Canada : Vancouver
Moto en Colombie britannique
La ville est immense, sympathique, et les animations régulières. Si vous en avez le temps, cela vaut la peine d’y passer trois jours pour la découvrir, en empruntant les différents moyens de transport disponibles : bus, taxi, seabus, vélo ou encore à pied.
Il existe des pass à la journée, mais un billet étant valable pendant 1h30 et incluant autant de changements que l’on veut, fonctionner à pied avec un ou deux billets par jour semble la meilleure option.
La meilleure vue de Vancouver se trouve à Grouse Mountain. Vous devrez pour cela prendre un seabus, ferry qui traverse la baie en 10 minutes avec un départ toutes les demi-heure pour 2,5 $. Cerise sur la gâteau, vous pourrez emprunter le bus avec le même ticket une fois arrivé de l’autre côté. Au pied du site, vous pourrez alors soit prendre le téléphérique pour 35$ ou pour les courageux décider d’effectuer la montée à pieds. Le téléphérique effectue la montée en 5 minutes.
Si vous avez par contre envie de marcher, il existe un sentier au cœur de la forêt de toute beauté. Vous pourrez alors humer l’odeur de la forêt et monter tranquillement jusqu’au sommet par un chemin balisé, comportant de nombreux escaliers mi pierres mi branches. Et si vous vous amusez à compter les marches, il y en a un plus de 2800, inégales, quelquefois glissantes, jamais de la même hauteur. Au ¼ de la montée, une pancarte vous prévient que jusqu’à présent c’était facile (alors que vous avez soufflé comme un bœuf et que le maillot est déjà dégoulinant) et qu’ensuite c’est escarpé et bien plus dangereux. En fait, c’est faux mais cela doit décourager ceux qui ont déjà l’impression d’être morts et qui du coup seront démoralisés à l’idée de n’avoir fait q’un ¼ plus facile. Bref, il faut continuer, en prenant son temps et en buvant régulièrement. On a beau être à l’ombre, même si le soleil perce sensiblement par endroits, on transpire beaucoup, vraiment beaucoup. Ce qui rassure alors, c’est que tout le monde souffle autant (sauf les joggeurs !) et s’arrête aussi souvent ou presque le long du sentier. A mi-chemin, puis qu ¾, un panneau indique alors votre situation. Et puis au bout d’une heure et demie, vous voyez le ciel bleu et dégagé ! Vous êtes enfin arrivés ! La vue est superbe de tout en haut, et l’effort vous le fait apprécier encore plus. Il est alors temps d’apprécier les activités gratuites : le gîte bien sûr avec son restaurant, les magasins mais aussi un film ou plus prosaïquement l’écran indiquant les meilleurs temps des grimpeurs : 33 minutes aujourd’hui pour le plus rapide, 1h01 pour un papy de plus de 70 ans… et vous avez mis 1h30…. La honte !
Dehors, plusieurs animations sont proposés et permettent de se détendre : « birds in motion » spectacle de rapaces, climber, ou jeux des bûcherons du début du siècle, ainsi que les deux grizzli en enclos. Au-delà du spectacle, ces animations sont surtout intéressantes pour les commentaires nombreux et précis… en anglais et sans traduction.
Et vous pouvez également faire quelques balades de plusieurs kilomètres tout en haut si la montée ne vous a pas achevé. Bref, autant arriver en fin de matinée pour pouvoir y passer l’après-midi entier, et profiter ainsi des différences d’éclairage et du spectacle de Vancouver de tout en haut à 823 mètres !
Quand vous voudrez redescendre vous aurez le choix entre le chemin (gratuit) et le téléphérique, dont le prix passe de 35 à 5$. Il est souvent tard, vous avez marché, et le conseil est alors de le prendre, d’autant plus que la vue de la descente est superbe par ce biais.
La baie est alors magnifique sous le soleil couchant et le ferry une balade de fin de journée idéale.
Il ne vous restera plus alors qu’à profiter de la vie nocturne des quartiers, des boites ouvertes (avec fouille à l’entrée), des bars « lounge » ou de l’auberge de jeunesse où vous vous écroulerez, encore sous le choc de la marche et du décalage horaire combinés. C’est calme, tranquille, et vous avez le choix entre faire la fête ou trouver le sommeil qui vient à ce moment là très rapidement.
J2
La fraîcheur matinale contraste avec le magnifique ciel bleu. Jour de semaine, les rues sont presque calmes avec peu de circulation. Du coup, marcher prend tout son sens. On peut alors noter les câbles électriques des bus à crémaillère surplombant toutes les rues, noter la diversité de la population, regarder les vitrines, acheter des fruits à la taille impressionnante ou encore de la mélatonine en supermarché pour aider à resynchroniser son horloge biologique. En magasins, on retrouve les grandes marques françaises, aussi bien cosmétiques qu’alimentaires : chocolat Lindt, Biotherm, Clarins… les packagings affichent en plus à la fois l’anglais et le français. Voilà un des rares points qui atténue le dépaysement total. Côté fruits, c’est l’occasion de faire une ventrée de framboises, myrtilles vendues à la livre pour un prix presque 10 fois inférieur à la France. Ce n’est pas une chiche barquette avalée en deux secondes, mais des fruits des bois au poids ou encore des pêches dont la taille est 3 fois supérieure à nos variétés pour un dollar la livre. Et s’il n’y avait que la taille… mais mûres, goûteuses, même les pêches blanches deviennent un délice !
Quelques blocs plus loin, on tombe sur la plage… face à la baie où se côtoient super-tankers, speed boats sur un fond de forêts de cèdres et de montagnes enneigées au loin. Et régulièrement, un vrombissement venu du ciel, vous laisse voir un hydravion passer au-dessus de la tête.
C’est l’occasion de faire le tour de cette presqu’ile, à pied ou en vélo. Il y a une voie pour chaque moyen de transport et un sens de circulation également ! On se croirait presque en Californie devant le nombre de joggers, de cyclistes, femmes et hommes de toutes races et de tous âges, à la ligne souvent svelte !
Neuf kilomètres… à pied, c’est calme, presque silencieux… de fait, c’est l’odeur de la mer et des algues qui envahit l’air. Seul le cri d’une mouette perce le ciel de temps en temps, vous réveillant de vos pensées. La déconnexion est totale.
La presqu’île abrite également l’aquarium de Vancouver. L’entrée en est sympathique ; le prix aussi à presque 25$ par personne. Le guide à l’entrée annonce le show des dauphins et la possibilité de voir les Beluga (non ce n’est pas du caviar) avec un petit nouveau-né. On se laisse donc tenter. Les spectateurs sont amassés le long des balustrades et il est bien difficile de se glisser pour voir, encore plus pour être au bon endroit pour une photo. Mais les dauphins sont joueurs, sauteurs, et le show de 30 mn passe bien trop vite.
La queue est tout aussi longue pour les Belugas. La mère apprend à son petit à nager… les commentaires des guides complètent les explications habituelles au mur. Une fois, ces deux attractions passées, il reste les loutres, mais aussi les aquariums pour les poissons, crustacés des mers du sud ou de la région. Si vous avez deux heures à tuer, l’aquarium est un bon dérivatif ; c’est loin d’être parmi les plus beaux aquariums, mais il est raisonnablement agréable à visiter. Si vous n’en avez jamais fait, vous serez ravis. Si vous êtes déjà passés par celui de Lisbonne ou Chicago, vous serez déçus.
La soirée arrive vite. Mais à deux blocs de l’aquarium, vous trouverez plusieurs rues de restaurants de toutes nationalités et parmi les moins chers de la ville. Vous y trouverez bien sûr de nombreux japonais (Vancouver grouille de restaurants japonais) mais également des italiens, grecs, coréens ou même mongoliens ! C’est ce dernier que le Repaire vous conseille, autant par le fait qu’il s’agisse d’un « all you can eat » (vous vous resservez à volonté) que de la dextérité du cuisinier qui cuit votre repas sous vos yeux et d’un coup de baguettes et en une seconde met le tout dans le bol : un spectacle en soi. Et à 10,95$, c’est pas cher et c’est bon.
Il ne vous reste plus alors qu’à passer dans les rues plus résidentielles. C’est incroyablement calme, même si les voitures y passent régulièrement. Les boites automatiques et les accélérations calmes y font pour beaucoup, faisant presque oublier le passage des voitures. Au pire, à la traversée d’un passage à piétons, entendrez-vous le cri d’un oiseau mécanique signalant que vous pouvez passer.
Les néons s’allument alors et la vie nocturne commence. La musique s’échappe des bars. Une affiche vous propose un Mojito pour 3$ dans une ambiance lounge. Un piano semble vous inviter ou l’hôtesse à l’entrée ? Pourtant le décalage n’est pas encore absorbé et demain, le départ est à huit heures pour la forêt et les ponts suspendus. Cruel dilemme… C’est Morphée qui prendra finalement la décision.
J3
Les jours de soleil et de ciel bleu se succèdent sans se ressembler. De fait, il n’a plu que 4 jours au cours des deux derniers mois et c’était la semaine précédente. Après deux jours de Vancouver en solitaire, il est temps de profiter de l’expérience d’un guide. L’auberge de jeunesse propose en effet des « tours » régulièrement. Celui-ci est réalisé par Erik, un danois installé depuis 13 ans au Canada, retraité et bénévole pour faire découvrir la ville et ses environs. Le prix de ce tour d’une journée comprend donc principalement l’utilisation des transports en commun.
Au départ de l’auberge, le tour passe devant le plus ancien immeuble de la ville, puis par la cour de justice. Ici, l’intérêt réside par le passage au sein des immeubles, des détours sans oublier toutes les anecdotes et l’histoire qui va avec. Çà n’a rien de didactique mais au contraire plus proche d’un « Vancouver pour les nuls ».
De bus électrique en métro, la visite continue par le Chinatown. Car même si le Canada a essayé d’enrayer l’immigration, ce fut sans succès, malgré des droits d’entrée par tête destiné uniquement au chinois allant à une époque jusqu’à l’équivalent de deux années de salaire ! La communauté chinoise représente aujourd’hui 1/3 de la population de Vancouver.
En marge de ce quartier historique et du plus étroit immeuble au monde (deux mètres de largeur) se retrouve également la zone de drogue. Le contraste est ici saisissant entre les parties résidentielles et la véritable sécurité ressentie dans Vancouver de façon générale et les junkies en mal de dose gisant sur le sol. C’est le seul lieu un peu risqué de la ville, sans être vraiment dangereux.
Mais il est temps de sortir de la ville en bus pour rejoindre … On retrouve à quelques kilomètres seulement de la ville l’image même du Canada : la forêt, la rivière aux galets, une eau claire, des hauts arbres et le soleil à travers les branches. Et pour passer d’une rive à l’autre, le pont suspendu… gratuit ici, par rapport à celui à 30$ (pour ne pas le citer). Çà bouge, il y a du monde, mais à 30 mètres de hauteur, la vue est magnifique. Et au centre, çà bouge vraiment !
En deux heures, et une halte au bord de l’eau, le tour est fait et il est déjà temps de retrouver le cœur de Vancouver et notamment sa bibliothèque municipale.
Construite avec un budget faramineux de 100 millions de dollars en 2001, elle ressemble extérieurement au Coliseum. A l’intérieur, c’est surtout une énorme réserve de livres, CDs, DVDs proche du centre Pompidou, avec une quantité importante de points d’accès internet et de tables pourvues d’électricité pour les ordinateurs portables. Si vous voulez un accès internet gratuit, venez ici. Il suffit de demander son code à l’entrée, même en tant qu’étranger pour avoir le droit à une heure, voire deux heures d’internet.
Une journée s’est encore écoulée. Loin d’avoir l’impression d’avoir vu Vancouver, le guide a surtout montré tout ce qui n’avait pas été vu ni parcouru en deux jours auparavant, laissant imaginer tout ce qu’il reste à découvrir : marché, parcs, magasins, églises…
Vancouver a reçu pour la 5e année consécutive, le prix de la ville la plus agréable à vivre du monde. Sous le soleil et le ciel bleu, et à travers les parcs et les différentes vues possibles, en passant de la forêt à la montagne à la ville dans la même journée, le visiteur éprouve le même sentiment. Il ferait bon vivre ici. Et c’est donc avec une certaine nostalgie que s’annonce la soirée, veille d’un départ pour un tour de moto qui doit nous emmener à travers la Colombie Britannique pendant plus de deux semaines...
Commentaires