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J'aimerais faire un essai presse

En plus de ma licence de pilote de Z-95

En plus de ma licence de pilote de Z-95, je voudrais un jour participer à un essai presse. Peu m'importe la machine : j'irai pour l'ambiance.

J'aimerais faire un essai presse
J'aimerais faire un essai presse

J'entame ma 20e année de presse moto et je n'ai jamais participé à un essai organisé par un constructeur. Un essai presse, c'est un peu comme être un wild-card en championnat du monde, mais sans aucune obligation de résultat. Un wild-touriste, en gros. Le constructeur va me prêter une machine raide de neuve, me concocter un petit parcours de découverte, éventuellement un tour de piste, le tout en étant logé dans un hôtel pas dégueu avec une bande de potes.

La veille de l'essai, il n'est pas rare de se retrouver entre journalistes dans l'un des salons de l'hôtel pour une conférence de rédaction bordélique et sans ordre du jour. Il faut soi-même appartenir à une corporation pour comprendre tout le sens d'un tel rassemblement de potes de vingt ans travaillant pour des entreprises concurrentes. Nous appartenons tous à la même escadrille, même si nous sommes affectés à des aérodromes différents. On échange des potins, on râle après le bouc émissaire habituel, on se rappelle en gloussant tel épisode entré dans l'histoire, on se dit que c'est plus comme avant, on se demande, en se poussant du coude : "tu te souviens ?".

Demain, on sera au travail ; pas le temps, à la bourre, trop pressé. Ce soir, ce moment nous appartient. Pas un attaché de presse, pas une directrice commerciale digne de ce nom ne viendrait s'y glisser. La meute, le pack s'est reformé, d'autant plus compact que le Geschwader de journalistes moto se réduit d'année en année, de dépôt de bilan en rachat. Ils sont de moins en moins nombreux et j'aimerais accrocher à mon CV que j'en ai fait partie, que j'ai fait un essai presse, comme d'autres s'élancent pour un Marathon, plantent la tente aux Eleph' ou rejoignent Compostelle -préférer Sienne, moins touristique.

Dans quelques heures, je serai tout entier à faire ce que je préfère : raconter une histoire, assis sur une moto. Sans oublier de détail : il faut tout expliquer, trouver les mots, ne pas omettre les cale-pieds passager ou comment s'ouvre la selle. Un essai presse, quoi, comme tu peux en lire toutes les semaines ici.

Mais pour l'instant, je laisse mon regard glisser sur l'assemblée de mes pairs. La grande gueule, le timide, le perfectionniste qui sait déjà par coeur les caractéristiques techniques de celle qu'on essayera demain, le puits de science blasé qui nous rappelle que c'est fondamentalement le même moteur depuis 2005 à quelques détails électroniques près. Il y a aussi le casse-cou, redouté des organisateurs et le tatillon qui se souvient qu'il y a huit ans, le directeur technique avait juré ses grands dieux que jamais au grand jamais ceci-cela.

Et puis il y aurait moi, le vétéran-débutant, qui écrit depuis… pfiou… vingt ans ? Et qui n'a jamais posé ses fesses sur une selle "presse". Je sais trop bien que je conduis comme un poireau, qu'il ne faut surtout pas que j'essaye de m'accrocher au pack sinon je vais me vautrer au 3e virage. Il faudra que j'aille, l'oeil humide, confesser mon inadéquation à la cheffe des attachés de presse, pour lui expliquer ma honte. Peut-être que j'aurai alors droit au modèle avec la puce "20 chwo de plus", à celui monté en slicks, ou à cet autre avec une dent en moins au pignon ?

Ou alors les 125. 125, j'arrive à gérer : ça fait pas peur, une 125. Parce qu'une R1… qu'est-ce que tu veux que je fasse d'un truc pareil ? Qu'est-ce que tu veux que je raconte à part que passé 5.000 tours, ça envoie déjà plus que la plus puissante des motos que j'ai jamais eu, à fond ? Alors imagine sur piste.

Non, en fait, l'essai presse, ça serait pour l'ambiance, pour l'escadrille, pour les super-connards, pour le groupe de scrogneugneux du clavier. Avant qu'ils ne disparaissent, avalés par le Ouèbe, les normes de pollution et la contraction des budgets de communication sans lesquels il n'y aurait pas de presse moto.

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Commentaires

XM

je suis un poireau comme toi, mais c'est pas un phantasme pour moi l'essai presse (même si j'aime bien le lire après).
je reste sur ma licence de "navetteur en scoobite" stage 2

19-02-2019 08:30 
waboo

cool

19-02-2019 09:27 
tom4

j'ai fait 2 /3 essais presse, mais jamais sur des présentations presses organisées par la marque.
mais c'est vrai que le coté "tiens, voila la clé, la piste est par là", c'est plutot sympa

tom4

19-02-2019 20:37 
fift

Citation
waboo
cool

Ta gueule toi .

19-02-2019 20:46 
 

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