Essai Yamaha MT-07
Evolution ou révolution pour le millésime 2018 du roadster phare de la gamme MT ?
L'ambivalence sans ambiguïté
En dévoilant, en 2013, la MT09, première représentante d'une famille à forte personnalité, tant esthétique que mécanique, Yamaha a révolutionné son offre tous segments (roadster, routière, sportive), tous permis (A, A1, A2, A3) et toutes cylindrées, mono, bi, tri et quatre cylindres ! Des MT125, à la MT10, en passant par MT03, MT07, Tracer 700 et 900, le succès commercial est incontestable. Ainsi, entre 2013 et 2017, plus de 150.000 motards ont choisi une MT de la gamme. Et c'est au best-seller que nous nous confrontons à nouveau : le léger et pétillant roadster MT07.
Depuis son lancement en 2014, il est tout simplement une des Yamaha les plus vendues, avec 120.440 unités commercialisées en 4 ans et une moyenne de 33,9% de parts du marché. Oui, un tiers des roadsters vendus sont des MT07 ! A 35% à de nouveaux clients et à 31% aux permis A2… Autant dire que le fleuron des ventes est attendu au tournant de son évolution. Au menu, l'ADN MT : esthétisme et caractère...
C'est à Marbella, au sud de l'Espagne, que nous plongeons à nouveau dans le Dark Side of Japan, philosophie Yamaha et prélude à l'introduction de la toute nouvelle évolution de la famille MT.
Découverte
Stylée, élégante, la devancière conservait une ligne assez fluide et plutôt passe partout. Elle cachait ainsi bien son jeu, mimant des cylindrées inférieures et pouvant laisser croire à une conduite sage. Une idée que le plébiscite des auto-écoles pouvait renforcer. C'est pourtant bien deux visages qu'offre la Yamaha. Et c'est cette ambivalence qui forge sa réussite : une facilité de prise en main associée à un caractère bien trempé…
Pour 2018, le roadster à succès joue franc-jeu, abandonne les bonnes manières et se pique à la testostérone, musclant et renforçant son esthétique. Mais on ne touche pas au grisbi, la recette si précieuse et l'évolution reste contenue et assurée. Elle s'inspire de celle de l'exubérante grande soeur MT09 première génération, dont elle reprend notamment le style anguleux et plus massif du phare. Ainsi affirmée, la face avant s'intègre d'autant mieux avec le nouveau réservoir et des écopes moins épaisses, à l'ouverture grillagée et au dessin plus marqué, donnant une carrure plus assurée à la MT07. Les clignotants quittent le bloc optique pour encadrer un habillage de radiateur là aussi plus profilé. De fait, l'air de famille est renforcé et l'allure générale valorise la machine. A ce titre, il est étonnant de ne pas avoir conservé le garde-boue de l'ancienne génération qui serait bien mieux que le nouvel élément…
Autre caractéristique spécifique, de nouvelles assises agrémentent la midsize. La selle pilote se fait plus accueillante et ses volumes avant enserrent désormais le réservoir, inchangé, de 14 litres. Plus bombés, ses volumes affirment un impact visuel plus important.
La partie cycle évolue et vous pouvez en retrouver tous les détails techniques dans la partie mécanique qui lui est consacrée.
En résumé, on retrouve le bicylindre de 689 cm3, à la puissance de 74,8 ch (55,0 kW à 9.000 tr.min) et au couple (6.8 da.Nm à 6.500) inchangés alors que la version A2 est limitée à 47 ch (35 kW).
Plus d'infos en partie technique
Racée, affichant une carrure puissante, la nouvelle esthétique de la MT07 s'avère plus homogène et donne beaucoup plus de présence au roadster. On apprécie les carters latéraux couleur bronze, le traitement de surface des pièces métalliques et plastiques et une finition générale très correcte. Agencement et soudures du cadre et bras oscillant sont sans reproche.
Evidemment, côté droit, les durites sont présentes, mais guère évitables sur une machine dépouillée… On retient surtout un poids de 182 kg, pour une machine prête à bondir (49.2% avant, 50.2 arrière, 164 kg à sec) qui fait de la Yam' un outil du quotidien et une bonne copine d'arsouille. Des points confirmés en essai.
En selle
Caractéristique importante de la MT07 2018, les assises évoluent nettement, notamment la selle pilote. Bien plus longue et plus large, elle abandonne sa forme de logo MT au profit d'un dessin plus rationnel et efficace. Le réservoir s'avance aussi de 10 mm et l'arcade de jambe s'accroît seulement de 10 mm, pour une hauteur inchangée de 805 mm (selle plus haute de 28 mm disponible en option). Ainsi, la position du pilote se fait plus naturelle et on gagne nettement en aisance et possibilités de recul.
Raisonnablement fléchies, les jambes des plus grands trouvent leur aise, les pieds sur des appuis gainés. Large, la partie supérieure du réservoir encadrée des écopes couvre les cuisses, tandis que les bras tombent gentiment sur le cintre aux cornes marquées. Naturel, l'ensemble offre une position de conduite détendue et efficace.
On retrouve, sous les yeux, un bloc instrument entièrement digital. Large, la fenêtre intègre compte-tours type barregraphe en partie basse, indicateur de rapport engagé au centre, encadré par la jauge de carburant, l'horloge et le tachymètre. Un dernier espace permet d'afficher successivement, par poussoir au tableau de bord, odomètre, deux partiels, température extérieure et d'huile, consommation moyenne et instantanée. De 4 à 9.000 tours, le diagramme du régime moteur s'élargit afin de souligner la meilleure disponibilité du bloc à ces régimes. On note le voyant éco, soulignant le type de conduite.
Le levier de frein est réglable en écartement, mais pas celui d'embrayage et les commodos paraissent étriqués et étroits. Bon point, une commande de warning est présente côté droit.
En ville
Discret à la mise en route, le twin parallèle fait entendre ses pulsations syncopées, mais distille une musique un peu aigre. Ceci méritera un adaptable. Cependant, les bonnes vibrations de sa mécanique enchantent dès les premiers mètres, tout comme sa souplesse étonnante. Avant le Dark side, c'est le Bright side que l'on apprécie en ville, permettant à la MT07 de filer en quatrième sur un filet de gaz, à moins de 2.000 tours et 40 km/h. Cependant, la transmission engendre parfois des à-coups, à basse vitesse lors de l'accélération. L'embrayage, comme la sélection, sont particulièrement doux et le roadster file entre les véhicules avec aisance.
Hyper compact, son gabarit et son agilité dans le trafic sont un atout au quotidien, faisant de toute manoeuvre une formalité. De même, la centralisation efficace des masses donne un bon équilibre pour virevolter à basse vitesse dans le trafic. C'est bien pour cela que 70% de ses possesseurs font du commuting (évolutions urbaine/péri-urbaine) avec cette machine.
Moins agréable, les poussoirs se révèlent vraiment petits et leur support étriqué. C'est principalement les clignotants que l'on cherche, le bouton étant trop déporté vers l'intérieur. Plus efficaces, les rétroviseurs renvoient un champ large et peu soumis aux vibrations.
La douceur générale est trompeuse et on sent très vite, sur les rapports intermédiaires, toute la vigueur du bicylindre. Bien armée pour défier la sainte semaine, la MT07 sait aussi se faire l'apôtre du repos dominical pour de pieux pèlerinages vers les routes sinueuses.
Autoroute et voies rapides
Sous ses allures de petites machines, la Yamaha MT07 cache ses vraies capacités de midsize tonique. Une "700 cm3" n'est certes pas une petite moto et est encore moins mollassonne quand il faut attaquer les grands espaces. C'est avec force que le roadster projette sa roue avant en l'air et attaque les voies rapides, sans jamais manquer de souffle. Pour preuve, à 170 km/h, le twin relance encore avec vigueur sur le dernier rapport, calé sur la pente encore ascendante de sa puissance maxi. Calé en fond de selle, penché sur le réservoir, on part grappiller les dernières graduations du compte-tours. Avec sa géométrie vive et un poids à majorité sur l'arrière, la MT07 est sensible aux coups de vent, mais sa tenue de cap ne souffre pas des hautes vitesses si l'on ne s'accroche pas au guidon.
Au légal, le bloc aux diapasons pilonne tranquillement à 5.200 tours, tout aussi prêt à relancer la machine. A cette allure, le confort est très correct, mais compose évidemment avec les impératifs aérodynamiques des motos dépourvues de carénage. Contenues, à 130 km/h, les vibrations sont plus soutenues vers 8.000 révolutions/minute. Le tout rappelle que ce n'est pas sur ce terrain que le best-seller Yamaha excelle, mais plutôt sur le réseau secondaire.
Départementales
Avec son rapport poids/puissance parmi les meilleurs, la Yam' n'est pas là pour amuser la galerie. Ca tombe bien, la région ibérique où nous évoluons a deux atouts pour un essayeur : le premier est sa densité en courbes de toutes sortes, le deuxième est que nous finissons par en connaître les divers itinéraires. Trépidante, trépignante, la Méchante Teigne réserve d'autres bonnes surprises sur le tracé torturé de notre essai. A commencer par la qualité de son nouvel amortissement.
Bien que le bitume soit parfois glissant, nous mettons du rythme sur les "routes à chèvre" où la MT07 révèle ses capacités d'absorption des bosses et autres compressions. Il n'y a guère que sur les plus gros défauts pris à vitesse peu raisonnable (pas 80, non, non…) que la monture rue dans les brancards. Normal. Hélas desservi par une monte pneumatique d'origine trop rigide et ronde, le roadster encaisse sereinement les nombreux changements de rythme et d'angle. Si l'inertie causée par le pneu arrière est sensible, (les 180 mm semblent "coller" lors des bascules latérales) la vivacité de la partie cycle sauve la dynamique. Efficace, l'ergonomie induite par la nouvelle selle et un réservoir avancé permettent également au pilote de bouger plus facilement et sortir, si besoin, de la moto pour déhancher. Dans les petits coins glissants, on apprécie la précision de la commande de gaz qui permet de garder un filet moteur et relancer la cavalerie sous contrôle.
Au freinage, on apprécie la capacité nouvelle de la fourche à travailler progressivement sur tout son débattement. D'autant que la MT07 se fige assez peu sur l'angle à la prise des freins. De même, le réglage de compression de l'amortisseur pilote de façon plus homogène les réactions avant-arrière. Un tour et demi sur la vis de réglage améliore encore les choses. Yamaha confirme avoir d'ailleurs durci les ressorts de 6% et freiné la détente de 16%.
Le charme agit aussi en grande courbe à vitesse élevée. Finie la machine qui se tasse en butée sur ses suspensions au passage de bosses. Terminé les bascules d'assiettes sur les relances. Désormais, la précision est davantage au rendez-vous, sans être un scalpel, mais laissant au pilote apprécier tout le potentiel dynamique de sa Monture Tonique.
Et la MT07 n'en manque pas. De 6 à 9.000 tours sur les intermédiaires, son twin conjugue toujours couple et puissance avec brio. Rugueuse comme il faut sur cette plage, la mécanique enrobe son caractère enjoué de pulsations efficaces. Ca tracte en sortie de courbe, en appui sur le pneu arrière, le train directeur souvent proche du décollage. Et entre deux virages, la puissance parle nettement aux 182 kilos du roadster. Agile, il suit les reliefs sans effort au guidon. Si seulement on avait des pneus plus vifs et bavards, on apprécierait d'autant plus la rigueur du train avant sur les entrées de courbes. Enfin le surcroît de qualité de suspension améliore (légèrement) les limites de garde au sol en réduisant les compressions excessives en courbe.
Moins agréable, le compte-tours s'avère peu lisible et l'écran du tableau de bord placé vraiment trop bas. L'ergonomie générale est toutefois plutôt bonne, conforme aux velléités routières d'un roadster caréné de qualité.
Partie-cycle
Bien née et désormais mieux amortie, la partie cycle de la MT07 est d'autant plus rassurante et vive. Précise et franche, la Yamaha apporte beaucoup de confiance à son pilote. Travaillant avec progressivité et accord, les suspensions procurent un très bon confort, mais seront dépassées sur les plus grosses compressions.
Freinage
Pour réduire l'allure, les étriers avant donnent toute satisfaction, apportant puissance et feeling dès la prise du levier, conférant ainsi un excellent contrôle. L'importante consistance des décélérations est presque surprenante et se révèle bien utile sur les plus gros freinages. Progressive, aisément dosable à l'avant, cette force est idéalement jugulée par l'ABS et l'ensemble rassure tant au quotidien qu'en pilotage sportif.
Confort/Duo
Accueillante, l'assise pilote offre désormais bien plus d'aisance au pilote, bien secondée par un amortissement en net progrès. Pas de miracle non plus, la relative finesse de l'assise se fait sentir, mais après tout de même 240 km de route parfois généreuse en secousses.
Consommation
Lors de cet essai effectué à rythme varié, souvent élevé, la consommation moyenne relevée a été de 5.9 litres au 100 km. A allure plus raisonnable, 5 unités devraient être la norme, autorisant 250 km d'autonomie. Correcte pour une machine du quotidien à vocation eco-fun.
Conclusion
On annonçait une petite évolution et c'est pourtant un grand pas pour la MT, dont les nouvelles dispositions relancent les capacités dynamiques et d'agrément. Conservant ses qualités premières d'accessibilité au plus large public, la MT07 soigne toujours plus ses deux visages : prise en main et style d'un côté, efficacité et dynamisme de l'autre. La prise de risque de la part du constructeur est réduite, mais les changements sont tout au bénéfice du modèle. D'autant que le prix évolue peu, passant tout de même une barrière symbolique : 7.099 € (contre 6.999 avant).
De quoi affronter sereinement une rude concurrence, à commencer par l'ennemi juré, la Kawasaki Z650 demandant 7.100 €. Les autres prétendantes sont moins en ligne de mire : BMW et sa F800R tarifée 8.550 €, Honda CB650F, quatre cylindres, placée à 6.999 €, Triumph Street Triple S 765 exigeant 9.125 € et Suzuki GSX650F à 7.399 €
Dans ce panier de crabes, la Yamaha MT07 réaffirme son hégémonie par une évolution sans rupture, mais dope ses qualités en gommant des défauts connus. Démonstrative, accessible, la nouveauté joue toujours plus l'ambivalence, mais désormais sans ambiguïté.
Points forts
- Agrément moteur
- Suspension en net progrès
- Agilité de la partie-cycle
- Légèreté
- Finitions
- Rapport prestations/prix
Points faibles
- Monte pneumatique d'origine
- Commodos étriqués
- Bloc instruments assez bas
- Frein arrière trop intrusif
La fiche technique de la Yamaha MT-07
Conditions d’essais
- 240 km de routes variés, autoroute et ville.
- Beau temps
- Bitume glissant par endroit
- Cuisine espagnole savoureuse
L'essai vidéo de la Yamaha MT-07
Coloris
- Night Fluo
- Yamaha Blue
- Tech Black
Equipements de série
- Freinage ABS
- Réglage de compression-détente sur amortisseur
Accessoires principaux
- Echappement Akrapovič,
- Amortisseurs et ressorts de fourche Öhlins
- Selles confort
- Bulle
- Grilles de radiateur
- Pare-carters
- Levier d'embrayage ajustable en écartement
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