Sortie de secours temporaire
j'ai une sortie de secours temporaire pour toi...
Tu sais qu'on n'a pas fini d'en baver, non ? Un prétexte pareil, ça n'arrive qu'une fois par millénaire. Alors j'ai une sortie de secours temporaire pour toi.
Je t'explique : les vacances sont à deux doigts de devenir illégales. Pour rouler un pélo à ta chérie, il va bientôt falloir exhiber un fafiot officiel avec QR-code-mon-cul. Le salut est dans la fuite ‒Henri Laborit l'a établi.
Si tu fais partie des veinards qui peuvent faire du 7h-16h, c'est encore mieux. Sinon tu te débrouilleras : tu dois bien connaître un itinéraire qui ne soit pas blindé quand tu sors du taf', non ? L'astuce repose sur l'agilité et la légèreté.
Dans un sac étanche sanglé à ta selle, enfourne, selon tes préférences, une tente, un hamac ou, si tu es particulièrement aventureux, une simple bâche. Joins un sac de couchage, un tapis de sol, de quoi grignoter, deux litres d'eau, une brosse à dents et zou ! À bécane, l'ennemi c'est le volume, pas le poids. Malheureusement, le volume coûte cher, presque aussi cher que le poids. Plus ils ajoutent de la légèreté, plus ça pique côté tarifs. Mon barda perso tourne aux alentours de 10 kilos (raisonnable) et 40 litres (pas top) : tente, tarp, siège pliant, matelas, duvet et oreiller, plus de quoi boire et picorer.
Même si tu bosses au milieu de Paris, de Lyon ou d'Ottawa, en moins de deux heures de meule tu es à perpète. À 19 heures, maximum, tu es installé dans ton petit coin de nulle part, seul ou avec un pote, un de tes gamins, ta chérie, etc.
En plein milieu de la semaine, te voilà en week-end ailleurs. Une nuit en pleine nature. Assure-toi juste de te réveiller à temps pour faire la route en sens inverse demain matin. Méfie-toi des tentes noires de chez Décamachin : elles marchent presque trop bien. Avec toutes les autres, tu seras réveillé par les piafs et le soleil.
Dans les jours qui viennent, je vais recevoir un hamac à pas cher de chez Décatruc ; le modèle moche, estampillé "bouchecraphte" ‒paraît que c'est tendance. Je te dirai plus tard si leur truc est bien : il comporte deux rabats pour maintenir en place un tapis de sol et ainsi éviter de se geler le hulk la nuit. Ils vendent aussi une mistouquaire "banane" qui a l'air plus pratique que celles cousues à la toile.
Si tu as des sous, il y a des hamacs étranges chez Amok ou Haven pour ceux qui comme moi dorment sur le côté ou sur le ventre (il faut être patient : il y a un mois et demi de délai ces temps-ci). Si tu n'as pas de sous, tu peux éviter le plan caillance la nuit en achetant deux hamacs premier prix de même modèle montés l'un dans l'autre. Dans celui du dessous, étale un sac de couchage qui fait isolant. Le hamac sur lequel tu dors doit être plus tendu que celui du dessous pour que ton "underquilt" remplisse ton office, d'où l'intérêt d'une ligne de faîte pour conserver la tension.
Si tu n'as pas compris ce que je viens d'écrire : prends une tente. Je n'ai pas besoin de te vendre une Fly Creek ou une Huba-Huba, à part que Décatruc et Intermachin proposent un chouia moins bien pour le tiers du prix.
Ah : ne fais pas de feu. Sinon demain matin, au bureau, on va te renifler d'un air bizarre. De plus, un feu se sent et se voit de très loin. Mauvaise idée, le feu. Si tu veux vraiment manger chaud, ils font des petits réchauds très bien. N'oublie pas ton pare-vent.
Si tu n'es pas habitué au camping, la première sortie risque d'être loupée : matos inadapté, spot moins peinard que prévu, invasion de mistouques mutants cannibales venus du Sud (les pires) vers deux heures du mat', tente mal montée, hamac qui se détend... Vois ça comme ton premier essai sur le parcours lent au permis : une galère sans nom. Ça ira mieux la fois suivante. Tu feras mieux ton sac. Tu sauras faire de meilleurs noeuds ‒super importants, les noeuds, en camping. Tu sauras qu'il faut mettre ta tente sur la pente est des collines pour choper le soleil du matin et ton hamac perpendiculaire au sens du vent dominant, sinon ta bâche ne sert à rien (à moins d'avoir un tarp "sarcophage").
Je suis fan des bâches à tendre juste au-dessus la tente pour profiter d'une avancée au sec et à l'ombre. Quand il fait chaud, j'enlève la sur-toile de la tente pour dormir avec la seule moustiquaire, à l'abri des averses et de la rosée grâce au tarp. Pense à prendre une petite serviette pour sécher les toiles avant de remballer.
Si, comme moi, tu aimes bien valider certains trucs dans un environnement familier avant de tenter le "pleine nature", tu peux aussi aller te poser au camping municipal de Pétaouchnock, celui où on arrive sans réserver et où on paye tout, même la douche, en petite monnaie vu qu'ils ne prennent ni les cartes ni les chèques.
Voilà : une parenthèse volée, loin de la ville. Quinze heures loin de tout, à recompter les étoiles pour vérifier qu'elles sont bien toutes encore là. Une nuit pour te rappeler que la Lune n'en a rien à secouer de nos simagrées. Un sas pour te souvenir qu'en ce moment, le ciel s'éclaircit dès quatre heures trente du matin.
‒ T'as regardé le match, hier soir ?
‒ Pas vraiment, non...
Commentaires
Une kronik qui donne envie de lever la visière et de ralentir l’allure. L’aventure débute en bas de chez soi. Les habitudes, la routine et le confort nous font l’oublier et il est bon que certains nous le rappelle. Merci pour cette sortie de secours.
20-07-2021 14:02Chacun son truc, moi le soir je me cannone au saint Joseph
20-07-2021 17:41je suis a 2 doigts de partir aussi ... sa donne envie d'évasion ce genre de kronik
20-07-2021 17:44Un camping sauvage aux mille étoiles prévaudra toujours sur un hôtel 5 étoiles !
20-07-2021 18:20..ceci dit ...pour le couchage je préconiserais plus un matelas gonflable qu un tapis de sol ..testé et pas trop approuvé étant donné mon grand âge !
J'arrive pas a dormir dans un hamac...
20-07-2021 18:35Faudrait que je teste ceux qui sont faits pour dormir sur le ventre, je savais même pas que ça existait !
Après, les quelques fois où je fais du sauvage, j'ai toujours du mal a trouver un coin qui me convienne (peut être que je suis trop difficile..)
Mais à chaque fois, c'est un bon souvenir au bon goût de liberté !
Salut,
20-07-2021 20:31J'ai déjà fait un tour de France avec juste un sac de couchage subtilisé à la fin de mon service militaire...
C'était pendant l'été et s'il se mettait à flotter pendant la nuit, il suffisait de reprendre la route.
Vers 18-19h passage au village du coin pour chopper une baguette et du jambon ou du fromage.
Si ruisseau ou mare dans la forêt repérée, lavage du bonhomme qui pue le fennec.
Au lever, poursuite de la route vers le troquet du premier village traversé pour baffrer moult tartines à la confiture à un prix dérisoire...
Cologny pour dormir dans un hamac, il faut se mettre bien de travers, de manière à n'être quasiment pas cambré. Fruit d'expérience Guyanaise !
21-07-2021 11:41Extra, cette chronique !
21-07-2021 17:29Merci, thom.
21-07-2021 18:00Oui, Cologny : pour bien dormir dans un hamac, il faut se mettre en diagonale.
Sauf si tu peux t'offrir un Haven, un Draumr, un Lawson Ridge, un Warbonnet Ridgerunner, un Dutchware Banyan, etc. Là, tu es presque comme dans un lit.
@KAPOK: à quand un comparo des hamacs sur le Repaire ? Moi, c'est plutôt une guitoune Appenaz 2XL, matelas de randonnée et sac de couchage (souvent 2 quand je pars seul, on est frileux à mon age).
21-07-2021 21:42Une kronik pour quelques bols d'air, merci pour ce petit billet. Kronik très sympa et positive.
22-07-2021 07:47Ah oui Kpok, "en diagonale" c'est mieux qu'"en travers" !
22-07-2021 12:21ici le camping c'est en carbet et en pirogue ! pas question de dormir au sol, fourmis agressives, moustiquaire obligatoire et si possible protection sous hamac pour chauve souris vampire, sinon le matin tu as perdu 1 litre de sang ! et surtout mousse a raser sur les cordes qui tendent le hamac, les fourmis rouges n'aiment pas, les serpents n'ont plus !
22-07-2021 13:29n'ont plus ?
22-07-2021 16:06Tu es où ? 22-07-2021 16:31
Il exagère.
22-07-2021 18:19Les chauves-souris vampire s'arrêtent à 900 ml par nuit et par chauve-souris : c'est très vivable.