Essai pneu Pirelli Scorpion Trail
Le clan des siciliens
Pirelli nous a convié pour un essai « grandeur nature » sur les petites routes de Sicile avec le Scorpion Trail. Trois ans après sa présentation, le premier pneu trail bigomme Pirelli subit une légère évolution technique qui nous a donné l’occasion de faire plus ample connaissance avec lui sur le bitume sicilien.
« Les temps changent, l’automobile aussi »… écrivait Fiat sur la lunette arrière de sa 128… en 1969. Imaginé il y a plus de 40 ans, ce slogan publicitaire s’applique tout autant à la moto. L’histoire étant un éternel recommencement, en moto comme ailleurs, on constate sous une certaine forme un retour aux sources. Dérivés des motos de routes, les premiers trails, baptisés « scrambler » étaient tout juste bons à faire quelques escapades hors bitume… Un peu comme les machines qu’on nous propose aujourd’hui : BMW 1200 GS, Ducati Multistrada, Guzzi Stelvio, ou encore Yamaha Super Ténéré, etc qui pèsent entre 250 et 300 kg avec les pleins.
Mais avant d’arriver à ces monstres et entre ces deux époques espacées d’une cinquantaine d’année, il y a eu les premiers vrais trails légers : Yamaha DT puis XT, Suzuki TS puis DR, Kawasaki KE puis KLR/ KLX ou encore Honda SL, puis XL, XLS, XLR pour ne citer que les quatre japonais. Des machines qui avaient de vraies velléités en tout-terrain et pour qui l’équipement de pneus à tétines était incontournable, même si les seuls sauts qu’elles faisaient étaient souvent des trottoirs… Sous l’influence du Paris Dakar, on leur a mis de gros réservoirs, de grandes suspensions, de gros moteurs et souvent un cylindre de plus. Conséquence de cette boulimie, une centaine de kilos en plus, une centaine de chevaux en plus aussi et encore 100 km/h de plus en vitesse maxi, si l’on compare une Multistrada à un 500 XT. Alors forcément, il a fallu faire évoluer les pneus…
Au diable les tétines
C’est dans ce contexte que Pirelli a présenté son Scorpion Trail voici 3 ans. Fidèle à son image, le manufacturier a conçu un pneu très sportif ! Cela commence par un dessin particulier, dit « four pitch » en anglais, dont le motif ne se répète que quatre fois sur la totalité du contour.
Ce tracé très long avec des empreintes triangulaires offre une grande rigidité des pavés tout en soignant l’évacuation d’eau. Pour offrir un bon niveau d’adhérence sur l’angle, les stries d’évacuation d’eau sont rassemblées vers le centre et peu présentes aux extrémités du profil.
Logique, sous la pluie, on ne va pas chercher l’angle maxi ! De fait, en les limitant sur les extrémités, on dispose de plus de surface de contact, ce qui est bon pour offrir un maximum de grip sur sol sec. Toujours dans cet objectif, le scorpion trail n’est ni plus ni moins qu’un bi-gomme à l’arrière !
Enfin, pour donner des performances et même les améliorer à l’occasion de cette évolution, Pirelli a utilisé un mélange de gommes à base de noir de carbone pour une grande stabilité. Autre composant incontournable sur ce type de pneu : la silice qui améliore l’adhérence sur sol froid ou humide. Enfin, la résine utilisée est censée assurer une bonne longévité kilométrique à ce champion.
Champion est bien le mot puisque le Scorpion Trail est le pneu trail homologué le plus rapide et le plus large : 190 / 55 R 17 en indice W c’est à dire capable de supporter 270 km/h !
Un vrai pneu de piste !
Oui mais pas forcément celle que l’on pense quand on parle de trail. On oublie un peu les pneus à crampons pas vraiment rigides. Même s’il sait affronter les déserts (Paolo Pirozzi a bouclé un tour du monde en 100 .000 km et 80 pays sur une Multistrada chaussée de 8 trains de Scorpion Trails successifs), le scorpion trail préfère manger du bitume.
De fait, après un essai sur route où nous avons pu apprécier son confort, sa vivacité de réaction et son comportement face à d’énormes dénivellations transversales ou longitudinales, nous sommes allés sur l’autodrome de Pergusa pour évaluer son grip.
Déjà sur route l’animal nous avait séduit par sa facilité et son niveau d’adhérence sur un bitume pour le moins glissant. Alors que l’Angel ST avait donné quelques alertes, le Scorpion s’est acquitté de sa tâche sans broncher. Bien sûr en le faisant exprès, on parvenait à déclencher l’anti-patinage de la Multistrada, mais en conduite normale, aucun souci. C’est donc en confiance mais tout de même un peu curieux que nous prenons la piste plus toute fraîche de Pergusa. L’idée de faire du circuit avec un pneu trail a quelque chose de bizarre. Mais en fait après quelques tours on s’aperçoit que le Scorpion et l’Angel ST font sensiblement jeu égal.
Stable et efficace
Grâce à ses dessins et à sa carcasse radiale à 0° le Scorpion garde le cap en toutes circonstances. Stable à haute vitesse, il l’est aussi au freinage et ne se redresse pas quand on freine sur l’angle. Peu sensible aux raccords de bitume, il absorbe les inégalités avec facilité et laisse le pilote balancer la moto avec facilité grâce à son profil très progressif.
En piste, les chevaux passent sans patiner et l’on peut allègrement prendre beaucoup d’angle sans se poser de question. A l’usage, à aucun moment on ne pense être sur une moto chaussée de pneus trail.
Forme des dessins, présence de l’arrière bigomme font oublier cette vocation. De fait quand on connaît l’efficacité des gros trails sur les routes secondaires, on se dit qu’un tandem 1200 GS ou Multistrada/ Scorpion Trail doit être difficile à suivre. C’est ce que nous confirme Pierangelo Misani, directeur du département R&D : « le week-end, le grand jeu des possesseurs de 1200 GS c’est d’aller provoquer les sportives sur des petites routes et de leur mettre une raclée ». Et vu la façon dont il en parle et comment il sait tourner la poignée de gaz, je pense que Pierangelo fait partie des provocateurs en 1200 GS, car il nous a confié en posséder une…
Tableau de dimensions : A noter que pour s’adapter à des machines très différentes, selon les dimensions le Scorpion Trail peut-être radial ou conventionnel, tubeless ou avec chambre.
Points forts
- Grip sur sol sec
- Bi-gomme AR
- Stabilité au freinage
- Nombreuses dimensions disponibles
Points faibles
- Efficacité sur sol mouillée et en TT non évaluée
- Quid des performances des versions à structure conventionnelle ?
Tableau des dimensions
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Pneu avant
90/90 – 21
100/90 – 18
100/90 – 19
110/80 R 19
120/70 R 17Pneu Arrière
120/90 – 17
130/80 – 17
140/80 R 17
150/70 R 17
160/60 R 17
180/55 R 17
180/55 ZR 17
190/55 ZR 17
150/70 R 18
Tests de longévité et avis motards sur les pneus Pirelli
Commentaires
L'article est super mais les points faibles ne sont pas des points faibles puisque pas essayés! Dommage, j'aurais aimé avoir l'avis de l'essayeur sur le mouillé.
02-09-2011 17:05J'ai eu les anciens Scorpions et je doit dire que c'était pas mal.
Trop souvent,les avis des essayeurs sont incomplets,pour beaucoup .
Des essais à moitié fait = ne valent pas la peine de les faire et de les publier. 02-09-2011 17:45