Essai pneu Michelin Pilot Road 3

Rencontre avec une nouvelle star du segment sport GT

On ne balaye pas une icône d’un revers. Conscient de l’excellente notoriété de son PR2, Michelin nous a présenté son successeur, mais pas son remplaçant puisque « l’ancien » reste dans la gamme. Il faut dire que depuis sa sortie, le PR2 fait référence, autant en terme de longévité que de comportement sur sol mouillé. Une suprématie qui a poussé la concurrence dans ses derniers retranchements et force est de reconnaître qu’elle a bien travaillée. Michelin devait donc réagir !

Il aura fallut 5 années de développement pour mettre au point le PR3. Un énorme effort de R&D commencé alors que le PR2 était tout juste industrialisé… Une stratégie d’innovation chère à la marque qui démontre l’enjeu que représente un tel produit. Le segment sport GT est d’une importance capitale en volume, car son spectre d’utilisation très large lui permet d’équiper des roadsters, des GT, des sports GT, des sportives qui ne font que de la route, voire certains gros trails (il existe en 19 Av et 150 AR). Voilà qui fait un paquet de motos en circulation ! Il ne faut donc pas se louper…

Evolution, mais pas révolution

Même si visuellement le PR3 se distingue immédiatement, sa structure de base reste proche du PR2. On ne change pas une équipe qui gagne ! Il garde le même profil et la même rigidité, mais là où il se distingue, c’est par son dessin et ses lamelles. Inspirées des pneus « hiver » en automobile, elles sont là pour casser le film d’eau.

Lors de leur passage au sol, leur arrête vive crée une légère surpression qui provoque la rupture de la pellicule d’eau. Ensuite l’eau est évacuée ou stockée très provisoirement dans des « puits » si le débit des rainures n’est pas suffisant, avant d’être immédiatement centrifugée.

Le taux d’entaillement est supérieur à un pneu hypersport, mais équivalent au PR2 et le présence de lamelles ne réduit pas la rigidité de la gomme, ce qui ne nuit pas au guidage. Un procédé baptisé XST ( Michelin X sipe technologie) qui améliore d’autant plus sensiblement les performances que le sol est glissant. Sipe signifie lamelles en anglais. Ainsi, en moyenne à 50 km/h, le PR3 freine 2,5 m plus court que le PR2. Mais quand le sol devient très glissant, l’écart peut atteindre 5 m, toujours à la même vitesse. Une progression spectaculaire qui pourrait presque assimiler le PR3 à un pneu pluie (même si ce n’en n’est pas un, le niveau de performance revendiqué pourrait le faire penser) … avec les inquiétudes que cela comporte sur route sèche.

Mais les ingénieurs de chez Michelin nous rassurent, ils ne sont pas tombé dans le piège. Ils ont porté une attention toute particulière à ne pas perdre sur le sec ce qu’ils ont gagné sur le mouillé. Dans ce domaine, ils ne revendiquent pas de réelle amélioration, juste un maintien des performances au niveau du PR2. Un niveau particulièrement honorable, puisque nous avions pu le tester sur piste avec des sportives lors de sa présentation voici 4 ans. Il n’y a donc pas de faiblesse de ce côté. Même si le sport n’est pas la vocation première de ce nouveau venu, sur route sèche, son grip permet des vitesses de passage en courbe « peu légales ».

Performance et endurance

L’autre inquiétude pourrait venir de la longévité d’un tel pneu. On sait que sur piste sèche, les pneus pluie de compétition se dégradent très vite. Là encore la comparaison tombe à l’eau si l’on peut dire. Le PR3 a (presque) le look d’un pneu pluie, il revendique (presque) les performances d’un pneu pluie, mais ce n’est pas un pneu pluie.

Comme le PR2, il bénéficie de la technologie bi-gomme et revendique une longévité similaire, voire un peu supérieure de quelques pour-cent à son aîné qui faisait déjà référence en la matière. En outre, l’inclinaison des lamelles à 15° leur assure une usure régulière, tout en garantissant une stabilité des performances dans le temps. Il ne devrait donc pas y avoir de surprise désagréable au fil des kilomètres.

De la théorie à la pratique.

Pour mieux nous convaincre, Bibendum nous a invité à une petite virée d’une centaine de kilomètres autour de Rambouillet. Un fort joli parcours qui comporte moult virages et permet de juger dans une certaine mesure, le potentiel du pneu sur route ouverte. La pluie n’ayant pas été des nôtres, mais nous ne pousserons pas le professionnalisme à nous en plaindre, nous n’avons pu mettre ce champion à l’épreuve sur son terrain.

Dommage ? Quoiqu’il en soit, le PR2 testé sur une piste arrosée s’était déjà révélé particulièrement convainquant dans ce domaine. On imagine que le PR3 fera mouche lui aussi et ce d’autant plus qu’il augmente son avantage quand les conditions se dégradent. Un atout particulièrement appréciable pour ceux qui roulent en toutes saisons.

C’est donc sur bitume sec, que nous avons testé le PR3. Dans ces conditions « difficiles », il s’est montré tout à fait à la hauteur : offrant une excellente maniabilité, une mise sur l’angle facile avec ensuite une grande stabilité une fois le virage amorcé. Un profil « fun to ride » que revendique le constructeur qui en fait même sa marque de fabrique. Aux guidons des différentes motos que nous avons pu tester ( Honda 1000 CBF, Kawasaki Z 1000 SX, KTM 990 SMT, Triumph Speed triple, YAMAHA FJR 1300) nous n’avons jamais été pris par surprise.

Le caractère propre à chaque moto subsiste avec ses différences, les comportements ne sont ni modifiés ni dénaturés par ce pneu somme toute très neutre, mais pas mou du genoux. Le PR3 est naturel, prévisible et certainement prévenant, bien que nous n’ayons pas pu aller chercher ses limites. Il ne se relève pas lors des freinages sur l’angle, s’inscrit facilement dans les virages et permet d’adapter aisément sa trajectoire si le virage se referme. Sur les petites départementales parfois bosselées il a montré une bonne faculté d’absorption, sans trop secouer son pilote.

Un essayeur Michelin à l'oeuvre, nous n'avons malheureusement pas pu essayer, faute de pluie ...

Bilan positif

Du confort, du grip sur le sec et le mouillé, de l’endurance et un comportement sain, la mariée est presque trop belle ! Pourtant même si nous n’avons pas encore pu tester toute l’étendue des performances de ce nouveau venu, le ramage semble à la hauteur du plumage, pour ce que nous avons pu en voir. Reste le prix. Michelin annonce une augmentation de 2à 3% par rapport au PR2, ce qui correspond approximativement au gain de longévité revendiqué. Le coût kilométrique devrait être comparable, mais avec une amélioration sensible de la sécurité, réelle et ressentie, quand les conditions de roulage sont mauvaises. Concernant les tarifs pratiqués, nous avons relevé 254 € pour un train de pneus en 120/70 av et un 180/55 AR en ZR 17.

Pour qui ?

Un pneu qui conviendra à tous ceux qui ne font pas de circuit, quelque soit leur moto trail roadster, sport GT, et même sportive. Ceux qui roulent en toutes saisons apprécieront sa longévité (s’il tient ses promesses) et le sentiment de sécurité qu’apporte ce pneu, confortable et rassurant en toutes circonstances.