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Nendaz, pays des Bisses

Station touristique aux coeur des Alpes bernoises, valaisannes et vaudoises

Mon roadtrip suisse continue, notamment dans la région du Valais. Quittant Martigny la culturelle, je remonte un peu la vallée du Rhône pour atteindre le Val de Nendaz qui s'ouvre sur la plaine à hauteur d'Aproz. L'eau minérale du même nom est produite ici soulignant, dès la base des montagnes, l'importance des sources issues des hauts sommets. L'orage matinal qui vient de balayer les lieux a également douché mes envies de tailler de la petite courbe. Bitume détrempé et froid me contraignent à monter tranquillement vers mon point de rendez-vous.

En route pour le val de Nendaz

La station touristique de Nendaz (1.252 m) a donné son nom au secteur que j'aborde. Ce val a une orientation nord-sud, bordé à l'ouest par la Dent de Nendaz (2 463 m) et à l'est par le Mont Rouge (2 491 m). En poursuivant vers la station de Siviez (1.733 m), on peut ensuite atteindre le barrage de Cleuson dont la retenue marque la fin du val de Nendaz. Au sud-est se dressent le Métailler (3.213 m) et plus loin vers le sud le mont Fort (3.328 m), point culminant du domaine skiable des "4 Vallées" (412 km de pistes). La commune est un ensemble de 18 villages et hameaux, dont les plus importants sont Basse-Nendaz et Haute-Nendaz. La première conserve une allure traditionnelle avec ses chalets de taille modeste, la seconde est très pittoresque avec ses raccards (bâtiment de bois) ancestraux. L'ensemble compose Nendaz, posée sur un plateau offrant une vue dégagée sur les Alpes bernoises, valaisannes et vaudoises. En 1950, seuls quelques chalets se partageaient l'espace. Avec l'essor des sports d'hiver, les constructions modernes se sont échelonnées, durant près de quatre décennies, de façon assez anarchique et massive. Heureusement, les nouvelles constructions s'inspirent bien davantage de l'habitat régional.

Bien que modernes, les chalets de Nendaz conserve une architecture traditionnelle

Mais pourquoi monter si haut ? Pour lâcher un peu le guidon, laisser la mécanique reposer et faire de même, en marchant tranquillement le long des bisses. Ques aequo? Un bisse (de l'ancien français biez) est un canal d'irrigation, creusé dans la terre et le roc ou fait de planches de bois soutenues par des poutres fixées à flanc de montagne, servant à conduire l'eau de la fonte des glaciers dans les vallées pour l'irrigation (prés, champs, vignobles, vergers, jardins, etc.). Or le Valais est une région sèche où la pluviométrie est deux fois inférieure aux besoins. Et pour alimenter les nombreuses cultures, dont les fameux abricots Fey, mais aussi les alpages pour le foin, il faut aller chercher l'eau là où elle sort : des torrents de montagnes.

Les bisses sont très présent dans cette région

La Printze arrose largement ce val où les habitants ont donc capté en maints endroits son flux, réalisant ces ouvrages remarquables et apaisants pour le promeneur. 8 bisses, dont 6 encore en activités sillonnent le val de Nendaz. La plus haute achemine l'eau depuis 2.300 m, la plus basse démarre à 800 m.

6 bisses sont encore en activité dans le Nendaz

La randonnée se fait sur des sentiers pratiquement plats, car ces étroits canaux suivent une pente juste nécessaire pour acheminer l'eau le plus loin possible. Un total de 98 kilomètres de différents parcours est possible. On peut également parfois passer d'un trajet à un autre ou tout simplement rebrousser chemin, selon l'envie de chacun.

En randonnée à travers le plateau de Nendaz

Ces itinéraires permettent également de découvrir les montagnes alentour et offrent une excellente vue sur la vallée du Rhône dominée par les châteaux de Valère et de Tourbillon. J'emprunte donc pour cette journée le Bisse du Milieu et le Bisse vieux, aux côtés d'une guide du patrimoine qui m'informe des particularités locales de toutes sortes. Sur les flancs du val se distingue ainsi une singularité valaisanne, les mayens. Ce sont de petites constructions d'alpages, composées d’un socle en maçonnerie grossière, souvent à demi enterrée dans le terrain pentu. La partie supérieure est faite de madriers de mélèze ou de pierre et d’une toiture en tôle ondulée ou en tavillons. Auparavant habitations saisonnières des éleveurs lors des estives ou inalpes, les mayens modernisés sont plus régulièrement occupés toute l'année.

Construction typique des alpages : le mayen

Au détour du trajet, nous traversons quelques hameaux et admirons d'antiques chapelles, telles celles de Bleusy et de Planchouet. Cette dernière, intégralement réalisée en bois en 1931, confère un caractère particulièrement remarquable au site. Encadrée de mélèzes, elle délivre une intemporalité sereine. La topographie locale est typique, échelonnant mayens, forêts protectrices (retenant avalanches et éboulements) puis alpages en plateaux.

La chapelle de Planchouet

Au milieu de ces endroits presque perdus, on trouve pourtant de quoi se restaurer de la meilleure des façons. Une halte gastronomique me fait ainsi stopper au restaurant Les Bisses (évidemment), où plats traditionnels et de saison rivalisent de qualités gustatives et de présentation.

Une halte gastronomique s'impose au restaurant Les Bisses

Nous reprenons ensuite notre marche le long du cours d'eau, celui-ci glissant tantôt sur des parois naturelles serpentant entre épicéas, aulnes blancs et mélèzes, tantôt entre les bords métalliques de conduites dirigeant son flux. De loin en loin, des panneaux permettent à l'eau de s'écouler suivant les besoins de chacun des copropriétaires du bisse. L'accès leur est partagé en heure d'arrosage stricte que nul ne doit enfreindre. L'entretien annuel du réseau est également obligatoire. Des gardes surveillent presque quotidiennement l'état des cours d'eau, limitant le débit en cas d'orage ou l'accroissant lors d'épisodes plus secs.

Des panneaux permettent de réguler et d'orienter le flux des bisses selon les besoins

Au hasard de notre randonnée, mon guide me fait découvrir réglisse sauvage et sorbier des oiseleurs aux baies rouges, dont la densité plus ou moins importante serait annonciatrice d'hiver à la rigueur idoine. Nous revenons enfin à la station, quittant le charme naturel et apaisant de notre cheminement centenaire.

La densité des baies du sorbier des oiseleurs serait anonciatrice d'un hiver idoine

Nendaz propose également une hôtellerie variée, dont un complexe haut de gamme abritant un spa au décor remarquable. Reprenant le concept local majeur des bisses, il habille son intérieur d'un canal en bois dirigeant l'eau entre ses différents espaces. Sauna, hammam, salle à température ambiante ou plus chaude, baignoire d'eau très froide et bassin extérieur chauffé sont à votre disposition. Enfin, une étonnante cave de glace vous propose ses alcôves gelées dans une ambiance à - 24°C…

La déco de l'hôtel imite les bisses

Plus communément, la station compte enfin sur 250 km de chemin de randonnée, 200 km de sentiers de VTT balisés, une piscine de plein air chauffée, des parcours de running (dont un up-hill 1.000) et accueille le Valais Drink Pure Festival de cor des Alpes. A la recherche du zen, montez à Siviez pour parcourir le "jardin japonais". Une via cordata permet enfin d'accéder sportivement, mais aisément, au sommet du Mont Fort… et de son téléphérique; plus facile encore pour redescendre.

Le plateau de Nendaz

Un tout autre lieu m'attend demain, symbole du Valais authentique et traditionnel : le Val d'Hérens.

Le Roadtrip du Valais

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