Comment c'est fait les protections motos ?
Rencontre avec le spécialiste britannique de la protection individuelle D3O
Le slime contre les bobos et bien plus encore
On parle beaucoup d'équipement de protection moto et notamment des EPI, autrement dit les Equipements de Protection Individuelle. Il y a l'équipement moto standard et puis il y a tous les composants et notamment les protections qui viennent compléter l'équipement de base. Mais comment cela fonctionne ? Et comment le tout est-il testé en fonction des normes ? Pour le savoir, nous sommes allés rendre visite à D3O, spécialiste de la protection individuelle à intégrer dans l’équipement moto.
Dans son quartier général de la banlieue de Londres, nous avons découvert l’univers de l’entreprise, ses projets et réalisations, mais bien plus encore : un lieu de recherche et développement, de tests et de réflexion autour de la protection au sens large. L’occasion de revenir dans un second temps sur un essentiel de la pratique moto : les protections de genoux, coudes, épaules et du dos.
D3O : une voie à part dans la protection individuelle
Créée en 1999 par Richard Palmer et Phillip Green, la société a connu des débuts timides avant d’exploser littéralement dans le domaine de la protection individuelle dans les années 2010/2015, notamment grâce à des partenaires tels que Furygan, grand innovateur dans le domaine de l’équipement des motards et des motardes. La marque française fut séduite par les propriétés et les caractéristiques de la matière orange, la couleur symbolique de la matière D3O, obtenue grâce à une coloration.
Le matériau D3O dispose de propriétés physiques non newtoniennes (liquide à l’état statique et solide en cas de choc). L’énergie d’un choc est mieux absorbée et moins transmise qu’avec une protection en mousse ou encore une coque rigide. Il offre également d’autres atouts : il est souple lorsque la chaleur corporelle le ramollit et en fonction de sa formule, il est plus ou moins léger. De fait, les protections en D3O sont aussi efficaces (voir plus) que d’autres, tout en disposant d’une épaisseur moindre. Elles permettent notamment aux dorsales d’obtenir une certification de niveau 1 ou 2 en fonction de leur épaisseur, tandis que les coques de coudes, d’épaules et de genoux sont elles aussi aux normes les plus exigeantes.
Lors de cette rencontre, nous avons découvert les différentes étapes de conception et de réalisation du D3O. Un petit tour dans l’antre du docteur FrankenO vous tente ?
Ce composé « miracle » est proche en apparences et en propriétés du « slime », ce « truc » visqueux avec lequel jouent les petits et les plus grands. Un élément qui est à la fois malléable et rebondissant une fois mis en boule par exemple. Il a d’ailleurs probablement servi d’inspiration lors du développement du D3O si l’on en croit les déclarations de ses inventeurs qui disent s’être inspirés d’un jeu pour enfant.
De fait, un passage dans l’atelier de chimie, en compagnie des scientifiques en charge du développement et de l’amélioration de la formule, nous a permis de comprendre à la fois la « simplicité » apparente et la complexité des manipulations concernant le D3O, lui permettant de prendre toutes les formes possibles et de résister à de nombreuses situations climatiques et de contrainte. Tout est question de dosage et d’éléments constitutifs, lesquels peuvent évoluer en fonction du besoin et des caractéristiques souhaitées au regard de l’application finale. Dans sa diversification, D3O produit ainsi des équipements pour le ski, l’équitation ou encore les forces militaires américaines, en passant par des semelles de chaussants et des éléments de coque de protection pour les téléphones portables. Chose plus inattendue, la société fournit aussi des protections pour les robots androïdes de la Nasa…
Une véritable science
Ce que nous avons vu ? Avec amusement, un environnement surprenant, visuel et une impression de débarquer dans un clip scientifique ou un labo de chimie d’un professeur un peu fou, mais génial (la fumée en moins), comme en témoignent notre vidéo et nos photos. Différents laboratoires, donc, où l’on développe des formules et des moules, puis là où l’on teste les produits, y compris ceux prélevés dans la production et chez la concurrence ? Histoire de. Au chapitre des tests, nous en verserons un plus surprenant que les autres. Passés sans réellement comprendre pourquoi devant une rangée de lave-linge et sèche-linge, nous comprenions ensuite rapidement pourquoi au détour d’une conversation : les protections D3O sont lavables « régulièrement, mais pas trop » en machine à l’intérieur des équipements. Elles sont aussi réutilisables en cas d’accident (elles ne perdent pas leurs propriétés) et sont finalement assez peu onéreuses au regard de leurs caractéristiques et de leur longévité supposée, tant que leur structure n’est pas endommagée.
Nous avons retenu de cette expérience surprenante et intéressante autant que ludique des hommes et des femmes en blouse blanche manipulant deux liquides : une base colorée (ici en orange) et un précurseur de mousse de polyuréthane, à mixer à la façon d’un matériau composite. On verse le résultat dans une forme (un moule), on suit des réactions chronométrées, une « cuisson douce » minutieuse et au sortir, on obtient un produit répondant -normalement- en tous points aux normes de sécurité. Bluffant, non ?
Résultat ? Au choix une petite carotte façon champignon orange ou une protection. Ou toute autre utilisation. Outre la structure moléculaire et la formule chimique employées, le design influe sur la fonctionnalité. Ainsi, D3O est peu à peu parvenu à proposer des éléments mieux ventilés et de plus en plus résistants, mais aussi de plus en plus « écologiques ». Comment ? Grâce à de nombreuses recherches et innovations. La marque tend ainsi à limiter au maximum les « pollutions » chimiques induites par les éléments utilisés dans sa formule et donc l’impact écologique de ses gammes. Pour leur bilan carbone, c’est à voir : la majeure partie des équipements D3O sont produits en Chine, sauf pour ce qui concerne le marché américain, lequel impose que les usines soient sur leur territoire. Enfin, la capacité de production anglaise est certes faible, mais elle est réelle, même si le siège de l’entreprise sert davantage de laboratoire et de showroom pour la marque anglaise.
Un ambassadeur hors normes
Cette visite était aussi l’occasion de rencontrer l’un des ambassadeurs moto de la marque. Un homme rare et pressé, sûrement, indépendant, surtout, dont on sait qu’il ne mâche pas ses mots et qu’il choisit méticuleusement les choses pour leurs qualités et leur capacité à lui permettre de rester en vie. J’ai nommé Mikael Dunlop, l’homme le plus rapide sur route à ce jour et multiple vainqueur du TT de l’Ile de Man. Son discours est aussi clair que sa pensée et ce testeur de l’extrême sait ce qu’il doit à ses protections et à son équipement. Notamment lorsqu’il parle de ses crashs, rares, mais toujours impressionnants et dont il s’est jusque là sorti avec un minimum de séquelles. Voyez son interview pour en témoigner, aussi orientées soient les questions, on sent bien la conviction du pilote derrière la « promotion », qui n’en est pas une, MD n’étant assurément pas homme à se laisser diriger.
Commentaires
Je fais du roller en salle. Je me suis déjà pris des gauffres, bien évidemment. Je suis équipé de protec' décathlon à vil prix. aucune sensation de douleur en tombant, super efficaces. Mais du coup, si j'ai pas mal en tombant avec ça, quid du D3O de mon pantalon moto? Aller hop, essai. ET BIM !!! Putain ça fritte. J'imagine même pas une gamelle sur la route. Plus trop en confiance quoi....
24-01-2024 14:02Kit protec roller décath' pas cher : 1 - D3O spécial moto : 0.
L’haricot > le D3O protège d’autant plus que tu vas vite (cherche ce qu’est une matière visco-elastique ).
24-01-2024 19:31Il est possible que les chocs en roller n’aient pas été assez violents.
Foutaises, comment ils faisaient les chevaliers avec leurs armures?
25-01-2024 00:06Ils ne faisaient pas non plus de la moto.
Pour faire un test accroche toi en roller derrriere une bécane et lâche tout. 🤣
25-01-2024 05:57