english

Essai : Harley-Davidson Street 750

749 cm3, env. 57 chevaux à 7500 tr/mn, 59 N.m à 4000 tr/mn, 206 kilos à sec, à partir de 6 950 €

La manière la plus accessible d'entrer dans l'univers Harley-Davidson

Parmi les mythes et ils sont nombreux, accolés à la marque Harley-Davidson, revient souvent celui de motos chères. Si ce mythe peut déjà se discuter compte tenu de la faible décote à la revente, de la frugalité en carburant, de la fiabilité d'ensemble et de l'entretien réduit que demandent ces motos, il est carrément balayé avec la Street 750 qui se positionne sous la barre symbolique des 7000 €, à partir de 6950 € exactement pour une Street en noir (mat ou brillant), 7150 € pour l'un des deux coloris (bleu ou rouge). Ces tarifs sont ceux de l'automne 2016 et nous avons essayé un modèle 2016. Le modèle 2017 arrive prochainement : au programme, un démarrage par transpondeur et un freinage annoncé plus puissant, avec l'ABS, bien entendu. Le tarif de ce millésime restera à annoncer...

Essai de la Harley-Davidson Street 750

En attendant, la Street 2016 bénéficie d'un repositionnement tarifaire : la Street fut d'abord lancée fin 2014 à 7890 €, soit très près du Sportster 883 qui était à un peu plus de 8000 €, mais avec une philosophie différente, plus accessible, plus ouverte, moins collée aux fondamentaux de la marque. L'idée était aussi de proposer une moto dans les pays émergents, notamment l'Inde, qui voit la classe moyenne se bikeriser à "vitesse grand V" et qui aspire à un peu plus qu'une Royal Enfield Bullet pour dévaler les pistes de l'Himalaya et qui n'a pas non plus besoin de l'opulence et de l'encombrement d'une Ultra Limited Low 107 ! Décision fut prise de capitaliser sur l'image en béton armé de la firme de Milwaukee, dont la saga est rappelée dans la série Harley and the Davidsons, pour proposer cette toute nouvelle moto, fondamentalement plus simple et plus polyvalente.

L'intention est louable, mais, toute en béton armé, l'image de Harley est-elle collée aux mots "simple" & "polyvalent" ? Bonne question. Car, en dépit des affirmations forcées des dirigeants de la marque, la Street 750 ne semble pas atteindre les objectifs de vente espérés. Comme si le marché indien l'ait un peu prise pour une sous-Harley tandis qu'en Occident, son intégration dans le reste de la gamme n'a pas forcément été bien comprise. Signe qu'un repositionnement était nécessaire (on baisse rarement les prix quand les clients font la queue devant le magasin pour acheter un produit), la Street nous revient techniquement inchangée, mais plus accessible au niveau tarif. Une 750 neuve pour moins de 7000 €, c'est déjà pas mal, mais alors une Harley-Davidson en plus pour le même prix, ça sent le good deal. Restait donc au Repaire à se pencher sur la question : qu'est-ce qu'on a, pour ce prix-là ?

La Street a été repositionné à moins de 7.000 euros

Découverte

Globalement, Harley a quand même très souvent fait des machines du genre custom (que ceux qui ne sont pas familiers de l'histoire de la marque s'y plongent, ils découvriront avec délice quelques raretés !) et la Street 750 se réfère au genre : basse avec une selle creusée, assez longue avec l'échappement qui renforce ce trait de caractère, identifiable son moteur en V bien visible, son gros logo "Harley-Davidson" sur le réservoir, impossible de se demander longtemps ce que c'est. Sous certains angles, son petit capotage de phare façon Low Rider S entretient le doute.

La Street arbore une tête de fourche façon Low Rider S

Celui-ci disparaît à l'approche : la Street 750 est une petite moto et c'est une bonne chose, car ça la met à la portée d'une vaste caste d'utilisateurs : débutants, jeunes filles en fleur et garçons au gabarit frêle, sans oublier tous ceux qui pensent qu'une moto lourde et encombrante est un frein au plaisir. La Street est une petite moto, mais avec de gros disques de frein et un grand radiateur : elle a donc probablement quelques ambitions !

Le réservoir arbore l'icônique logo de Milwaukee

Si le logo Harley-Davidson est bien visible sur le réservoir, d'autres insignes sur la moto se contentent de reproduire la forme du logo de la marque sans y graver le nom à l'intérieur. C'est à ce genre de détails que l'on voit que la machine a quand même un peu été construite à l'économie. Oh, il n'y a rien à dire sur la qualité de la peinture, de la plupart des matériaux, ni des ajustements, c'est quand même très correct, d'autant que le réservoir et le garde-boue avant sont en vrai métal. Cependant, les commodos bas de gamme, une fiche électrique se baladant au-dessus de l'échappement et le bloc optique arrière que l'on croirait emprunté à une Honda NC 700 ternissent un peu le tableau. Mais n'oublions pas le prix : moins de 7000 € la 750 neuve, ça implique probablement quelques sacrifices.

Certaines finitions viennent ternir le tableau

En selle

Rien de plus facile : elle se situe à 710 mm et vous aurez plutôt l'impression de descendre dessus. La position de conduite, ensuite, est naturelle : bras ni trop haut ni trop loin, seule la présence des repose-pieds justes à la verticale du bassin pourra, éventuellement, en gêner certains lors des manoeuvres en ville où à l'arrêt. D'autant que comme le veut la tradition Harley, ces repose-pieds repliables sont assez généreux, comme sur les autres modèles de Sportsters tels le Forty Eight.

Les repose-pieds sont positionnés juste à la verticale du bassin

Ensuite, on ne sera pas dépaysé par la quantité d'infos : le tableau de bord est tout simple, un compteur avec une petite fenêtre digitale dans laquelle il y deux trips et c'est tout. On ne trouve pas l'horloge ni le régime moteur et l'indicateur de rapport engagé, ni la commande de tout ça par un bouton au commodo. Commodos qui, sur la Street, frisent l'indigence. On manipule les trips grâce à un bouton poussoir au compteur. De nuit, ce compteur s'illumine d'une belle teinte rouge. Ca fait très premium, ça !

Le compteur à le mérite de ne pas nous surcharger d'informations

Contrairement aux autres modèles de la gamme Harley, la Street ne fait pas appel à un transpondeur et demande encore l'insertion de la clé de contact. A l'ancienne, quoi, mais on ne s'en plaindra pas, d'autant que le blocage de la direction est, du coup, centralisé. Par contre, pour le transport d'un antivol, vous vous débrouillerez.

En ville

Avec un centre de gravité bas et un empattement assez court (1530 mm), la Street ne fait objectivement pas son poids. Poids qui, avec les pleins, est annoncé à 222 kilos, mais son excellente répartition ne doit pas effrayer les jeunes conducteurs, cible de cette machine. Une fois de plus, Harley parvient à dessiner des géométries de châssis qui gomment largement le poids. Avec la Street, les évolutions urbaines ne sont qu'une formalité, parce que les traits de caractère bien présents sur un Sportster ont quasiment tous disparu : terminé le V2 pas hyper souple à très bas régime et qui vous balance ses coups de pistons ! Ici, le 750 est capable de reprendre à 50 km/h en sixième, oh, sans laisser de traces de gomme sur le bitume, mais avec une bonhommie qui peut faire l'économie de changements de rapports. Non pas que ceci soit difficile, au contraire : l'embrayage est doux et dosable et la boîte passe les rapports sans aucun problème, en douceur et en silence, ce qui change avec le reste des modèles Harley !

Souple et maniable, la Street se plait en milieu urbain

Seul bémol en environnement urbain : un frein avant assez faiblard. Certes, la moto doit se rendre accessible aux débutants, mais un tel manque de mordant (pourtant accompagné d'un travail de compression de la fourche, assez molle dans cet exercice), c'est quand même léger. Heureusement, le frein arrière vient à la rescousse et lui, il fait plutôt bien son boulot.

Sur autoroute et grande route

La Street 750 est annoncée pour 57 chevaux, soit pas moins qu'une 883 Sportster et quasiment autant qu'un 1200 Sportster ! C'est l'avantage de ce moteur Revolution X de nouvelle génération, à refroidissement liquide et à 4 soupapes, comparé aux vieux blocs refroidis par air des Sportster et à 2 soupapes. Les régimes de rotation, forcément, ne sont pas les mêmes, mais le 750 a le mérite de ne pas demander à être trop cravaché, avec un couple maxi de 59 N.m disponible dès 4000 tr/mn.

Stabilité et dynamisme autorisent les sorties sur voies rapides

En l'absence de toute indication sur le régime moteur, on n’en saura donc pas plus. Après, la Street fait le boulot. Est-ce qu'elle dépote sa mère ? Non, bien sûr. Est-ce qu'elle donne le sentiment d'être sous-motorisée ? Non plus : le petit 750 est même assez vaillant et allonge la foulée sans faiblir, au point qu'on se retrouve rapidement en excès de vitesse et que ça, c'est très mal. Cependant, l'ergonomie assez ramassée et le manque de protection sont deux points incitants à rendre la main, au contraire de la selle qui est assez moelleuse et dont le creux permet de bien se caler les reins. Quant à la stabilité, elle n'est pas mise en défaut.

Sur départementales

Moteur souple et moto agile sont déjà deux qualités dont on peut se réjouir sur les départementales. Ainsi, la Street 750 virevolte d'un virage à l'autre sans prise de tête ni changement de rapport. La facilité de conduite reste un atout majeur et la liberté d'esprit reste au rendez-vous. Cependant, la Street est moins rude qu'un Sportster et la logique d'accessibilité voulue par Harley est bien présente : inertie mécanique et de la boîte de vitesse, comportement des suspensions, tout est ici plus simple à appréhender et nettement moins intimidant pour le débutant, qui retrouvera les automatismes appris sur le plateau de l'auto-école. La Street 750 est neutre et évidente et permet même de s'amuser.

Moteur souple et moto agile, la Street brille sur les petites routes

Après, les conducteurs exigeants restent avec un petit custom doté de périphériques bon marché : en haussant un peu le rythme, on parvient évidemment vite à trouver la limite de la Street 750 en matière de garde au sol, d'autant que le freinage, déjà épinglé en ville, se monte toujours aussi léger à l'avant et impose de bien solliciter l'arrière. Heureusement, le gros disque est puissant. Les pneus Michelin Scorcher n'ont jamais brillé sous la pluie : le profil du pneu arrière, en 140/75 x 15, est curieusement assez carré, à la façon d'un pneu de dragster. Cependant, il n'empêche pas de mettre (un peu) d'angle.

En revanche, les freins et la garde au sol posent problème dès que l'on hausse un peu le rythme

Confort et duo

Petit gabarit et faible protection : la Street 750 reste typique du genre custom, mais compense avec une selle très correcte, du moins pour le pilote. Le passager ne devra pas être d'un gabarit très généreux pour apprécier longtemps l'expérience, d'autant qu'il n'y a rien d'autre que le pilote pour s'accrocher. Heureusement, la Street 750 ne vibre pas, ce qui satisfera ceux qui trouvent les Sportster un peu durs au mal. Côté suspensions, la fourche est souple et l'arrière, un peu dur, envoie des coups de raquette sur les petites inégalités.

La selle offre un bon confort pour le pilote

Partie-cycle

Du classique et de l'efficace : double berceau, petite fourche conventionnelle (avec des soufflets) à l'avant, double amortisseur à l'arrière. Pour en savoir plus, notamment sur le diamètre de la fourche ou les débattements de suspension, faites le 3615 Madame Irma, car les fiches techniques H-D frôlent parfois l'indigence. A l'arrière en tous cas, le débattement des ressorts semble plus généreux que sur un Sportster. Avec 1530 mm d'empattement et un angle de chasse de 32°, la géométrie privilégie la stabilité, mais, excellente répartition des masses aidant, cela ne se fait pas au détriment de l'agilité.

Les deux amortisseurs arrières sont réglables en précharge

Freins

Deux simples disques de 292 mm de diamètre pincés par des étriers deux pistons : voilà l'équipement de la Street et le cahier des charges a dû préciser que le freinage ne devait pas être intimidant pour les débutants. C'est le cas, même si l'on aurait aimé sans aucun doute un poil plus de mordant et un peu plus de puissance, notamment à l'avant. On compense en utilisant l'intégralité du dispositif et en comptant beaucoup sur l'arrière. Par contre, le freinage est bien dosable et le feeling des commandes est plutôt bon.

Les freins font appel à des gros disques de 300 mm

Consommation / autonomie

Avec 13,1 litres dans le réservoir (qui ferme à clé, mais dont le bouchon n'est pas solidaire) et une consommation de l'ordre de 5 l/100 en usage courant, la Street 750 garantit ainsi plus de 250 kilomètres d'autonomie. Pas mal.

Conclusion

Il fut un temps, les petits customs étaient à la mode et ont même permis de scorer de gros chiffres de vente : qui se souvient des Honda VT 600 Shadow et des Yamaha XV 535 Virago, qui étaient toutes deux d'excellentes machines d'initiation permettant de se la péter un peu en ville. La Street 750 est un peu leur héritière : une machine simple et simplement stylée.

Elle a cependant quelque chose en plus : c'est une Harley-Davidson. Ce qui convient, dans son cas, à se poser à nouveau la question : c'est quoi, une Harley-Davidson. Car la Street 750 possède, au final, assez peu de ces choses qui, d'un point de vue purement sensoriel, appartiennent à l'univers Harley : le feeling des commandes, le bruit de la boîte, les vibrations. Rien de tout cela ici : l'ADN de Harley, on le retrouve sur la Street dans le badge du réservoir, l'éclairage rouge du compteur la nuit et la sonorité de l'échappement noir (pour les puristes : touche de rappel à la XLCR Café Racer de 1977) qui, par certains aspects, évoque un peu celle de la V-Rod.

La Street a été repositionné à moins de 7.000 euros

C'est donc tout à la fois un peu cérébral et aussi, une forme de lien social. Car on sait que la force de la marque de Milwaukee est de ne pas vous vendre seulement une moto, mais aussi, si vous le souhaitez, des nouveaux potes, un agenda rempli avec plein de sorties et de balades, ainsi qu'une vraie sorte de street cred avec la possibilité d'entrer dans un nouvel univers. Nul doute que c'est là l'un des arguments en or de ce modèle.

Modèle qui, au moment des comptes, ne démérite pas : la Street est facile à conduire et son badge interpelle les conducteurs de taxi au feu rouge.

Points forts

  • Parfaite pour les petits gabarits
  • Facilité de conduite
  • Moteur souple
  • Châssis neutre
  • Moteur plutôt agréable
  • Eclairage du tableau de bord la nuit
  • Sonorité qui rappelle la V-Rod
  • Entrée dans l'univers Harley !

Points faibles

  • Pas très adaptée aux grands gabarits
  • Freinage moyen
  • Suspension arrière ferme
  • Détails de finition peu soignés
  • Quelques remontées de chaleur côté droit en ville
  • Profil et adhérence du Michelin Scorcher arrière sur le mouillé

La fiche technique de la Harley-Davidson Street 750

Conditions d’essais

  • Itinéraire : Une semaine d'essai dans Paris et ses environs, 300 kilomètres
  • Kilométrage de la moto : 5600 km
  • Problème rencontré : aucun

La concurrence : Kawasaki Vulcan 650, Hyosung GV 650 Acquila,

Commentaires

nonocoop

Pour ma part roulant en 1200 HD
Elle n'a rien d'une Harley a part le nom
Caractere moteur inexistant
Bon pour l'Inde.

28-10-2016 17:06 
olivierzx

Vous dites ça parce qu'une street 750 vous a mis une fessée dans du sinueux ...

Elle n'a pas le caractère du 1200 mais elle est diablement plus efficace dans presque tous les compartiments du jeu.

28-10-2016 17:53 
nonocoop

Non pas du tout
Mais si vous prenez une HD pour faire des performances sportives,vous vous trompez de machine.
j'ai deja deja eu des sport gt pour m'amuser comme sur un rail.
Mon 1200 par contre ca racle glisse en sortie de rond point et frein et mal mais ca me convient tres bien
Pour finir prendre un street 750 (souvent pour madame)n'est pas le bon choix,car j'en connais plusieurs qui ont changé pour un sportster plus agreable a conduire.

30-10-2016 09:53 
Hsbey

Belle, pas trop chère, mais pourquoi ajouter le logo Harley dessus? Ce n'est pas une Harley. Je pense même que si tu n'as que ça, tu ne rentres pas dans le club.

Les constructeurs de GUITARES américains l'ont compris depuis longtemps. Gibson fait aussi de l'Epiphone (fabriquées en Indonésie). Fender fait aussi du Squier. Plus près de nous, il y a aussi Renault et Dacia.

24-11-2016 08:53 
 

Connectez-vous pour réagirOu inscrivez-vous