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Te rappelles-tu de l'été 19 ?

Peut-être que l'été 19 va rentrer dans les livres d'histoire comme l'inverse de l'été 36

La fin des congés payés, des vacances à la mer et de cette petite bouffée de liberté entre deux crises.

Peut-être que l'été 19 va rentrer dans les livres d'histoire comme l'inverse de l'été 36. La fin des congés payés, des vacances à la mer et de cette petite bouffée de liberté entre deux crises.

Te rappelles-tu de l'été 19 ? (c) photo : Oleg Magni
Te rappelles-tu de l'été 19 ? (c) photo : Oleg Magni

‒ Et pour ton pneu avant... je regarde... houlah ! Pas avant la semaine 36. Mi-septembre.

Nous sommes dans les derniers jours de juillet. Un mois et demi d'attente pour un pneu avant ? Surprenant.

Mais as-tu mis les pieds dans un Ikebeurk dernièrement ? Dans le nôtre, tout un étage est fermé : ils n'ont plus rien en stock, plus rien à vendre. Chez Décatruc, on n'a pas vu un vélo de route depuis deux mois ; le rayon a été supprimé. L'Asie, l'usine de la planète, ne fournit plus.

Peut-être vivons-nous l'été 1936 à l'envers, avec un monde qui, insensiblement, s'allonge. Il faut ralentir parce que les nids-de-poule sont mal réparés, parce que l'éclairage public est coupé à vingt-trois heures pour faire des économies, parce que le bas-côté de la route est un fouillis d'herbe qui bouche la vue en sortie de virage maintenant que la commune rechigne à passer un coup de tondeuse.

J'envie une fois de plus les bicyclettes pour lesquelles il n'est pas bien compliqué de dénicher de la pièce de rechange dans un atelier associatif ‒depuis peu, je roule avec des manivelles dépareillées : chez Décatruc ils n'avaient plus rien. Ce n'est pas demain la veille que je vais faire pareil avec la moto : même trouver un sélecteur "adaptable" ou un levier de frein "le temps de" est très aléatoire.

Je me dis que nous allons regretter l'été 19, quand on pouvait encore vivre "normalement" (comme ils disent) avant d'être contraints de nous adapter au nouveau "normal" fait de pénuries et de délais d'attente inaccoutumés. Faudrait-il que j'achète dès maintenant un filtre à air et un filtre à huile d'avance, en vue de la prochaine révision ?

C'est avec une moue d'approbation sans réserve que j'ai vu débouler début août un vieux pote venu me montrer sa dernière monture : une CG 125 type JC18, 1994, blanche comme il se doit, qu'il a retapée "état correct", selon lui ‒ce qui, selon mes critères, correspond à un "état collection plus", vu qu'il a changé toute la visserie moteur pour du six-pans inox, passé le cylindre en dernière cote de réalésage pour gagner un peu de couple et troqué le Mikuni à boisseau de 22 d'origine contre un modèle à dépression qui, selon lui, donne un moteur plus plein à mi-régime sans pénaliser le haut du compte-tours, tout en maintenant la consommation sous les 3 litres au 100 à donf'.

Sa machine arbore de splendides sacoches en skaï bleues à bandes blanches renforcées par des plaques d'isorel délicieusement gondolées par l'humidité. Il cherche maintenant un pare-brise d'époque, de préférence fumé gris et des pare-carters "La Poste" pour parachever son oeuvre.

En attendant, je tourne en rond dans cette vie qui rétrécit mois après mois, malmené d'interdictions en décrets. Le mois dernier, j'ai chopé une prune pour "excès" de vitesse, la première depuis dix ans que je roule en province. 71 km/h. Je ne vais pas te détailler l'expérience : tu as dû y passer toi aussi. Arbitraire, inutile et imparable : j'ai l'impression d'employer ces mots de plus en plus fréquemment.

Jusqu'à une époque récente, je pensais avoir le choix et trouver un moyen de me glisser entre les mailles du filet. Que si les ZFE et le stationnement payant déboulaient dans mon coin de province, j'arriverais à m'en dépatouiller tant bien que mal. Aujourd'hui, j'ai de gros doutes. Je lis des rapports sur la production de matières premières, consulte des indices sur les transports maritimes et je me dis que mon pneu avant n'est peut-être pas près d'arriver.

Alors ? Une CG 125 ? Ah ! À tout prendre, je préférerais repasser sur du deux-temps. Une DT-R, par exemple, ou une KDX qui semblent mieux survivre que les Suzuki TS-R ou les Honda CRM à en croire les petites annonces. Une DT-R pour partir à la mer, comme en 36, avant que même cela devienne illégal.

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Commentaires

big fish

été 19, dernière belle virée bécane en métro, avant de tout vendre et d'atterrir en Guyane le 31/12/19 pour une durée indéterminée, direction Briançon depuis le Var, par les cols, le plus possibles. A/R sur 2 jours. le V strom 1000 2002 fonctionnait a merveille. Une fois installée j'ai vite compris que dans mon nouveau chez moi, dans l'ouest perdu de ce département, rien ne serait simple pour réparer et entretenir ma nouvelle vieille bécane.
j'ai du commander en métro beaucoup de pièces d'occasions et neuves, (délai de livraison suivant grève et / ou bonne volonté des postiers) rien que pour remplacer le pneu avant, j'ai du me taper 500 bornes, dans mon bled pas un commerce de pièces motos, ni accessoires ! j'ai donc fait provision de quelques pièces ( kit chaine, câbles, etc...)
la crise covid n'a pas changé grand chose de ce coté là, l'Europe oui en appliquant une réglementation complexe, du coup les tarifs ont grimpés en flèche, même pour une pièce de la taille d'un bouchon d'essence on t'annonce 50 ¤ ! malgré ça chez Ducati cayenne tu trouves les nouvelles panigale V4, sauce compét, connaissant les routes je ne vois pas quoi en faire, ici pas de voie rapide sauf un peu a Cayenne ( 90 km/h) sinon cela ressemble a des départementales de métro, pour traverser la Guyane d'est en ouest, compté 500 bornes, stop et fin ! donc option trail d'entretien très facile, ce que j'ai choisit.

10-08-2021 13:52 
inextenza

Par contre, fais gaffe: les 125 2T ça s'illégalise très facilement, et peuvent égrainer les points de permis tout pareil qu'une grosse sourire

(à choisir j'ai beaucoup aimé la 125 TDR, sorte de mini SUV avant l'époque, mais qui assumait très bien de passer partout… où c'est peut-être interdit maintenant?)

10-08-2021 14:23 
Bee Loo

Ah la prune à 71 kmh retenus pour 70 sur une 2 fois 3 voies déserte, j'ai connu. Inutile ? Peut-être pas pour tout le monde !
Vivement une kronik gaie et pleine d'espoir ...

10-08-2021 17:07 
la carpe

Ah ! Ah ! Ah ! Excellente chronique. Le bourgeois se fait des frissons en touchant du doigt que la vie occidentale est un incroyable échafaudage qui ne demande qu'à vaciller si on met un bon coup sur la base, que rien n'est garanti, et que la Vie pourrait bien lui retirer ses jouets.

10-08-2021 17:07 
Peterpan

C pas faux !

...il nous reste peu de temps à profiter ..pour toi de ta Ducati sport ..et pour moi de ma gsx !clin d'oeil !

On est tous un peu coupable !..certains surement plus que d autres !

V

10-08-2021 18:54 
Picabia

1er juillet 2019, ça sonne comme le premier jour de la retraite, fini les départs en vacances les jours de grande affluence, les locations surcotées en aout, les gorges de l'Ardèche autoroute à canoés, les restaurateurs mal aimables, les prix gonflés pendant deux mois d'été sur les marchés.
Dorénavant je fais tout en décalé, j'évite les vacances scolaires, j'ai la plage et la montagne pour moi tout seul hors saison, ce fut une vraiment bonne année surtout que j'ai été mis en disponibilité totale à partir du 1 er janvier, mon bonus 2019.Vraiment une bonne année avec l'achat de ma nouvelle bécane.
Finalement j'ai redécouvert ce qu'aurait pu être l'été 36.

11-08-2021 08:03 
Tortue Ninja

Pas beaucoup de différence avec l'été 2021 en ce qui me concerne...
- Parce que l'arrivée de la « Grosse Truffe » avait de toute manière drastiquement réduit les velléités de vacances (difficile de partir avec une toutoute de 65kg, qui plus est malade en voiture...).
Seul fait notable, l'absence des petits dîners au restaurant (et oui, il est hors de question que je produise un passe « satanitaire » pour aller manger).
- Professionnellement, plus de mouvement brownien à travers toute l'Europe. Ce qui ne me manque pas après 25 ans de ce régime.
En revanche, je n'ai plus l'occasion de voir mes amis à l'étranger. Sans doute suis-je un dinosaure, mais à la longue, le téléphone ou la visioconférence ne remplacent pas les retrouvailles autour d'un verre ou d'un repas...
J'ai à cette occasion retrouvé le plaisir de la lettre manuscrite. Celle que l'on pense avant de l'écrire, parce qu'on ne peut pas « effacer » sans tout recommencer. Et puis le plaisir quasi charnel de tracer de belles lettres, sur un papier où glisse une jolie plume ne sera jamais égalé par le ballet des doigts sur un clavier !


Côté nostalgie, 2019 était une petite cure de jeunesse pour l'Eliminator. Même si la rampe de carbus fait de nouveau des siennes deux ans plus tard...
Seules des anciennes « à quatre roues » sont venues s'ajouter aux autres depuis. Bien que j'envisage un certain nombre d'anciennes « à deux roues » qui pourraient venir les rejoindre. Yamaha TDR 250 (elle me manque chaque jour un peu plus), Kawasaki 750 Turbo (j'en rêvais à l'époque), Honda Dominator (pour pouvoir faire l'aller par la route et le retour via les chemins selon l'inspiration du moment), Suzuki VanVan 125 pour le fun (Mon Dieu, pourquoi l'ai-je revendue ?), Yamaha RD 400 ou Kawasaki KH 400 (pour le plaisir de rouler 2-temps « seventies ») ! Il faudra faire des choix qui s'annoncent cornéliens. Parce qu'à force, je commence à vraiment manquer de place... clin d'oeil

Pour sa part, ma femme peste contre l'été 2021... pourri ! Car elle aurait adoré sortir plus de trois fois la « mamie » de 22 ans que je viens de lui offrir (125 Virago, avec les sacoches et la peinture d'époque, presque parfaite). Déjà qu'elle refuse de sortir ses voitures sous la pluie, alors une moto !

En fait, comme notre ami Picabia, pour cet été 2021, je me contente de me tenir à l'écart des orchidoclastes... Ce qui n'est pas si facile !

11-08-2021 13:16 
 

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