Daytona 200
Du sable de Daytona Beach aux bankings de l'International Speedway
Née dans le sable de la plage de Daytona Beach en Floride avant de se relocaliser dans le circuit Speedway, la Daytona 200 fut l'une des courses moto les plus réputées des années 70 et 80 et un passage obligé tant pour les constructeurs que pour les pilotes. De nombreux Américains y ont d'ailleurs obtenu leurs premiers succès internationaux avant d'exploser sur la scène internationale.
La naissance de l'épreuve
À l'origine, la plage de Daytona Beach était un haut lieu des tentatives de record de vitesse au début du 20e siècle. Mais dès 1935, la majorité de ces essais ont commencé à quitter la Floride pour l'Utah et le lac salé de Bonneville. Alors que l'activité a diminué, le promoteur Bill France Sr propose d'organiser la Savannah 200 à Daytona pour booster l'économie locale.
Cette épreuve de dirt track de 200 miles née en Géorgie en 1932 avait déjà été délocalisée près de Jacksonville en Floride avant de retourner à Savannah. En 1937, c'est finalement à Daytona que l'épreuve atterrit. Pour l'occasion, l'épreuve s'installe sur la Daytona Beach Road Course, un tracé de 5,1 km mêlant asphalte et sable avec des virages relevés à 31° et utilisé depuis le début du siècle par le sport automobile.
C'est Ed Kretz qui remporte l'édition inaugurale de la course sur une Indian avant que Harley-Davidson ne réponde avec Ben Campanale l'année suivante. L'affrontement entre les deux constructeurs américains débute. L'épreuve gagne en popularité jusqu'en 1941. L'entrée en guerre du pays verra la compétition être suspendue de 1942 à 1946. Suite au conflit, les constructeurs y voient l'occasion idéale de prouver la valeur de leurs motos en s'imposant sur le sable de Floride, notamment en termes de fiabilité compte tenu des conditions de course difficiles.
L'engouement de l'après-guerre
Mais Indian et Harley ne sont pas seuls et doivent aussi compter sur la concurrence du britannique Norton, déjà victorieux en 41 avec le Canadien Bill Mathews. Alors que le tracé est déplacé plus au sud et allongé à 6,6 km en 1948, Norton fait main-basse sur la Daytona 200 en remportant quatre fois la course, toujours avec Mathews, mais aussi avec Dick Klamfoth. Après ça et la surprise de Bobby Hill sur sa BSA en 1954, toutes les éditions sont remportées par des pilotes Harley jusqu'en 1960.
Dans le même temps, Daytona connait une expansion urbaine rapide et le tracé est de nouveau menacé dès le milieu des années 1950. Il est finalement décidé de la construction du Daytona International Speedway en 1957, un circuit ovale duquel le sable a disparu, mais dont les imposants virages inclinés sont toujours de la partie. La piste ouvre ses portes en 1959 et la compétition y débarque deux ans plus tard.
Mais pour des raisons de sécurité, les motos sont interdites de rouler sur les bankings durant les trois premières années. Les puristes boudent également l'événement qui n'implique plus de partie sableuse. L'affluence est en chute libre. France, toujours promoteur, insiste et continue de faire la promotion de sa course. Il faut attendre la fin des années 1960 pour que l'épreuve attire de nouveau une foule conséquente, devenant l'épreuve AMA la plus populaire du pays. La Daytona 200 devient également l'événement phare de la Daytona Beach Bike Week. Durant toute la décennie, l'épreuve devient un incontournable pour les fans de sports motorisés américains, mais aussi pour les Européens.
L'âge d'or des 200 miles
L'évolution des performances des motos, passant des 4 temps aux 2-temps au début des 70's, pose des problèmes de sécurité à cause des pneus qui ne parviennent pas à suivre la puissance qui atteint désormais les 100 chevaux. Une chicane est installée en 1973 en bout de ligne droite pour faire ralentir les motards avant le banking. Les dangers de l'épreuve sont d'ailleurs mis en évidence par un documentaire qui montre Barry Sheene y chuter lourdement à plus de 270 km/h alors que son pneu arrière éclate en 1975.
Cela n'empêche pas quelques grands noms des Grands Prix de venir s'y frotter, à l'image de Jarno Saarinen, Giacomo Agostini et Johnny Cecotto victorieux en 1973, 1974 et 1976. La popularité de la course entraine la création d'épreuves similaires sur le vieux continent avec Imola 200 et le Paul Ricard 200. Quatre ans plus tard, c'est Patrick Pons qui s'impose au guidon de sa Yamaha. Il est le dernier pilote non anglophone à s'y imposer, car depuis, seuls les Américains, Canadiens, Australiens, Britanniques et Néo-Zélandais parviennent à gagner.
Le déclin de Daytona
L'âge d'or de la compétition touche à sa fin au milieu des années 80 lorsque les motos de type Grand Prix sont remplacées par des superbike, ce qui poussera d'ailleurs la FIM à créer le Championnat du Monde Superbike en 1988. L'épreuve a perdu son prestige.
Les différentes modifications apportées à la piste pour améliorer la sécurité des pilotes n'y changent rien. Les motos sont de plus en plus puissantes et les soucis de surchauffe des pneus sont fréquents. Le banking ouest est supprimé pour permettre de maintenir les superbike, mais les propriétaires du circuit veulent exploiter leur piste intégralement. Un compromis est trouvé au milieu des années 2000 avec la mise en place d'une limitation de la puissance des motos.
À partir de 2005, ce sont donc sur des supersports que s'affrontent les pilotes. Si elle est toujours populaire aux États-Unis, la course n'a plus sa portée internationale. En 2020, pour la première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale, la Daytona 200 est annulée en raison de la pandémie de Covid-19, mais la course revient dès l'année suivante avec un nouveau jeune pilote talentueux, Brandon Paasch, qui s'y impose deux fois de suite.
Palmarès de la daytona 200
Pilotes
- 5 victoires : Miguel Duhamel, Scott Russell
- 4 victoires : Danny Eslick
- 3 victoires : Bard Andres, Dick Klamfoth, Mat Mladin, Roger Reiman, Kenny Roberts Sr
- 2 victoires : Ben Campanale, Eddie Lawson, Joe Leonard, Dick Mann, Billy Mathews, Brandon Paasch, Cal Rayborn, Dale Singleton
- 1 victoire : Giacomo Agostini, John Ashmead, Steve Baker, Michael Barnes, Cameron Beaubier, Ben Bostrom, Don Burnett, Johnny Cecotto, Graeme Crosby, Chaz Davies, Jason DiSalvo, Buddy Elmore, Don Emde, Floyd Emde, John Gibson, Paul Goldsmith, Nicky Hayden, Josh Herrin, Bobby Hill, Ed Kretz, Gary Nixon, Joeay Pascarella, Patrick Pons, Wayne Rainey, Steve Rapp, Gene Romero, Jarno Saarinen, David Sadowski, Kevin Schwantz, Freddie Spencer, John Spiegelhoff, Babe Tancrede, Ralph White, Kyle Wyman, Jake Zemke
Constructeurs
- 27 victoires : Yamaha
- 16 victoires : Harley-Davidson
- 11 victoires : Honda
- 5 victoires : Triumph, Suzuki, Norton, Kawasaki
- 3 victoires : Indian
- 2 victoires : BSA
- 1 victoire : Ducati
Nationalités
- 64 victoires : États-Unis
- 7 victoires : Canada
- 3 victoires : Australie
- 1 victoire : France, Finlande, Italie, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni, Venezuela
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