sans circulation. Enfin calme tout relatif, vu le barrouf que fait cette horde d insectes qui a envahi mon jardin. Pas moyen de s entendre penser tranquillement ! Ah ils vont faire moins les malins, les volants, d ici 2-3 jours en suffoquant, avec le retour de notre air vicié. Allez oust, du balai !
Ici on a sensiblement augmenté la circulation, 4 voitures sont passées au lieu de une pendant le confinement et 6 tracteurs, mais bon c'est la première coupe des foins….et oui j'habite un département qui recense 25hab/km2 donc outre un peu de liberté retrouvé pour les déplacements et plus cette satanée attestation à faire, chez moi pas de grand changement entre le avant, pendant et après confinement.
13-05-2020 09:53Le plus dur dans ces changements de période doit être certainement pour beaucoup d'urbains qui ont découvert pour la plus part le (vrai) calme, silence, nature, faune….et qui retrouvent le stress des bouchons, des klaxons et tout les inconvénients, mais les commerces rouvrent, la vie moderne reprend. Je n'ai jamais connu ces grandes populations, je vais certainement jamais les connaître, oui je suis un campagnard un peu lignard, je ne saurai jamais enfin de compte si je suis passé à côté de quelques choses de ne pas vivre en ville ou en proche banlieue, de prendre sa voiture pour se taper des heures de bouchons pour allez bosser, mais aussi de pas connaitre les joies de la ville avec tout à portée de mains…je crois simplement juste que l'on a du mal à supporté ce que l'on nous impose ce qui est normal non?
Allez courage à tous, de nombreuses familles ont et seront touchées par ce fichu virus (qui est loin d'être fini), que ce soit par la disparition d'un proche, la santé, la perte de son emploi.
J'ai ce sentiment que beaucoup de personnes vont regretter l'ambiance qui régnait pendant le confinement….pourquoi pas remplacer les 5 semaines de congés par 5 semaines de confinement? Allez on lance un référendum?
Bonne route à tous, prudence au guidon, et respect des gestes barrière.
Trafic quasi nul, tout de même des tués.... Ca me rappelle une pensée de kpok : les radars pourquoi pas, mais quand on roulera tous à 50 partout et qu'il y aura encore des morts, que feront-ils?
13-05-2020 14:33si il y a bien une chose qui ne me manque pas de la métropole, c'est la circulation et ses abrutis.
13-05-2020 18:46dans mon ouest guyanais abandonné par l'état ( ns n'avons aucun masque ni gel depuis le début du confinement) la circulation est gérée par….les usagers ! il y a bien quelques abrutis, mais cool, a mon arrivée, sur la RN1 je pestais contre ceux qui roule a plus de 100 au lieu de 80, aujourd'hui je suis habitué, gazzzzzzz !
Ça valait bien la peine de s'accoupler, de se reproduire, de faire des enfants.
13-05-2020 21:15Mais maintenant que c'est fait, quelle solution ?
L’eugénisme ?
D'autres corona V (à tous ) ?
Ah, les kékés sont ressortis...
19-05-2020 14:45[www.lerepairedesmotards.com]