Equipement du pilote : les normes Européennes
EPI : A quoi correspondent les normes et homologation ?
Coques de protections, dorsale, blouson, pantalon, combinaison, gants et bottes
Pendant longtemps, seuls les casques étaient rendus obligatoires par le code de la route français pour la conduite d'un deux-roues motorisé. Mais depuis 2016, les conducteurs de motos et de scooters doivent également être équipés de gants homologués. Sans être obligatoires en France, les autres équipements de protection du pilote n'en sont pas pour autant moins importants.
Ainsi, en dehors des aspects du look et du confort, il faut prendre en compte les performances offertes par le vêtement en termes de protection. Et ce n'est pas toujours facile de s'y retrouver en termes de normes et d'homologations.
Les EPI - Equipement de Protection Individuelle
Avant toute chose, il faut savoir que les normes des équipements du pilote sont régis par le règlement européen 2016/425 du 9 mars 2016 sur les EPI - Equipement de Protection Individuelle (PPE : Personnal Protective Equipement).
Ces EPI sont répartis en deux catégorie en fonction du risque encouru par l'usager.
La catégorie 1, aussi appelée Simple Design PPE, concerne les activités présentant un danger mineur. La certification des produits est faite directement par le producteur et ne nécessite aucun contrôle d'un laboratoire indépendant.
La catégorie 2, Complex Design PPE, inclut de son côté les équipements de moto et ceux pour lesquels l'activité présente un risque important. Ces EPI ne sont certifiés qu'après le contrôle d'un laboratoire indépendant.
Il faut donc prendre garde à cette différence car la norme EPI cat. 1 ne repose sur aucune vérification extérieure et concerne aussi bien des gants de jardinage ou des gants en latex.
Les tests et les normes
En vue de leur homologation, les équipements passent une batterie de tests permettant de définir leurs capacités de résistance, d'endurance ou encore d'absorption des chocs.
Ces EPI de catégorie 2 bénéficient chacun de plusieurs niveaux d'homologation permettant d'indiquer les capacités de protection. Plus le niveau est élevé, plus la protection offerte est importante. Les pré-requis pour une homologation de niveau 2 sont souvent difficiles à atteindre mais offrent une protection maximale.
Pour reconnaitre les équipements homologués, les dernières productions sont pourvues d'une étiquette CE affichant le logotype d'un motard et le numéro correspondant au niveau d'homologation. Toutefois, cette normalisation de l'étiquetage reste assez récente et l'on peut trouver des équipements homologués qui ne portent pas ce logotype. Dans le cas de gants, obligatoires, il faut ainsi que ces derniers mentionnent bien la norme EN 13594 à laquelle ils sont soumis.
Les coques de protection aux coudes, épaules, genoux et hanches EN 1621-1
Les coques de protection sont les premières à avoir été désignées comme EPI. Pour bénéficier de l'homologation européenne, celles-ci doivent passer un test d'impact. Un poids de 5 kg est lâché sur la protection avec une intensité de 50 joules, à 12 reprises.
Les coques sont homologuées de niveau 1 si la puissance moyenne transmise ne dépasse pas 35 kN (kilo-Newton) avec un pic autorisé à 50 kN. Les coques sont homologuées de niveau 2 si la puissance moyenne transmise ne dépasse pas 20 kN avec un pic autorisé à 35 kN.
Un test optionnel est également soumis aux protections pour tester leurs performances à -10°C et à +40°C et s'assurer qu'elles jouent encore leur rôle dans les conditions extrêmes.
La protection dorsale EN 1621-2 et thoraciques 1621-3
Comme pour la norme EN 1621-1, les protections dorsales sont soumises à un test d'impact. Ici, le test s'effectue sur 5 chocs dont deux sur des zones "fragiles" ciblées.
Pour être homologué de niveau 1, la dorsale doit transmettre moins de 18 kN avec un pic autorisé à 24 kN. Pour le niveau 2, la dorsale doit transmettre moins de 9 kN avec un pic autorisé à 12 kN.
Sur les protections thoraciques, la mesure est légèrement différente puisqu'elle porte sur la dispersion de l'impact. La protection ne doit transmettre que 20 kN de moyenne avec un pic à 35 kN lors d'un impact à 50 J. Plus la répartition de la force est importante, moins le choc est violent. Aussi l distribution de la force doit atteindre 15% pour le niveau 1 et 30 % pour le niveau 2.
Le blouson, le pantalon et la combinaison EN 13595
Les vêtements du motard sont homologués sous la norme EN 13595. Cette norme couvre les blousons, les pantalons ainsi que les combinaisons intégrales et deux pièces.
Ces vêtements sont définis en 4 zones différentes. Pour recevoir l'homologation, chaque zone doit obtenir des résultats suffisants aux tests d'abrasion, d'éclatement et de perforation. En complément, un test d'impact est effectué sur les protections EN 1621-1.
Pour le test d'abrasion, chacune des 4 zones est fixée à son tour sur un capteur puis mise en contact avec une bande abrasive en mouvement. Une fois le matériau entièrement déchiré, le test prend fin.
Les zones sont ensuite soumises à un test d'éclatement. Le matériau à tester est fixé à une poche d'eau qui gonfle progressivement jusqu'à l'éclatement. Enfin, les quatre zones sont soumises à un test de perforation. Une lame est lâchée sur les matériaux pendant qu'un capteur mesure l'ampleur de la perforation.
En fonction des résultats obtenus aux tests, les blousons, pantalons et combinaison sont classés à travers 3 niveaux distincts :
- Le niveau urbain qui garantie une protection minimale
- Le niveau 1 recommandé pour une utilisation routière
- Le niveau 2 recommandé pour une utilisation intensive, notamment la conduite sur piste
La rigueur et la complexité de ces tests font qu'aujourd'hui de nombreux équipements ne sont, à proprement parler, pas homologués CE. L'homologation ne touche encore bien souvent que les protections d'autant que ces équipements n'étant pas obligatoires, leur homologation n'est pas cruciale pour les marques. La majorité des fabricants historiques et grandes marques ont cependant décidé de ne plus produire que des équipements homologués CE à l'image de Furygan qui le fait depuis 2012 avec la création de son MotionLab.
La norme EN pr17092
Comme son intitulé l'indique, la norme 17092 n'est encore que provisoire, mais son application se fera dans le courant de l'année 2020. Les fabricants pourront continuer à vendre leurs vêtements EN 13595 jusqu'en 2024, date à laquelle l'EN 17092 deviendra obligatoire... si bien sûr l'utilisation d'un blouson homologuée était obligatoire pour pouvoir rouler à moto, ce qui n'est pas le cas même si très fortement conseillé. De nombreux fabricants ont d'ailleurs déjà commencé à homologuer leurs équipements depuis la fin 2018 sous cette norme.
La première modification par rapport à la norme existante consiste dans la mise en place d'un système de notation sur 5 niveaux : AAA, AA, A, B et C. Le triple A correspond au niveau le plus protecteur devant le AA et le A, le B correspond aux mêmes exigences que le A mais pour les équipements vendus sans coque de protection et le C aux gilets de protection. La notation est précisée sur l'étiquette EPI et permet aux consommateurs de mieux s'y retrouver en matière de qualité de protection.
Les procédures de test ont également été modifiées, notamment celle de la résistance à l'abrasion avec l'utilisation d'une nouvelle machine faisant appel à une dalle en béton pour reproduire plus fidèlement le bitume que le précédent ruban abrasif. Les tests de coupure, d'étirement, de recherche de composés chimiques et autres sont toujours menés. Un nouveau système d'identification des zones à renforcer/protéger a également été mis en place avec la Zone 1 correspondant aux articulations, la Zone 2 au dos et aux membres et enfin la Zone 3 au torse et aux mollets.
La notation finale repose quant à elle sur la plus petite valeur obtenue lors du test. Ainsi, un blouson qui aurait obtenu un triple A sur tous les plans mais un simple A sur la résistance à l'étirement sera ainsi noté A. De même, un AA aura obtenu au moins cette notation sur l'ensemble des points de test.
Niveau | Zone | Résistance à l'abrasion | Résistance à la coupure | Résistance à l'éclatement |
---|---|---|---|---|
AAA | 1 | ≥ 4 s | ≥ 50 N | ≥ 12 N/mm |
2 | ≥ 2 s | ≥ 50 N | ≥ 12 N/mm | |
3 | ≥ 1 s | ≥ 35 N | ≥ 8 N/mm | |
AA | 1 | ≥ 2 s | ≥ 40 N | ≥ 8 N/mm |
2 | ≥ 1 s | ≥ 40 N | ≥ 8 N/mm | |
3 | ≥ 0,5 s | ≥ 30 N | ≥ 6 N/mm | |
A | 1 | ≥ 1 s | ≥ 35 N | ≥ 6 N/mm |
2 | ≥ 0,5 s | ≥ 25 N | ≥ 6 N/mm | |
3 | - | ≥ 25 N | ≥ 4 N/mm |
Les gants EN 13594
Devenus obligatoires en France, les gants de moto sont soumis à plusieurs tests comme la résistance à l'abrasion (minimum 4 secondes), de déchirure, d'éclatement et de perforation. Ils doivent également répondre à des obligations ergonomiques. Ainsi le gant doit descendre au moins de 15 mm sous le poignet pour bénéficier d'une homologation de niveau 1. Un test d'impact peut également être effectué dans le cas où le gant est équipé d'une coque de protection.
Pour atteindre le niveau 2, les gants doivent résister à l'abrasion pendant 8 secondes et descendre 5 cm sous le poignet. Il doivent également être obligatoirement pourvus d'une coque de protection.
Les bottes EN 13634
Dernier équipement et pas des moindres, les bottes de motos répondent à la norme EN 13634. Mais à l'inverse des autres équipements de motos, les bottes et chaussures montantes ne sont pas évaluées dans leur ensemble, mais sur trois points spécifiques. La résistance à l'abrasion, à la coupure et la rigidité sont ainsi notées de 1 à 2 et affichées sur l'étiquette.
A côté de ces valeurs, le marquage CE précise également si les bottes sont pourvues d'une protection aux malléoles (IPA), d'une protection du tibia (IPS) ou imperméables (WR).
Par le passé, la hauteur minimale fixée par la norme rendait impossible l'homologation des baskets moto. Ce point a cependant été revu pour permettre de certifier les baskets couvrant à minima la cheville. Ainsi la hauteur de tige doit mesurer à minima 162 mm en dessous du 36 et 192 mm au dessus du 45.
L'airbag EN 1621-4
Filaire ou sans fil, l'airbag moto existe dans deux versions bien distinctes : avec un déclenchement mécanique, par câble ou avec un déclenchement électronique. Cet équipement est désormais mis en avant par les pouvoirs publics qui souhaitent inciter les motards à s'en procurer. La norme EN1621-4 est la dernière a être entrée en vigueur. Les conditions d'homologation demandent dans un premier temps un déclenchement de l'airbag en moins de 200 millisecondes, un temps excessivement long en conditions réelles.
Les airbags sont ensuite testés de la même manière que les protections dorsales, mais l'absorption d'énergie doit être plus importante. Ainsi, pour atteindre le premier niveau de certification, l'énergie résiduelle moyenne doit être inférieure à 4,5 KN avec un pic accepté jusqu'à 6 kN. Le niveau 2 demande une énergie moyenne inférieure ou égale à 2,5 KN avec un pic ne dépassant pas les 3 KN.
Plus d'infos sur les équipements
Plus d'infos sur les équipements de protection individuels
- Site : standards.cen.eu
- Site : www.pva-ppe.org.uk
- Site : europa.eu
- Tous les dossiers
Commentaires
Bonjour et merci pour cette article très intéressant.
28-02-2021 10:02Pouvez vous me renseigner ou aller pour faire tester un sac de protection dorsale airbag que nous avons créé.
Avez vous une adresse où je peux me d’enseigner.
Merci pour votre retour et meilleures salutations
Étienne Grossrieder
Serait-il possible de mettre à jour ce vieux dossier?
15-05-2023 15:00Par exemple, les bottes motos ont désormais non plus trois mais quatre notes, et je me suis posé la question de la quatrième note ainsi que les 3 autres (en bottine/basket, le mieux que j’ai vu c’est 1221 en regardant rapidement)