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Sivousplééé ou le Festival de Connes

Prenez mes vessies pour des lanternes

Quand les marques font leur cinéma aux médias

Sivousplééé... Sivousplééé... Sivousplééé... parlez de moi... Sivousplééé... mon produit est le plus beau du monde.... Sivousplééé... mon nombril est magnifique, pourquoi vous n’en parlez pas ? Sivousplééé... vous avez parlé de cette société mais la mienne fait mieux et vous n’en avez pas parlé (ndlr: honte à vous) : je veux des explications et savoir pourquoi ! Il y a alors des directeurs généraux en copie du mail de demande d’explications ! C’est que ça exige en plus !

Sivousplééé : Voilà le mot qui peut résumer la journée type d’une rédaction et la litanie quotidienne entendue par les journalistes.

Sivousplééé ou le Festival de Connes (c) Photo : Sergio Souza
Sivousplééé ou le Festival de Connes (c) Photo : Sergio Souza
  • Sous quel astre, bon Dieu, faut-il que je sois né,
  • Pour être de fâcheux toujours assassiné !
  • Il semble que partout le sort me les adresse,
  • Et j’en vois, chaque jour, quelque nouvelle espèce.
    Eraste, scène 1, acte 1.

Molière parlait des Fâcheux. Pour les journalistes ce sont la majorité des appels des marques, de façon directe par le fameux attaché de presse ou par agence de presse interposée pour qu’on parle d’elles, parfois en faisant miroiter une campagne publicitaire à venir (ce qui permet à coup sûr de savoir qu’il n’en est rien et que l’interlocuteur au mieux mélange vraiment tout et au pire est juste un vil menteur).

Les nouvelles technologies ont fait exploser le nombre de possibilités de contacts. Avant, il y avait juste le téléphone ou un courrier postal avec le fameux communiqué de presse (ode à cette dernière nouveauté mondiale extraordinaire qui va révolutionner la vie de chacun), ou son ultime évolution, le dossier de presse, où comment faire prendre des vessies pour des lanternes. Aujourd’hui, il y a l’email et surtout le mass-mailing ou l'envoi en masse d'emails anonymes, mais aussi Facebook, Twitter, Instagram, LinkedIn, Youtube avec leurs messageries privées et publiques... faisant exploser le nombre de sollicitations quotidiennes sans oublier les rappels et les relances, parfois si on n’a pas répondu dans l’heure voire pire si on a osé attendre 24h. Pour certains, on est à la limite du harcèlement. De quoi entraîner un stress post-traumatique. Journaliste de guerre, mais sans la guerre, en quelque sorte.

Une rédaction comme celle du Repaire reçoit des appels téléphoniques toute la journée et une centaine de communiqués de presse par jour et autant d’emails de relances et demandes diverses qui s’ajoutent à tout cela. Imaginez les rédactions de médias généralistes qui traitent tous les sujets et pas uniquement ce petit thème par le petit bout de la lorgnette qu'est la moto !? Il faudrait un standard téléphone et email dédié rien que pour « répondre » aux demandes, sans même parler de leur éventuel traitement. La file semble en plus s’allonger chaque jour. Et bien sûr, chaque personne souhaite qu’on fasse une exception pour elle, car son info, elle, la sienne, mérite vraiment d’être publiée ! Et quand l’Ego passe par là... elle ne comprend pas qu’on ne parle pas d’elle. Benh oui, c'est son boulot au journaliste de traiter l'information "quand même" ! Et s'il ne traite pas cette super information révolutionnaire, c'est qu'il ne fait pas son boulot correctement. En résumé : "Si tu ne parles pas de moi, c'est que tu es un mauvais".

Mais pourquoi veulent-ils tous qu’on parle d’eux ? Comme si une rédaction était un bureau des miracles !? Certes il y a l’ego. Et le plaisir que l’on parle de soi et par extension de sa marque et son produit. Mais en fait surtout, parce que toute parution d’un média a une valeur : celle de démultiplier la connaissance d’un produit auprès du plus grand nombre. Si un média parle d’un produit ou d’une marque, la société et le produit seront davantage connus et reconnus. Ils se vendront surtout davantage. Et dans la société de consommation, il faut vendre, toujours plus. Et la presse permet indéniablement de vendre plus. On ne comparera pas le Repaire à Bernard Pivot, mais si un écrivain paraissait à Apostrophe, le livre était certain de bien se vendre et rapidement.

Vous me direz, la publicité fait très bien cela ! Oui, mais pour la publicité, il faut payer. Et par définition, une bonne opération, c’est avant tout une opération qui ne coûte rien et qui rapporte beaucoup. Et c’est exactement le cas des marques qui veulent faire parler d'elles via les médias, gratuitement mais en valorisant cette visibilité en interne. Gratuitement et valorisation ne sont-ils pourtant pas deux mots diamétralement opposés ? On l'a dit, un article a une valeur en soi. Du coup, tout article est valorisé non par le média mais par la marque qui valorise - entre autre - son action envers le média par le terme technique EVP ou Équivalent Valeur Publicitaire. Autrement dit, sachant qu’un article a plus d’impact qu’une publicité, un calcul multi-critères savant permet de déterminer la valeur d’un article en relation avec le budget publicitaire qu’il aurait fallu dépenser pour avoir le même impact. Sauf que là, la marque ne paie rien du tout au média. Au contraire d’ailleurs. C’est le média qui paye ses journalistes ou ses pigistes pour parler de la marque, mais sans être payé pour cela (dans le meilleur des mondes).

Pour que toi, lecteur, tu mesures l’importance de cette équivalence publicitaire et ce que cela peut représenter entre un article dans un grand journal généraliste ou un passage à une émission télé, la valorisation passe de quelques milliers à plusieurs dizaines de milliers d’euros ! Franchement, le jeu en vaut la chandelle et « justifie » tous les harcèlements du monde. De fait, si les marques payaient cet équivalent publicitaire (tout en restant impartial et c'est tout à fait possible si le média est suffisamment puissant, tout étant une question de rapport de force), les médias n’auraient plus besoin d’aucune autre source de financement et il n’y aurait même plus aucune publicité. Mais pour beaucoup, un média est synonyme de publicité gratuite, voire de service public.

Alors, faire son cinéma auprès des médias a fait éclore un nouveau métier, de celui qui doit faire prendre des vessies pour des lanternes aux journalistes. Là-dedans, il y a les sympas, les gentils, les sincères, les honnêtes, les vrais pros, ceux que l’on estime, vraiment, ceux qui font juste leur boulot, plus ou moins bien (certains plus mal que bien d'ailleurs), ceux qui le font comme il y a 30 ans (très mal et c’en est pitoyable à tel point que c’est une arnaque de leur part de se faire payer par des sociétés pour un tel niveau d’incompétence). Il y a bien aussi ces faux-culs avec ce double langage entre le discours bien rodé officiel de “vous êtes les meilleurs, on a besoin de vous, on n'est rien sans vous...” et qui dans les faits considèrent et traitent la presse au mieux comme un sous-traitant indien au pire lui crache dessus en réunion interne. J'ai encore en tête ce Directeur Général qui me disait l'année dernière "Attention à ce que vous écrivez, car on vous supprime tout votre budget publicitaire sinon". Ah ces menaces que l'on aime entendre du plus haut niveau. Avec dans tout çà, une majorité de marques respectueuses, quelques indépendants qui résistent et des petites agences qui sauvent les autres. Car plus une marque est importante, plus elle traite mal les autres, souvent. C'est valable dans la grande distribution comme dans la moto. Et puis quand la boite de Pandore est ouverte, il reste toujours cette rare exception qui confirme la règle. Il y aurait quelques Oscars à remettre, même si certains s’en chargent très bien de façon annuelle.

Le problème, c’est que le métier d’un journaliste n’est pas de parler d’un produit pour le vendre (surprise surprise voire scoop mondial : le journalisme n’a pas pour synonyme le téléshopping) ou de copier-coller un communiqué de presse. Il est notamment de trouver des sujets intéressants, susceptibles d’éclairer un peu plus le monde ou de faire toucher du doigt une réalité inconnue du plus grand nombre, voire de partager une passion. Et là dedans, tous les Sivousplééé du monde résonnent comme des mouches attirées par un pot de miel avec l’envie furieuse d’attraper le tue-mouche et la bombe de Baygon jaune (pour toi Michel).

En attendant, un groupe de presse en a eu marre des marques qui profitaient tels des parasites des médias et décidé de faire payer quasiment chaque parution presse avec un nouveau "business model", une forme de publi-rédactionnel permanent, au grand dam des journalistes et surtout du lecteur final qui finira par ne plus savoir ce qui est payé ou pas, pensant parfois qu’un sujet est payé alors qu’il ne l’est pas et dans d’autres cas qu’il est impartial alors qu’il est payé. Espérons que ceci ne présage pas du futur de la presse où il faudrait choisir entre journalisme et rentabilité.

Ce qui est sûr, c'est qu'une page est en train de se tourner.

La crise de la presse - aussi bien papier que web - depuis plusieurs années renforcée par la crise sanitaire et ses conséquences économiques va faire s'arrêter cette époque bénie où les médias parlaient d'une marque suite à un simple communiqué de presse ou une présentation presse. D'ailleurs, il n'est plus possible pour un média d'accepter toutes les invitations presse. Un média ne se déplace pas parce qu'il y a une invitation mais s'il peut payer quelqu'un pour y aller et si cela en vaut la peine. Le temps où on se rendait à une invitation par amitié est révolu.

Cette époque bénie pour les marques va ainsi s'arrêter pour une raison humaine : faute de rentrées publicitaires, les médias vont encore accélérer les licenciements de journalistes et il n'y aura donc plus personne pour traiter ces informations reçues qui sont souvent plus de l'ordre du "pour être sympa".

Cette époque bénie pour les marques va s'arrêter pour une raison éditoriale : les médias vont se concentrer encore plus sur leur métier pour écrire des articles, avec un vrai travail de recherche et d'écriture et les communiqués de presse deviendront juste du bruit qui dérange.

Cette époque bénie pour les marques va s'arrêter pour une raison financière : les médias exsangues vont finir par demander à être payé pour parler des marques, selon la règle de l'équivalence publicitaire, même s'il y a de facto des limites à ce système en fonction de l'importance de la marque (ndlr : certains médias ont déjà demandé de l'argent pour aller à une présentation presse, au même titre que certains youtubeurs).

Au fait, un point est inexact. Aucune marque ni agence ni attaché de presse ne dit jamais s’il vous plait. D’ailleurs, le nombre de marques disant merci après une parution est tout aussi proche du zéro. On l’a dit, une parution est considérée comme un dû, alors qu'il n'en est rien. Il va y avoir aussi une sélection naturelle basée également sur la simple politesse du coeur.

Sivousplééé...

Heureusement, le journalisme, c'est le plus beau métier du monde... qui continuera à vivre uniquement avec ses lecteurs et c'est peut-être à la fois cela qui est beau et un juste retour des choses finalement.

Plus d'infos sur les chroniques

Attention Kronik ! 100% mauvaise foi ! Ceci n'est pas un article ni une brève (voir historique si nécessaire). L'abus de kronik peut être dangereux pour la santé de certains. Ne pas abuser.

Commentaires

Gouniaf

Très intéressant. "Un groupe de presse en a eu marre des marques" : il s'agit de Reworld ?

21-04-2020 08:45 
cajo

KPOK, reviens ... !!!!!

21-04-2020 09:02 
fift

Merci David pour cet éclairage !

J'ignorais totalement que les communiqués / dossiers de presse généraient autant d'appels de relance ...
Je suis aussi surpris du nombre : entre les fabricants de motos et les équipementiers, je pensais qu'on faisait rapidement le tour ...

21-04-2020 10:23 
Le Modérateur

Gouniaf : oui

Fift : constructeurs, manufacturiers, assureurs/mutuelles, équipementiers, événements, compétition, teams et pilotes, jeux, organismes de formation, organismes européens...

Cajo : on ne prend conscience de ce que l'on a que quand on ne l'a plus clin d'oeil

Il y a quelques années, on publiait plus de 5.000 articles par an... dont un faible pourcentage lié à des communiqués de presse reçus. Aujourd'hui, les communiqués reçus sont "utilisés" pour moins de 1%. 99% du contenu publié est lié à nos propres recherches et ne dépend pas de communiqués de presse.

21-04-2020 10:55 
PELE

Je ne pense pas que tous les sites soient aussi exigeants en vers eux-mêmes que le "repaire".
Je ne site personne...

21-04-2020 11:50 
PELE

Je ne cite personne... pardon.

21-04-2020 11:51 
Oldschool

Merci pour cet article

21-04-2020 12:00 
froggyfr99

Sympa ce regard derrière le rideau.
Merci.

21-04-2020 12:14 
Nounours48

Très intéressant, merci David V

21-04-2020 13:11 
KPOK

Je suis en train de lire la préface de "Trust me, I'm Lying" de Ryan Holiday et j'y trouve d'étranges similitudes avec ton papier.
(préface à lire gratos sur un Kindle quelconque, pour ceux que ça intéresse : c'est compris dans l'extrait).

21-04-2020 13:17 
fift

Et bah c’est du joli, lire des trucs sur kindle au lieu de préparer ta Kronik ...

21-04-2020 14:12 
Le Modérateur

Il y a quelques sujets à écrire, de derrière le rideau... pas de quoi créer une nouvelle rubrique, mais de quoi squatter ici une ou deux fois par an ! Merci de me donner l'occasion de partager !
Car, le journalisme, c'est aussi une histoire de partage sourire

21-04-2020 14:42 
Aristoto

Je ne vous pensais pas aussi sollicité. Le repaire est un des rares sites pour qui j'ai débranché adblock.

Longue vie au RdM

21-04-2020 15:01 
Le Modérateur

Merci Aristoto !

On a fait un vrai choix depuis le début de diffuser :
1. uniquement de la pub moto
2. deux bannières par page essentiellement (à comparer aux sites qui en mettent 10).

C'est un choix qui a restreint de façon importante les annonceurs et donc les revenus possibles, et qui a freiné de nombreux projets et investissements (serveur, matériel photo et vidéo, etc...).

Donc, à tous ceux qui laissent la pub, merci.

21-04-2020 15:31 
fift

C'est vrai que c'est sacrément agréable par rapport à d'autres sites ...



(David, tiens, à propos, si une rubrique genre "carte postale" t'intéresse, il est possible que je sois en mesure de te fournir ça d'ici quelque temps clin d'oeil ).

21-04-2020 15:41 
la carpe

Ah ben voilà un article qui m'apprend quelque chose, parce que j'avais toujours pensé que la presse moto était achetée par les importateurs des marques japonaises.
Depuis mes 16 ans j'ai toujours roulé sur des motos que la presse n'a jamais encensées, et qui pourtant m'ont promené dans le plus grand bonheur.
Déjà la 125, une Motobécane LT3 coupe, une vraie merde si j'ai bien compris les articles d'époque, avec laquelle je n'ai jamais eu de déboire, et qui doublait tranquillement les Twin RDX KH et GT des concurrents.
Puis ça a continué avec 3 Laverda (les motos les mieux conçues au monde, et d'une incroyable solidité, mais ça, je ne l'ai jamais lu dans la presse), 2 Guzzi (quand une Le Mans a gagné le 2ème Bol d'Argent, endurance réservé aux modèles de série, devant une armée de japonaises, ça n'a pas fait la une de la presse qui vous expliquait que c'était vraiment pas solide les italiennes), 2 Ducati (alors là par contre, quand ils ont été racheté par Audi, on n'a plus entendu parler de finition merdique ou de fiabilité douteuse, bizarre).
Bref, je suis content que tout ça soit juste un effet de ma persécution, et de pouvoir continuer à lire tranquillement le journal.

21-04-2020 18:27 
fift

Ah oui, c'est sûr que les Le Mans, c'est une référence en termes de fiabilité . Ce n'est pas parce que UNE moto gagne l'endurance que toutes les motos sont fiables ... Idem pour les Laverda, hein, quand on voit qu'une 750 Four est encore largement utilisable au quotidien aujourd'hui ...

Pour la qualité de finition des Ducati, bah ils ont quand même fait de sacrés progrès, on ne va quand même pas demander à la presse de ne pas le dire. Ah oui, à propos, la hausse de qualité de finition, ça date d'au moins 5 ou 6 ans avant le rachat par Audi ...

Mais bon, les journalistes sont tous des vendus, c'est bien connu.

21-04-2020 18:46 
Le Modérateur

Les importateurs japonais n'ont pas acheté la presse... (ou alors j'ai vraiment manqué une étape) mais on touche 2 points importants :

- les importateurs japonais ont facilité le travail des journalistes, notamment avec les parcs presse... c'est à dire des motos que l'on peut emprunter facilement pour faire un essai. C'est plus facile que d'aller trouver un concessionnaire qui accepte (s'il existe pas trop loin) ou un particulier, voire acheter la moto pour l'essai et la revendre après.

- les modèles les plus vendus (marques japonaises pendant longtemps) sont susceptibles d'intéresser le plus de monde. Donc, un essai de Laverda ou de Yam demandant autant de travail et d'argent, et un éditeur mesurant parfois le travail au nombre de personnes intéressées qui liront l'article, il est plus rentable de faire un article sur une moto vendue que peu vendue. C'est aussi vrai pour un site web.
Le nombre de personnes lisant un article sur une Kawa H2 va être 10, 20, 30 fois supérieur au nombre de lecteurs sur un essai de Egli-Vincent Godet. Un éditeur un peu étroit verra la facilité et la rentabilité en se concentrant sur les essais qui seront le plus lus.
De mon côté, j'aime trop ces essais rares Egli-Vincent Godet/Curtiss, etc... et comme ce site est là pour faire partager ma passion, il y en a.
Mais le coût n'est absolument pas justifié. Dans une pure optique financière, il n'y en aurait aucun.

21-04-2020 19:17 
cajo

On confond pas média et journalisme ?

Des médias qui ne font pas spécialement du journalisme, ou bien qui le font très très mauvais quand ils s'y essaient, y'en a des tonnasses ...

Mais rassures toi, je sais qu'il en existent aussi des excellents, avec des vrais journalistes qui bossent en vrai dedans, si si.

J'entends par mauvais, le journalisme qui fait quasiment que du publi reportage, du copier-collé des dossiers presse ou des infos putaclic qui tournent un peu partout (et ce, sans les vérifier ... ), qui parce qu'il est invité d'une marque en Espagne ou ailleurs pour essayer une moto nous fera douter de son objectivité ...
Mais y'a pas que ça heureusement !!

Pincez moi les mecs, c'est pô ça du journalisme, nan ?

Au delà de notre petite sphère, il me semble plus qu'utile d'ouvrir ses zoreilles et ses yeux (voire de fermer sa télé !). Quand on dénonce depuis des lustres les conflits d'intérêts qui lient les médias (et leurs principaux chroniqueurs-journalistes-experts, la liste est longue) aux grands groupes économiques, aux pouvoirs politiques de toutes sortes.
On va dire que y'a une certaine ambiguïté dans les relations qui se nouent autour des mêmes tables, dans certaines chaudes alcôves ou lors des we de chasse...

Par ex, lire Bourdieu, Halimi (les nouveaux chiens de garde) et tout récemment Acrimed qui nous rappelle une chronologie intéressante de certaines affirmations journalistiques pô piquées des hannetons !

dingue Alors vendus, pas vendus ...?? Disons plutôt qu'il y en a qui valent rien.

21-04-2020 19:40 
fift

Du coup, ceux qui ne valent rien sont plus faciles à acheter, c'est ça ?

21-04-2020 20:42 
Le Modérateur

C’est rigolo cette croyance dans le fait qu’un journaliste invité à l’étranger soit obligatoirement acheté et ne soit plus objectif. En fait, c’est complètement anecdotique. Cela aura une influence sur un influenceur et peut être sur un débutant mais pas sur un journaliste avec un peu d’expérience. Le danger n’est vraiment pas là.

Le vrai problème, ce sont les marques qui menacent de ne plus laisser la possibilité d’essayer un modèle à l’avenir et celles qui menacent de couper les budgets pub. Le vrai problème est vraiment lié à ces deux points. Cela n’a jamais empêché aucun journaliste du repaire de dire ce qu’il pense, mais cela nous a aussi coupé des budgets pub

Mais cela ne m’empêchera pas de continuer à dire à un journaliste de partager son ressenti et son expérience à 100% sans se brider ni censurer, même si c’est un luxe qui coûte cher.

21-04-2020 20:52 
fift

Citation
Le Modérateur
C’est rigolo cette croyance dans le fait qu’un journaliste invité à l’étranger soit obligatoirement acheté et ne soit plus objectif.

J'espère que ce n'est pas ce que j'ai laissé penser : c'était juste une boutade entre "ne rien valoir" et "acheter".



Plus sérieusement, je pense que c'est à mettre au compte de deux phénomènes :
- une mauvaise connaissance de "comment ça se passe", comment est construit un journal (ou un site web), etc.
- une défiance généralisée à l'égard de tout ce qui peut présenter un caractère un peu "officiel" ou organisé, et une confiance plus facilement accordée aux "semblables" et aux personnes qui nous ressemblent.

Le premier point me semble assez ancien, le second directement lié à internet et aux réseaux sociaux.

21-04-2020 21:05 
Petit d'homme !

Citation
Le Modérateur
Les importateurs japonais n'ont pas acheté la presse... (ou alors j'ai vraiment manqué une étape)

🤔 mince, on t'a pas dit! La pré retraite tout ça!😂😂🤣🤣

22-04-2020 07:20 
cajo

David > donc avant de devenir journaliste expérimenté, on a été essentiellement influenceur mais on s'est quand même présenté comme journaliste ...

Par ailleurs j'observe que si l'expérimenté connaît bien le milieu, ça ne signifie pas forcément pour autant qu'il en refuse certaines pratiques, ce qui relativise quelques vertus accordées de fait à l'expérimenté-expert en vue dans les milieux zautorisés.

Il me semble que les parts de marchés grandissent au fil de l'Histoire, et explosent aujourd'hui avec la mondialisation qui impacte à la fois sur les volumes produits et sur les volumes de clients, sur les lieux de production à bas coût, sur les modifications d'équilibres économiques que l'on croyait stables.

Jusqu'alors, celui qui vend un produit a utilisé et nourrit les médias pour augmenter son business, et chacun bossant au mieux dans sa partie y a trouvé son compte, dans une interdépendance courtoise mais vénéneuse pour qui on sait ...
Quoique tu en dises, c'est un modèle où on a intérêt à entretenir les meilleures relations, et on devine facilement laquelle des deux parties est la plus "influente".

En affaire, le plus gros domine le plus petit, et si les gros annonceurs se retirent ou menacent de le faire, le petit média voit réduire ses ressources jusqu'à une possible impossibilité de poursuivre son activité.
Donc la Capetaucul 1295 RRR est achetement bien sur le bon bitume Espagnol, tu peux l'acheter les yeux fermés, crois-en mon expérience d’expert reconnu dans le petit monde de l'expertise...

A te lire et faute de connaissances perso plus précises sur les questions économiques (ce qui ne signifie pas non plus que je suis un perdreau de l'année, hein ...), je note avec surprise-naïveté que la survie d'un média dépend donc moins de la qualité de son contenu journalistique et de sa rédaction, que des budgets-contrats publicitaires qui la tiennent en laisse. C'est dingue.

On a senti à une époque une évolution possible, avec les contenus des journaux faits par les lecteurs, par ceux faits par les coopératives de consommateurs rédacteurs... Ces expériences restent à la marge pour le moment, mais qui sait ? OK je sais, faudrait que le consommateur évolue un tantinet ! Un journal moto façon le Palmipède, sans pub, c'est le rêve quoi !

Bon et alors, aujourd'hui est-ce que les producteurs ont encore besoin des médias ???? Est-ce que demain ils ne feront pas directement, et eux même, et mieux encore, leur promo en ligne puisque les fichiers de consommateurs sont sans limites et dispo ?

En plus, le consommateurs il en veut d'la conso, des promos, des 1295 Capetaucul RRR ... puisque jusque là il en a été gavé jusqu'à plus soif par les supports médias successifs.
Les mecs c'est pas du lait qu'ils ont eu dans les bib', c'est d'la pub !!

Je reviens sur les essais des machines d'antan d'exception : tu fais très bien d'en faire et je ne pense pas que ça soit un investissement à fonds perdu. Au contraire tu fidélises les moyennes d'âges "respectables, bref tu élargis l'aspect "généraliste" qui fait plaisir à tout l'monde.
Et puis, ça te coûte combien ? Tu la loues combien et à qui la Vincent ?
dingue Et puis merde quoi, un peu de passion ne nuit pas ... les machines d'antan (et même les Laverda si si ) ont laissé plus de traces dans la mémoire que d'autres plus contemporaines ... les Seven-Fifty par exemple ?

Scusez la longueur ...
Belle journée !! V

22-04-2020 10:23 
fift

Citation
cajo


On a senti à une époque une évolution possible, avec les contenus des journaux faits par les lecteurs,

Ca existe aujourd'hui et c'est loin d'être marginal : ce sont les essais des youtubeurs et autres influenceurs.

22-04-2020 12:25 
Le Modérateur

JOURNALISTE

Attention ! un influenceur est une définition récente et un influenceur ne devient jamais journaliste. Je ne connais pas d'influenceur qui se présente comme journaliste non plus. En fait, il n'y a pas d'évolution ni de passerelle de l'un vers l'autre. Une exception pour Lolo Cochet, journaliste avec sa carte de presse, qui est peut-être plus youtubeur aujourd'hui que journaliste ? (je lui poserai la question).

Les journalistes qui travaillent ou ont travaillé pour le Repaire étaient journalistes avec leur carte de presse avant même que le Repaire existe.

ORGANE DE PRESSE

Le Repaire a été reconnu assez tôt comme organe de presse, reconnu par le Ministère de la Culture, avec un numéro de commission paritaire comme tout journal (d'ailleurs, il faut qu'on représente notre dossier à jour, cette reconnaissance n'étant pas reconduite automatiquement d'une année sur l'autre).

ETHIQUE

Pour le reste, tout repose sur l'éthique personnelle et l'éthique de l'éditeur. Certains éditeurs font pression pour ne pas mal parler d'une marque. La pression économique peut en pousser certains à prendre des libertés avec l'éthique. Mais attention à ne pas généraliser. J'aime à croire que ce n'est pas une généralité.

Oui, on peut avoir "intérêt à" mais ne pas le faire obligatoirement. Et on en revient au sujet de l'éthique personnelle. Oui, tu peux voler une pomme dans un magasin mais ne pas le faire obligatoirement.

A titre personnel, je pense qu'un éditeur ne doit pas imposer à ses journalistes de cacher quoi que ce soit ou d'embellir la vérité. Mais encore une fois, c'est mon éthique personnelle et ma vision des choses.

22-04-2020 12:56 
Le Modérateur

MARCHE

Sur un marché, ce n'est pas obligatoirement le meilleur produit qui remporte le marché. Je penque qu'il y a même plus d'exemples où ce n'est pas le cas. A titre d'exemple, tout le monde sait que le format BETACAM était de très loin bien meilleur que le VHS. Mais le VHS a juste remporté tout le marché.

Quand tu as besoin d'un service ou d'un produit, tu fais appel à une société et tu payes ce produit ou ce service.

EXCEPTION FONCTIONNELLE DES MEDIAS DANS LE SYSTEME ECONOMIQUE

Le problème avec un média, c'est que quand un constructeur/une société veut faire parler d'elle, et qu'un média en parle, elle ne paye pas. C'est une rare exception dans le marché économique où tu ne payes pas pour quelque chose; à moins de s'appeler les Resto du coeur (mais c'est un autre sujet, aucun média n'étant les Restos du Coeur).

Le problème avec les médias, et c'est une rare exception dans notre systéme économique, c'est que ce n'est pas le produit et sa vente qui permettent de vivre mais la pub.
Un média ne vend pas son contenu directement comme quand tu achètes un brosse à dent. Pour la brosse à dent, tu payes le produit, c'est à dire le fabricant et les marges du revendeur. Pour un journal, le prix du journal papier n'est qu'une infime partie de la valeur de ce que tu achètes. C'est la pub qui permet réellement de payer les salaires des journalistes, les investissements matériels, etc... Et pour le web, il n'y a même pas la partie prix du journal.

On se réunit au moins une fois entre tous les éditeurs de presse; on se rencontre entre éditeurs, et cela va du Monde et du Figaro à la Presse Quotidienne ou PQR (moi, j'écoute, ce sont eux qui parlent, le Repaire est un grain de sable dans tout çà). Mais même le Monde qui fait payer ses abonnés web et qui a le plus grand nombre d'abonnés payants web actuellement, n'est pas rentable si on prend uniquement sa partie web.

Et chaque année, on parle de solutions et certains y arrivent, surtout au niveau local, où on va un niveau de granulartié en dessous de la PQR.

FRAGILITE DES MEDIAS

Le temps est révolu où les médias étaient le 4e pouvoir. Aucun constructeur n'a plus vraiment besoin des médias. A une époque, les médias étaient quasi le seul moyen de parler d'eux, ou en tout cas le plus efficace. Aujourd'hui, ils communiquent par leur propre site, les réseaux sociaux, les influenceurs. La "bataille" a été perdue il y a longtemps. La télé reste encore très forte et les grands médias généralistes voire certains qui font un travail d'investigation comme Mediapart.

Je trouve que c'est une jolie leçon d'humilité.

Je rêve à titre personnel que la presse moto, dans ce microcosme, gagne enfin sa liberté. J'ai essayé de limiter le poids économique des constructeurs avec cet objectif, mais au prix de sacrifices personnels. Au final, cette liberté n'est possible que quand le lecteur voudra vraiment lui donner son indépendance économique. Je peux me tromper, mais je pense qu'il est trop tôt encore pour que le lecteur de façon générale veuille donner son indépendance économique à un ou plusieurs médias. On est dans un marché de consommation, et où cherche avant tout à payer moins cher ou à ne rien payer si c'est possible (sans aucun jugement, juste un constat). Du coup, le marché actuel convient bien à 99,9% des lecteurs, et le 0,1% restant devrait être a minima 1% pour faire bouger les lignes.

On voit des évolutions hors média, dans l'alimentaire surtout, avec le commerce équitable, des enseignes qui essayent d'aider un peu plus les producteurs. Cette prise de conscience est un gage d'espoir mais est loin d'être généralisée alors qu'on ne peut pas vivre sans nourriture. Alors que l'on peut très bien vivre sans produit blanc ou brun, sans télé, sans web, sans media.

PASSION

Pour finir, quand on parle de moto, ce n'est pas la même chose que de parler du dernier écran plat 8K. La part émotionnelle et passionnelle est plus importante dans la moto. S'il n'y avais pas la passion, ce site n'aurait jamais existé et n'existerait plus depuis longtemps. Et je pense que plusieurs éditeurs publient aussi par passion et non par rentabilité, un peu de liberté gagnée au fond.

22-04-2020 12:56 
la carpe

CITATION (Fift): "Ah oui, c'est sûr que les Le Mans, c'est une référence en termes de fiabilité . Ce n'est pas parce que UNE moto gagne l'endurance que toutes les motos sont fiables ... Idem pour les Laverda, hein, quand on voit qu'une 750 Four est encore largement utilisable au quotidien aujourd'hui ..."

Là tu réponds à côté, je n'ai pas dit qu'une Le Mans était fiable ou non (en ce qui me concerne, j'ai eu une Le Mans 2, elle l'était), j'ai simplement dit que la victoire n'avait pas fait la une de la presse moto (c'est un euphémisme), alors même que, de mémoire (à vérifier), un des pilotes était journaliste à Moto Revue.
Pour ce qui est des Laverda, je préfère ne pas argumenter (mais j'argumente quand même...), en général les détracteurs n'en ont ni possédé ni conduit, je trouve ça bizarre... J'ai vendu la dernière des miennes en 2007 (elle était de 1982) après être allé au fin fond du Portugal en 2006 et au TT (Ile de Man) en 2007. Mon acheteur m'a appelé 2 ans après pour me dire qu'il l'avait camphrée contre un chien qui traversait la route, et qu'il n'avait jamais eu une moto pareille !
Quant à la 750 Four utilisable aujourd'hui... moteur poussif cadre mou et freins minables... y en a bien qui roulent en Kymco.

22-04-2020 15:43 
fift

Pour la 750 Four, je parle en termes d'entretien et de fiabilité évidemment - pour le cadre et les freins, déjà à l'époque ils n'étaient pas au niveau des européennes .

Sur le fond de l'affaire (l'indépendance des journalistes), David a bien mieux répondu que je ne saurai le faire.

22-04-2020 15:48 
grop

Coucou à tous,
Lire ça, ça fait plaisir, ça confirme mon attachement au Repaire et à son "indépendance" dans pleins de domaines.
Vu de ma Bretagne lointaine, il y a qq années il me semble que le repaire était une asso (j'y ai adhéré...) et que ça avait évolué avec une discussion sur "l'indépendance" justement..
J'ai cru un moment que l'évolution allait le faire basculer dans un site "commercial" et puis non, contre vents et marées, avec mille difficultés je me doute bien.
Mais voilà, donnez moi le nom ne serait-ce que d'un seul site moto capable de te donner de (vrais) itinéraires moto, une liste de films, de BD, romans, d'essais solides et complets sur le matos, les casques, pneus, les fringues, en plus des traditionnels essais moto, une vraie culture moto, avec la qualité graphique en bonus (j'insiste là dessus, purée, chapeau le boulot d'intégration...) c'est un joli tour de force, d'anticipation, de vision d'avenir, et savoir fédèrer les énergies...
Je mesure ça tous les jours et c'est "respect" à David et à la bande de oufs qui bossent avec lui...
A côté de mon TAF, j'ai le bonheur d'être président d'asso culturelle (donc pas rentable économiquement) avec des salariés, je sais ce que c'est de vivre dans l'incertitude des financements, de lutter pour pas être obligé de "cirer les pompes" de certains financeurs qui finissent par essayer de s'arroger des droits...Et c'est difficile parce qu'ils deviennent parfois des amis et que c'est encore plus dur de leur dire non.
La pub sur le Repaire, je comprends, je ne l'ai pas virée: régulièrement je me fais une séance de "clics" sur "tout ce qui pub", parce que je sais trop qu'il faut bien vivre aussi. Et je sais aussi que les pubs sont "choisies", ça reste typé moto exclusivement. C'est une histoire de compromis, à chacun de savoir ou il pose le curseur en accord avec ses valeurs, et là, le curseur, il me va très bien.
Alors voilà merci à vous, au Repaire de prouver qu'on peut encore croire à des projets ou malgré le besoin de rentabilité, c'est la passion et la liberté qui priment, et ça par les temps qui courent c'est plus que jamais indispensable.
Grop

22-04-2020 16:31 
cajo

Citation
la carpe
Pour ce qui est des Laverda, je préfère ne pas argumenter (mais j'argumente quand même...), en général les détracteurs n'en ont ni possédé ni conduit, je trouve ça bizarre...

pipeau la carpe one poy'nt ! Fift ziro ... ange

Citation
la carpe
il l'avait camphrée ...
bave j'connaissais pas et j'adore, alors ami d'la pouésie, un grand merci pour le partage ; cette expression enrichit (en 1 seul mot) notre langage fleuri et notre imaginaire sans zone rouge !

David > merci pour tes éclairages ; après on peut ne pas partager totalement les mêmes points de vue.
Est-ce que les médias sont pris au piège entre des contrats publicitaires devenus vitaux dans leur propre gestion (mais qui se raréfient dans des moments de crise comme celui que nous traversons ?), et des consommateurs qui boudent les intermédiaires pour aller direct chez le producteur ?

Fift l'évoque un peu à sa manière, mais dans notre culture un essai média n'est certainement pas assez complet et objectif (dans le sens où il manque des avis différents, des expériences différentes, des kilométrages suffisants), et on privilégie les remarques des possesseurs qui roulent vraiment comme toi tu peux le faire.
Forcément l'exercice a des limites, notamment pour les nouveautés... mais dans mon environnement, les nouveautés, ben on attend un peu que les plâtres soient essuyés, et il arrive qu'on discute pendant des mois avant de se décider.

Pour conclure et pour ne pas amalgamer, ici on est quand même pô mal lotis ... car si si j'connais bien plusssss pire ! T'as qu'à voir !

V

22-04-2020 16:42 
nicoxj900

Une chose qui fait plaisir : dans ce thread, on retrouve pas mal d'anciens qui ont, à un moment ou à un autre, participé à l'aventure du Repaire.

Certains par du temps, du matériel, voire des sous quand le Repaire était 100% financé par David, avant la pub, quand le Repaire était en phase d'adolescence, évoluant pour devenir ce formidable outil de partage et de communication qu'il est maintenant.

J'ai eu la chance d'avoir été sollicité pour des essais (comparatif roadster 100, puis comparatifs roadster 600), et je me souviens très bien que TOUS, je dis bien, TOUS étions absolument subjectifs quant à nos avis, mais surtout, totalement indépendants et absolument pas orientés par qui que ce soit.

Ca a été des expérience inoubliables.

Seul un media indépendant peut se permettre cela !

Merci David

22-04-2020 19:01 
Bee Loo

Merci David et longue vie au Repaire !

23-04-2020 15:12 
 

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