Canada : Smithers, Hazelton
Moto en Colombie britannique
Le soleil baigne le lac face à la maison. Au loin, un hydravion atterrit. L’un des propriétaires rejoint sa maison. Au pied du B&B, barque et pédalo sont à disposition. L’hôte monte un moteur électrique sur le bateau. Le tour du lac s’engage en silence. L’eau saumâtre fait remonter des algues vertes vers la surface. Des canards effleurent l’eau pour décoller à notre approche.
La route repart, repassant par la ville, la pollution, les fumées et les odeurs de chimie. Les lignes se font droites tandis que les montagnes disparaissent. A droite et à gauche, les lacs se suivent sans se ressembler. Tantôt simples étangs, tantôt immenses étendues d’eau, ils offrent reflets, nénuphars teintés de bleu, jaune et vert comme autant de tâches aux couleurs mélangées.
Les poteaux autrefois invisibles bordent désormais les terre-pleins. Les villages et l’industrie de bois se font plus présents. Les trucks en tout genre passent toujours plus vite.
En fin de journée, les montagnes réapparaissent. Le soleil se couche peu à peu sur la voie ferrée.
J16 – Prince Rupert
Ciel gris. La montagne est cachée sous un rideau de nuages. Une légère pluie n’incite guère à entamer la journée qui doit nous mener à la ville de la pluie : Prince Rupert. Et la météo a annoncé la pluie pour les 3 jours à venir.
3 kilomètres nous séparent des « twin falls », non signalées sur les guides. La curiosité et la petite distance ne font pas hésiter un instant. La route bitumée s’arrête au bout d’un seul kilomètre pour continuer sur un chemin parsemé de pierres. Çà crisse légèrement mais çà passe, jusqu’à un parking en dévers. Les cascades sont annoncées à un quart d’heure et le glacier à deux heures de marche, trop vu les 360 kilomètres de route et les arrêts à prévoir.
Les deux cascades sont bien visibles, perchées en hauteur au pied du glacier, séparées par 300 mètres de falaise. Le sentier à découvert longe un ruisseau tandis que l’on entend déjà le bruit de la chute remplir la vallée. Un petit chemin escarpé mène au pied de la cascade, où une douche bruineuse accueille le visiteur. Le temps de revenir sur nos pas, le vrai départ arrive. Le soleil perce un peu. La route se découvre laissant entrevoir un peu de bleu encourageant.
Ranchs et champs bordent une route qui oublie au loin les montagnes. La rivière se découvre à nouveau sur la droite, dévoilant le canyon et la pêcherie de Moricetown. Ici, le saumon se pêche au filet ! Les indiens plongent leur longue perche sur le bord du terrain où l’on voit les saumons pulluler. Les petits sont relâchés, quelquefois bagués. Les plus gros seuls sont tués, demandant au pêcheur de relever les bras pour que ce dernier ne touche pas le sol. 80 cm, voire 1 mètre pour certains ? Derrière, les perches continuent inlassablement à plonger dans la rivière, pour ramener 10, 20 saumons sautant dans le filet. Trop petits à 50-60 cm, ils sont encore et encore relâchés. Les muscles saillent ; les avant-bras sont pratiquement aussi gros que les biceps. Un ballet s’installe entre les rochers de bord de rivière et l’arrière où la glace attend les saumons.
On entre ici sur le territoire de Skeena, des indiens Ksan et des premiers pionniers. Les totems sont partis prenante du paysage. Le village indien permet de découvrir l’histoire d’un peuple, plus sédentaire qu’itinérant, avec de longues maisons en bois. Sept d’entre elles ont été conservées et sont propice à un voyage audio dans le temps, illustré par des photos et des objets d’époque.
Les peintures, les couleurs, les habits des indiens de la côte ouest diffèrent de ceux des Etats-Unis. On retrouve les couleurs, les formes, les peintures qui ornent régulièrement magasins, tableaux en B&B et panneaux d’information.
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Un panneau d’avertissement alerte le motard d’un pont de fer à traverser. Le bitume s’arrête alors pour un pont suspendu au-dessus de la rivière. Constitué d’une maille de métal, la vue plonge alors à travers le pont à plusieurs centaines de mètres du canyon.
La rivière s’élargit plus loin à Hazelton, ville charnière de la région, jusqu’au remontait les bateaux à vapeur au début du siècle dernier. Les maisons restaurées replongent dans un passé pas si lointain. Et l’on imagine une petite communauté, dont la vie était rythmée par les arrivées et départs.
Les montagnes se font bientôt plus proches. La ligne de chemin de fer longe, croise puis recroise la route, tantôt sur la terre, tantôt sur les ponts, s’intercalant parfois avec la rivière ou longeant la montagne. Le jeu s’annonce entre la locomotive et la moto et les saluts réguliers s’échangent entre les deux mondes à chaque passage.
Le soleil encore dans le ciel, le froid s’empare peu à peu de la moto qui passe le 54° parallèle. L’Alaska n’est plus qu’à quelques kilomètres au nord. Le paysage fait désormais penser aux Fjords de Norvège, à la même latitude. La météo avait annoncé la pluie ; il fait un temps magnifique, rendant la vue spectaculaire. La route continue à tourner, longer, virevolter le long de la montagne pour descendre enfin sur Prince Ruppert. Le ciel est presque dégagé, arborant un magnifique coucher de soleil sur la baie. Les reflets font rougeoyer les restaurants « vaches » (Cow Bay). Une belle soirée en perspective.
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