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Jura impromptu

Enfourcher quand je veux la bécane et partir pour un endroit inconnu

C'est l'un des rares avantages d'être indépendant : enfourcher quand je veux la bécane et partir pour un endroit inconnu. Cette semaine : le Jura des lacs.

Lac vu de la tente (c) photo : Roxana Ioana Luca
Lac vu de la tente (c) photo : Roxana Ioana Luca

J'imagine que ce doit être une conséquence imprévue du confinement : il me pousse des envies d'ailleurs. Mais pas ailleurs à l'autre bout de la planète. Non. Ailleurs à moins d'un plein de la maison.

Je me suis aussi aperçu à l'occasion que quand je regarde une carte, je suis attiré le plus souvent vers l'ouest. Pour une fois, je vais faire l'inverse. Au bout de la plaine en bas de ma rue, il y a le Jura et je parie que les routes doivent être agréables autour des lacs.

Donc : hop hop hop ! La tente dans le top-case avec le duvet et le tapis de sol, la brosse à dent dans la poche du blouson et zou ! Direction Lons-le-Saunier. Par l'autoroute. Oui, je sais, c'est mal. Mais il est déjà presque 17 heures et je n'ai pas envie de traîner, d'autant que la météo est incertaine et que je ne sais pas trop où je vais dormir.

Je plante finalement mes sardines à Moirans-en-Montagne, qui m'a l'air bien situé pour une longue balade le lendemain. Je dîne assis sur un caillou d'une boîte de conserve tassée par deux pommes -l'autre avantage d'être indépendant, c'est que ça rend obligatoires les week-ends à 60 euros essence comprise.

Immédiatement après, je me rappelle ce que j'ai oublié : une serviette. C'est fou comme ce genre d'accessoire peut me manquer quand j'envisage une nuit sans avoir les bras qui collent -je déteste ça.

Cette sortie est aussi l'occasion pour moi de tester une tente qui me titille depuis longtemps : ces fameuses tentes noires à l'intérieur qui promettent de ne pas être réveillé par le jour et doublées d'aluminium pour protéger du soleil. Pour ce qui est du noir : je confirme. Pour ce qui est du soleil… c'est moins évident.

Parce que bien sûr il a plu une bonne partie de la nuit. Remballer une tente trempée le matin fait partie de ces petits délices du camping.

Heureusement, la route est vite belle à défaut d'être sèche et presque vide. Sans chercher midi à quatorze heures, je suis dans ses grandes lignes l'itinéraire de la Route des Lacs. Je file pour commencer vers le barrage de Vouglans par la D299, étroite et sinueuse. Étroite, sinueuse et piégeuse, avec des montées en aveugle, des virages qui se dérobent sous mes roues, sans oublier quelques cailloux éboulés sur la chaussée. Ça tabasse aussi un peu : les sportives ne seront pas à la fête, à l'inverse des trails.

C'est en descendant vers Chancia, sur la D295, que j'ai mon premier coup de frein "panique" à la vue du demi-précipice qui longe la route. Oups ! Faut pas se louper, ici. La chaussée se rétrécit. Pas longtemps, mais suffisamment pour me faire aborder l'épingle suivante sur des œufs.

C'est d'autant plus dommage que les paysages, même sous la pluie, sont sublimes et je passe mon temps à vérifier dans les rétros si personne ne vient derrière parce que je roule à un petit 40 km/h pour profiter de la vue.

Au sortir de Chancia, je prends un autre itinéraire bis qui me fait passer par Vescles, sur une autre route à trails qui serpente entre les restaurants pour vaches.

Parti vers neuf heures, tous mes arrêts-belvédère font que je rejoins Clairvaux-les-Lacs sur le coup de midi. Si j'avais le budget, je me ferais bien une spécialité fromagère du coin et je t'indiquerais ici une bonne adresse, mais ce n'est évidemment pas le cas : avec 20 balles, soit je déjeune au resto, soit je mets 500 kilomètres d'essence dans le réservoir.

Donc je m'envoie mes deux dernières pommes et je repars. Il paraît que les deux lacs du coin, créés par le recul des glaciers qui se sont carapatés avant l'invention du réchauffement climatique, ont été occupés dès le néolithique : salut, les ancêtres !

A la place, je file, en bon touriste, vers les cascades du Hérisson. Avec la météo pourrie, je suis surpris de croiser quelques promeneurs sur le chemin qui borde ce joli cours d'eau et ses 5 cascades. J'ai peu de temps, aussi je ne vais pas jusqu'au bout : dommage, l'avant-dernière fait 60 mètres de haut et je n'ai pas le souvenir de n’avoir jamais vu une cascade aussi élevée.

L'heure tourne et j'ai envie de repartir vers 17 heures. Aussi, j'enquille trop vite la partie nord du parcours, par Fontenu et Doucier. J'avoue aussi que je commence à être fatigué : rouler sur ce genre de petites routes demande de la concentration pour ne pas se faire piéger. Je fais une dernière halte à Pont-de-Poitte pour d'une part regarder les drôles de cailloux façonnés par l'Ain et d'autre part pour vérifier que mon maigre chargement ne risque pas de se faire la malle sur le chemin du retour. Je fais de l'essence à Lons-le-Saunier : 12,8 litres, soit 3,1 L/100, pas mal pour de la mini-montagne.

Si tu as l'occasion, le Jura des Lacs c'est sympa, facile à faire, facile d'accès et ça change du Massif central. Mais ne fais pas comme moi : reste deux nuits et vas-y avec un ou deux potes (pas plus : après ça fait caravane).

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Commentaires

XM

c'est vrai que c'est beau par là-bas. merci pour le partage

23-06-2020 08:16 
waboo

Hé oui.. c'est superbe le Jura.


"l'autre avantage d'être indépendant, c'est que ça rend obligatoires les week-ends à 60 euros essence comprise."

Je voix bien le truc... triste

En revanche, ne pas manger et faire des bornes, pas possible pour moi. Les pommes c'est bien, mais je ne suis pas vegan. Et j'ai faim !

Ma moto aussi d'ailleurs, elle consomme deux fois plus que la tienne.

Bref, faut rentrer du blé avant d'en sortir.

23-06-2020 09:16 
cologny

Top !
En camping civilisé ou en camping sauvage, la nuit ?

23-06-2020 12:46 
KPOK

j'ai fait du gras pendant le confitruc : les pommes, c'est presque en trop.

(par contre, j'ai oublié de boire pendant le trajet et j'ai chopé un bon gros mal de crâne à cause de la déshydratation ; autant à pied j'y fais gaffe autant là je me suis fait avoir comme un bleu)

j'ai choisi le camping banal : pour le sauvage je prends un hamac ; je me méfie de l'ambiance actuelle, aussi.

23-06-2020 12:50 
sebgs

De toute façon la France est magnifique, dès qu'on quitte les grandes agglomérations, peu de régions m'ont déçues, chacune a son charme!

23-06-2020 16:46 
tom4

ça m'a rappelé des souvenirs ta Kronik.

merki

tom4

23-06-2020 21:03 
Aristoto

Kronik sympa, ça donne envie d'aller faire un tour. Indépendant aussi, je vois bien le pbm... enfin j'aime bien les pommes.

23-06-2020 23:55 
Charlie_41

Sympa !
KPOK, c'est quoi le modèle de ta tente ? Je songe à remplacer mon vieil igloo...

24-06-2020 14:26 
Javier

Sympa,
La prochaine fois vas-y avec un peu plus de budget.(sic)
Le Jura est un coin qui se mérite - et qui mérite qu'on y passe un peu de temps...

24-06-2020 17:00 
AS

Et oui Thoirette, St Claude, Lamoura, Mijoux, Les Rousses, Chapelle des Bois, Lac de Vouglans, Foncine le haut et le bas, Chaux neuve, descendre vers Nyon par St Cergues ou La Faucille, remonter vers le Lac de Neuchatel, St Point, Lac de Joux, Morteau, Mouthe, Baume les Messieurs, Chateau Chalon......il y a de quoi faire! De plus en posant les pieds dans le Jura, vous n'êtes vraiment plus loin des Alpes (environ 100 bornes Aix les Bains et Annecy) et que dire du Morbier et du Conté...une tuerie tout comme l'accueil des Jurassiens, et oui je suis un amoureux du coin!

24-06-2020 19:39 
KPOK

c'est la tente autoporteuse classique à 45 balles de chez Décatruc : tu trouveras sans problèmes.

Quelques remarques : le sac de transport est trop long à cause des arceaux (58 centimètres, je viens de mesurer), donc difficile à caser sur la bécane. La prochaine fois je replie la tente autrement pour la mettre dans le top-case sans les arceaux et je trouve à ces derniers une place ailleurs, sans doute en travers de la selle juste devant le top-case.

Elle est vendue comme une deux places, mais elle est vraiment trop petite pour deux. On peut y dormir à deux, mais toute autre opération est très pénible par manque de place. En vrai, c'est une large tente pour une personne.

Elle n'a pas d'abside : quand il pleut et qu'on ouvre les portes, il pleut dans la tente.

Elle est sombre, très sombre : éclairage obligatoire, même en plein jour (mais c'est le but).

Elle est plus humide le matin qu'une tente classique du fait de l'épaisseur des revêtements qui laissent moins s'échapper la vapeur d'eau.

24-06-2020 21:41 
Charlie_41

Merci clin d'oeil

24-06-2020 22:47 
la carpe

Eh ! Faut pas dire merci, il t'a expliqué dans la chronique précédente que c'était de l'imposture, qu'en fait il fait semblant d'aborder un sujet pour parler toujours de lui, de lui dans la tente cette fois. Mais à qui se fier pour savoir ?... Un vrai vertige !

25-06-2020 19:16 
 

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