Essai pneu touring Michelin Road 6
Course sur route
Essai pneumatique sur 3 000 km
Les pneus routiers constituent le gros du marché des pneumatiques, pouvant équiper les motos du roadster au trail, voire certaines sportives de moyenne cylindrée non destinées à la piste. On parle ici des Bridgestone T32, des Dunlop RoadSmart, des Metzeler Roadtec, des Pirelli Angel GT. Dans cette gamme chez Michelin, on peut remonter jusqu'en 2002 avec le Pilot Road, pour arriver vingt ans plus tard au Road6, l'objet de notre essai nouveauté 2022.
Avec le Pilot Road, Michelin annonçait déjà les caractéristiques d’un pneu mêlant le meilleur des deux mondes. Son crédo : combiner adhérence sur le sec et sur le mouillé, agilité, confort et longévité… Un programme de champion que ce boudin performant va sans cesse optimiser en même temps que les autres constructeurs, tous ayant amélioré de façon notable ces pneumatiques à tout faire.
En 2007, le Pilot Road gagne la technologie bi-gomme. En 2011 le Pilot Road 3 apporte des lamelles inédites. La gomme hisse de plus en plus le niveau de performance sur sol humide. Trois ans plus tard, la version suivante s’adjoint une déclinaison pour moto GT. Nouvelle étape d’importance en 2018, l’enveloppe adopte des « lamelles 3D » et cette version cinq réduit son nom à Road. L’entaillement se fait désormais plus présent, évoquant le RS de la gamme sport … histoire de mêler les genres.
Une telle suite se doit d’avoir régulièrement un héritier amélioré. Ainsi vient le temps du Road 6, version plus efficace et parée d’un style unique. Au programme, adhérence sur sol mouillé et longévité améliorées par un nouveau concept de bande de roulement, de composé de gomme et une architecture de pneus optimisée.
Découverte
Pour mieux marquer son empreinte, autant adopter une allure différente. Le Michelin Road 6 sait, plus que tout autre, imposer sa présence. Avec ses sculptures toujours plus prononcées, on croirait presque un pneu mixte pour la pluie, la boue… Bref, tout ce qui glisse et qu’un motard d’asphalte n’aime pas trop. La bande de roulement adopte des évidements appariés plus compacts et plus nombreux. Ils se conjuguent avec ceux des bords moyens, aux rainures plus marquées, anguleuses et profondes qu’auparavant. Une sensation confirmé par un entaillement effectivement accru de 14%… Ce taux ne change pas en fonction de l’angle pris par le motard afin d’offrir un grip constant. L’extrême bord reste presque vierge, mais les rainures 3D spéciales pluie s’y étendent davantage que sur son prédécesseur. Le manufacturier annonce ainsi une amélioration de 15 % de l’adhérence sur sol mouillé. Les plus observateurs auront remarqué qu’avant et arrière inversent le sens de leur dessin pour encore plus d’efficacité. Voici les détails techniques de la nouveauté :
MICHELIN Water EverGrip : ces lamelles brevetées offrent de hauts niveaux d'adhérence sur sol mouillé. Désormais, elles s’ouvrent au fur et à mesure de l’usure des pneus pour conserver le niveau d'adhérence. De nouveaux angles des rainures et des lamelles associés à une longueur d’arrêtes plus importante permettent de fendre le film d'eau.
Bien sûr la gomme elle-même évolue.
MICHELIN Silica Technology : un mélange 100% silice améliore l'adhérence par temps froid et sur route humide ou mouillée sans nuire à la durée de vie des pneus grâce à une autre technologie, bien connue.
MICHELIN 2CT+ (2 Compound Technology) : À nouveau, on retrouve du bi-gomme. Plus dur, le mélange du composé central de la bande de roulement s’étend aussi sous les bords. Riche en silice, il maintient la rigidité dans les virages et assure la longévité. Les épaulements supérieurs sont plus tendres pour une meilleure adhérence en courbe, sur sol sec ou mouillé. La longévité serait supérieure de 10% à celle du Road 5. À voir.
C’est tout pour la surface. On plonge maintenant dans le bib’. Sous la gomme, on retrouve tout d’abord le Michelin Aramid Shield. On ajoute une nappe en aramide au sommet de la carcasse qui résiste à la force centrifuge et renforce la rigidité. Elle réduit l’échauffement, le poids et offre une excellente stabilité.
En dessous, la technologie Michelin Radial-X décline l’ACT (Adaptative Casing Technologie). Le croisement étudié des fils de la carcasse confère une bonne rigidité des flancs par un retour de nappe très légèrement croisé sur les bords tout en étant simple pli; donc plus souple et léger sous la bande de roulement.
Pour les motos de type GT, plus lourdes, Michelin ajoute le Reinforced Radial-X Evo. Une nappe à 90 degrés au sommet du pneu apporte plus de rigidité et optimise l’empreinte au sol. On limite ainsi la déformation pour assurer assurer une très bonne adhérence, en ligne droite comme dans les virages serrés. L’effet global est d’apporter maniabilité et réactivité des pneus.
Enfin, l’esthétique des flancs du Road 6 bénéficie du MICHELIN Premium Touchdesign. Une micro-géométrie y crée une texture permettant de moduler le contraste, créant des nuances de gris et mettant en évidence les marquages des pneus. The French Touch en quelque sorte…
Enfin, les Road 6 arborent un profil en ogive douce qui promet un roulage à deux visages… Bref, on a hâte de pouvoir passer à l’action, sans oublier le - rapide - rodage. Anecdote, j’ai eu les premiers Pilot Road en 2006 sur ma moto - BMW R1100S - que nous équipons désormais de la gamme dernière génération.
Premiers kilomètres
Comme trop souvent après la pose, les enveloppes sont sur-gonflées. Je note 2,7 sur l’avant et 2.9 à l’arrière, limitant nettement le ressenti. Ma R1100S est une moto lourde (240 kg) et très rigide, sensible à la monte de pneu ET à la pression. Mais déjà, le road 6 parait assez dynamique. On le sent nettement positionné entre deux usages. Avec 0,2 bar en moins, l’enveloppe parle déjà plus à son motard. La gomme monte (très) vite en température et offre tout de suite une bonne sensation sur l’angle et un confort remarquable. En ville, les Michelin engagent à peine en courbe, juste pour donner l’impulsion du changement de direction. On prend vite le rythme habituel, bien aidé par le profil dynamique de ces Bibendum.
Ces premières sensations de neutralité et facilité se confirment sur les trajets périurbains. Les premières grandes courbes annoncent également une superbe précision. Et impossible de déclencher l’ABS en ligne droite. La gomme auvergnate, c’est pas de l’aligot. Avec ces belles prédispositions, on a hâte d’aller plus loin avec nos Road 6.
Au large
Il est temps de prendre la mesure des nouveaux Michelin. Le confort est un point majeur de ces enveloppes. On sent très nettement la différence avec mes anciens pneus, pourtant de très bons Metzeler Roadtec Z8. Leur profil était également plus rond. La différence de génération est très nette, d'autant plus qu'il y a eu aussi plusieurs génération chez Metzeler depuis jusqu'au tout dernier Roadtec 01 SE.
Pour roder nos Road 6, direction l’atelier de virages serrés à gogo. L’affaire est faite, bord à bord, en six aller-retour. La gomme monte vite en température et donne rapidement confiance. Dans un excès d’optimisme, j’ai ressenti une petite perte d’adhérence simultanée des deux roues : un léger à-coup plein angle, suivi d’une reprise immédiate de l’adhérence. Pas même eu le temps pour un instant d’angoisse. Ce composé est réellement performant.
À rythme légal, les évolutions témoignent d’un grand naturel. Les successions de virages serrés ou rapides semblent être des rails où se fixe la moto. La précision est un autre atout. Ces enveloppes optimisent nettement l’entrée en virage et les trajectoires de votre machine. Tout semble plus facile, votre moto plus docile. Agilité et toujours confort sur l’angle caractérisent cette nouveauté. La carcasse travaille avec efficacité pour absorber les défauts du bitume et remonter, à chaque instant, un maximum d’informations. Bien utile avec un train avant telelever qui filtre trop souvent les sensations.
Si l’on augmente le rythme, c’est alors la vivacité qui est mise en avant; notamment dans les enchaînements serrés. Les nouveaux Road 6 y avouent vite un ADN sportif. Mais sans outrance. Leur profil en ogive rend les changements d’angle immédiats mais sans brusquerie. Et la précision ne fait que croitre quand on leur tape dans la gomme. Si la bascule est sensible, la mise sur l’angle est ensuite progressive, offrant un excellent contrôle et toute latitude pour corriger la trajectoire. Une fois calé sur l’angle, on note une parfaite tenue de cap, notamment en courbe très rapide. J’ai ainsi, sans forcer, accru ma vitesse de passage dans une courbe bien connue. Un grand droite qui passe vite. J’y ai pris 20 km/h de mieux, le plus naturellement du monde. Et avec de la marge. La sécurité induite par l’effet de grip et le toucher de bitume est assez bluffante.
Les rares épisodes de pluie m’ont donné la même sérénité. À nouveau, les Road 6 apportent ce surcroit de confiance de par leur capacité à rendre les évolutions naturelles en toutes circonstances. À confirmer sur des trajets pluvieux importants et avec l’usure.
Conclusion
Ces premiers 3 000 kilomètres avec les Michelin Road 6 témoignent d’une amélioration sensible du ressenti au guidon et du confort de roulage. Les deux visages de ce pneumatique autorisent des pilotages différents, sans compromis. On bénéficie à la fois d’un guidage facile et confortable au quotidien et de performances dynamiques appréciables à rythme élevé. Enfin, leur tarif, un peu élevé, est correctement placé face à la concurrence : environ 110 € en 110/70 R17 et 175 € 180/55 R17. Rien d’anormal pour un produit de dernière génération au spectre d’usage et aux performances élevés.
Points forts
- Adhérence
- Agilité
- Montée en température
- Confort
- Dessin original
Points faibles
- RAS
Dimensions du pneu Michelin Road 6
Avant | Arrière |
---|---|
|
|
Commentaires
C’est ce que j’ai mis sur la 900 XR. Mais j’étais déjà fan du PR5..
29-07-2022 13:59Je les ai aussi payés plus cher que ça 😥.
Le problème de ces tests avec peu de km c'est que logiquement tous les pneux bien connus s'en sortet facilement. Ca se complique par contre par la suite et c'est ce que j'ai toujours reproché aux Michelin, notamment au niveau bruit
30-07-2022 18:11Ah…. Ben je dois être sourd alors 🤪
30-07-2022 22:22Pareil, mis un 6 à l’arrière, par contre j'ai toujours un 5 à l'avant ca doit fausser un peu.
01-08-2022 09:00C'est vrai que c'est un pneu neutre, tu le mets là, il reste, si tu veux mettre plus d'angle c'est toi qui décide, ça plonge pas quoi.
Pour la pluie, pas bien vu encore, juste prix un orage sur autoroute et gaz pour en sortir, pas bougé d'un pouième. Le 5 étais déjà excellent.
Pas de bol pour le prix pour certains, avec la promo Michelin du moment, 160 E.