Histoire marque : MIPS
Une technologie pour protéger le cerveau
Un système pour limiter la rotation de la tête à l'impact
A moto ou à scooter, la protection ne repose que sur le niveau d'équipement que l'on porte, d'où l'intérêt de bien faire son choix, notamment en matière de casque. Si en France, tous les casques vendus sont homologués CE, rien n'indique le niveau de protection de ceux-ci ni la manière dont les casques protègent au-delà de la norme, les tests d'homologation n'étant pas des tests de notation.
Pourtant, depuis quelques années, des chercheurs ont mis en avant l'importance des lésions au cerveau causées par les rotations de la tête. Plusieurs marques et instituts de recherche se sont penchés sur le sujet pour améliorer la protection du cerveau et pas seulement celle du crâne. C'est notamment le cas de MIPS et de son système de protection du cerveau BPS destiné à améliorer la sécurité des casques, motos mais aussi vélos.
Genèse
MIPS est le fruit de plus de 20 ans de recherche et de développement. Le projet a débuté dès 1995 lorsque le neurochirurgien et professeur Hans van Holst spécialisé dans les blessures à la tête, s'est rendu compte que les protections contre les lésions cérébrales étaient inadéquates. Accompagné du chercheur du Swedish Royal Institute of Tehnology Peter Halldin, ils ont développé une technologie imitant le liquide céphalorachidien afin d'améliorer la protection du cerveau lors d’un choc.
Le premier brevet fut déposé en 1998 et le premier prototype présenté en 2000 à Birmingham. L'année suivante, la société MIPS AB est fondée pour proposer aux fabricants de casques ce système de protection; MIPS n'ayant pas vocation de fabriquer des casques, mais de renforcer la protection de ceux existants. C'est d'abord le segment de l'équitation qui est visé. La seconde génération de MIPS arrive en 2010 et la marque se lance à l'assaut du vélo et des sports d'hiver. Il faudra attendre 2013 pour que le système soit adapté à l'univers du deux-roues motorisé puis 2016 pour qu'on le retrouve sur un premier casque moto de route.
Aujourd'hui, la marque suédoise équipe toute sorte de casques dans le secteur du vélo, de l'équitation, du ski, du 2-roues motorisé, des sports collectifs, de l'escalade ou encore de la construction et de l'armée. En 2018, la marque a ainsi vendu plus de 9.2 millions de systèmes BPS sur 78 modèles de casques dans toutes les disciplines précédemment citées.
Comment ça marche
Les tests d'homologation des casques sont réalisés suivant des impacts droits. Or dans les conditions réelles d'accidents, les impacts sont le plus souvent obliques et entraînent une rotation qui provoque alors des dégâts au cerveau. Les tests actuels se concentrent en effet sur la protection de la boite crânienne, pas de ce qui se trouve à l'intérieur.
Partant de ce principe, les chercheurs ont voulu reproduire le même système de protection que celui du corps. Dans le crâne, le cerveau baigne dans un fluide rachidien qui limite les lésions en accompagnant et amortissant les rotations.
Les chercheurs suédois ont ainsi mis au point une couche basse-friction venant se loger entre la coque du casque et le calotin en polystyrène expansé pour permettre à la calotte d'absorber une partie des forces rotationnelles en pivotant indépendamment de la tête sur 10 à 15 millimètres dans toutes les directions durant 5 à 10 millisecondes. Sur la seconde génération de MIPS, la couche basse-friction a été déportée entre l'EPS et la tête pour un fonctionnement accru.
Très fin, le système s'intègre parfaitement aux casques et n'engendre pas d'augmentation de la taille lorsque la calotte a été spécialement développée pour l'accueillir. En ce qui concerne le poids, le MIPS varie entre 25 et 45 grammes selon les casques. Ultime avantage, le système est entièrement compatible avec les normes d'homologation des casques.
Impact sur la sécurité
Le système MIPS ajoute une protection supplémentaire face aux lésions du cerveau liées aux rotations. Plusieurs tests menés en Suède, notamment par des compagnies d'assurances, mais aussi aux Etats-Unis dressent un bilan élogieux du système de protection suédois sur les lésions du cerveau.
En France, une équipe de chercheurs de l'Université de Strasbourg, travaillant elle aussi sur la question des lésions cérébrales depuis 2 décennies, a mis au point un protocole d'essai encore plus complet intégrant plus d'impacts obliques à travers le programme Certimoov. Les premiers tests menés montrent que le système MIPS est protecteur, mais que son influence ne serait pas aussi prononcée que ce à quoi l'on pourrait s'attendre, au même titre que le système développé par 6D. Plusieurs casques de conception traditionnelle affichent ainsi d’après ces nouveaux tests le même niveau de protection, voire une protection supérieure contre les lésions cérébrales. Cependant, très peu de casques motos sont aujourd'hui équipés du MIPS et il difficile d'être catégorique sur les résultats.
Dans l'univers du casque vélo, les résultats menés par l'étude française sont du même acabit avec 5 modèles notés entre 2 et 4 étoiles sur 5 avec donc des résultats très disparates.
En attendant, ces recherches vont dans le bon sens : comprendre les chocs et développer des solutions pour en diminuer au maximum l’impact sur le crâne, le cerveau et globalement réduire au maximum les lésions du corps lors d’un accident.
Commentaires