Essai Yamaha FJR 1300 ABS
GT presque Sport - essai sur 4.000 km
Apparue en 2001, gagnant l’ABS dès 2002, la FJR est la GT Yamaha par excellence, incluant le cardan. Juste en-dessous des 15.000 euros lors de son lancement, c’est le meilleur rapport qualité/prix de la catégorie face aux allemandes et à la Pan-European.
Découverte
La FJR se reconnaît instantanément par son gabarit de grosse GT, sa double optique frontale, son carénage englobant, sa bulle électrique réglable et une longue selle. Dotée d’origine de valises latérales, elle se pare volontiers d’un top-case. Deux longs échappements encadrent un large pneu arrière. Une béquille centrale compète la latérale.
On remarque sur le côté la manette de réglage de dureté de la suspension arrière et l'absence de chaîne.
Le tableau de bord incorpore compteur et compte-tour analogique à gauche et au centre, complété par un affichage digital à droite : jauge à essence, double trip partiel, totalisateur, température d’huile, horloge.
Un vide-poche sans clef est placé sur la gauche. Les warnings sont placés juste en-dessous.
La finition globale est excellente.
En selle
Les pieds touchent terre, mais sans plus, pour le pilote d’1,70m. La large selle est responsable de ceci malgré une hauteur raisonnable de seulement 805 mm. Le large guidon tombe immédiatement sous les mains. La position globale guidon, selle, repose-pieds est plutôt droite. Les cale-pieds sont à la bonne hauteur.
Contact
Le compteur se réinitialise. Le quatre cylindres en V en ligne ronronne discrètement d’une sonorité grave.
Premiers tours de roue
Première, la boite accroche avec bruit (71.000 km du modèle d’essai obligent) mais la moto part immédiatement et trouve son équilibre rapidement. Il ne faut pas hésiter à tirer un peu sur le premier rapport pour éviter d’éventuels à coups (d’autant plus qu’il accepte de monter jusqu’à 80 km/h). La seconde se passe rapidement, puis la troisième. Le tout peut rouler sur le ralenti et se révèle très doux sous les 3.000 tr/min. On sent un net mieux et une vraie poussée à partir de 4.000 tr/min.
Ville
La FJR est facile, surtout au regard de son gabarit. C’est l’encombrement et les valises latérales qui peuvent éventuellement demander une petite attention supplémentaire mais cela passe plutôt bien entre les files. Les manœuvres à vitesse lente demandent un minimum d’attention toutefois, histoire de ne pas oublier ses 300 kilos (251 kilos à sec mais avec un réservoir de 25 litres, plus les kilos dans les valises et le pilote et le passager…).
Par contre, elle chauffe rapidement ; une chaleur encore augmentée en été lorsque c’est déjà tout juste supportable en hiver, notamment au niveau des cuisses et surtout à gauche. Un tapis de réservoir réduit notablement ce problème d’après les propriétaires réguliers.
Autoroute
La FJR s’engage rapidement sur l’autoroute. A 5.000 tr/min, elle est à déjà à 135 km/h et très loin des 9.000 tr/min de la zone rouge. Elle prend ensuite 25 km/h tous les 1.000 tr/min supplémentaires, jusqu’à une vitesse théorique maximale de 235 km/h.
Passés les 130 km/h, en 5e, les accélérations sont régulières, mais lentes. Le moindre dépassement demande de tomber deux rapports pour arriver à monter dans les tours et effectuer un dépassement en toute sécurité.
La bulle protège bien jusqu’à 180 km/h. On sent un léger shimmy à cette vitesse, amélioré lors de la suppression du top-case.
Départementales
La FJR enroule tranquillement sur départementales et ne dédaigne pas descendre un voire deux rapports pour accélérer le rythme. La conduite devient alors un peu plus musclée au fur et à mesure que le rythme s’accélère. La moto reste toujours saine mais demande un minimum de maîtrise et d’anticipation, ne pardonnant pas des trajectoires approximatives par un rattrapage de dernière minute.
Route de nuit
Elle éclaire correctement, sans plus. Le plein phare apporte surtout un surplus de puissance en largeur mais à peine en distance. On réduit donc la vitesse par rapport à la route de jour.
Confort
La selle se révèle moelleuse à la fois pour le pilote et le passager. Les suspensions gomment efficacement les défauts de la chaussée tout en offrant un excellent confort, même en position « dure ».
Duo
La FJR est tout à fait adaptée au duo, permettant de longues sorties sans escale. Elle est confortable et les repose-pieds passagers bien placés en hauteur. Leur seul défaut est la proximité des échappements qui chauffent le tout énormément.
Freins
Le frein arrière est un ralentisseur honorable. Le frein avant offre une bonne progressivité et efficacité. L'ABS se révèle agréable.
Pneumatiques
Dôtée en origine de Metzeler 4, les BT 20 sont des pneus qui lui conviennent mieux ensuite (monte de l’essai).
Pratique
Les valises s’ouvrent et se ferment facilement, avec la même clef que la clef de contact. Il ne faut pas hésiter à charger aussi bien la partie côté intérieure que la partie extérieure de chaque valise pour en profiter pleinement. Des sangles permettent de faciliter l’opération. On peut les enlever facilement pour le transport sans sortir les sacs.
La bulle réglable électriquement au guidon se révèle très pratique. Par temps chaud, on préférera la laisser en position basse, le vent soufflant alors sur la partie haute du buste avec un effet ‘clim’ agréable. En position haute, le vent est complètement dévié, mais génère par contre des infra-sons au niveau du casque* qui peuvent être désagréables sur un long trajet (*phénomène qui peut varier en fonction du casque).
Il suffit toutefois de se pencher un peu, en réduisant la distance pilote-bulle, pour supprimer ce bruit. Mais la position n’est alors plus du tout aussi naturelle.
La bulle se rétracte automatiquement lorsqu’on coupe le contact.
Sous la selle, il y a la place pour un pantalon de pluie.
Consommation
Sur autoroute et à vitesse stabilisée légale, la consommation se stabilise à 5,5 litres au cent. Elle peut grimper à 7 voire 8 litres si on dépasse les vitesses légales ou sur les petites routes de montagnes.
La jauge étant dotée de 8 bâtons, chaque bâton s’efface en moyenne au bout de 50 km, pour les 6 premiers, les deux suivants au bout de 30 km avant d’arriver sur réserve. Sur réserve, le totalisateur commence à incrémenter le compteur pour calculer le nombre de kilomètres effectués depuis le passage en réserve.
Il est ainsi possible de ne passer en réserve qu’au bout de 350 kilomètres. Il reste encore de quoi parcourir 70-100 kilomètres sur les cinq litres de réserve, soit une autonomie globale de plus de 400 km.
En conduite très cool, la consommation se cale à 5,5 litres au cent ; à noter une consommation sensiblement plus économique par temps chaud que par temps froid. Sur autoroute à vitesse non légale, sa consommation passe alors au-dessus des 7 litres/cent.
Conclusion
Facile de prise en main malgré son gabarit, la FJR se révèle une excellente GT, confortable et adaptée pour les longs voyages. Son moteur souple offre un agrément certain sur les longs trajets avec un couple disponible assez bas pour ne pas avoir à jouer de la boite, sauf en cas de dépassement rapide sur autoroute. Son seul gros défaut réside dans la chaleur générée au niveau des cuisses, quasi insupportable en ville et en été, mais atténuée par un protège réservoir. Elle gagne nettement à être essayée à l’étranger, lorsque son moteur n’a pas perdu 44 chevaux de bridage. Mais même en 100 chevaux, et à près de 1.500 euros de moins que la première concurrente, elle est le meilleur rapport qualité/prix de la catégorie.
Points forts
- Le confort
- La sobriété
- Le prix
Points faibles
- La chaleur moteur
Concurrentes : BMW R 1150 RT, Honda Pan European, Kawasaki ZZR 1200
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