Essai Moto Morini SeieMMezzo STR et SCR
Les sœurs stylées
Bicylindre en ligne de 649 cm3, 61 ch et 54 Nm, 200 kg à sec, à partir de 6.999 euros
Vénérable marque italienne, Moto Morini est fondée en 1937 par Alfonso Morini, via Malvasia à Bologne et commence avec la production de triporteurs de 350, 500 et 600 cm3 avant de propose la première moto avec une 125 deux temps au printemps 1946. Le constructeur s’engage alors en compétition sur le championnat tricolore et mondial où il remporte de nombreux succès. Emblématique, la Corsaro 125 apparait en 1961 et Moto Morini s’exporte vers les USA quatre ans plus tard. 1986 sonne le début des rachats successifs : par Cagiva qui possède déjà Ducati puis par un neveu qui finance le nom d’origine en 1999. Ainsi verront le jour, en 2005 les Corsaro 1200 et 9 ½ avec de tout nouveaux bicylindres en V à 87°. Suivent les Scrambler et Granpasso… et la faillite en 2011. Reprise par la famille Jannuzzelli, une 1200 Milano voit le jour avant une prise de contrôle de la marque en 2018 par le constructeur chinois Zhongneng Vehicle Group.
L’année suivante, Moto Morini présente trois 650 : le trail X-Cape et deux SeieMMezzo, avec le roadster STR et le scrambler SCR. Ce sont ces dernières que nous emmenons pour une prise en main sur les collines bourguignonnes.
Découverte
Racées, voilà le terme qui convient le plus à nos deux SeieMMezzo. Leur nom reprend subtilement les initiales majuscules de la marque. L’habillage des flancs et coque arrière diffère, mais reprend le graphisme d’origine avec le fameux ½ de cylindrée. Le dessin des Morini est particulièrement réussi et bien que conçu sur une base largement commune, chacune possédant son propre style malgré quelques différences d’équipement et d'ergonomie.
La STR (acronyme de Strada) se présente comme le modèle routier. Elle reçoit une longue selle biplace, un guidon presque droit, des jantes alliage à 10 branches et une boucle arrière ultra-courte et épurée.
La SCR revendique un positionnement plus offroad, adoptant un guidon aux cornes plus marquées, des jantes à rayons, un garde-boue avant surélevé sous le phare, une bavette arrière et une selle surpiquée. Des patchs de protection viennent également protéger son réservoir. Cet élément de 16 litres est remarquablement sculpté, arborant de nombreuses facettes et méplats. Le bloc optique ceinturée de DRL apporte un fort contraste de modernité, tout comme le feu arrière, étroite lame rougeoyante.
Les Morini reposent sur une technologie sous licence Kawasaki. On retrouve ainsi un cadre treillis tubulaire acier bien connu, contenant un twin parallèle tout aussi populaire; celui de l'ER-6. Ce bloc de 649 cm3 (83x60mm) et quatre soupapes par cylindre développe 60 chevaux à 8 250 tours (47,5 ch pour les A2) et 54 Nm de couple à 7 000 révolutions minute. Il est associé à un embrayage antidribble pour éviter les blocages de la roue arrière au rétrogradage.
Notez le sabot plastique venant protéger ses volumes et surtout l’esthétique du bras oscillant aluminium. Particulièrement soignée et fuselé, il reçoit également le support de plaque déporté.
Ses mouvements sont confiés à un amortisseur Kayaba ajustable en précharge et détente. La fourche inversée de 43 mm, même fournisseurs, est réglable en tout sens et ses fourreaux sont dorés sur la SCR. Les débattements sont de 120 mm, même sur le scrambler.
Les jantes de 18 et 17 pouces reçoivent des Pirelli Angel GT pour la STR, des MT60 RS pour la SCR en 120/70 et 160/60. Des étriers avant Brembo à fixation axiale et deux pistons mordent des disques de 298 mm. La frète arrière de 255 est pincée par un élément simple piston et l’ensemble est sous contrôle d’un ABS Bosch 9.1.
Particulièrement valorisantes, les Morini peuvent se prévaloir d’une finition de bonne qualité. Ajustement des éléments et surfaces métalliques sont sans défaut. On ne leur reprochera qu’un échappement particulièrement économique. Une simple plaque emboutie est soudée à un tuyau guère séduisant. Mais bien dissimulé, ce procédé intelligent fonctionne assez bien. Enfin, avec un poids de 220 kg environ tout pleins faits, les SeieMMezzo offrent un ensemble convaincant.
L’intervalle de maintenance est étonnamment serré : tous les 5 000 km. Une donnée surprenante à l’heure où la norme est souvent le double de cette distance.
En selle
Similaires, mais différentes en allure, les Moto Morini SeieMMezzo le sont également en ergonomie. La STR avoue une prise en main classique de roadster tonique, avec un léger appui sur le guidon. Sur la SCR, le cintre plus haut induit une position peut-être plus confortable pour certains. La flexion des jambes est conforme au segment et les assises se placent à 810 mm du sol. Aucune poignée de maintien passager sur la STR quand le scrambler se dote de deux éléments profilés.
Sous les yeux, un écran couleur TFT 5'' est commandé au commodo gauche par un original double basculeur étrangement semi-rétro-éclairés. L’affichage est particulièrement net et son ergonomie remarquable. Les chiffres reprennent à nouveau la typographie d’origine légèrement déstructurée, assurant une authenticité élégante. C’est à peine moins bien en navigation et les boutons demandent un peu d’habitude pour gérer les infos. Compte-tour, tachymètre, indicateur de rapport engagé et jauge de carburant et température moteur. Notez que les motos reçoivent un indicateur de pression des pneus (TPMS) ! Le système de communication Bluetooth intégré vous permet de gérer simultanément un téléphone et deux casques, le tout sans quitter la route des yeux. Enfin, le levier de frein est réglable en écartement. L’ensemble est élégant à défaut d’être tout à fait ergonomique.
En ville
La sonorité des Morini est plaisante et assez profonde, donnant l'impression d'une cylindrée supérieure. Le Twin gronde toniquement sur les coups de gaz avec peu d'inertie. Compactes et bénéficiant d'un rayon de braquage efficace, les machines trouvent naturellement leur place en ville. De plus, leur équilibre à basse vitesse est excellent. La SCR donne peut-être un poil plus de confort au guidon. Aucune vibration ne vient envahir les rétroviseurs au champ suffisamment large.
Douce, la commande d'embrayage s'associe à une boîte précise qui verrouille parfaitement. On emmène ainsi avec plaisir les SeieMMezzo dans le trafic urbain. D'autant plus que la mécanique se révèle tout aussi avenante. Reprenant sans mal sous 2 000 tours en cinquième elle délivre un très bon agrément et une rondeur appréciable. Ce qui donne envie rapidement d'aller voir plus loin.
Autoroutes et voies rapides
Sans se ruer avec frénésie sur l’horizon, on atteint sans mal le légal autoroutier que le twin assure dans un vrombissement élégant à 5 500 tours. Et la mécanique est dénuée de vibration pénible. Un point fort comparé à celle d’origine et au bloc CFMoto lui aussi équipé d’une variante de 700 cm3. Pour atteindre les 175 km/h de pointe, ce sera un peu plus long. Également les relances dynamiques demandent de rentrer un rapport. Pour le plus grand plaisir des oreilles.
Le confort général est conforme au genre des machines, mais le roadster se fait plus agréable avec son ergonomie plus sport qui contre naturellement le flux d'air. La tenue de cap est sans défaut, le confort est très correct et la machine file sereinement sur le bitume. On évitera néanmoins l'ennui des voies tarifées à la première sortie.
Départementales
La facilité de pilotage de ces Morini est bluffante. Évidentes, elles s'emmènent à bon rythme sur les routes sinueuses parfois piégeuses de l'automne débutant. Leur géométrie dynamique s'associe efficacement à une motorisation démonstrative sur les intermédiaires. C'est là que le twin donne son meilleur. Bien différent du bloc des ER-6, son caractère plus rempli délivre une séduction supérieure. Maintenu au-delà de 6 000 tours, le bicylindre relance efficacement l'équipage dans le bruit sourd de sa boîte à air. Mais sans fougue. Plutôt linéaire, la mécanique se fait plus séduisante en passant sa crête de couple, à 7 000 tours. Les Italiennes font sonner leur twin sur le bitume d’une mélopée grave qui accompagne idéalement les évolutions des deux fausses jumelles.
Ce surcroit de vie s’accorde parfaitement à la qualité de partie cycle. Agiles, rigides les SeieMMezzo passent d’un bord à l’autre avec aisance, mais sans vivacité excessive non plus. Notamment la SCR et ses Pirelli MT60 au profil rond qui lui confèrent une mise sur l’angle progressive et sure. Idéal pour évoluer en confiance. La STR se montre, à nouveau, un dynamisme plus marqué. L’appui plus sensible sur le cintre permet de mieux sentir le train avant. Celui-ci se montre particulièrement précis avec ses Angel GT et la machine plus réactive. La virole serrée s’aborde donc avec efficacité et un grip sans reproche.
En gardant le rythme. Lancées à bonne allure, les Moto Morini peuvent compter sur leurs étriers avant. Efficaces, presque trop francs, ils savent ralentir nos montures avec talent. Les fourches encaissent très correctement les transferts de charge, bien aidées par un amortisseur lui aussi correctement ajusté. Neutre et saine et ne se redresse pas à la prise du levier. Calées sur l’angle, bénéficiant d’une garde au sol correcte, nos machines bénéficient d’une belle stabilité, parées à se relancer. On apprécie alors la précision de leur injection qui permet de garder un filet de gaz sans à coups ; à allure plus posée, les SeieMMezzo renforcent leur sensation de facilité. La rondeur de leur twin participe alors à l’agrément d’une virée tranquille et confortable.
Partie-cycle
Avec des suspensions de qualité et entièrement ajustables associées à un châssis rigide, les roadsters Moto Morini assurent une excellente qualité d’évolution. Le train avant offre un guidage naturel et sûr, facilement prédictible.
Freinage
Puissants, les étriers avant délivrent une attaque franche qui demandera un peu de doigté. Mais l’ABS veille. La décélération est ensuite parfaitement ajustable au levier. Les décélérations sur l’angle n’ont aucune influence sur le comportement de la machine. L’élément arrière est tout aussi modulable, mais la course de la pédale est un peu courte, réduisant le ressenti. Il assure toutefois un complément de guidage appréciable, notamment sur route à bon rythme.
Confort/Duo
Associant confort et efficacité, suspensions et assise confèrent aux SeieMMezzo un agrément appréciable. Leur géométrie classique de roadster et une ergonomie idoine procurent une bonne aisance au quotidien. Grand reproche pour l’absence de poignées passager sur la STR. Incompréhensible de ne pas en monter comme sur le scrambler.
Consommation
Non mesurée, mais proche des 5 litres au 100.
L'essai de la SeiMMezzo en vidéo
Conclusion
Aussi pertinentes que séduisantes les Moto Morini SeiMMezzo STR et SCR renouent avec le charme des machines efficaces au style affirmé. Leur élégance naturelle et la puissance de leurs traits leur donnent une aura particulière. Celles des héritiers des grandes maisons, à l’histoire brillamment revisitée et modernisée. Leur twin à la personnalité plaisante mériterait cependant un peu plus de dynamique et 15 chevaux de plus. Tarifée 6.999 € pour la STR et 7.399 € pour la SCR, les SeieMMezzo sont de redoutables nouveautés sur le segment.
Concurrente naturelle, les CFMoto 700 CL-X leur opposent 10 ch de plus pour un prix assez proche. La version Heritage est à 7.290 €, la Sport 8.190 €. Mais les deux se montrent moins efficaces en partie cycle, freinage et confort. Côté Japon, la Yamaha XSR700 (13,4 ch de plus) réclame elle 8.699 euros. La Kawasaki Z650RS (8 ch de plus) se vend 8.649 euros, la Z650 demande 7 749 €. Pas de quoi vraiment inquiéter les Moto Morini, bien plus charmeuses. Enfin, la Suzuki SV650 (13 ch de plus) à 7 099 € et sa version X à 7.999 euros feront la différence en perfs, mais surement pas en style ni en équipements.
Moins d’arme moteur mais plus de charme global. À l’heure décisive, les Moto Morini SeieMMezzo STR et SCR sauront faire parler la séduction italienne et un ratio équipement/efficacité/prix peu commun. Au final, la principale question sera : laquelle des deux sœurs choisir… ?
Points forts
- Esthétique forte
- Personnalité moteur
- Suspensions ajustables
- Équilibre et répartition des masses
- Instrumentation ergonomique
- Qualité des finitions
- Efficacité dynamique globale
- Confort
- Tarif
Points faibles
- Motorisation un poil juste
- STR : Absence de poignées passagers
La fiche technique des Moto Morini SeieMMezzo STR et SCR
Conditions d’essais
- Itinéraire : routes sinueuses à revêtement variable, sec.
- Météo : soleil, de 24 ° à 30°C
- Problème rencontré : ras
Equipements de série
- ABS
- TPMS
- Eclairage leds
- Connexion smartphone
Commentaires
Jolies mais....15/20 kg de trop, 10/15 cv en moins, autant choisir une vraie Ducati Scrambler 800 en occase, un choix que j'ai fait cet été et que je ne regrette pas pour une moto plaisir qui décotera moins au passage, avec un vrai réseau et une vraie image, tout ce qui manque à ces pseudos constructeurs ... !
Tout ce noir mat fait vachement plastic mais bon vu le prix, aux standards de maintenant, c'est acceptable
30-12-2022 09:13Avec cette Morini et les Voge ma perception des motos Chinoises change, je mesure les progrès accomplis depuis quelques années.
30-12-2022 11:17Il ne reste plus qu'à la SIMA de faire son boulot car jusqu'à maintenant Morini était éclipsé par Mash et RE.
Mon choix se ferait évidemment sur le scrambler et pour ma part le manque de chevaux n'est pas pénalisant si l'agrément est au rendez vous.
Plutôt jolies et bien placées en prix, si on ne regarde pas la puissance..
30-12-2022 11:35Jolies machines avec un phare qui ne ressemble pas à un manga❗
30-12-2022 12:08Pas très puissante mais cela n'est pas trop pénalisant si l'on cherche l'agrément de conduite urbaine ou sur les routes secondaires.
Les concessionnaires vont-ils suivre❓Là est la grande question ...
Bravo pour le look ! La MM apporte-t-elle autre chose par rapport à la concurrence ?
30-12-2022 13:29Pour tout le reste (fiabilité, SAV, moteur...), et au tarif similaire - 7.099 ¤ - qui sera très certainement bientôt négociable avec l'arrivée de la GSX-8S, je préfère sans conteste la SV650.
Et puis des entretiens tous les 5.000 km pour la MM, ce n'est pas top pour mes plus de 12.000 km annuel.
Il y a un bon concessionnaire au havre qui fait aussi RE et Mash
30-12-2022 14:15Raaaaah et toujours cet intervalle d'entretien ridicule pour un moteur avec un rendement aussi faible !
30-12-2022 14:48Même si en le faisant soit même c'est pas dramatique, et que les moteurs cf-moto sont normalement très fiables, ça reste chiant quoi...
Je pense vraiment allez l'essayer, parce que pas mal de gens ont l'air de bien apprécier le moteur malgré sa relativement faible puissance.
Et le look, ouaaa. Faut vraiment que les japonais commencent à créer des vrais bureau d'étude stylistique, sinon ils risquent de perdre des parts de marché juste à cause de ça...
Il faudra vérifier ce qui justifie une révision tous les 5000km .
30-12-2022 15:15Peut être simplement une vidange du bloc moteur.Dans ce cas pas très contraignant.
Pour les franciliens, vous pouvez les trouver chez Y.E.Motori à Paris18
30-12-2022 16:41Un très bon concessionnaire,Eddy de Motori.j'y faisais entretenir ma 500pantah en 1981.Un vrai spécialiste de l'italienne depuis plus de 40 ans.
30-12-2022 16:49Elles ce démarquent vraiment esthétiquement des autres motos et rien que ça c’est un gros plus.
30-12-2022 17:4260 cv c’est suffisant pour une utilisation classique, par contre a voir la fiabilité et la disponibilité des pièces détachées..
C’est sûr qu’avec un réseau correct ces machines vont gratter des parts de marché. Elles sont jolies, bien finies et semblent funs.
30-12-2022 18:35Originale par la look, par sa (ses) roue avant de 18", son rapport poids puissance en retrait mais un agrément global en hausse.
30-12-2022 19:01Comme quoi, 2 quintaux bien équilibrés ne sont pas ridicules...
À quand le comparatif avec les CF et Z ?
Ah ! J'ai bien aimé cet essai dans ma région, j'ai reconnu pas mal de routes comme la D33 de la Vallée de l'Ouche, ou la D18 de Bécoup à Bruant etc. On les connait par c½ur!
30-12-2022 19:02Jolies motos que ces deux Morini, un peu faible en débattement de suspensions pour le Src.
Comme dit plus haut je suis aussi surpris par la périodicité des entretiens, 5.000 bornes ça me ramène dans les années 80, étonnant alors qu'aujourd'hui 12.000km sont courants !
Maintenant une grande majorité de motards font moins de 5.000 par an, donc 5 ou 12.000 cela à une importance toute relative !
Elles sont jolies ces Moto Morini.
30-12-2022 21:38