Essai Harley-Davidson Sport Glide 107
Le tourisme et le "sport" à la fois : la polyvalence absolue selon Harley
V2, 1745 cm3, 84 ch à 5400 tr/mn, 145 Nm à 3250 tr/mn, 304 kilos à sec, à partir de 18260 €
Le beurre et l'argent du beurre : l'être humain aime en avoir toujours un peu plus, c'est comme ça. Et comme c'est valable dans tous les domaines, Harley-Davidson présente avec cette Sport Glide une machine qui a des ambitions routières (le suffixe Glide, comme pour les Electra Glide, Street Glide et Road Glide, voir Tour Glide par le passé, marque la gamme Touring du constructeur de Milwaukee).
Certes, on se rappellera que ce n'est pas la première fois qu'une telle machine se trouve dans les concessions : la Dyna Switchback, avec ses valises et son pare-brise amovible, était déjà sur ce créneau-là. Cependant, chez Harley-Davidson, un Attila du product-planning a rayé l'an dernier de la carte toute la famille des Dyna. Et paf, un génocide, mais comme l'ONU n'a pas protesté... Pour faire diversion, ils ont renouvelé entièrement les Softail avec pas moins de 8 nouveaux modèles présentés à l'automne dernier et sur ces huit motos, Le Repaire en avait déjà essayé quatre. Des articles que vous retrouverez ici : Heritage Classic 114 ; Fat Bob 114 ; Street Bob 107 ; Breakout 114.
Ce n'est pas tout : dans la foulée, Harley a présenté un neuvième modèle dans cette gamme Softail renouvelée et il s'agit donc de notre Sport Glide. Alors, qu'est-ce que ça vaut ?
Découverte
Attention, il y a un piège. Car la Sport Glide peut à la fois se présenter sous ses atours de routière, avec ses valises et son carénage "batwing" façon Street Glide. Mais ces trois appendices peuvent aussi se retirer : très facilement avec la clé pour les valises et encore plus facilement, sans clé, pour le tête de fourche, avec deux clips derrière les tés. Chez KTM on a du "ready to race", chez Harley on a du "ready to choure", mais espérons que les aigrefins soient occupés à d'autres basses manœuvres quand ils croiseront une Sport Glide qui pose fièrement sur le trottoir. On notera que si les valises ferment à clé, on ne pourra bien sûr pas mettre un casque à l'intérieur.
La Sport Glide est du genre bipolaire : valises et tête de fourche retirées, la Sport Glide peut aussi poser comme un bon cruiser dépouillé. L'air de rien, la différence d'aspect entre les deux déclinaisons est réelle et cela fera du bien à l'acheteur, cette capacité à passer facilement d'une machine à l'autre. Le beurre et l'argent du beurre, disions-nous en introduction.
Pour le reste et même si le design recouvre une certaine part de subjectivité, il faut admettre qu'entre les jantes "Mantis" savamment travaillées, le long silencieux d'échappement noir et l'allure longue et ramassée à la fois, la Sport Glide présente bien et en impose salement. Voilà une moto valorisante, sans aucun doute. On notera qu'au-delà des sombres bordeaux (notre modèle d'essai) et noir, un coloris crème apporte un peu de fraîcheur à l'ensemble.
En selle
A 680 mm, la selle est basse, évidemment. Elle conviendrait au plus grand nombre, mais il faut quand même garder à l'esprit que jambes et bras doivent s'allonger un peu pour accéder aux commandes et que lors des manœuvres à très basse vitesse, l'excellente auto-stabilité de la machine n'empêche pas le recours à un physique suffisamment dimensionné. Voilà, vous êtes prévenus.
Ensuite, Harley n'a pas eu recours, question tableau de bord, à un petit pavé digital tel celui que l'on retrouve sur la Breakout, par exemple. C'est encore un bon gros compteur rond que l'on a installé, comme le veut la tradition Harley, sur la console centrale du réservoir. Un bouton au commodo gauche permet de faire défiler des informations dans un petit cadran digital ; parmi elles, on apprécie particulièrement l'affichage du rapport engagé et du régime. Le démarrage se fait sans clé, comme sur les dernières générations de Harley.
Moteur et transmission
Rien de vraiment nouveau ici : on retrouve le moteur Milwaukee Eight 107 (1745 cm3), qui développe 84 chevaux et 145 Nm de couple. Des données largement suffisantes, à la fois en regard à la philosophie de la machine comme de la capacité à se faire sacrément plaisir au guidon. Suffisamment souple, assez vif, bien rempli dans les tours, ce moteur convient parfaitement à la philosophie de la moto. Il est relié à une boîte 6, dont les fameux "Klonk" ont nettement diminué par rapport aux générations précédentes de moteur.
En ville
L'engin pèse 304 kilos à sec et l'empattement mesure tout de même 1625 mm. Et contre toute attente, la Sport Glide n'a rien d'une enclume ingérable. Au contraire, on salue immédiatement sa grande facilité de prise en main et l'évidence de sa conduite. En plus, le rayon de braquage est assez bon. Le gros bicylindre, plein d'allonge, accepte de cruiser sur les boulevards en quatrième à un peu plus de 1500 tr/mn pour 50 km/h, sur un filet de gaz. Les valises restent bien intégrées (elles sont plus étroites que le guidon) et ne sont pas gênantes en ville. En plus, elles permettent de loger quelques menus objets, dont un antivol.
Sur autoroutes et grandes routes
On va le dire tout de suite : la petite bulle ne protège vraiment pas grand-chose. Certes, ça dévie un peu l'air au niveau des mains, mais on prendra quand même des gros filets de vent au niveau du casque. Bon, c'est la même chose sur une Street Glide, qui possède un tête de fourche au look similaire.
Cette réflexion étant posée, on prend évidemment plaisir à tailler la route en Sport Glide. L'allonge du moteur 107 n'est plus à démontrer, ses capacités de reprises non plus. Le châssis est sain et aucun problème de stabilité n'est à signaler. Et vu la protection limitée, on réduira sa vitesse de croisière. Une Harley, Sport Glide comme les autres, s'apprécie aussi à un rythme balade, sur le couple, ce qu'elle sait parfaitement faire !
Sur départementales
Une fois de plus, l'agilité de cette machine est tout simplement stupéfiante, eu égard à son poids. De fait, on virevolte d'un virage à l'autre avec une grande facilité, jusqu'à trouver les limites de la garde au sol (28,7° à gauche, 27;9° à droite), mais en enroulant bien ses virages, on arrive à limiter les moments où ça frotte. De même, l'amortisseur arrière est réglable en précharge via une molette et si vous montez un passager, il sera bon de durcir un peu pour ne pas pénaliser la garde au sol.
Ceci étant dit, la partie "sport" de la machine n'est pas survendue, compte tenu du genre, évidemment. La Sport Glide reste un régal sur les petites routes secondaires, par sa facilité et l'homogénéité du bloc 107 et l'équilibre de son châssis. Comme son nom l'indique, elle se contente équitablement d'une balade tranquille ou d'un rythme un peu plus appuyé.
Partie-cycle
Le châssis des Softail a été entièrement revu l'an passé. On notera que l'amortisseur arrière est maintenant logé sous la selle. Pour les débattements de suspension, on ira voir dans du marc de café, vu que les fiches techniques de chez Harley sont toujours incomplètes. Les pneus ont des dimensions peu habituelles : un 130/80 x 18 devant, secondé par un 180/70 x 16 derrière.
Freins
Un seul disque à l'avant, mais on va dire que l'ensemble donne des prestations satisfaisantes au vu de la philosophie de la machine. Tout comme à l'arrière, le système est facilement dosable et l'ABS ne se déclenche pas trop intempestivement.
Confort et duo
A cette réserve près de la faible protection au vent, le confort est plutôt correct pour le pilote, avec une ergonomie bien conçue et une selle bien rembourrée. Le passager, lui, dispose d'une selle correcte, mais si sa présence est récurrente, on aura intérêt à investir dans un sissy-bar car le moteur 107 dépote quand même un peu... Enfin, on remarquera que l'amortisseur arrière reste un peu ferme sur les bosses.
Consommation / autonomie
Avec 18,9 litres d'essence, une consommation qui tourne aux environs des 6 l/100 en usage mixte, le cap des 300 kilomètres d'autonomie est franchi. Une jauge à essence et un indicateur d'autonomie restante complètent la panoplie. De quoi voir venir.
Conclusion
Alors, plus Sport ou plus Glide, cette nouvelle Harley-Davidson ? Après essai, on a envie de dire qu'elle a su très justement placer le curseur pile au milieu. Les aptitudes au voyage sont certes limitées, mais elles existent et pour un petit week-end en amoureux, la contenance des valises est largement suffisante. Certes, la bulle protège peu, donc on choisira le réseau secondaire ; certes, un sissy-bar est le bienvenu, on ira le chercher dans le gigantesque catalogue d'accessoires Harley.
La bonne nouvelle, c'est que ces petites aptitudes routières sont garantes d'une agilité sans comparaison possible avec les autres modèles de la gamme Touring. La Sport Glide reste une machine, dans son genre, qui est légère et agile. Cela a deux conséquences : une vraie liberté d'esprit en balade et la possibilité de s'amuser un peu quand la route tournicote. Cerise sur un gâteau de chromes dégoulinants : la possibilité d'aller cruiser, en mode bikini, le soir venu, arrivé à l'étape. Le beurre et l'argent du beurre.
Points forts
- Moteur agréable
- Châssis équilibré
- Agilité étonnante
- Plaisir de conduite
- Polyvalence certaine
- Look bipolaire intéressant
Points faibles
- Bulle vraiment basse
- Valises un chouïa petites
- Tête de fourche "ready to chourre"
- Amortisseur arrière un rien ferme sur route bosselée
- Sissy bar recommandé pour le duo
La fiche technique de la Harley-Davidson Sport Glide 107
Conditions d’essais
- Itinéraire: Une semaine d'utilisation dans Paris et une balade dans le Vexin
- Kilométrage de la moto : 4700 km
- Problème rencontré : aucun
La concurrence : pas grand-chose, en fait. Une Moto Guzzi 1400 Touring, peut-être ?
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