Essai pneus Metzeler Sportec M9 RR
Pneumatique sportif de route
Sommet de la gamme pure route en termes de ventes et de performances, le pneu M7 RR est presque un monument tant il est auréolé de victoires en tests, dans une catégorie qui représente les plus forts volumes de production. Né en 2015, il passe la main au pneu M9 RR que nous avons essayé sous toutes les coutures... ou presque.
Pour le manufacturier germano-italien, le challenge est de taille et l'échec n'est pas une option comme on dit à la NASA. Voyons ce que nous ont concocté leurs équipes avec une telle pression sur les épaules...
Découverte
On a l'habitude de dire qu'on ne change pas une équipe qui gagne. Mais dans le pneumatique, les victoires sont éphémères, tant la concurrence est rude. C’est particulièrement vrai dans le segment du pneu hypersport qui représente à lui seul 41 % de marché radial en Europe, devant le sport touring (36%, alors que les pneus trails ne sont encore qu’à 14%. Chacun donne le meilleur et paradoxalement, même si l'on parle de pneus route, c'est une vraie compétition entre concurrents qui se déroule sous nos yeux. La course à l'armement est particulièrement intense et pour réussir il faut s'inspirer de la compétition en transférant la technologie développée sur piste, dans les plus brefs délais. D'ailleurs s’agissant de Metzeler ce n'est pas tout à fait exact, puisque l’ADN de la marque, c'est la course sur route justement. Changement de rugosités, d'adhérence, de temps, trous, bosses, rigoles d'eau, etc. Les conditions de roulage sont particulièrement changeantes et délicates... Comme dans la vraie vie! C'est donc en profitant de l'expérience et des 58 victoires acquises au Tourist Trophy, sur la Northwest 200 et au GP d’Ulster, que le nouveau M9 RR, pour Road Racing, a été développé.
Quel pneu pour quel usage?
Avant de définir le produit, il faut connaître parfaitement sa cible et les motivations des acheteurs. Sur un produit phare, les études de marché sont poussées et Metzeler a interrogé ses clients pour cerner aux mieux leurs désidératas. Il en ressort que 67% d’entre eux utilisant leur moto plusieurs fois par semaine, quel que soit le temps, leurs préoccupations essentielles sont au nombre de trois:
- La durabilité des performances dans le temps
- Le grip sur le mouillé et les routes glissantes
- Les performances dynamiques sur sol sec
Conçu pour la route, le M9RR peut aussi aller se dégourdir les roues sur piste occasionnellement comme nous allons le vérifier par nous-mêmes. Dès lors, cela demande des particularités techniques pas toujours compatibles, voire antinomiques. De fait, comme souvent, le manufacturier a dû faire le grand écart et redoubler d'astuces pour tenir le cahier des charges.
Pour concilier performances et tenue à froid, il a fallu gérer la tenue en température afin d'évacuer les calories ou plutôt de faire en sorte qu'elles ne soient pas produites. C'est ainsi que la nouvelle empreinte au sol a été dessinée pour réduire au minimum les déformations, ce qui limite les échauffements. Les raideurs de carcasses ont aussi été optimisées et enfin, les parties sollicitées sur piste, sont dépourvues de dessins. Ces épaules slick augmentent la surface de contact au sol, ce qui diminue la pression et donc le dégagement de chaleur. En outre, la rigidité de la gomme s'en trouve accrue, ce qui là encore limite les échauffements. Enfin, le nouveau profil offre 5% de surface supplémentaire par rapport au M7RR à l’angle maxi. Des progrès qui se traduisent au chrono et qui permettent de prendre 2,6° de plus qu’avec le M7RR dans des conditions identiques (48,4°/51°).
Vous l'aurez deviné, comme c'est désormais classique, le M9RR est un bigomme avant arrière, ce qui permet de conjuguer au mieux longévité kilométrique et adhérences en virage. Une technologie que Metzelzer a adoptée pour la première fois en 2012 sur le Z8 et en 2014 sur le M7 dans sa gamme sport. Vous pourrez observer les différentes répartitions de gommes sur les schémas.
C'est au terme de 18 mois de développement, en prenant le M7R, mais aussi ses concurrents en guise de références que les ingénieurs du groupe ont élaboré le produit que nous avons pu découvrir sur route et sur piste. On vous emmène en selle pour vous faire partager nos premières sensations?
Sur circuit
Holliday on ice... C'est du moins comme cela que la journée a failli commencer quand un sympathique confrère a perdu un bouchon du carter de sa BMW S1000 XR aspergeant d'huile ceux qui le suivaient. Notre première séance a donc été écourtée et nous n'en avons eu que deux pleines pour découvrir les capacités du M9RR sur le tracé du circuit d'Ascari. Un circuit vallonné qui n'est pas un billard à proprement parler, mais qui est assez représentatif de ce qu'on pourrait ressentir en roulant très vite sur une route bien entretenue.
C'est au guidon d'une KTM 790 Duke que je ré-apprends les trajectoires et profite des qualités du M9. La confiance est immédiate grâce à une montée en température rapide (il ne fait pas froid.). Le retour d'information est excellent. Le profil du pneu avant directement issu de celui utilisé au Tourist Trophy est très agréable. La réponse est précise et la moto ne se relève jamais au freinage, permettant de rentrer très naturellement sur les freins en virage, sans le moindre souci. Vive légère, freinant parfaitement, la petite autrichienne est tout à fait à l'aise dans son rôle de moto-école et sa puissance ne pose aucun problème au M9. De fait en seulement quelques tours, on pose les sliders au sol et du fait des repose-pieds bas, il convient de bien ranger ses pieds sous peine de laisser sa paire de bottes sur le circuit Andalou. Un signe qui ne trompe pas malgré tout sur le niveau de confiance offert par le binôme KTM/Metzeler sur piste sèche.
La séance suivante se fera avec une BMW S 1000 R. Cette fois ça change d'histoire ! Les changements d'angle sont moins vifs et on a la furieuse impression que la piste a raccourci tant les vitesses atteintes sont plus élevées. Après quelques tours d’adaptation, on prend ses repères et on apprécie toujours autant la précision et la confiance offerte par le pneu avant. A l'arrière en revanche, les kilos et surtout les chevaux en plus mettent à mal la superbe du M9RR, qui souffre des débordements du gros quatre cylindres. A la sortie d'un double gauche précédant une ligne droite, l'arrière décroche de manière progressive, mais avec une belle ampleur. Pas brutal, mais spectaculaire, nous rappelant du coup que l'on n'a pas affaire à un pur pistard.
Après discussion avec Matteo, le papa du M9, c'est l'utilisation d'une pression trop élevée qui est à l'origine du phénomène. Au lieu de 2,9 kg préconisés sur la route, nous avions déjà des motos gonflées à 2,5 bars, mais dans de telles conditions, il aurait fallu encore baisser de 300 grammes supplémentaires. Ceux qui en ont fait l'expérience ont d'ailleurs noté un réel progrès. Ce ne sera pas notre cas vu le timing serré. Malgré tout dans ces conditions limites, l'arrière reste très prévenant, une caractéristique que nous retrouverons sur la route.
Nous avons aussi profité de notre présence sur le circuit pour tester très brièvement une portion arrosée. Sans avoir valeur de test complet, ces passages ont permis d'apprécier à nouveau l'excellent retour d’information du pneu et ses très fortes capacités d'accélération et de freinage. Les jours de pluie ne devraient pas lui poser de problème. Dans ce domaine aussi, Metzeler annonce des progrès considérables Vs le M7RR.
Routes glissantes
La suite de notre rencontre avec le nouveau sport route germanique s'est prolongée par environ 125 km dans les montagnes andalouses, au guidon d'une Suzuki Katana d'abord, puis d'une Yamaha MT-07 ensuite pour varier les plaisirs.
Avec le gros quatre pattes, on apprécie à nouveau le travail accompli sur le profil des pneus. A un rythme balade, on ne sent pas les kilos. La moto balance facilement et le bitume extrêmement dégradé par endroit laisse entrevoir un bon niveau de confort pour un pneu à la vocation sportive. Sur les coulures de béton qui jonchent le goudron, la moto n'est pas embarquée sauf si on prend fortement les freins. Mais bon, faut voir l'état de la route... Ce n’est pas un pneu de cross non plus...
Au guidon de la petite MT07, on retrouve le côté joueur et le sentiment de sécurité tant que l'amortisseur d'origine ne déclare pas forfait, ce qui n'a rien à voir avec le pneu. Du coup entre le bitume glissant et la qualité déplorable de la suspension arrière, le M9 RR n'était pas toujours à la fête, mais il s'en tire tête haute et avec les honneurs. Dans les moments difficiles, on sent parfois l'arrière qui décroche, avec la sensation que la moto tourne autour d'un avant rivé au sol. Ça met la moto en léger survirage, mais toujours avec beaucoup de progressivité, au décrochage, comme au raccrochage. Du coup, on est réellement en confiance et on s'amuse sereinement.
Les pneus Metzeler Sportec M9 RR en vidéo
Conclusion
Très sympa ce nouveau sport route saura vous emmener au boulot, en vacances et un peu sur piste dans d'excellentes conditions de sécurité, avec une longévité satisfaisante, comparable, voire très légèrement supérieure à celle de son prédécesseur (selon Metzeler). Une sorte de couteau suisse allemand qui conviendra parfaitement aux roadsters petits ou gros. C'est sans doute là qu'on le verra le plus chez nous. Il existe aussi pour les petites cylindrées (400) qui disposent désormais d'une offre de plus en plus étoffée. Il est d’ores et déjà disponible chez votre motociste préféré au même prix que l'ancien M7 RR, dont le prix a quant à lui drastiquement baissé.
Points forts
- Facilité
- Polyvalence
- Confiance de l'avant
- Arrière très prévenant
- Nombreuses dimensions disponibles
Points faibles
- Le test trop bref sur piste arrosée
- A vérifier : l’amélioration de la longévité
Tarif constaté sur le net en 120/180 X 17 : 274 €
Dimensions du pneu Metzeler Sportec M9 RR
Avant | Arrière |
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