Examen de notre moto d'occasion et diagnostic pour estimation de la restauration

Repérage des signes extérieurs et intérieurs de dégradation pour estimer le montant des frais de restauration

Saga restauration de la sportive Kawasaki ZX6R 636 modèle 2002 : 2e épisode

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Bilan Général

La moto était donc choisie pour notre restauration et il ne restait plus qu'à, comme on dit dans ces cas là. Et tout commence par un examen approfondi afin de poser un diagnostic qui permet d'estimer le montant des travaux et de budgétiser les réparations. Cela commence par faire le tour de la moto pour repérer tous les signes extérieurs de dégradation, voire les signes intérieurs de dégradation. La moto a les tripes à l'air, je peux donc voir plus et mieux que ce qu'une sportive ne laisse normalement apparaître. Le réservoir est simplement posé sur le cadre, tout comme la boîte à air se prélasse sur la rampe de carburateurs. Des pièces et durites attendent lacivement que l'on s'occupe d'elles tandis que je peux déjà voir un faisceau électrique... original. On en reparle.

Une moto en kit, ça va encore. Surtout quand on pense avoir toutes les pièces. Une moto en occasion pas chère peut juste se révéler une mauvaise idée au début et encore plus à la fin. En sachant qu'il y a toujours des surprises, qu'elles soient bonnes ou mauvaises.

Quand on achète une moto pas chère, il faut aussi compter sur sa bonne étoile, sans jamais être certain que cela suffise. Mais c'est toujours bon pour le moral. Dans mon cas, on va dire que que mes cieux n'étaient pas toujours cléments et que mes yeux vieillissants et en phase de presbytie précoce m'ont joué des tours. L'enthousiasme dont je faisais preuve devant ce que je croyais être une pépite - un peu brute - aura pris le pas sur l'analyse purement intellectuelle qui aurait dû me dire de ne pas aller plus loin.

Pourtant, j'y ai passé du temps, devant cette moto. Il semble donc qu'il en aille de la moto comme d'un logement que l'on achète : une contre visite à froid et à deux est parfois nécessaire. Dans tous les cas, toujours aller acheter une moto avec un copain afin qu'il temporise votre enthousiasme de gamin qui voit sa madeleine de Proust et qui lâche les billets nécessaires dans son élan.

Ne pas hésiter non plus à imprimer la liste des points à vérifier avant tout achat.

On commence par les bonnes ou les mauvaises surprises ?

Les bonnes surprises

Malgré son (très ?) mauvais état général, son côté défraîchi oscillant entre oxydation et usure prononcée, des pièces adaptées de manière solide, parfois sordide, à la fois artisanale et aléatoire, on comprend que cette moto a du potentiel. Bien caché, mais elle en a, juste derrière ce vécu ! Et un vécu complexe. Intéressant ! Déjà, je sais qu'elle a un puits de bougie HS, raison pour laquelle elle est aujourd'hui en pièces.

Les carters moteur ne suintent pas, mais leur aspect n'est pas reluisant. Elle a dû rouler en hiver et ne pas dormir de façon abritée des intempéries. Du coup, les peintures sont attaquées, sans parler de la ligne d'échappement. En temps normal, ça ne se voit pas. Mais là, la moto joue les impudiques et ne garde que son tête de fourche, un flanc de carénage et sa coque arrière. Côté nettoyage et rafraîchissement, pas de quoi m'affoler, j'ai les produits qui vont bien à la maison. Enfin je l'espère.

Quant au moteur, on en voit quand même une bonne partie : la moto a les tripes à l'air. Une vérification rapide me permet de voir que toutes les durites sont là et qu'il y a même du rab niveau fils électriques, passés n'importe comment. Assurément, le propriétaire actuel n'est pas un esthète. Je tourne la poignée de gaz et constate que ça fonctionne bien. Ouf.

Il y a du boulot, mais la qualité japonaise fait que même en cas de très mauvais entretien, ça tient et surtout, ça se récupère, sans frais supplémentaire au-delà de temps à passer dessus.

La peinture n'a pas bien vécu non plus, sauf sur le cadre. Et encore. En témoignent les repose pieds passager, « bouffés » par le sel. Ambiance.

Tout en traversant plutôt bien le temps, la mécanique n'est pas des plus engageante. Elle en serait d'ailleurs à sa 4ème main, cette petite ZX6R 636. Mais son propriétaire dit qu'elle roulait bien. Dans toute ma candeur de post ado revenu sur le devant de la scène pour l'occasion, je suis prêt à le croire.

Ça sent bon la merguez... Ça et un carénage rafistolé, mais c'est opérationnel et ça se voit. C'est déjà ça.

J'essaie de me convaincre qu'elle dégage quand même un petit quelque chose de sain. Ce que je peux voir est correct, sans plus, compte tenu du prix annoncé : 800 €. Une épave se négocie généralement dans les 500/700 €, on n'est donc pas trop loin d'un prix juste.

Le compteur paraîtrait presque neuf et même si le tête de fourche tient avec des pattes métalliques, le reste est correct. Enfin si l'on n'est pas trop exigeant. Les pneumatiques sont usés, mais pas morts et le kit chaîne semble opérationnel. Sa tension est bonne (ce qui n'est pas le cas de bon nombre de motos parfaitement roulantes) et on est loin des repères de tension max. Cela dit, elle n'a pas tourné depuis un moment et la rouille fait déjà son œuvre. Ça sent le remplacement à plus ou moins court terme. Par contre, il est bien graissé, signe d'un entretien récent (pour cacher la misère ?). C'est toujours ça de pris.

Une moto sauce Tonton Flingueurs

A cause de son puit de bougie hors service, la moto n'a pas tourné depuis quelques mois, on va bien voir ce que cela donne. Le soucis ? Un puits de bougie HS, c'est la maladie commune et connue sur les sportives et motos 4 cylindre à cadre périmétrique. Quelqu'un se prend pour un mécano, la clef à bougie n'est pas adaptée, il force un peu et il abîme le pas de vis.

Autre source de détérioration du filetage: un serrage trop prononcé de la bougie. Rares sont les mécaniciens amateurs à disposer d'une clef dynamométrique ou d'outillages adaptés... Je sors la bougie qui n'a plus de filetage. Elle n'a pas l'air fraîche du tout. Un lendemain difficile, on dirait. Déjà, j'ai mis la calculatrice en route : prévoir 4 bougies neuves et une réparation du puits de bougie.Total ? Environ 100 € si je me débrouille bien.

Avec une moto éparpillée aux 4 coins de la place de parking, façon puzzle, pas question de pouvoir lancer le moteur, ni même de mettre le contact. Il va falloir faire confiance au vendeur, qui affirme qu'elle tournait rond bien avant la panne. A ce titre, la présence de la voiture du vendeur et de câbles de batterie ne prêchent pas en faveur d'une bonne santé de la batterie.

OK, on prend le risque, tout en sachant qu'il faudra vraisemblablement en changer. Une batterie moto complètement à plat ne reprend que rarement du service, même avec un excellent chargeur. Cela fait partie des mauvaises surprises du diagnostic. Et elles sont plus nombreuses que les bonnes (sinon, ce ne serait pas drôle). Prix d'une batterie standard : 40 € environ. Pour l'instant, j'en suis à 140 € de réparations.

Oui, parce que tout ce qui a été énoncé ci-dessus fait partie des bonnes surprises. Pour un motard normal, ce serait de mauvaises surprises. Pour moi, ce sont les bonnes surprises. Faut-il vous parler des mauvaises surprises maintenant ?

Les mauvaises surprises

Ce qu'il reste du carénage est en piteux état. Une chose est sûre : la moto a été verte, dans une vie antérieure, comme en témoignent les jantes et le réservoir, seuls éléments d'origine. Du moins ce que l'on parvient à voir au travers de la crasse. Autre point, la coque arrière est fendue. Soit il faudra la re-souder / réparer, soit il faudra la changer. Il manque une vis de fixation du mécanisme de verrouillage de selle arrière et la serrure d'ouverture n'est pas bien fixée. Aux 140 € je rajoute donc un carénage complet, qu'il soit d'occasion on adaptable. Le tarif ? J'espère en trouver aux alentours de 200 €. Total à présent : 340 € de réparations immédiates.

Le pire, c'est que ça tenait... et que le propriétaire roulait avec une moto où tout était de cet acabit. Le contrôle technique, ça pourrait avoir du bon, non ? Aie, pas taper ! Le contrôle technique, c'est le mal !

Sous la selle, il manque beaucoup de vis et d'écrous. Les ingénieurs sont décidément trop généreux... Mais des fois, c'est utile. La preuve.

Indication fournie par les différences de couleurs ? Le carénage n'est vraiment pas d'origine, ce que le vendeur ne cache pas. Il a été remonté après qu'il ait racheté la moto et il a fait ce qu'il pouvait avec ce dont il disposait. OK. D'ailleurs, à ses dires, un flanc de carénage serait parti sur l'autoroute, en roulant. Arrivé à ce point là, on peut être poli et y croire. Je ne demande pas pourquoi le réservoir est enfoncé, ce serait faire du zèle. Mais le fait est qu'il l'est et de manière plutôt conséquente. Pour autant, le gros bobo ne m'inquiète pas, il est bien placé. Par contre, on aperçoit quelques traces de rouille. C'est moins bon déjà. Framéto est mon ami ! (Framéto, c'est parce que tout le monde connaît. Mais il existe des produits bien meilleurs que cela).

Le réservoir a lui aussi eu la vie dure. Poc conséquent et peinture écaillée, il va y avoir du travail à fournir ! Je sais que l'on peut faire débosseler sans repeindre pour 50 à 75 €. Vu l'état du réservoir, je peux aussi faire mes propres expérimentations... pour beaucoup moins cher. Total des réparations : 415 €. Ça commence à chiffrer, mais je pense déjà négocier le tarif de la moto.

Une chose est sûre, cette moto a dû taper assez fort. Les fixations de carénage le démontrent volontiers.

Autre preuve d'une chute plutôt violente, la barre transverse de fixation du sabot moteur est tordue. En démontant le tête de fourche, une opération largement facilitée par le mauvais état de l'optique et l'absence de fixation réelle, on s'aperçoit que ça tient « au moral ». Enfin plutôt avec les supports de rétroviseurs sur l'araignée, deux colliers auto-serrants et... c'est tout. Il semble même qu'il manque l'araignée supérieure. Une pièce assez rare, donc chère.

Tout le faisceau électrique avant est de cet acabit. Ça tient, mais ça fait tâche. Comme pas mal de choses sur la moto à dire vrai.

Ceux qui ont « retapé » la moto étaient de bonne volonté, mais franchement pas doués... La durite de frein avant en témoigne.

Même moi, je peux faire mieux ! Ce qui est sûr, c'est que ça sent l'amateurisme et qu'il y a pas mal de choses qui peuvent se cacher sous un semblant de "ça a l'air d'aller". En temps normal, à cette étape, on prend ses jambes à son cou et on n'achète pas.

Niveau électrique, le faisceau avant est très... artistique. Pas forcément fragile, plutôt sérieux dans sa construction malgré son aspect fantasque, mais un brin méli-mélo et franchement pas sexy.

Bien qu'opérationnelle, l'une des durites aviation du système de freinage avant n'a pas été passée correctement lors du remplacement (ce n'est pas d'origine). Et pour cause : le répartiteur a été éliminé au profit de doubles durites. Un bricolage peu consciencieux.

Conséquence ? La durite a été pincée par... la butée de direction. Constat : il va y avoir du boulot ! Beaucoup de boulot. Au moins, les disques sont en bon état, presque pas creusés et ils ne semblent pas voilés lorsque je fais tourner la roue, moto sur la béquille (à deux, c'est mieux). Je rajoute une durite aviation au devis. J'estime à 40 € l'investissement si je mise sur la réparation minimale avec du matériel neuf. Total : 455 €

Conclusion

Quelque part, ce bilan est "motivant". Que voulez vous, je suis joueur. Au point que même le joint spi qui semble fuir ne m'affole plus. De toutes façons, il faudra la purger pour un fonctionnement optimal et surtout tout refaire. Un spi baveur, c'est fréquent sur les motos d'occasion. La fourche semble assez simple, même si entièrement réglable.

De toute manière, je n'achète pas une occasion, j'achète une moto à refaire complètement. Ce qui est sûr, c'est que cette machine serait à mettre dans la catégorie VEI, c'est à dire Economiquement Irréparable, plutôt que occasion. Et puis, c'est un challenge personnel et aussi une envie plus forte que les craintes. J'aime bien les causes perdues.

Appelez moi Candide, encore une fois (l'avenir me montrera que mon optimisme m'aura joué des tours), mais pour le moment, nous allons le voir. Allez, pour l'instant, top là, je prends cette ZX6R 636 après une "négociation" du tarif. 700 €... Au pire, je la vendrais pour pièces et devrais pouvoir rentrer dans mes frais. Estimation du coût des pièces détachées ? Aux alentours de 500 €, ce qui porterait la valeur totale de la moto à 1 200 €. Enfin si tout se passe bien. Somme à la quelle il me faudra ajouter la location de mon emplacement dans un garage participatif. Ce sont toujours 1 000 € de moins que la moindre 636 que je trouve actuellement sur les petites annonces. Beaucoup d'heures de boulot à prévoir. C'est parti ! A suivre...

Lire la suite avec le lavage de la moto avant de commencer la restauration...

Plus d'infos sur la restauration

• Lire l'épisode 1 avec la présentation du projet et de la Saga Restauration
• Voir la fiche technique du modèle 2002 de la Kawasaki Zx6r 636