Essai Honda X-ADV 750
Le scooter mutant évolue un peu avec le contrôle de traction et devient aussi compatible A2
Bicylindre en ligne, 745 cm3, 54 ch à 6250 tr/min, 68 Nm à 4750 tr/min, 238 kilos, 11.799 €
On en pense ce qu’on en veut, mais Honda a eu un coup de génie en regardant ce qui se passe dans le monde automobile (c’est aussi un peu leur boulot, quand on y pense) et en constatant que, sur nombre de marchés, un véhicule vendu sur trois était un SUV. Non pas que l’humanité soit peuplée de Daktari ou d’explorateurs, mais que voulez-vous, dans une société de plus en plus sécuritaire, radarisée et contrôlée, votre beau-frère, contrôleur de gestion dans une PME et votre belle-mère, Mme Michu, ont besoin de s’évader, de se différencier et cela passe par l’exotisme et l’aventure qu’inspire la silhouette de ces engins.
Le motard étant un automobiliste comme les autres (triste constat, n’est-ce pas), dupliquer cette recette avait toutes les chances de fonctionner. Et ça a marché. En à peine un an d’existence, après avoir provoqué la stupéfaction – voire le doute – sur la moquette des salons, le X-ADV a été vendu à plus de 7.800 exemplaires, dont 1.900 en France lors de ses premiers neuf mois de commercialisation, une valeur qui devrait grimper à 2.400 unités en année pleine.
La force de cet engin, c’est que ce n’est pas que de la frime. Certes, il a un vrai look pour un « scooter » et on ne peut nier qu’il interpelle. Mais une fois à bord, il séduit par sa polyvalence, sa facilité de conduite, son excellente tenue de route, le confort de ses suspensions, son équipement complet (z’avez vu, cet incroyable tableau de bord ?).
Bref, une réussite, au point que lors de ses fameuses « Victoires de la moto », un collège international d’experts a élu le X-ADV « moto de l’année 2017 », toutes catégories !
Après une dizaine de mois d’existence, cette machine anticonformiste évolue déjà. Comme il a déjà été essayé et disséqué sous toutes ses coutures sur Le Repaire (pour rappel : premier essai du Honda X-ADV) et afin de ne pas saturer la bande passante en nous répétant, nous ne couvrirons ici que les améliorations du millésime 2018 en regardant ce qu’elles apportent à l’utilisateur, en vous suggérant et en vous remerciant, d’aller revoir l’essai précédent pour s’imprégner de cet engin.
Découverte
Parmi les 5 coloris proposés au catalogue, seul le rouge Candy illustré par notre exemplaire d’essai permet de distinguer le modèle 2018. Les autres (un rouge façon CRF, un blanc qui rend hommage à l’Africa Twin et deux déclinaisons de gris) sont déjà connues. On pourra dire que c’est peu, mais rappelez-vous : cet engin n’a même pas un an.
Rien de neuf, sinon, à part deux nouveaux boutons : un contrôle de traction fait son apparition au commodo gauche, tandis qu’un autre, avec le logo « G », est situé dans le renfoncement du tableau de bord, à droite. Un peu de suspense ne faisant jamais de mal, on vous explique leur fonctionnement plus bas…
En selle
Peu de changements ici : on retrouve cet incroyable tableau de bord, hyper complet et faisant vraiment penser au tripmaster d’une machine du Dakar. De nouvelles informations font leur apparition : le contrôle de traction, dans une fenêtre en haut à droite. Pour le reste, c’est comme avant.
Moteur et transmission
Deux nouveautés à ce chapitre. Oh, elles ne touchent pas la structure même de l’ensemble moto-propulseur, toujours confié à un original bicylindre en ligne longue course, accouplé à une boîte automatique à double embrayage et à six rapports.
La première différence, celle qui fera plaisir au plus grand nombre, c’est enfin la présence au catalogue d’une version A2 (au même prix que la « full power » avec une conversion possible au bout de deux ans de permis). On se demande d’ailleurs pourquoi Honda a préféré tout miser sur sa gamme CB 500 pour les A2 et n’a pas proposé les engins de la plateforme NC 750. Curieux. En tous cas, cette anomalie est réparée.
La seconde nouvelle, c’est que le moteur prend désormais et sans que Honda ne s’épanche plus que cela d’un point de vue technique, plus de tours : 900, exactement, ce qui porte la zone rouge à 7500 tr/min. Or, chez les motoristes, plus de tours, ça veut dire plus de puissance. Rien de cela ici, c’est juste au bénéfice de l’allonge entre deux virages. Est-ce à dire que le X-ADV pourrait, un jour, proposer plus de patate ? C’est bon, la patate !
Comportement routier
Tout a déjà été dit sur le X-ADV et ce n’est pas ici qu’on va réinventer le truc. Evidemment, les petites modifications ne font pas transformer ce que l’on connaissait déjà et mettent même un doute sur l’adage selon lequel « les motos rouges vont plus vite que les autres ».
Par contre, il nous a tout de même été donné d’essayer le contrôle de traction. Réglé sur le plus haut niveau (2), il vous interdit de démarrer dynamiquement d’une zone avec des graviers et met plusieurs dizaines de mètres à vous laisser reprendre un rythme soutenu. On sent donc que le calibrage a été orienté sur la sécurité ; encore heureux, quand on y pense, surtout pour du permis A2. Le niveau 1 laisse un peu plus de permissivité, notamment avec un léger patinage, ce qui permet aussi, en cas d’un (assez improbable, on en convient), usage en tout-terrain, de s’autoriser quelques gentilles dérives avant que l’électronique ne remette tout en ordre et surtout en ligne. Enfin, le contrôle de traction est déconnectable, tandis que le bouton « G » permet d’accéder à une sorte de paradis de la permissivité électronique.
Le reste ne change pas : le X-ADV épate par sa tenue de route et la rigueur de son train avant, avant, justement, que l’on prenne confiance et que l’on en remette et que l’on finisse par poser l’engin sur sa béquille ou son échappement au point de corde. Mais là, on s’éloigne un peu de sa vocation de commuter stylé. Sur de plus longs parcours, on apprécie toujours la bulle qui se règle manuellement sur 5 positions et 13,6 cm d’amplitude, tout en maudissant la selle, un peu ferme à la longue. Enfin, la sobriété de cet engin mérité d’être mise en exergue. Moins de 4l/100, c’est carrément possible !
Conclusion
Soyons clair : les modifications apportées au millésime 2018 ne modifient pas radicalement (et même pas beaucoup, en fait), les aptitudes de ce X-ADV. C’est d’ailleurs la possibilité de l’avoir en permis A2 qui fera le plus pour sa carrière. Comme ses 238 kilos ont assez tendance à se faire oublier, comme sa facilité de conduite reste l’une de ses grandes qualités, on peut considérer qu’il est (déjà !) arrivé à maturité !
Points forts
- Look incroyable pour un "scooter"
- Polyvalence
- Facilité de conduite
- Désormais compatible A2
- Tableau de bord complet
Points faibles
- Selle inconfortable à la longue
- ABS sensible à l'arrière
- Garde au sol à l'attaque
La fiche technique du Honda X-ADV
Conditions d’essais
- Itinéraire : une matinée d'essai dans la région de Malaga, dans le Sud de l'Espagne
- Kilométrage de la moto : 1.200 km
- Problème rencontré : aucun
La concurrence : Kymco AK550, Yamaha XP 530 Tmax
Commentaires
Je suis sûr que Honda a fait ce millésime exprès pour que le X-ADV soit de nouveau nommé Victoire du Repaire en 2018 par le collège international d’experts (dont j'ai eu l'immense privilège de faire partie) qui l'a déjà élue « moto de l’année 2017 »...
14-02-2018 18:07