Moto Tour 2016, un bon cru
C’est donc à Nice que vient de prendre fin ce week-end l’édition 2016 du Moto Tour. Un Moto Tour nouvelle génération à placer sous le signe de la beauté. Beauté des paysages traversés, beauté des spéciales et des bases chronos, enfin, ce qui a largement pesé dans la balance, du beau temps tout au long de l’épreuve de ce rallye hors-normes.
Bon il est vrai que le brouillard et surtout le froid de l’étape marathon, de nuit, du dimanche soir au lundi matin entre Toulon et Boulazac, mais aussi de l’étape Puy-en-Velay/Issoire avec un départ tôt le matin par les cols auvergnats n’ont pas été faciles à endurer mais c’est aussi ce qui contribue à donner du piquant, dans tous les sens du termes, aux rallyes routiers.
On ne peut pas dire que cette édition 2016 ait été particulièrement difficile par rapport à d’autres éditions pluvieuses comme par exemple celle de 2014 entre Saverne et Toulon, il n’empêche et c’était sans aucun doute La difficulté cette année, qu’il a fallu gérer la fatigue, les nuits courtes, parfois très très courtes et une navigation pas dénuée de petits pièges comme sait les mettre en place à merveille l’homme des road-books, David Bournisien.
Tout a donc commencé samedi 1er octobre, en bord de mer, à Toulon sur la Plage du Mourillon par les formalités administratives et les vérifications techniques. Des contrôles un petit peu longuets il faut bien le reconnaître en dépit d’un plateau légèrement moins conséquent que les éditions précédentes, seulement une centaine de concurrents. Mais une attente heureusement compensée par la gentillesse des nombreux bénévoles travaillant sur cette épreuve et sans qui ce Moto Tour ne pourrait plus exister.
Enfin très vite, dès le lendemain, ces tracas administratifs se sont fait oublier au profit d’une étape de course avec au programme la Spéciale du Faron à faire deux fois sous le soleil et celle de Mazaugues, au-dessus du Castellet, à l’entrée de la Forêt Domaniale de la Sainte Baume. Curieux d’ailleurs de faire cette Spéciale du Faron, en partant cette année un petit peu plus haut, mais qui, pour les habitués, a toujours constitué le dessert du Moto Tour et non pas l’entrée. Bref une mise en bouche des plus sympathiques et qui aurait pu le rester s’il n’avait pas fallu se préparer le soir même pour la Grosse étape de nuit, l’étape marathon, près de 900km entre Toulon et Boulazac avec un premier départ donné à 20H00 pour une arrivée le lendemain autour de 18H.
Une étape donc de près de 22H, de nuit, dans le froid et…le brouillard. Une étape difficile surtout pour ceux qui n’avaient pas prévu, ou pas les moyens, de s’arrêter en route pour dormir quelques heures dans un véhicule assistance. Gérez votre sommeil et vos temps de récupérations nous ont-ils dit au briefing avant de partir… Facile à dire encore fallait-il en avoir la possibilité. C’est donc avec seulement une heure de sommeil volée dans l’après-midi, avant le départ, que pour ma part j’ai pris la route pour rouler toute la nuit avec le secret espoir de pouvoir m’arrêter dans un village et me reposer sur un banc durant une heure ou deux.
Espoir vain compte tenu des températures rencontrées cette nuit-là dans les cols cévenols ou aveyronnais, environ 3 degrés. Mais alors quelle ambiance ! Je n’avais encore jamais rencontré autant d’animaux de nuit en une seule étape, des marcassins s’enfuyant devant les roues de la moto, puis les grands, des sangliers donc, mais aussi des renards, biches et autres animaux, bref un panel à faire pâlir d’envie tout chasseur digne de ce nom.
Un roulage difficile et fatiguant, parfois dans un brouillard à couper au couteau, mais également des moments de solidarité appréciable.
Je garderai par exemple en mémoire cette invitation au milieu de nulle part. Alors que je venais de m’arrêter dans une station service vers 2 ou 3 heures du matin pour faire le plein de ma MT10 dévoreuse de carburant, l’assistance toute proche de deux concurrents, qui eux s’apprêtaient à dormir deux ou trois heures, m’invita à partager un plat de pâtes bien appréciable à ce moment là.
Autre geste largement apprécié durant cette étape, celui de ces deux jeunes qui, au petit matin, après avoir ravitaillé leur pilote et avant de replier leur matériel, avait mis ce petit panneau sur le bord de la route : « Café chaud offert à tous les concurrents du Moto Tour ». Je puis vous assurer que rarement un café dans ces conditions n’a été autant apprécié. Encore merci à eux ! Ce sont ses petits gestes qui permettent de tenir jusqu’au bout.
Heureusement la nuit suivante, bien qu’assez courte à Boulazac, fut en grande partie réparatrice pour une étape « plus reposante », seulement 350km, de bases chronos dans le Périgord. Puis rebelote, cette fois-ci direction Le Puy en Velay pour 500km dont 23 spéciales, Le Buis près de Boulazac, plutôt rapide et Lavoute deux fois au-dessus du Puy en Velay.
Une étape au parcours routier magnifique notamment lors du passage du Col du Pas de Peyrol au pied du Puy Mary et plus largement dans tous les monts au sud de Salers. Impressionnant également au passage de voir sur les côtés, dan les champs, ces vaches de Salers facilement reconnaissables à leurs longues cornes. Eh oui même en roulant à un rythme soutenu on a parfois le temps (pas assez hélas) de contempler parfois le paysage.
La journée de jeudi, marquée par les séances de piste et d’endurance sur le circuit d’Issoire, restera surtout mémorable, elle, par le froid et le brouillard rencontrés tôt le matin dans les cols de Haute-Loire. En dépit des protections supplémentaires rajoutées au départ du Puy, bon nombre de concurrents sont arrivés les doigts et les pieds engourdis sur le circuit d’Issoire. Un circuit long de 2,4km doté d’une belle ligne droite où les « pistards » ont pu s’en donner à cœur joie.
Mais là encore débutants du Moto Tour, motards expérimentés, amateurs de circuit ou pas ont pu s’en donner à cœur joie. C’est là encore l’un des atouts de cette épreuve, la possibilité pour tout un chacun de participer et de se faire plaisir, quelque soit son niveau. Seules les passagères ou passagers des duos ont dû se contenter de voir leur pilote prendre le départ des deux épreuves circuit les représentants de la FFM ayant, à juste titre semble-t-il, refusé que cette initiative 2016 autorisée sur le routier et dans les épreuves chronométrées n’envahisse, pour des raisons que l’on imagine bien, le circuit.
Ponctuée de deux épreuves de régularité, la 6eme étape de ce Moto Tour, entre Le Puy en Velay et Nice, longue de 740km… restera gravée elle aussi par un routier extraordinaire entre les cols du Sud de la Drôme, le Parc Régional du Lubéron puis, bouquet presque final, les Gorges du Verdon avant que là encore la nuit ne tombe pour offrir un final long, peut-être un peu trop long dans l’arrière pays niçois. C’est en effet là l’autre difficulté à combattre dans cette épreuve, des routiers parfois interminables où la fatigue prend peu à peu le dessus au risque de provoquer des sorties de route. Il est vrai que cette « longueur » est une épreuve supplémentaire qui permet de faire parfois la différence au sein des pilotes expérimentés mais qui n’est pas toujours facile à gérer parmi les « poireaux » ou autres pilotes découvrant le Moto Tour.
Enfin là encore tout sera oublié dès le lendemain, samedi 8 octobre, dans les épreuves chronométrées du Turini (à faire 2 fois dans le sens inverse de celui du Rallye de Monte Carlo) et celle de Valberg. Et c’est avec un plaisir indicible que les 80 rescapés, dont votre serviteur, vivront enfin le retour sur la place Masséna de Nice terme de cette édition 2016 du Moto Tour.
Avec quelques heures de recul et…de repos, force est de constater que l’équipe d’Option Sports Evènements et de l’ADSM avec à sa tête Sam Thomas et Marc Fontan a une fois de plus réussi son pari, celui d’offrir une très belle épreuve donnant l’envie à ses participants d’envisager une réinscription l’an prochain. Mention spéciale également à David Bournisien pour des parcours routiers de toute beauté, bon il est vrai parfois un peu long et souvent parsemés d’un peu trop de graviers…Mais le « garçon » aime créer la difficulté et en offrir pour son argent à chaque participant… Deux innovations également bien appréciées dans cette édition 2016, le dîner pour tous le soir sous une grande tente permettant à tous les participants, amateurs, concurrents, assistances, bénévoles et commissaires de se retrouver et l’intégration de cette nouvelle formule « duo » qui n’a pas manqué d’apporter un peu de piquant à l’épreuve et je ne pense pas qu’Etienne Godard et sa passagère-pilote Isabelle Seloi (20eme au classement général final) me contrediront.
Pour ma part je ne peux que remercier une fois encore l’équipe de Yamaha Motor France qui m’a permis d’avoir une MT10 au top, remarquablement bien préparée, ô combien exigeante, très puissante et en même temps très agréable à piloter, mon équipe d’assistance, Ann Marie et Benjamin Dupont qui ont non seulement pu supporter les «humeurs », mais aussi les exigences et le stress d’un concurrent pas toujours facile, enfin coup de chapeau également à toute l’organisation d’une épreuve pas facile à mettre sur pieds et encore plus par les temps qui courent…
Pour le reste mes objectifs ont tous été atteints, celui d’être à l’arrivée, d’être rentré dans les 50 premiers (44 au final), de m’être fait plaisir, de ne pas avoir eu à tester mon gilet airbag Hi Airbag Connect ni éprouvé la résistance de mes casques Shark et HJC pas plus que celle des mes gants Ixon et Spidi, enfin d’avoir pu livrer pour Le Repaire des Motards quelques sensations et impressions d’autres participants et au final de n’avoir qu’une envie, y participer de nouveau (pour la 7eme fois) l’an prochain.
Commentaires
Serge l'a fait, une nouvelle fois ! Il vous a aussi fait vivre le rallye du début jusqu'à la fin, en rencontrant ces illustres inconnus, amateurs, duo, ou assistants. Vous avez aimé ?
11-10-2016 15:59Merci pour ce récit de l'intérieur.
11-10-2016 19:21Bon, par contre, vu que la nuit, je vois, euh, rien, on verra une autre fois pour moi :)
tom4
article très sympa... ça donne envie d'essayer. A commencer peut-être avec des rallyes routiers de 3 / 3 jours.
12-10-2016 14:56C'est une bonne idée de commencer par un rallye de courte durée, cela permet de découvrir beaucoup de choses, de se familiariser à la lecture du road-book tout en pilotant, bref c'est le bon début mais attention après on ne peut plus vivre sans...
17-10-2016 12:09Rendez-vous donc au Moto Tour en 2017..
Et un très Grand Merci à l'équipe Barnoin pour ce plat de pâtes bien apprécié en pleine nuit à l’attaque ces cols cévenols. C'est ce genre de geste qui fait que l'on ne peut qu'aimer une épreuve comme le Moto Tour et n'avoir qu'une envie: y revenir! Bon la prochaine fois j'abuserai et demanderai aussi le coucher car la nuit fut longue et difficile....
17-10-2016 12:23En tous cas merci à vous deux et à votre assistance!
Un autre Grand Merci à ALicia (Clément)! Un Grand sourire et un petit geste de la main, sur le bord de la route, au passage, cela fait chaud au c½ur et donne envie de continuer lorsque l'on roule depuis des heures et que l'on en a un peu marre... Je comprends maintenant pourquoi Lionel ne roule pas mais vole sur sa moto vers les victoires répétées... Veinard!
17-10-2016 12:29N'ayant pas Facebook, et oui je sais un peu rétrograde le garçon..., je tiens à remercier tous ceux (et celles) qui m'ont laissé des messages fort sympathiques sur Facebook, Anthony tu ne te trompes pas, c'est bien moi, Patrick tu as raison il y a eu des années plus difficiles notamment cette édition 2012 où je me suis transformé non pas en pilote de haut rang mais en pilote de haut...vol, quant à toi Jean-Claude rendez-vous en 2017 sur ton Aprilia. Merci à tous!
17-10-2016 12:39