Histoire de l'Argentine
Peuples indigènes et colonisation espagnole
Des décennies d'instabilité
Avant l’arrivée des Européens, qui ont colonisé l’Argentine et dont descendent aujourd’hui la majorité des habitants du pays, celui-ci était divisé entre deux sortes de peuples : les chasseurs-cueilleurs nomades et les agriculteurs sédentaires. Ces deux groupes habitaient respectivement la Pampa, la Patagonie et le Chaco et le Cuyo, les Sierras de Córdoba et la Mésopotamie.
De nombreuses cultures se sont succédées au fil des siècles, des Ansilta (autour de 2000 av. JC), aux Andines. Les siècles passant, l’agriculture et la métallurgie deviennent de plus en plus avancées. On distingue des différences de mode de vie, avec des civilisations pratiquant le sacrifice humain, certains vivant en tribus d’une trentaine de personne ou en société seigneuriale.
Ce n’est qu’au début du 16ème siècle que les Espagnols débarquent sur la côte argentine. Si la colonisation espagnole est violente et sanglante au Pérou et au Chili, ces derniers font preuve de plus de retenue dans ce qui va devenir l’Argentine. Buenos Aires est fondée en 1536, puis une nouvelle fois en 1580 après l’abandon forcée de la ville à la suite de raids indigènes. La colonisation s’étend sur la cote, avec la création de villes comme Santiago del Estero, Santa Fe, Córdoba, Salta et San Salvador de Jujuy. Si certaines régions comme la Cuyo, où Mendoza est fondée, sont facilement conquises et où le métissage hispano-indigène devient commun, d’autres comme les vallées calchaquíes mènent la vie dure aux colons. Des guerres vont éclater tout le long du 17ème siècle, menant au massacre des tribus indigènes.
L’évangélisation est aussi de mise. Les Jésuites sont appelés en renfort, sous les ordres du roi Philippe III d’Espagne, après la résistance féroce des Indigènes. Effrayés à l’idée d’être réduits en esclavage par les Portugais, ils acceptent finalement de collaborer avec l’Espagne. Les régions de Patagonie et de la Pampa, elles, restent ingouvernables jusqu’au 19ème siècle.
Parallèlement aux conflits avec les Indigènes, les Portugais posent eux aussi problème à la couronne d’Espagne. Le pays a créé la ville de Colonia del Sacramento, près de Buenos Aires. Au 18ème siècle, le roi Charles III s’empare du problème et chasse définitivement les Portugais et détruit la ville en 1777. Il fait aussi construire la vice-royauté du Río de la Plata, où s’installe l’administration espagnole, ainsi qu’un consulat, la douane et la cour de justice. La population passe de près de 10 000 habitants en 1744 à 100 000 en 1810.
C’est à cette époque que l’Empire britannique jette son dévolu sur la colonie espagnole. Après une prise de Buenos Aires réussie, les Espagnols reprennent la ville grâce aux volontaires désireux de se débarrasser d’une possible domination anglaise. Si les Britanniques tentent de s’emparer une nouvelle fois de Buenos Aires, les habitants les chassent à l’aide d’eau et d’huile brûlante, les humiliant au passage. Ces tentatives d’invasions vont donner naissance aux aspirations d’indépendance de la nation.
L'indépendance de l'Argentine
La révolution de mai en 1810 sonne les débuts de la lutte pour l’indépendance. C’est ainsi que naît le Paraguay un an plus tard, voulant à la fois s’affranchir de l’Espagne comme de l’hégémonie de Buenos Aires. Après de nombreuses campagnes réussies, l’indépendance est déclarée le 9 juillet 1816 à Tucumán. Mais la suite est incertaine, les représentants des régions ne s’accordant pas sur le type de régime à adopter. Des luttes intestines vont perdurer tout le long du siècle, les dirigeants étant partagés entre une politique localiste et une autre fédéraliste. C’est la première qui l’emporte, avec la création des Etats indépendants de l’Uruguay et de Bolivie.
Buenos Aires est dirigée par Juan Manuel de Rosas, perçu comme un tyran par une partie de la population. S’il refuse de développer l’éducation, la presse et la liberté d’expression, il est tout de même à l’origine de l’acceptation française et britannique de la souveraineté argentine. En 1853, après le renversement de Rosas, la première Constitution est rédigée.
Le 19ème siècle est marqué par les guerres, l’Argentine battant le Paraguay pour récupérer les terres de Misiones et de Formosa. Mais le conflit principal est celui contre les Indiens de Patagonie, qui sont finalement massacrés par le pouvoir argentin qui s’empare des terres restées indépendantes depuis l’arrivée des Espagnols.
De la fin du 19ème au début du 20ème siècle, le pays connait un essor économique fulgurant. Une immigration massive depuis l’Europe arrive dans les pampas. En 1916, le suffrage universel masculin à bulletin secret est adopté. L’Union civique radical obtient le pouvoir et s’attelle à industrialiser le pays. Il reste neutre durant la Première Guerre Mondiale.
Coups d'Etats et instabliité
Le 6 septembre 1930 le général José Félix Uriburu renverse le gouvernement et instaure une dictature qui va durer et déstabiliser le pays jusqu’en 1983. L’autoritarisme et le fascisme s’impose pendant la première décennie, jusqu’au putsch du colonel Juan Domingo Perón en 1943. Celui-ci mène une politique socialiste, mettant au coeur de son programme l’aide aux ouvrier, le syndicalisme, la nationalisation des voies de communication… Il est très populaire auprès du peuple.
Un coup d’état de la part du général Eduardo Lonardi le démet de ses fonctions et le force à l’exil. Un cycle de coups d’Etat, de putsch, de violence et d’instabilité s’installe sous le pouvoir de la « Révolution libératrice ». Le parti peroniste est interdit. Si la présidence d’Arturo Illia, élu en 1963, met à mal les actions prises par le parti de la Révolution libératrice et améliore nettement l’économie du pays, elle est avortée par un nouveau coup d’Etat.
Le général Ongania, à l’origine du coup d’Etat, installe une dictature militaire. Il dissout le parlement et les partis politiques, dont il vend les biens. La Révolution argentine est proclamée. La répression mène la population à se révolter et la première grande révolte a lieu en 1969. Le pays est paralysé par une grève générale et les étudiants, syndicalistes et autres militants affrontent violemment la police. Des factions armées sont créées. Après des années de combat, le parti tombe en disgrâce, forcé à réautoriser les partis politiques et à organiser des élections en 1973 . Parallèlement, des centaines de résistants sont tués, emprisonnés ou portés disparus.
Si les élections ramènent le péronisme au pouvoir, la violence ne baisse pas. A peine trois ans après les élections, un nouveau coup d’Etat éclate, dirigé par le général Videla. C’est le début de la Guerre Sale. Jusqu’à 1983, les disparitions forcées, la torture, les emprisonnements arbitraires et les meurtres deviennent monnaie courante. Plus de 30.000 vont être victimes de ce gouvernement. Dans un effort de calmer la population de plus en plus réfractaire, la guerre est déclarée contre le Royaume-Uni pour le contrôle des iles Malouines. Cette guerre est perdue en trois mois et le gouvernement tombe.
Le retour à la démocratie est houleux. Si le gouvernement tente tout d’abord de punir les crimes perpétrés par l’armée, celle-ci est amnistiée en 1986, alors que les forces armées révolutionnaires sont punies. Si les relations extérieures s’améliorent, la situation économique s’empire, menant à des élections anticipées. Carlos Menem est élu et privatise massivement les entreprises nationales, faisant ainsi retomber l’inflation à 0%. Mais le chômage stagne et à la fin de son second mandat en 1999, sa popularité est au plus bas. Le président suivant, Fernando de la Rúa, ne fait pas mieux. Les grèves et les émeutes s’enchainent. En 2001, l’état d’urgence est prononcé, les émeutes font plusieurs morts et le président fuit le pays.
Entre 2003 et 2010, Néstor Kirchner accède au pouvoir et s’attelle à remonter la situation économique et sociale de l’Argentine. Il se rapproche de ses voisins sud-américains, s’éloigne des Etats-Unis, fait baisser la dette extérieure du pays et annule l’amnistie accordée aux criminels de guerre. Si la situation de l’Argentine est toujours instable à l’heure actuelle, elle s’est nettement améliorée ces dernières années. Tout récemment, l’égalité femme-homme a fait un pas, avec la légalisation de l’avortement libre.
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