Essai Triumph Street Triple 765 RS: Le bon numéro
Numérologie
Les motards français sont difficiles dirons certains. Faux, dirons nous. Ce sont des amateurs avertis qui privilégient la qualité et les performances. C'est pourquoi Triumph mise plus sur la RS affichée à 11 600 € que sur la R et la S au sein de l'hexagone. C'est aussi pour marquer les esprits et entretenir le mythe que la RS arrivera la première sur nos terres, dès le mois de mars. La S, vendue 8900 € suivra en avril, alors que la R à 10 200 € se fera attendre jusqu'en mai. Enfin, les jeunes permis pourront s'offrir la version A2 (660 cm3 et 48 ch) à partir de juin et contre 8500 €.
Découverte
Nous vous avons déjà largement présenté la nouvelle gamme street triple, aussi penchons nous un peu sur le moteur 765 cm3 qui constitue le coeur de cette nouveauté. Une mécanique très attendue, dont on dit qu'elle sera utilisée en moto2 à partir de 2019, même si Triumph s'en défend et affirme que "c'est juste une rumeur". On a déjà connu ce genre de démenti au moment du rachat de Ducati par Audi alors, il n'y a pas de fumée sans feu. Soit, regardons plutôt comment s'y sont pris les ingénieurs pour gagner 90 cm3 et passer de 106 à 123 canassons sur la RS. Cette mécanique repose sur l'évolution du moteur de la "Daytona II" à course courte. Elle en partage les carters inférieurs et la culasse, soupapes comprises. Les cotes internes passent de 76X49,6 à 78X53,4 mm. Pour augmenter l'alésage, il a fallu remplacer l'ancien bloc chemisé par un nouvel ensemble monobloc de fonderie aluminium, traité nikasil. Ainsi les cylindres peuvent se toucher. Ceci explique pourquoi Triumph n'est pas allé plus loin dans l'augmentation de la cylindrée. Ce choix économique limite les investissements en outillage. Le nouveau 765 affiche une course inférieure au redoutable MV "tre pistoni" (79 X 54,3) qui cube désormais seulement 33 cm3 de plus. A noter que Triumph n'a semble-t-il pas prévu de remplacer la 675 Daytona par une version 765, faute d'un marché trop confidentiel. Mais qu'à cela ne tienne, la Street 765 a le coeur vaillant à n'en point douter. Au chapitre moteur, signalons aussi de nouveaux arbres à cames, une boîte à air "dynamique" qui respire entre les phares et un nouvel échappement. Ajoutons un embrayage anti dribble et un shifter (qui ne fonctionne qu'en montant les rapports) et vous avez une mécanique digne d'une sportive, à défaut d'en avoir une authentique dans la gamme. La puissance spécifique qui atteint tout de même presque 161 cv/L permet malgré tout de conserver un caractère coupleux. Et c'est réussi, puisque dès 4000 tr/mn, le couple du 765 ne descend jamais en dessous du maxi atteint par le 675 à haut régime. Côté partie cycle, la RS se dote du meilleur, en suspensions comme en freinage. Plus de débattements que la S (5 mm devant, 7 derrière), plus de réglages, des freins radiaux et de l'électronique en pagaille. Une vraie star des paddock, mais pour rouler tous les jours. Alors, justement, on s'installe?
En selle
Les nouveaux galbes de la selle alliés à l'étroitesse de la moto permettent de bien poser les pieds au sol malgré les débattements augmentés. Gabarit contenu, poids plume, 166 kg à sec, soit une baisse de 1,7 kg, la 765 n'impressionne pas d'emblée son propriétaire. En revanche, s'il prend le temps de faire le tour avant de s'asseoir, il sera agréablement surpris par la finition d'ensemble et la qualité perçue. Ok, 11 600 € ce n'est pas donné, mais la moto est vraiment valorisante. Valorisant aussi l'écran TFT couleur de 5 pouces, avec commandes au guidon. C'est lisible, d'autant qu'on peut choisir le contraste et l'inclinaison.
L'ensemble est très complet comme nous l'indiquions dans la présentation. D'autres détails témoignent de l'attention accordée au bien être du pilote par le constructeur. Ainsi en plus des leviers réglables en écartement, un astucieux système d'excentrique commandé par une molette permet de modifier la démultiplication du levier de frein. De fait, on a le choix entre le ressenti qu'offrirait un maître cylindre de 19, 20 ou 21 mm de diamètre, ce qui concrètement donne une poignée plus ou moins dure. On apprécie aussi la présence de poignées chauffantes réglables selon 3 niveaux (en option) et l'ensemble des commandes du tableau de bord au guidon. Un sans faute et l'on n'a plus qu'une hâte c'est d'entendre ronronner le trois pattes.
En Ville
La sonorité du trois cylindres est discrète, presque trop, vous ne serez pas fâchés avec le voisinage. Le nouvel embrayage qui demande moins d'effort facilite la ville, tout comme les deux premiers rapports raccourcis qui favorisent les évolutions à basse vitesse. Ça décolle en douceur, on se croirait presque sur un quatre pattes. La moto évolue sans hoquet sur le ralenti. Sûr qu'au quotidien, la 765 sera une merveilleuse alliée pour vos trajets travail. Basse, légère, étroite, souple, docile, elle obéit au doigt et à l'oeil, sans forcer son talent. A son guidon, on comprend bien pourquoi le marché a progressivement glissé des sportives vers les roadsters. Comparé à cette expérience agréable en 765 RS, faire de la ville avec une Daytona 675 était juste un enfer. Ici au moins la position est confortable et même conviviale! Fixés au bout des guidons, les petits rétroviseurs sont efficaces.
Départementales et Nationales
Une fois n'est pas coutume, nous avons échappé de justesse à la pluie. Par contre, le matin sur les petites routes catalanes, nous n'avons quasiment pas eu de portions sèches. Les Pirelli Super Corsa associés aux suspensions de qualité qui équipent la RS ont fait le job cependant. Nous avons donc largement pu apprécier le comportement de la petite Anglaise. Petite par la taille, mais pas par les performances, ni par la cylindrée dans l'absolu. Très intuitive, elle ne demande aucun effort d'accoutumance à son pilote. Immédiatement, on se sent chez soi et la moto suit le regard. On retrouve les qualités qui nous ont déjà séduit en ville: douceur, maniabilité, auxquelles s'ajoutent prédictibilité et sens de l'improvisation. Aucun souci en effet quand il s'agit de changer de trajectoire sur une route rendue piégeuse et glissante par d'épaisses traces de boue dans certains virages. Le poids plume de la moto permet de conduire en toute décontraction et à bonne cadence, malgré les conditions difficiles. Le moteur confirme lui aussi tout le bien qu'on pensait de lui. Le trois cylindres, c'est vraiment la combinaison gagnante.La vigueur des accélérations et des reprises nous rappelle les vertus d'un bon rapport poids puissance. 123 ch pourraient sembler justes à certains, mais associés à 166 kg à sec ils en valent largement plus. Presque 30 kg tous pleins, mais seulement 2 ch séparent la RS de la Z 900 par exemple. Les sensations sont bien là et l'électronique permet de moduler le comportement "au doigt et à l'oeil". Pour autant, cette mécanique est si cultivée que l'on se passe volontiers de toutes les assistantes, hormis l'ABS bien sûr. D'ailleurs bien que sur le mode pluie, j'ai enregistré une belle dérobade lors d'une ouverture très généreuse de la poignée de gaz. il m'aurait fallu plus de temps pour valider toutes les combinaisons et les paramètres qu'offre la très large palette de réglages.
Circuit
La 765 RS n'est certes pas une pure sportive, mais elle en a tout l'accastillage et les compétences. Vu son profil, elle risque fort d'aller tâter du bitume sur des journées de roulage, pour le plus grand plaisir de son propriétaire. Trois sessions de 15 minutes sur le tracé de Montmelo nous ont permis d'apprécier pleinement la légèreté et la rigueur de la RS. Qu'il s'agisse des freins, des suspensions, ou du châssis, tout est à l'unisson et la RS dégage une très belle homogénéité. En outre, en bout de ligne droite, à plus de 230 compteur, comme dans les courbes rapides, sa stabilité n'est jamais mise en défaut. Maniable, c'est certain, mais stable aussi donc et c'est une vraie performance de concilier les deux avec autant de maestria. Dans ces conditions extrêmes, j'ai trouvé la boîte parfois un peu revêche, malgré la présence du shifter. De même, le caractère enjoué du moteur m'entrainait souvent vers le rupteur (12 600 tr/mn). Sinon, encore plus que sur la route la légèreté de la Street fait merveille.
Freinage
C'est un des points forts de la RS dans cette version équipée de Brembo M50. Le feeling est excellent, rien n'à redire à l'avant. L'ABS se déclenche parfois en début de freinage,alors que le transfert de charge n'est pas complet. Ensuite, on peut faire des freinages très appuyés, grâce à lui, en toute sérénité. Dans la configuration "piste", l'ABS n'est plus opérant derrière, tant que l'écart de vitesse avec l'avant ne dépasse pas 50%. Il peut aussi être totalement déconnecté. Enfin, le frein arrière ne m'a pas semblé très efficace sur route, mais c'est secondaire.
Pratique
Confortable en suspensions comme en position, la RS perd un peu de terrain sur la durée. Après environ deux heures en selle, il m'a semblé que la douleur s'annonçait insidieusement. Juste une impression à confirmer, même si la belle n'a pas de prétentions GT.
Sous le cache selle passager (magnifique!) on trouve quelques outils, dont une pièce pour ajuster les suspensions facilement. Une "vraie" selle passager est fournie avec la moto.
Consommation
Sur notre parcours routier de 145 km, nous avons consommé 5,25 L/100 d'après l'ordinateur de bord, ce que confirment nos calculs. Nous avions alors encore 144 km d'autonomie résiduelle annoncée. Rappelons que le réservoir contient 17,4L. Des chiffres tout à fait convenables.
Conclusion
Avec un prix qui la place largement au dessus des roadsters japonais, la street RS vise plus haut, elle laisse sa petite soeur 765 S s'y frotter. Elle n'atteint pas les sommets d'une MV, en matière de tarifs. Son truc à elle c'est l'équilibre. Pas le compromis fade, non l'équilibre entre la légèreté, la puissance idéale, l'agilité, le freinage, la performance. A son guidon, on s'amuse et on se demande si ça serait vraiment mieux d'avoir plus de chevaux, mais aussi plus de kilos... Belle, efficace, bien finie, elle a tout pour séduire, à commencer par son moteur. Allez la découvrir courant mars chez votre concessionnaire
Points forts
- La magie du trois cylindres
- Légèreté et agilité
- Rapport poids/puissance
- Lignes réussies
- Qualité des suspensions et du freinage
Points faibles
- duo
- Prix de la version RS
La fiche technique de la Street Triple 765
Conditions d’essais
- Itinéraire: petites routes variées + autoroutes interurbaines avec un peu de ville 145 km + 3 session de pistes sur le tracé de Montmelo
- Kilométrage de la moto : 1150 km au départ
- Problème rencontré : Route mouillée et parfois boue le matin
Commentaires
duo en points faible avez vous plus d'explication ?? parce-que il y a un selle pour le passager fourni avec la moto
12-03-2017 16:41"puisque dès 4000 tr/mn, le couple du 765 ne descend jamais en dessous du maxi atteint par le 675 à haut régime"
12-03-2017 23:43La courbe de couple du 675 était déjà très plate, avec un couple presque constant entre 4000 et 11000... Ça veut dire que le couple ne progresse pas tant que ça malgré les 90cc d'écart
Essayée hier.
31-03-2017 21:31Vache, qu'il est bien ce moteur.
Ca braille un peu quand on ouvre en grand, quand même, ces pots courts ça s'entend bien.
Je m' attendais pas à tant de santé dans les mi-régimes.
La MT09 essayée le même jour m'a semblée bien plus méchante, normal, mais le Triumph mérite le détour.
Bon, y'a un peu trop de bazar électronique là-dedans pour moi, le compteur TFT est peut-être lisible mais un vrai compte-tour à aiguille c'est bien plus beau.
Les défauts sinon?
Pas d'ergot pour déplier cette put... de béquille! Que c'est agaçant à attraper!
Pis c'est tout, pour le reste, c' est un roadster sportif, partant de là elle est pile-poil dans la case, et civilisée en plus.
Ca y est, la mienne est arrivée !!!!!!!!!!!!!!!!
03-04-2017 12:25Miam miam, vivement samedi pour notre premier rendez-vous.